Film de Lili (0068FN0004) : Différence entre versions

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Avertissement[1]

Résumé


Film montrant les joies familiales d'Alex et Gilberte Schwobthaler en 1945 dans le village de Zillischeim.

Description


  • Très gros plan sur une fleur avec la main d’une femme (celle du caméraman) qui la cueille puis au second plan l’attache à sa veste avec un grand sourire.
  • Plan en contre plongée qui montre la même femme accoudée à la balustrade d’une maison.
  • Plan moyen de sa femme qui se promène entre les arbres.
  • Plan large d’une maison et d’une femme qui s’en éloigne en marchant.
  • Plan rapproché d’Alex et de sa femme qui regardent la caméra, mangent une pomme et s’embrassent sur la joue, puis quittent la scène en plan américain, laissant l’endroit où ils étaient assis vide.
  • Plan moyen et caméra fixe les filmant en train de se promener en dehors du champ, tout en montrant des signes de tendresse et en finissant leur pomme.
  • Plan moyen d’une femme qui marche vers la caméra avec une assiette et une casserole rempli de nourriture pour les poules.
  • Plan rapproché à la taille avec la même femme parlant et se rapprochant visiblement du poulailler.
  • Plongée sur un coq qui attend sa pitance.
  • Plan taille de deux femmes qui discutent entre elles.
  • Plongée du jardinier portant une houe et une bèche qui se rend près des arbres fruitiers en montant des marches puis remarquant la caméra. Il finit par la saluer.
  • Plan moyen de sa femme qui regarde la scène en contre champ depuis la fenêtre de la maison.
  • Plan taille puis plan rapproché du jardinier qui bêchait alors le jardin en hors-champ.
  • Plan moyen de sa femme qui marche dans le jardin. Elle s’éloigne puis se rapproche de la caméra en donnant des signes de tête et en montrant une certaine joie.
  • Plan large du jardinier de dos qui nettoie sa binette puis recommence à retourner la terre.
  • Plan taille qui termine la course de sa femme. Elle refait le même trajet que précédemment, mais ressort d’une petite maison avec un grand panier remplie de lapins.
  • Gros plan sur les mains de sa femme qui joue avec les lapins avec des feuilles dans le panier.
  • Plan rapproché sur sa femme qui soulève un lapin puis plan poitrine où elle présente le lapin à la caméra.
  • Très gros plan sur la tête du lapin avec sa femme qui l’embrasse à plusieurs reprises.
  • Gros plan en plongée sur les lapins qui se déplacent dans le panier et qui en sortent.
  • Gros plan puis très gros plan sur les lapins qui se déplacent dans le jardin et qui mangent des feuilles.
  • Plan taille sur deux femmes, une assise très proche du panier et qui regarde la scène. L’autre est penchée et essaye d’attraper les lapins qui sont hors-champ.
  • Plan moyen des lapins qui se baladent dans l’herbe du jardin puis plan taille des femmes qui leur courent après.
  • Plan américain du jardinier qui bèche la terre, puis nouvelle scène toujours en plan américain sur deux femmes qui le regardent faire, amusées, puis fixent la caméra en parlant.
  • Plan taille d’une femme qui imite le jardinier avec un balais en hors-champ, puis plan poitrine d’une femme qui regarde la caméra en rigolant tout en continuer de l’imiter.
  • Plan pied du jardinier qui fauche des herbes puis déplacement de la caméra sur deux femmes qui tassent les herbes grâce à une fourche.
  • Plan américain du jardinier qui tient fermement sa faux et se tient droit, tout en fixant la caméra et regardant vers les femmes en hors-champ.
  • Plan moyen de deux femmes que le jardinier a fixé à la fin de la dernière séquence et qui travaillent à mettre le foin dans des paniers, puis coupure sur un plan moyen où ces dernières cueillent des fleurs tout en s’approchant de la caméra.
  • Plan moyen du jardinier qui tient sa faux et les deux femmes qui portent les paniers avec l’herbe sèche, discutant et marchant le long d’un chemin en terre vers la caméra.
  • Plan moyen d’un couple assez âgé qui marche en tenue élégante, chapeau et manteau pour l’homme, béret et longue veste sur les épaules pour la femme.
  • Plan poitrine des deux personnages qui se chamaillent sur des chaises en tissus.
  • Plan américain de deux femmes qui sortent de la maison et s’approchent d’une table avec une vaisselle décorée de fleurs. L’une d’elles ramène une casserole remplie de soupe et la dépose sur la table. En hors-champ, on imagine les autres membres du groupe attablés.
  • Plan américain d’une femme au centre de la table qui se lève pour servir la soupe aux convives.
  • Contre plongée pendant le repas sur l’homme qui était précédemment bien habillé, qui porte maintenant des habits simples et notamment le béret que portait sa femme.
  • Gros plan sur les pédales et la manivelle d’un vélo, on voit les jambes et pieds d’une femme qui essaye de lancer le vélo, puis pivotement vertical de la caméra qui montre en gros plan la femme du réalisateur qui parle et rigole.
  • Plan américain d’un premier départ à vélo de sa femme, puis coupure en plan moyen de sa femme qui tente un nouveau départ, au même endroit qu'elle était partie précédemment.
  • Plan moyen de sa femme qui fait plusieurs tours de vélo autour du puits.
  • Plan poitrine de l’homme élégant et de sa femme qui semblent se chamailler, puis plan américain des deux comparses, la femme cueillant des fleurs pour lui jeter dessus en rigolant. L’homme s’éloigne ensuite en sortant du champ.
  • Pivotement de la caméra à l’horizontal qui découvre une femme en train de se promener dans les hortensias et les sentir, puis la perd progressivement du plan.
  • Plan poitrine de la femme du caméraman qui fait sortir la vielle dame en la tenant par l’épaule. La première semble vouloir la montrer à la caméra, vraisemblablement pour montrer le chapeau qu’elle porte. La dame au chapeau quant à elle semble mal à l’aise devant la caméra mais esquisse un rictus en étant montrée de la sorte.
  • Gros plan sur la dame et son chapeau, qui semble maintenant satisfaite de montrer son couvre-chef de paille.
  • Plan poitrine de sa femme sur une chaise d’extérieur qui bascule, elle fixe la caméra et fume une cigarette. Elle souffle en direction de la caméra pour embêter le caméraman.
  • Gros plan sur elle en train de fumer et de sourire.
  • Plan poitrine sur sa femme qui se lève et s’éloigne du champ, le mari prend alors sa place avec une cigarette. On adopte alors le point de vue de ce que voit sa femme.
  • Plan poitrine sur ce dernier qui allume sa cigarette et regarde fixement la caméra en lui parlant, on imagine sa femme hors-champ.

Métadonnées

N° support :  0068FN0004
Date :  1945
Coloration :  Noir et blanc
Son :  Muet
Durée :  00:08:18
Cinéastes :  Schwobthaler, Alex
Format original :  9,5 mm
Thématiques :  Vie rurale
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


En octobre 1939, Alex a 25 ans, il est donc mobilisé sur le front. Il est enrôlé dans l’armée française mais rentre à Thann à la suite de la défaite française. Il fonde alors sa famille à Zillisheim avec Gilberte Schratz en 1942. Le 3 août 1943, sa fille Lilli naît à Altkirch, mais il est rapidement enrôlé de force dans l’armée Allemande pour se battre sur le front russe. En 1944, il est envoyé en Normandie mais est capturé par les Américains, envoyé en prison en Ecosse puis recruté dans l’armée britannique. En janvier 1945, il rentre à Zillisheim à l’âge de 31 ans. Le film est tourné en 1945, probablement pendant le mois de mai, si l’on observe les tenus et la période de floraison des lys que l’on peut voir dans le film. Les scènes qui nous sont présentées sont le prolongement plus intime de Ça ! c’est chez nous à Rangen. En tant qu’ancien combattant marqué par la guerre, il filme sa nouvelle vie et son retour à Zillisheim avec sa femme et probablement ses voisins. Contrairement à la plupart de ses films comme « Ca ! c’est chez nous ou encore La Kilbe, il se sépare d’une présentation par le texte pour présenter sa vie à Zillisheim. Plus intimiste, son film nous présente une vie rurale bucolique et paisible, où différents personnages travaillent à des tâches simples comme bêcher le jardin, nourrir les poules, étendre le linge. Il présente principalement des petits travaux de la vie de tous les jours et ne présente plus le travail paysan comme il pouvait le faire dans ses anciens films.

Retrouver une vie normale après une vie de combattant à travers les joies familiales d'Alex en 1945

Le film de Lilli nous brosse un portrait des Alsaciens retournant difficilement à une vie civile après la Seconde Guerre mondiale. Alors que dans ses précédents films, Schowthaler est très attaché à la mise en scène et n’hésite pas à créer de petites histoires, il essaye ici de présenter sa vie de manière réaliste, quitte à « en faire trop ». Il filme les différents personnages souvent de dos, pendant leurs activités quotidiennes, comme le jardinier qui nettoie ses outils ou bien qui se promène dans le jardin à la recherche de terre à retourner. Il veut montrer à tout prix une image émouvante de son retour, à travers différentes scènes qui paraissent simples mais lourdes de sens. Au début de son film, il filme les mains de sa femme en très gros plan qui cueillent des fleurs pour les attacher à sa veste avec un grand sourire. Ils se promènent tous les deux en train de manger une pomme, déambulent à travers les arbres du jardin et s’embrassant sur la joue en signe de grande complicité et d’amour. Sa femme est donc au cœur de tout son film. Alex fait parti des jeunes Alsaciens forcés de partir et d’abandonner leur famille pour partir combattre loin de ceux qui leurs sont chers, alors qu'il s'est marié en plein conflit. Ce film est un témoignage sur ces hommes partis sur le front et qui doivent maintenant retrouver une « vie normale », ici idéalisée dans ses moments d’intimité avec sa femme. Cette idée est très visible dans la dernière scène du film où il filme sa femme en train de fumer une cigarette, puis prend sa place et la laisse le filmer.

Une mise en scène en quête de sens et de symboles

Comme dans ses précédents films, Schwobthaler donne un soin particulier aux mouvements de caméra mais aussi à de très nombreux plans très précis qui donnent un ton intimiste au film. Il utilise ainsi très peu de plans larges et préfère présenter l’action à travers des plans moyens, gros plans et très gros plans, donnant la sensation d’être proche des personnages. Ainsi, son sens de la mise en scène donne une impression de vivre avec les personnages, de vivre avec eux leur vie. Cette vision est très bien illustrée dans la scène du souper, où il filme les différents convives dans des plans américains et gros plans, ce qui donne la sensation d’être attablé. Mais à travers un film qui nous paraît simple, il réussit à présenter des images fortes qui donnent un ton symbolique tout particulier, notamment grâce aux gros plans. La nature et les animaux ont alors une place importante dans le récit. En effet, la scène la plus longue montre sa femme amenant des lapins dans un panier. Il les filme en très gros plan dans leur panier, puis gambadant dans son jardin. Il est alors intéressant d’entrer dans la mentalité d’Alex et de comprendre l’imaginaire des soldats envoyés sur le front. La « vie » dans son plus simple appareil nous est ainsi présentée et fantasmée à travers la nature, que ce soient les poules ou les lapins qu’il filme avec grand intérêt mais aussi les relations humaines à travers la nourriture, par exemple dans les scènes où il mange une pomme ou bien pendant le soupé. La grande absente du film est sa fille, alors âgée de seulement deux ans. On peut alors se demander à qui est destiné son film, pour son propre plaisir, pour ses proches, pour sa fille quand elle sera plus grande ? On peut bien l’imaginer en s’attardant à son titre Film de Lili, peut-être est-elle hors-champ ? Aucune indication textuelle nous aide à comprendre pourquoi avoir fait ce film, mais si l’on se réfère au tout premier plan où sa femme cueille des fleurs, on peut voir que ces dernières sont des fleurs de lys, en latin Lilium, référence directe au nom de sa fille, à qui on peut alors penser que ce film lui est destiné, comme témoignage de la vie retrouvée de ses parents à la fin de la guerre qu'elle pourra regarder plus âgée. Ce film occupe donc une place toute particulière dans sa filmographie, bien différent de ceux qu’il avait fait avant et après la guerre. Son film se présente peut-être comme un moyen cathartique pour Alex Schwobthaler de retrouver sa vie d’avant et se rapprocher de ceux qu’il a dû quitter pendant la guerre.

Bibliographie


Eugène Riedweg, Les Malgré Nous - Histoire de l'incorporation de Force des Alsaciens-Mosellans dans L'armée Allemande, Strasbourg, Editions Du Rhin, 1995.

Etienne Juillard, La Vie rurale en Basse-Alsace, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 1992 (1ère éd.: 1953).


Article rédigé par

William Groussard, 02 janvier 2020


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