Fouilles archéologiques (0110FI0008)


Avertissement[1]

Résumé


Ce reportage illustre le quotidien d’une équipe d’archéologues bénévoles pendant trois années de chantiers archéologiques programmés, entre 1978 et 1980. Ce tournage du quotidien de l’équipe sur le site néolithique de Dachstein dans le Bas-Rhin (67) nous laisse entrevoir autant l’aspect scientifique du chantier que son aspect social et humain. Le chantier qui est filmé ici, est dirigé par Malou Schneider, archéologue spécialiste du Néolithique. Six années après les dernières image de ce documentaire, elle deviendra conservatrice du Musée Alsacien de Strasbourg.

Ce film est une réalisation d’Yvon Herbage pour le « Club Partir ». Fondé en 1972, il proposait des projections de diaporamas et de films des membres autour du thème des voyages.

Description


Le documentaire débute sur le dessin d’une pancarte indiquant au départ « Attention fou ». Quelques secondes plus tard la pancarte est complétée indiquant cette fois-ci « Attention fouilles ». Ces quelques secondes ainsi que ce jeu de mot, donnent le ton de l’ensemble du reportage qui rapporte avec un brin d’humour le quotidien d’une équipe d’archéologue sur un chantier archéologique programmé. Le film est construit sur une alternance entre des scènes de travail scientifique et des scènes du quotidien, de la vie en communauté. Les différentes séquences vidéo illustrant trois années de fouilles sont entrecoupées par une feuille mentionnant l’année.

L’aspect scientifique est donc illustré par la vue des sondages avec les étudiants et archéologues au travail, mais aussi la vue des outils disséminés. De nombreux gestes techniques de l’archéologue sont visibles dans cette vidéo que ce soit la prise de photos de terrains, le redressage d’une coupe, les relevés ou même un atelier de cuisson expérimental de céramique. Des structures et du mobilier représentatifs des sites néolithiques sont également filmés. On voit ainsi apparaître des tessons de céramique, des cornes de bœufs, des fosses,…

Ces scènes techniques alternent pendant toute la durée du reportage avec des scènes de vie en communauté de ce groupe d’archéologues. Les pauses cafés et repas, les veillées du soir, le campement avec ses tentes, et les moments de jeux entre amis (au foot ou avec les chats) font de ce reportage une parfaite illustration de ce que constitue un chantier de fouille programmée. L’ensemble est toujours filmé avec une dose d’humour : la petite bagarre ponctuée d’une bulle de BD « BOUM » ou les effets de miroirs déformants sur les visages des archéologues.

Le documentaire s’achève sur un court dessin-animé montrant un archéologue entrain de pelleter. Le mot « FIN », inscrit grâce aux lettres de la tablette pour les photos techniques est filmé entre les cornes de bovidés sur le chantier.

Métadonnées

N° support :  0110FI0008
Date :  Entre 1978 et 1980
Coloration :  Couleur
Son :  Muet
Durée :  00:17:30
Cinéastes :  Herbage, Yvon
Format original :  Super 8 mm
Genre :  Documentaire
Thématiques :  Activités de plein-air, Sites patrimoniaux et touristiques
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


Néolithique en Alsace, courant Danubien et faciès culturels :

Le Néolithique commence en Alsace vers 5400 avant notre ère. Il est divisé en quatre phases distinctes : le Néolithique ancien (-5400 à -5900), le Néolithique moyen (-4900 à -4200), le Néolithique récent (-4200) à -3400) et le Néolithique final (-3400 à -3200). Chacune de ces phases est caractérisée par ce que l’on nomme des cultures matérielles ou faciès culturels en archéologie. Ces cultures se caractérisent par des typologies de mobilier (par exemple de céramique) ou d’habitations. Les noms de ces cultures comme le Rubané, le Michelsberg, ou le Grossgartach proviennent de la forme et des décors des céramiques, ou du nom du site où ils ont été découverts.

Le passage du Mésolithique au Néolithique est marqué par l’arrivée de populations par la Méditerranée et par le Danube. Ces nouvelles populations vont bouleverser l’organisation établie jusqu’à alors et entrainer des évolutions techniques en rapport avec l’agriculture et l’élevage. Le sol fertile des plaines alsaciennes est un environnement adéquat pour ces innovations.

Les fossiles directeurs du Néolithique sont les haches et les herminettes en pierres polies ainsi que la céramique. Ces artefacts sont en effet issus du développement des techniques de fabrication de la terre cuite et du polissage de pierres.

Le système domesticatoire se met également en place à cette période. On définit la domestication par deux principes : le changement biologique des animaux et le changement socio-culturelle des attitudes entre hommes et animaux. Cette domestication qui commence au Proche-Orient va se diffuser par le courant danubien et méditerranéen, par le biais de migrations et atteindre ainsi l’espace alsacien.

Le site néolithique de Dachstein comporte des structures et du mobilier issu de trois cultures du Néolithique : le Rubané (Néolithique ancien), le Grossgartach (Néolitique moyen) et le Michelsberg (Néolithique récent). Le Rubané a pour éléments caractéristiques sa céramique ornée de motif en «rubans » mais aussi ses maisons. Celles-ci sont construites sur poteaux et possèdent un plan rectangulaire. Ces habitations de grandes dimensions (10 à 50m de long sur 5 à 7m de large) comportent une toiture à double pans et des parois en clayonnage (tressage en bois recouvert de torchis). Les longues fosses externes le long des parois de ces maisons servent tout d’abord à l’extraction de la terre servant au torchis, puis deviennent des dépotoirs. La culture du Michelsberg se caractérise par un changement de la forme des maisons et des décors de la céramique mais aussi par les premiers pas de la métallurgie du cuivre.

Le site de Dachstein, une illustration des cultures néolithiques du Nord de l’Alsace :

Ce site d’habitat Néolithique est situé dans une loessière au lieu-dit « Am Geist » entre les communes de Dachstein et Avolscheim (Bas-Rhin, 67). Ce lieu se caractérise par une butte de lœss surmontant les terrains humides aux alentours. Ce site dont les occupations sont diachroniques (Néolithique, La Tène, Mérovingien et Carolingien) est surtout connu pour ses vestiges néolithiques dès le début du 20ème siècle. G.F. Heintz étudie le site et notamment son mobilier de la phase Rubané. La Direction des Antiquités Préhistoriques mène une fouille et documente grâce à celle-ci les structures et le mobilier de la culture Grossgartach présent sur le site.

Les fouilles de Malou Schneider à partir de 1978 vont permettre de documenter la phase Michelsberg de ce site mais aussi de compléter les informations sur les périodes Rubané et Grossgartach.

Une fosse du Rubané ancien contenant du loess rubéfié, vestiges d’une aire de cuisson, mais aussi des paires de cornes de bovidés illustre deux phénomènes spécifiques à la période Néolithique. Premièrement ces cornes, qui sont visibles dans le reportage, ne sont pas toutes identiques. Les plus petites sont celles de bœufs (Bos taurus) et les plus grandes avec des sillons profonds sont celles d’aurochs (Bos Primigenius). Cette différence entre ces paires de cornes montre la présence d’animaux domestiques mais aussi l’impact que cette domestication sur les caractéristiques physiques de ces animaux (diminution de la taille par exemple). De plus la présence de ces ossements au fond de la fosse est interprétée par Malou Schneider comme un dépôt intentionnel réalisé entre la construction d’une maison et la transformation de la fosse en dépotoir. Ce type de dépôt est une caractéristique de nombreux sites néolithiques comme par exemple le site de Trosly-Breuil (Oise, 60).

Cette fosse contenait également un fragment de vase zoomorphe qui est caractéristique du Rubané. G.F. Heintz en avait d’ailleurs déjà découvert un lors de ses recherches.

Un des fosses datées du Michelsberg contenait elle du charbon, du torchis brûlé avec des traces de planches en surface, illustrant les méthodes de construction des habitations néolithique décrites plus haut. Le site a livré également de nombreux fragments de meules et de molettes. Celles-ci servaient à écraser le grain pour réaliser de la farine. En Alsace, ces meules sont le plus souvent en grès ou en granite. Le mobilier du site de Dachstein illustre donc les grandes caractéristiques des cultures du Néolithique en Alsace avec par exemple ses céramiques du Rubané ancien à rubans courbes, ses plats à cuire du Michelsberg, sa statuette au corps d’animal modelé, ses éclats lithiques, flèches, meules et molettes.

Ce site d’habitat néolithique fait partie de l’important corpus des sites d’habitat néolithiques d’Alsace. Ce corpus a bien entendu beaucoup évolué depuis les fouilles programmées de Dachstein notamment avec les fouilles préventives dans les plaines d’Alsace permettant la mise au jour de nombreux sites. Le Néolithique est aujourd’hui une période bien connue des archéologues dans l’espace alsacien.

Bibliographie


ARBOGAST R.M., « Les vestiges osseux d’animaux du site VSG de Trosly-Breuil, Les Obeaux (Oise) : campagnes de fouilles 1983 et 1984 », in Revue archéologique de Picardie, n°3-4, 1993, p.31-40.

DEMOULE J.P., La révolution Néolithique en France, Editions La Découverte, Inrap, mai 2017.

HEINTZ G.F., « Vase néolithique à corps animal trouvé à Dachstein », in CAAAH, T.XIV, 1970, p.35-40.

HEINTZ G.F., « Observation archéologiques à Dachstein de 1957 à 1972 », in CAAAH, T.XVII, 1973, p.21-36.

LEFRANC P., « Les villages du Néolithique ancien en Alsace. Un état de la recherche », in Archéopages [En ligne], 40, avril-juillet 2014, URL : http:// journals.openedition.org/archeopages/588 [consulté le 16.04.20]

SCHNEIDER M., « Découvertes néolithiques à Dachstein 1978-1979», In Cahiers Alsaciens d’Archéologie d’Art et d’Histoire, 1980, p.27-40.

THEVENIN A. (dir.), « Informations archéologiques : circonscription d’Alsace », in Gallia Préhistoire, T.19, 1976, p.281.

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THEVENIN A. (dir.), « Informations archéologiques : circonscription d’Alsace », in Gallia Préhistoire, T.23, fasc.2, 1980, p.317-318.

THEVENIN A. (dir.), « Informations archéologiques : circonscription d’Alsace », in Gallia Préhistoire, T.25, fasc.2, 1982, p.294-296.


Article rédigé par

Juliette Brange, 16 avril 2020


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