Grande Journée de la motoculture (0009FS0003) : Différence entre versions

 
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Version actuelle datée du 19 mars 2019 à 17:52


Avertissement[1]

Résumé


Concours de conduite de tracteurs organisé par la corporation des jeunes agriculteurs du Bas-Rhin.

Métadonnées

N° support :  0009FS0003
Date :  1953
Coloration :  Couleur
Son :  Muet
Durée :  00:05:03
Cinéastes :  Gerber, Armand
Format original :  16 mm
Langue :  Français
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Ecologie, Vie rurale, Agriculture et pratiques agricoles
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


En 1953, la France sort de la période de reconstruction et dit adieu aux cartes d’alimentation. L’Europe du plan Monnet de 1950 va bientôt bouleverser les économies nationales, de l’industrie (CECA de 1952) à la Politique agricole commune qui débute en 1962. En 1957, le sociologue Henri Mendras sème le désarroi et déclenche le débat avec La Fin des paysans ?, qui expose que ce groupe autrefois majoritaire doit se moderniser ou renoncer, et disparaîtra en tant que civilisation à court terme. L’Alsace reste une terre profondément rurale en dépit de la forte industrialisation de la région. L’économie agricole y pâtit, selon les mots du géographe Etienne Juillard en 1953, de « cinquante années d’inertie ». Le constat d’un retard dans la productivité au regard de régions déjà modernisées, riches (Bassin parisien) ou moins (Sud-Ouest), mobilise la Direction des Services agricoles du Bas-Rhin dont Armand Gerber est l’ingénieur principal. Comme Juillard dans son ultime chapitre « Pour une politique agricole », le technicien livre dans ce film et son jumeau de 1952 (0009FS0004) un plaidoyer pour la fin des maux d’une agriculture qui n’a pas su évoluer depuis son apogée au milieu du XIXe siècle : révolution verte (engrais, mécanisation, choix des semences et sélection des races d’élevage), remembrement et spécialisation des exploitations pour l’essor de la qualité et du rendement.

La mécanisation à tout prix

Après-guerre, l’Alsace accuse un retard important en terme d’équipement. L’intérêt conjoint de la Direction départementale des Services agricole et des entreprises avides de capter un marché en pleine expansion autorise une véritable propagande pour les bienfaits de la motorisation. L’Alsace compte une grande firme de production de ces machines, Kuhn. Avec ses concurrents Massey-Ferguson et Renault, très présent ici comme Soberfon, se développe toute une série d’appareils adaptables pour la préparation du sol et la récolte. Le labour, les semailles, l’épandage des engrais et produits phytosanitaires sont régulés et rationalisés, tandis que les moissons et récoltes de fourrages demandent bien moins de main d’œuvre. La révolution de la mécanisation bouleverse rapidement le paysage : dès 1960, la région apparaît suréquipée et s’organisent alors des structures de mise en commun des machines agricoles (132). La Journée de la Motoculture comprend une compétition et des essais comparatifs en plein champs que Gerber aime filmer, avec ses hommes en costume et lunettes noires, experts citadins et exploitants hésitants, qui inspectent le résultat des labours profonds ou superficiels. Le tracteur devient un rêve accessible grâce à l’ouverture des vannes du crédit agricole : non seulement il soulage par sa puissance l’agriculteur éreinté, libère les bêtes de la tâche de traction, accélère et accroît les possibilités d’exploitation de parcelles redessinées, mais représente le signe de distinction par excellence.

La fête syndicale en pleins champs

Ce sont les jeunes agriculteurs qui sont à la fois les organisateurs et les cibles privilégiées de l’événement organisé par la Confédération générale de l’agriculture. Créée clandestinement par des militants radicaux et socialistes pour contrer la Corporation paysanne instituée par le régime de Vichy, la CGA est devenue un syndicat agricole dès 1945, mais elle connaît en 1953 ses dernières heures, dépassée par sa branche la FNSEA. Le Cercle national des jeunes agriculteurs (CNJA), sa section jeune lancée en 1947, se donne pour but la diffusion des techniques agricoles et l’animation du monde rural. Le cercle, qui se muera en syndicat sous l’influence de la Jeunesse agricole chrétienne (1957), espère freiner la dernière phase de l’exode rural et assurer la transmission des terres et des savoir-faire.

La typographie connotant le dynamisme de la banderole qui annonce la manifestation est résolument moderne. Le clou de la journée est une course de tracteurs – autre forme, rurale et moderne à la fois, de compétition sportive. La course d’obstacles chronométrée impose des manœuvres de marche arrière, fixation d’une remorque où un bidon de lait plein sert d’étalon à l’amortissement des chocs et zigzags sur un terrain au préalable miné de pièges. Les visages concentrés, mais aussi légèrement excités et amusés des jeunes conducteurs relèvent l’aspect ludique d’une démonstration de la dextérité. Au-delà de la performance individuelle les constructeurs prouvent la maniabilité des machines. Cette forme de rodéo sans danger, de sport sain et utile, séduit manifestement un public attentif qui a afflué à vélo et en voiture. Le cinéaste ne peut que se féliciter de cette réussite sans nuage, symbole de la vitalité du milieu agricole dans le Bas-Rhin.

Documents annexes


Etienne Juillard, La Vie rurale en Basse-Alsace, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 1992 (1ère éd.: 1953).

Roland Oberlé, Terres d'Alsace. Mutations du monde paysan et enjeux agroalimentaires, Strasbourg, Serengeti, 1994.


Article rédigé par

ALEXANDRE SUMPF, 04 mars 2019


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