Hatten - Rittershoffen - Soldats allemands (0011FS0003)


Avertissement[1]

Résumé


Une unité de soldats allemands en Outre-Forêt annexée: vie quotidienne et préparatifs militaires.

Description


/ groupe de soldats autour d’un abri en bois marqué « Abort » le long de la voie ferrée / soldats assis à la porte d’un wagon de marchandises souriants à la caméra / le wagon part / les soldats jouent aux cartes / une maison / des civils et un groupe d’une vingtaine de soldats (dans l’Ouest ?) / les soldats marchent au pas dans la petite rue ensoleillée du village, par rangs de trois, et passent de part et d’autre de la caméra posée au sol / défilé des soldats / camions qu’on décharge

1’14 / en ville, défilé de soldats allemands (image floue) chargés de paquetages, souriants / des civils regardent

2’03 / dans une gare ? soldats regroupés, souriants, autour de jeunes officiers / soldats alignés / des chars / une cabane en bois en construction

Métadonnées

N° support :  0011FS0003
Date :  1944
Coloration :  Noir et blanc
Son :  Muet
Durée :  00:01:04
Format original :  16 mm
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Seconde Guerre mondiale : Occupation et annexion, Conscrits
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


Soixante-dix ans après la réunion au deuxième Reich allemand de Guillaume II, et suite à une offensive éclair, l’Alsace se voit à nouveau occupée (juin), puis annexée (novembre). Une partie de la population vivant à proximité de la Ligne Maginot avait été évacuée à l’automne 1939 afin de sécuriser la future ligne de front. Une fois la France vaincue et l’ordre allemand instauré, les autorités d’occupation enjoignent aux Alsaciens de rejoindre leurs foyers ; les quelque 1500 habitants de Hatten rentrent du Limousin. Les occupants entament rapidement la nazification d’un territoire conçu comme une vitrine de propagande de la nouvelle Europe hitlérienne. La répression de toute résistance, la collaboration, la déportation des Juifs et enfin la conscription de force des jeunes alsaciens et mosellans imposent une longue épreuve à la population. Si les deux villages de Hatten et Rittershoffen, dans l’Outre-Forêt du nord de la région, face à la cité allemande de Rastatt, ont résisté à l’invasion et évité le pire, il n’en est pas de même en janvier 1945. La contre-attaque allemande Nordwind s’incarne dans de très violents engagements, la mort de civils et la destruction presque complète des deux localités.

Affiche de propagande signée Theo Matejko, 1940 © Musée de l'Armée

La routine militaire

Hatten et sa voisine Rittershoffen sont des petits bourgs sans importance stratégique, à l’écart des grandes voies de communication. Mais situés à proximité de la frontière et du Rhin, la première accueille la casemate Esch, construite dès 1931. Point faible de la ligne à ce niveau, le bastion échappe à l’offensive du 19 juin 1940 et est sauvé par l’armistice du 25 juin. La présence d’un groupe restreint de militaires dans ce coin de campagne s’explique donc par la possibilité de les loger. Le cinéaste amateur filme la cinquantaine d’hommes en train de défiler désarmés sans aucun spectateur, on les entend presque chanter. Il se permet un effet visuel typique des images de propagande nazis ou soviétiques, en contre-plongée et au milieu de la colonne qui le dépasse. Il saisit aussi, dans un wagon à l’arrêt sur une voie de garage à proximité du nœud ferroviaire nord-sud et est-ouest de Rœschwoog, une partie de carte très cézanienne, où les soldats se prennent manifestement au jeu. Avec les sourires qu’ils adressent à la caméra, l’atmosphère est à la détente, presque à l’insouciance. Ces mobilisés ont de la chance : ils ne sont ni à la frontière entre URSS et Pologne, ni sur les fronts d’Europe (Italie, Normandie, Provence) où la Wehrmacht subit de lourdes pertes.

Sur le qui-vive

Daté de 1944, sans qu’il soit possible d’être plus précis, le film amateur propose deux séquences distinctes. La première se situe aux abords d’une voie de chemin de fer, le type même des cibles que l’aviation américaine affectionne lors des bombardements infernaux qu’elle déchaîne autant pour réduire les capacités de combat adverses que pour terroriser la population. Fort heureusement, l’Alsace ne figure pas comme objectif principal des raids. Mais la tranquillité des premières scènes laisse place à une seconde partie où se lisent les signes d’une guerre qui arrive. Les soldats marchent en rang avec leur paquetage complet, se préparant à un transfert qui les mènera aussi bien sur le front polonais que sur celui de Normandie. Leur commandant, qui n’apparaissait pas sur les images précédentes, se retrouve filmé en buste alors qu’il lance ses ordres ; sa croix de guerre signale son expérience du feu. Son visage tendu contraste avec le sourire que peinent à retenir les recrues récentes, qui ne savent pas se tenir droit en rang. Un char d’assaut de petit calibre, sans doute un Panzer III, déchargé avec zèle, annonce les dangereux épisodes à venir.

Bibliographie


Marlène Anstett, À la guerre... malgré-moi ! : Images et témoignages d'hommes et de femmes d'Alsace et de Moselle incorporés de force, Strasbourg, Société d'Histoire de la Poste et des Télécoms en Alsace, 2015.

Eugène Riedweg, Les Malgré nous : histoire de l'incorporation de force des Alsaciens-Mosellans dans l'armée allemande, Strasbourg, La Nuée bleue, 2008.

Pierre Rigoulot, L'Alsace-Lorraine pendant la guerre 1939-1945, Paris, Que sais-je?, 1997.


Article rédigé par

ALEXANDRE SUMPF, 14 janvier 2019


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