Hommage à Robert Redslob par le Club Vosgien (0083FI0002) : Différence entre versions

 
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[[Fichier:Médaillon_et_plaque_commémorative_Robert_Redslob._Source_-_vignette_MIRA.png|vignette|Plaque commémorative et médaillon Robert Redslob au Grand Ballon. Source : MIRA]]
L’inauguration d’une plaque commémorative en l’honneur de Robert Redslob sur les pentes du Grand Ballon témoigne de l’importance de cet homme pour l’association et de l’envergure du personnage en Alsace et au-delà. Passionné par la nature et très engagé dans la vie locale, Robert Redslob a présidé le Club Vosgien de 1935 jusqu’à son décès en 1962. Mais cette figure alsacienne était aussi un professeur de droit reconnu en Europe. Né à Strasbourg en 1882 dans une famille protestante, il enseigne d’abord en Allemagne avant de retourner à Strasbourg lorsque l’Alsace est rattachée à la France. Après avoir suivi l’Université de Strasbourg en exil à Clermont-Ferrand durant l’occupation, Robert Redslob devient Doyen de la Faculté de droit en 1945. Il a beaucoup écrit sur les relations entre la France et l’Allemagne, ainsi que sur son rapport à la nation en tant qu’Alsacien. Comme le souligne Armel Le Divellec, « sa réconciliation intime avec l’Allemagne prendra du temps : invité dans de nombreux pays européens dans l’entre-deux-guerres, il ne retournera outre-Rhin que dans les années cinquante. La perspective change alors et il semble bien croire à la réconciliation franco-allemande, dans le cadre de l’unification de l’Europe […] »<ref>LE DIVELLEC Armel, « Robert Redslob (1882-1962) : l’itinéraire original d’un universitaire alsacien « entre la France et l’Allemagne » », ''Bulletin – Société des Amis des Universités de l’Académie de Strasbourg'', 2004, p.88</ref>.  
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L’inauguration d’une plaque commémorative en l’honneur de Robert Redslob sur les pentes du Grand Ballon témoigne de l’importance de cet homme pour l’association et de l’envergure du personnage en Alsace et au-delà. Passionné par la nature et très engagé dans la vie locale, Robert Redslob a présidé le Club Vosgien de 1935 jusqu’à son décès en 1962. Mais cette figure alsacienne était aussi un professeur de droit reconnu en Europe. Né à Strasbourg en 1882 dans une famille protestante, il enseigne d’abord en Allemagne avant de retourner à Strasbourg lorsque l’Alsace est rattachée à la France. Après avoir suivi l’Université de Strasbourg en exil à Clermont-Ferrand durant l’occupation, Robert Redslob devient Doyen de la Faculté de droit en 1945. Il a beaucoup écrit sur les relations entre la France et l’Allemagne, ainsi que sur son rapport à la nation en tant qu’Alsacien. Comme le souligne Armel Le Divellec, « sa réconciliation intime avec l’Allemagne prendra du temps : invité dans de nombreux pays européens dans l’entre-deux-guerres, il ne retournera outre-Rhin que dans les années cinquante. La perspective change alors et il semble bien croire à la réconciliation franco-allemande, dans le cadre de l’unification de l’Europe […] »<ref>LE DIVELLEC Armel, « Robert Redslob (1882-1962) : l’itinéraire original d’un universitaire alsacien « entre la France et l’Allemagne » », ''Bulletin – Société des Amis des Universités de l’Académie de Strasbourg'', 2004, p.88</ref>.  
Au-delà de la question de l’appartenance nationale, c’est bien sûr l’attachement de Robert Redslob à sa terre natale et aux Vosges que l’on observe dans cette séquence. La présence d’enfants en costumes traditionnels lors de la cérémonie en témoigne bien. Le Club Vosgien prend la décision de rendre hommage à son ancien président en 1968, soit six après son décès. Après consultation de l’ensemble des sections, le choix est fait d’apposer une plaque commémorative au Grand Ballon, sur un rocher situé entre le sommet et la Route des Crêtes. L’association fait pour l’occasion appel au célèbre sculpteur strasbourgeois René Hetzel qui est chargé de représenter Robert Redslob d’après un médaillon offert par la Faculté de droit de Strasbourg.
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Au-delà de la question de l’appartenance nationale, c’est bien sûr l’attachement de Robert Redslob à sa terre natale et aux Vosges que l’on observe dans cette séquence. La présence d’enfants en costumes traditionnels lors de la cérémonie en témoigne bien. Le Club Vosgien prend la décision de rendre hommage à son ancien président en 1968, soit six ans après son décès. Après consultation de l’ensemble des sections, le choix est fait d’apposer une plaque commémorative au Grand Ballon, sur un rocher situé entre le sommet et la Route des Crêtes. L’association fait pour l’occasion appel au célèbre sculpteur strasbourgeois René Hetzel qui est chargé de représenter Robert Redslob d’après un médaillon offert par la Faculté de droit de Strasbourg.
  
 
'''Le Grand Ballon, lieu symbolique des Vosges'''  
 
'''Le Grand Ballon, lieu symbolique des Vosges'''  
  
[[Fichier:Grand Hotel du 'Club Vosgien' (...)Weber Alfred btv1b102046627.jpg|vignette|gauche|Grand Hôtel du Club Vosgien - 1924. Source : www.numistral.fr / Bibliothèque nationale et universitaire de France]]
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[[Fichier:Grand Hotel du 'Club Vosgien' (...)Weber Alfred btv1b102046627.jpg|vignette|gauche|Grand Hôtel du Club Vosgien - 1924. Source : www.numistral.fr / Bibliothèque nationale et universitaire de France]]Ce n’est pas un hasard si la plaque commémorative a été apposée sur les pentes du plus haut sommet des Vosges. Culminant à 1424 mètres d’altitude, le Grand Ballon d’Alsace est un haut lieu touristique des Vosges depuis la fin du XIXe siècle. Le tourisme pédestre se développe en effet à cette époque auprès des élites urbaines alsaciennes grâce à l’extension du réseau ferroviaire secondaire et aux associations telles que le Club Vosgien. Fondé en 1872 avec l’objectif principal de baliser et entretenir des sentiers, il œuvre aussi à la construction de refuges de montagne. C’est ainsi que la section de Guebwiller fait ériger en 1887 la première auberge-refuge au Grand-Ballon pour accueillir les nombreux touristes. Totalement détruit par les troupes allemandes lors de la Première Guerre mondiale, l’hôtel est inauguré dans son format actuel en 1923. La proximité du chalet-hôtel, que l’on aperçoit très brièvement à la fin de la séquence, constitue donc aussi une raison purement pratique de l’organisation de la cérémonie au Grand Ballon. A cette occasion, un sentier à son départ a spécialement été balisé. On le distingue très nettement dans le premier panorama gauche sur la file continue de randonneurs. Il mène au rocher en une dizaine de minutes à pied selon un membre du Club Vosgien.  
Ce n’est pas un hasard si la plaque commémorative a été apposée sur les pentes du plus haut sommet des Vosges. Culminant à 1424 mètres d’altitude, le Grand Ballon d’Alsace est un haut lieu touristique des Vosges depuis la fin du XIXe siècle. Le tourisme pédestre se développe en effet à cette époque auprès des élites urbaines alsaciennes grâce à l’extension du réseau ferroviaire secondaire et aux associations telles que le Club Vosgien. Fondé en 1872 avec l’objectif principal de baliser et entretenir des sentiers, il œuvre aussi à la construction de refuges de montagne. C’est ainsi que la section de Guebwiller fait ériger en 1887 la première auberge-refuge au Grand-Ballon pour accueillir les nombreux touristes. Totalement détruit par les troupes allemandes lors de la Première Guerre mondiale, l’hôtel est inauguré dans son format actuel en 1923. La proximité du chalet-hôtel, que l’on aperçoit très brièvement à la fin de la séquence, constitue donc aussi une raison purement pratique de l’organisation de la cérémonie au Grand Ballon. A cette occasion, un sentier à son départ a spécialement été balisé. On le distingue très nettement dans le premier panorama gauche sur la file continue de randonneurs. Il mène au rocher en une dizaine de minutes à pied selon un membre du Club Vosgien.  
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Au-delà de ces considérations pratiques, le choix d’apposer un mémoriel en l’honneur de Robert Redslob au Grand Ballon est avant tout symbolique. Sur la plaque commémorative, on peut lire : « Le Club Vosgien au Doyen Robert Redslob qui a présidé  à ses destinées de 1935 à 1962 et a su magnifier par ses écrits l’inaltérable beauté de la montagne vosgienne, en témoignage de profonde reconnaissance ». Passionné par la littérature, Robert Redslob a en effet écrit de nombreux ouvrages au sujet des Vosges. Le Grand Ballon occupe une place toute particulière, notamment dans ''Sur les sentiers des Vosges'' où de nombreux chapitres lui sont consacrés. Dans « La magie du Grand Ballon », il écrit « Un lever de soleil au Ballon, c’est l’illumination d’une partie de l’Europe. Comment décrire ce spectacle ? Une vague lueur surgit des brumes argentées qui couvrent la plaine. On dirait un accord de harpes qui s’élève d’un orchestre caché dans le fond d’un théâtre. Quelques sommets flamboient, comme à l’époque où nos ancêtres allumaient des feux sur les hauts plateaux pour signaler l’approche de l’ennemi. Un rayon touche de sa caresse quelques fermes qui s’égrènent sur le flanc de la montagne. Le cri du coq retentit comme un coup de clairon. La Forêt-Noire, rideau derrière lequel le dieu s’apprête à faire son ascension triomphale, prend une couleur toujours plus sombre, tandis que sur les contours de ses crêtes des traits de lumière scintillent comme des aiguilles d’or. Un nuage qui plane sur le Rhin s’empourpre, et s’ourle de feu. »<ref>REDSLOB Robert, ''Sur les sentiers des Vosges'', Woerth, 1954, p.80-81</ref>
Au-delà de ces considérations pratiques, le choix d’apposer un mémoriel en l’honneur de Robert Redslob au Grand Ballon est avant tout symbolique. Sur la plaque commémorative, on peut lire : « Le Club Vosgien au Doyen Robert Redslob qui a présidé  à ses destinées de 1935 à 1962 et a su magnifier par ses écrits l’inaltérable beauté de la montagne vosgienne, en témoignage de profonde reconnaissance ». Passionné par la littérature, Robert Redslob a en effet écrit de nombreux ouvrages autour des Vosges. Le Grand Ballon occupe une place toute particulière, notamment dans ''Sur les sentiers des Vosges'' où de nombreux chapitres lui sont consacrés. Dans « La magie du Grand Ballon », il écrit « Un lever de soleil au Ballon, c’est l’illumination d’une partie de l’Europe. Comment décrire ce spectacle ? Une vague lueur surgit des brumes argentées qui couvrent la plaine. On dirait un accord de harpes qui s’élève d’un orchestre caché dans le fond d’un théâtre. Quelques sommets flamboient, comme à l’époque où nos ancêtres allumaient des feux sur les hauts plateaux pour signaler l’approche de l’ennemi. Un rayon touche de sa caresse quelques fermes qui s’égrènent sur le flanc de la montagne. Le cri du coq retentit comme un coup de clairon. La Forêt-Noire, rideau derrière lequel le dieu s’apprête à faire son ascension triomphale, prend une couleur toujours plus sombre, tandis que sur les contours de ses crêtes des traits de lumière scintillent comme des aiguilles d’or. Un nuage qui plane sur le Rhin s’empourpre, et s’ourle de feu. »<ref>REDSLOB Robert, ''Sur les sentiers des Vosges'', Woerth, 1954, p.80-81</ref>
 
  
 
'''Une cérémonie qui regroupe officiels et anonymes'''  
 
'''Une cérémonie qui regroupe officiels et anonymes'''  
  
 
La cérémonie hommage organisée le 27 septembre 1970 attire beaucoup de monde, officiels, journalistes, randonneurs et curieux. Il faut tout d’abord noter la présence d’anonymes, membres du Club Vosgien ou randonneurs du dimanche. La météo particulièrement radieuse de ce dimanche explique certainement une foule aussi nombreuse. La plupart des spectateurs a dû faire l’ascension, comme en témoigne leur équipement : chaussures de marche, chaussettes hautes et autres chapeaux montagnards. Mais les tenues de ville – un témoin parle de membres du Club Vosgien « endimanchés »<ref> STINTZI P., « Hommage du Club Vosgien au doyen Robert Redslob », ''Les Vosges'', revue de tourisme éditée trimestriellement par le Club Vosgien, n°4, 1970, p. 4</ref> - indiquent qu’une partie du public est venue spécialement pour l’occasion par la route des crêtes. Le Grand Ballon est en effet accessible en voiture depuis la construction de cette voie de transport durant la Première Guerre mondiale. C’est aussi par la route que les nombreux officiels se sont rendus au Grand Ballon pour rendre hommage à Robert Redslob. Les dirigeants de toutes les sections de l’Est (Bas-Rhin, Haut-Rhin, Moselle, Meurthe-et-Moselle, Vosges) sont présents, ainsi que des représentants d’associations de randonnée allemande et suisse. Les personnalités de la région et hommes politiques locaux ont également fait le déplacement en nombre : le conseiller général, le Doyen de la Faculté de Droit et des Sciences politiques et économiques, les maires des villages proches, l’Inspecteur général des eaux et forêts et bien d’autres. On aperçoit au dernier rang de ce groupe d’officiels des hommes vêtus de vestons rouges et de chapeaux noirs. Il s’agit en effet de membres du Rallye Trompes des Vosges, formation musicale de trompes de chasse créée en 1957 dans le petit village de Fellering<ref>Voir site internet de la formation musicale actuelle : http://www.rallyetrompesdesvosges.com/</ref>, qui assurent l’ouverture musicale de la cérémonie. Dans la masse des officiels se trouve également le commandant de la compagnie de gendarmerie de Thann, facilement reconnaissable par son képi. Par ailleurs, les journalistes sont venus couvrir l’événement.
 
La cérémonie hommage organisée le 27 septembre 1970 attire beaucoup de monde, officiels, journalistes, randonneurs et curieux. Il faut tout d’abord noter la présence d’anonymes, membres du Club Vosgien ou randonneurs du dimanche. La météo particulièrement radieuse de ce dimanche explique certainement une foule aussi nombreuse. La plupart des spectateurs a dû faire l’ascension, comme en témoigne leur équipement : chaussures de marche, chaussettes hautes et autres chapeaux montagnards. Mais les tenues de ville – un témoin parle de membres du Club Vosgien « endimanchés »<ref> STINTZI P., « Hommage du Club Vosgien au doyen Robert Redslob », ''Les Vosges'', revue de tourisme éditée trimestriellement par le Club Vosgien, n°4, 1970, p. 4</ref> - indiquent qu’une partie du public est venue spécialement pour l’occasion par la route des crêtes. Le Grand Ballon est en effet accessible en voiture depuis la construction de cette voie de transport durant la Première Guerre mondiale. C’est aussi par la route que les nombreux officiels se sont rendus au Grand Ballon pour rendre hommage à Robert Redslob. Les dirigeants de toutes les sections de l’Est (Bas-Rhin, Haut-Rhin, Moselle, Meurthe-et-Moselle, Vosges) sont présents, ainsi que des représentants d’associations de randonnée allemande et suisse. Les personnalités de la région et hommes politiques locaux ont également fait le déplacement en nombre : le conseiller général, le Doyen de la Faculté de Droit et des Sciences politiques et économiques, les maires des villages proches, l’Inspecteur général des eaux et forêts et bien d’autres. On aperçoit au dernier rang de ce groupe d’officiels des hommes vêtus de vestons rouges et de chapeaux noirs. Il s’agit en effet de membres du Rallye Trompes des Vosges, formation musicale de trompes de chasse créée en 1957 dans le petit village de Fellering<ref>Voir site internet de la formation musicale actuelle : http://www.rallyetrompesdesvosges.com/</ref>, qui assurent l’ouverture musicale de la cérémonie. Dans la masse des officiels se trouve également le commandant de la compagnie de gendarmerie de Thann, facilement reconnaissable par son képi. Par ailleurs, les journalistes sont venus couvrir l’événement.
L’opérateur semble lui-même s’être glissé parmi eux puisqu’il se trouve au premier rang, juste derrière un photographe. Hippolyte Laemmel filme en effet la cérémonie à la manière d’un reporter, choisissant ses plans et angles de vue. Il plante tout d’abord le décor en filmant le public et l’environnement dans des plans larges puis restitue les principales étapes de l’hommage grâce à des plans plus serrés. L’apparition furtive du chalet-hôtel du Grand Ballon où est rassemblé le public à la fin de la séquence s’explique en effet par l’organisation d’un vin d’honneur à l’issue de la cérémonie. Hippolyte Laemmel, qui connaît les codes du cinéma, construit ainsi, à l’aide des images, un vrai discours journalistique. Le panorama sur la file continue de randonneurs faisant l’ascension et la contre-plongée sur les spectateurs assis à flanc de colline contribuent par exemple à renforcer l’impression de foule. Le plan assez long sur le drapeau tricolore nous rappelle enfin que l’opérateur a combattu pour la France durant la Seconde Guerre mondiale. Hyppolyte Laemmel procède de la même manière dans l’autre séquence qu’il nous a laissée sur le centenaire de l’association en 1972, laissant croire qu’il a un lien particulier avec le Club Vosgien.
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'''Un reporter amateur'''
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L’opérateur semble lui-même s’être glissé parmi eux puisqu’il se trouve au premier rang, juste derrière un photographe. Hippolyte Laemmel filme en effet la cérémonie à la manière d’un reporter, choisissant ses plans et angles de vue. Il plante tout d’abord le décor en filmant le public et l’environnement dans des plans larges puis restitue les principales étapes de l’hommage grâce à des plans plus serrés. L’apparition furtive du chalet-hôtel du Grand Ballon où est rassemblé le public à la fin de la séquence s’explique en effet par l’organisation d’un vin d’honneur à l’issue de la cérémonie. Hippolyte Laemmel, qui connaît les codes du cinéma, construit ainsi, à l’aide des images, un vrai discours journalistique. Le panorama sur la file continue de randonneurs faisant l’ascension et la contre-plongée sur les spectateurs assis à flanc de colline contribuent par exemple à renforcer l’impression de foule. Le plan assez long sur le drapeau tricolore nous rappelle enfin que l’opérateur a combattu pour la France durant la Seconde Guerre mondiale. Hippolyte Laemmel procède de la même manière dans l’autre séquence qu’il nous a laissée sur le centenaire de l’association en 1972, laissant à croire qu’il a un lien particulier avec le Club Vosgien.
 
|Bibliographie=RICHEZ Jean-Claude, « Les Vosges comme espace de loisir au XIXe siècle », dans : RAUCH André (dir.), ''Sports et loisirs en Alsace au 20ème siècle'', Revue EPS ; Strasbourg : Centre de recherches européennes en éducation corporelle, 1994, p.91-102
 
|Bibliographie=RICHEZ Jean-Claude, « Les Vosges comme espace de loisir au XIXe siècle », dans : RAUCH André (dir.), ''Sports et loisirs en Alsace au 20ème siècle'', Revue EPS ; Strasbourg : Centre de recherches européennes en éducation corporelle, 1994, p.91-102
  
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RICHEZ Jean-Claude, STRAUSS Léon, « Tradition et renouvellement des pratiques de loisirs en milieu ouvrier dans l’Alsace des années 1930 », ''Revue d’Alsace'', n°113, 1987, Strasbourg, p.217-237
 
RICHEZ Jean-Claude, STRAUSS Léon, « Tradition et renouvellement des pratiques de loisirs en milieu ouvrier dans l’Alsace des années 1930 », ''Revue d’Alsace'', n°113, 1987, Strasbourg, p.217-237
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HERGE Louis, « Notre histoire », Site internet du Chalet-hôtel du Grand Ballon. Disponible sur : https://chalethotel-grandballon.com/ [consulté le 28/02/2019]
  
 
HUCK Joseph Louis (dir.), ''Les Vosges et le Club Vosgien : autour d’un centenaire, 1872-1972'', Strasbourg, Club Vosgien, 1972
 
HUCK Joseph Louis (dir.), ''Les Vosges et le Club Vosgien : autour d’un centenaire, 1872-1972'', Strasbourg, Club Vosgien, 1972
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STINTZI P., « Hommage du Club Vosgien au doyen Robert Redslob », ''Les Vosges'', revue de tourisme éditée trimestriellement par le Club Vosgien, n°4, 1970, p.3-8
  
 
''Cent ans du Club vosgien, du Grand au Petit Ballon : histoire, étymologie, géologie, économie, botanique'', Club Vosgien, Guebwiller, 1972
 
''Cent ans du Club vosgien, du Grand au Petit Ballon : histoire, étymologie, géologie, économie, botanique'', Club Vosgien, Guebwiller, 1972
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LE DIVELLEC Armel, ''Robert Redslob (1882-1962) : l’itinéraire original d’un universitaire alsacien « entre la France et l’Allemagne »'', Bulletin – Société des Amis des Universités de l’Académie de Strasbourg, 2004, p.79-89
 
LE DIVELLEC Armel, ''Robert Redslob (1882-1962) : l’itinéraire original d’un universitaire alsacien « entre la France et l’Allemagne »'', Bulletin – Société des Amis des Universités de l’Académie de Strasbourg, 2004, p.79-89
 
STINTZI P., « Hommage du Club Vosgien au doyen Robert Redslob », ''Les Vosges'', revue de tourisme éditée trimestriellement par le Club Vosgien, n°4, 1970, p.3-8
 
 
HERGE Louis, « Notre histoire », Site internet du Chalet-hôtel du Grand Ballon. Disponible sur : https://chalethotel-grandballon.com/ [consulté le 28/02/2019]
 
  
 
REDSLOB Robert, ''Sur les sentiers des Vosges'', Woerth, 1954
 
REDSLOB Robert, ''Sur les sentiers des Vosges'', Woerth, 1954
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|descripteurs=Randonnée; Club Vosgien
 
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Version actuelle datée du 1 février 2021 à 15:16


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Résumé


27 septembre 1970 au Grand Ballon. Inauguration d’une plaque commémorative en l’honneur de Robert Redslob, président du Club Vosgien de 1935 à 1962.

Description


File continue de randonneurs sur un sentier à flanc de montagne. Arrivée au sommet où attend déjà une foule assise dans l’herbe près d’un groupe de rocher. Plan serré sur quatre enfants en costumes traditionnels alsaciens, un drapeau français recouvre la plaque commémorative. Plan sur les personnes au premier rang devant le rocher, il y a surtout des hommes d’un certain âge qui portent des costumes. Contre-plongée sur les randonneurs venus assistés à l’inauguration et assis à flanc de colline. Levée du drapeau par un officiel, dévoilant la plaque commémorative en l’honneur de Robert Redslob. Un photographe de dos au premier plan. Gros plan sur la plaque commémorative entourée des enfants, on peut lire «Le Club Vosgien au Doyen Robert Redslob qui a présidé à ses destinées de 1935 à 1962 et a su magnifier par ses écrits l’inaltérable beauté de la montagne vosgienne, en témoignage de profonde reconnaissance ». Plan sur le chalet-hôtel du Grand Ballon, au bord de la route des crêtes. Des voitures sont garées le long de la route. Beaucoup de monde est présent pour l’occasion.

Métadonnées

N° support :  0083FI0002
Date :  27 septembre 1970
Coloration :  Couleur
Son :  Muet
Durée :  00:00:58
Cinéastes :  Laemmel, Hippolyte Louis
Format original :  Super 8 mm
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Corps et santé, Environnement, Activités de plein-air, Identité, Lieux, Sites patrimoniaux et touristiques
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


Robert Redslob (1882-1962), figure locale et universitaire par-delà les frontières

Plaque commémorative et médaillon Robert Redslob au Grand Ballon. Source : MIRA

L’inauguration d’une plaque commémorative en l’honneur de Robert Redslob sur les pentes du Grand Ballon témoigne de l’importance de cet homme pour l’association et de l’envergure du personnage en Alsace et au-delà. Passionné par la nature et très engagé dans la vie locale, Robert Redslob a présidé le Club Vosgien de 1935 jusqu’à son décès en 1962. Mais cette figure alsacienne était aussi un professeur de droit reconnu en Europe. Né à Strasbourg en 1882 dans une famille protestante, il enseigne d’abord en Allemagne avant de retourner à Strasbourg lorsque l’Alsace est rattachée à la France. Après avoir suivi l’Université de Strasbourg en exil à Clermont-Ferrand durant l’occupation, Robert Redslob devient Doyen de la Faculté de droit en 1945. Il a beaucoup écrit sur les relations entre la France et l’Allemagne, ainsi que sur son rapport à la nation en tant qu’Alsacien. Comme le souligne Armel Le Divellec, « sa réconciliation intime avec l’Allemagne prendra du temps : invité dans de nombreux pays européens dans l’entre-deux-guerres, il ne retournera outre-Rhin que dans les années cinquante. La perspective change alors et il semble bien croire à la réconciliation franco-allemande, dans le cadre de l’unification de l’Europe […] »[2]. Au-delà de la question de l’appartenance nationale, c’est bien sûr l’attachement de Robert Redslob à sa terre natale et aux Vosges que l’on observe dans cette séquence. La présence d’enfants en costumes traditionnels lors de la cérémonie en témoigne bien. Le Club Vosgien prend la décision de rendre hommage à son ancien président en 1968, soit six ans après son décès. Après consultation de l’ensemble des sections, le choix est fait d’apposer une plaque commémorative au Grand Ballon, sur un rocher situé entre le sommet et la Route des Crêtes. L’association fait pour l’occasion appel au célèbre sculpteur strasbourgeois René Hetzel qui est chargé de représenter Robert Redslob d’après un médaillon offert par la Faculté de droit de Strasbourg.

Le Grand Ballon, lieu symbolique des Vosges

Grand Hôtel du Club Vosgien - 1924. Source : www.numistral.fr / Bibliothèque nationale et universitaire de France
Ce n’est pas un hasard si la plaque commémorative a été apposée sur les pentes du plus haut sommet des Vosges. Culminant à 1424 mètres d’altitude, le Grand Ballon d’Alsace est un haut lieu touristique des Vosges depuis la fin du XIXe siècle. Le tourisme pédestre se développe en effet à cette époque auprès des élites urbaines alsaciennes grâce à l’extension du réseau ferroviaire secondaire et aux associations telles que le Club Vosgien. Fondé en 1872 avec l’objectif principal de baliser et entretenir des sentiers, il œuvre aussi à la construction de refuges de montagne. C’est ainsi que la section de Guebwiller fait ériger en 1887 la première auberge-refuge au Grand-Ballon pour accueillir les nombreux touristes. Totalement détruit par les troupes allemandes lors de la Première Guerre mondiale, l’hôtel est inauguré dans son format actuel en 1923. La proximité du chalet-hôtel, que l’on aperçoit très brièvement à la fin de la séquence, constitue donc aussi une raison purement pratique de l’organisation de la cérémonie au Grand Ballon. A cette occasion, un sentier à son départ a spécialement été balisé. On le distingue très nettement dans le premier panorama gauche sur la file continue de randonneurs. Il mène au rocher en une dizaine de minutes à pied selon un membre du Club Vosgien.

Au-delà de ces considérations pratiques, le choix d’apposer un mémoriel en l’honneur de Robert Redslob au Grand Ballon est avant tout symbolique. Sur la plaque commémorative, on peut lire : « Le Club Vosgien au Doyen Robert Redslob qui a présidé à ses destinées de 1935 à 1962 et a su magnifier par ses écrits l’inaltérable beauté de la montagne vosgienne, en témoignage de profonde reconnaissance ». Passionné par la littérature, Robert Redslob a en effet écrit de nombreux ouvrages au sujet des Vosges. Le Grand Ballon occupe une place toute particulière, notamment dans Sur les sentiers des Vosges où de nombreux chapitres lui sont consacrés. Dans « La magie du Grand Ballon », il écrit « Un lever de soleil au Ballon, c’est l’illumination d’une partie de l’Europe. Comment décrire ce spectacle ? Une vague lueur surgit des brumes argentées qui couvrent la plaine. On dirait un accord de harpes qui s’élève d’un orchestre caché dans le fond d’un théâtre. Quelques sommets flamboient, comme à l’époque où nos ancêtres allumaient des feux sur les hauts plateaux pour signaler l’approche de l’ennemi. Un rayon touche de sa caresse quelques fermes qui s’égrènent sur le flanc de la montagne. Le cri du coq retentit comme un coup de clairon. La Forêt-Noire, rideau derrière lequel le dieu s’apprête à faire son ascension triomphale, prend une couleur toujours plus sombre, tandis que sur les contours de ses crêtes des traits de lumière scintillent comme des aiguilles d’or. Un nuage qui plane sur le Rhin s’empourpre, et s’ourle de feu. »[3]

Une cérémonie qui regroupe officiels et anonymes

La cérémonie hommage organisée le 27 septembre 1970 attire beaucoup de monde, officiels, journalistes, randonneurs et curieux. Il faut tout d’abord noter la présence d’anonymes, membres du Club Vosgien ou randonneurs du dimanche. La météo particulièrement radieuse de ce dimanche explique certainement une foule aussi nombreuse. La plupart des spectateurs a dû faire l’ascension, comme en témoigne leur équipement : chaussures de marche, chaussettes hautes et autres chapeaux montagnards. Mais les tenues de ville – un témoin parle de membres du Club Vosgien « endimanchés »[4] - indiquent qu’une partie du public est venue spécialement pour l’occasion par la route des crêtes. Le Grand Ballon est en effet accessible en voiture depuis la construction de cette voie de transport durant la Première Guerre mondiale. C’est aussi par la route que les nombreux officiels se sont rendus au Grand Ballon pour rendre hommage à Robert Redslob. Les dirigeants de toutes les sections de l’Est (Bas-Rhin, Haut-Rhin, Moselle, Meurthe-et-Moselle, Vosges) sont présents, ainsi que des représentants d’associations de randonnée allemande et suisse. Les personnalités de la région et hommes politiques locaux ont également fait le déplacement en nombre : le conseiller général, le Doyen de la Faculté de Droit et des Sciences politiques et économiques, les maires des villages proches, l’Inspecteur général des eaux et forêts et bien d’autres. On aperçoit au dernier rang de ce groupe d’officiels des hommes vêtus de vestons rouges et de chapeaux noirs. Il s’agit en effet de membres du Rallye Trompes des Vosges, formation musicale de trompes de chasse créée en 1957 dans le petit village de Fellering[5], qui assurent l’ouverture musicale de la cérémonie. Dans la masse des officiels se trouve également le commandant de la compagnie de gendarmerie de Thann, facilement reconnaissable par son képi. Par ailleurs, les journalistes sont venus couvrir l’événement.

Un reporter amateur

L’opérateur semble lui-même s’être glissé parmi eux puisqu’il se trouve au premier rang, juste derrière un photographe. Hippolyte Laemmel filme en effet la cérémonie à la manière d’un reporter, choisissant ses plans et angles de vue. Il plante tout d’abord le décor en filmant le public et l’environnement dans des plans larges puis restitue les principales étapes de l’hommage grâce à des plans plus serrés. L’apparition furtive du chalet-hôtel du Grand Ballon où est rassemblé le public à la fin de la séquence s’explique en effet par l’organisation d’un vin d’honneur à l’issue de la cérémonie. Hippolyte Laemmel, qui connaît les codes du cinéma, construit ainsi, à l’aide des images, un vrai discours journalistique. Le panorama sur la file continue de randonneurs faisant l’ascension et la contre-plongée sur les spectateurs assis à flanc de colline contribuent par exemple à renforcer l’impression de foule. Le plan assez long sur le drapeau tricolore nous rappelle enfin que l’opérateur a combattu pour la France durant la Seconde Guerre mondiale. Hippolyte Laemmel procède de la même manière dans l’autre séquence qu’il nous a laissée sur le centenaire de l’association en 1972, laissant à croire qu’il a un lien particulier avec le Club Vosgien.

Lieux ou monuments


Grand-Ballon; Chalet-Hôtel du Grand Ballon; Haut-Rhin; Alsace

Bibliographie


RICHEZ Jean-Claude, « Les Vosges comme espace de loisir au XIXe siècle », dans : RAUCH André (dir.), Sports et loisirs en Alsace au 20ème siècle, Revue EPS ; Strasbourg : Centre de recherches européennes en éducation corporelle, 1994, p.91-102

RICHEZ Jean-Claude, STRAUSS Léon, « Promenades et excursions dominicales des ouvriers alsaciens avant la Seconde Guerre mondiale », dans : RAUCH André (dir.), Sports et loisirs en Alsace au 20ème siècle, Revue EPS ; Strasbourg : Centre de recherches européennes en éducation corporelle, 1994, p.79-89

RICHEZ Jean-Claude, STRAUSS Léon, « Tradition et renouvellement des pratiques de loisirs en milieu ouvrier dans l’Alsace des années 1930 », Revue d’Alsace, n°113, 1987, Strasbourg, p.217-237


HERGE Louis, « Notre histoire », Site internet du Chalet-hôtel du Grand Ballon. Disponible sur : https://chalethotel-grandballon.com/ [consulté le 28/02/2019]

HUCK Joseph Louis (dir.), Les Vosges et le Club Vosgien : autour d’un centenaire, 1872-1972, Strasbourg, Club Vosgien, 1972

STINTZI P., « Hommage du Club Vosgien au doyen Robert Redslob », Les Vosges, revue de tourisme éditée trimestriellement par le Club Vosgien, n°4, 1970, p.3-8

Cent ans du Club vosgien, du Grand au Petit Ballon : histoire, étymologie, géologie, économie, botanique, Club Vosgien, Guebwiller, 1972


LE DIVELLEC Armel, Robert Redslob (1882-1962) : l’itinéraire original d’un universitaire alsacien « entre la France et l’Allemagne », Bulletin – Société des Amis des Universités de l’Académie de Strasbourg, 2004, p.79-89

REDSLOB Robert, Sur les sentiers des Vosges, Woerth, 1954


Article rédigé par

Amélie Kratz, 12 février 2019


  1. En tant que partie d'une production amateur, cette séquence n'a pas reçu de titre de son réalisateur. Le titre affiché sur cette fiche a été librement forgé par son auteur dans le but de refléter au mieux son contenu.
  2. LE DIVELLEC Armel, « Robert Redslob (1882-1962) : l’itinéraire original d’un universitaire alsacien « entre la France et l’Allemagne » », Bulletin – Société des Amis des Universités de l’Académie de Strasbourg, 2004, p.88
  3. REDSLOB Robert, Sur les sentiers des Vosges, Woerth, 1954, p.80-81
  4. STINTZI P., « Hommage du Club Vosgien au doyen Robert Redslob », Les Vosges, revue de tourisme éditée trimestriellement par le Club Vosgien, n°4, 1970, p. 4
  5. Voir site internet de la formation musicale actuelle : http://www.rallyetrompesdesvosges.com/