Jeunesses hitlériennes (0021FN0003) : Différence entre versions

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|Resume_fr=Cette courte séquence donne à voir de jeunes garçons défiler en uniforme des Jeunesses hitlériennes en 1942 à Cronenbourg (Strasbourg).
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|Description_fr=Un défilé de jeunesses hitlériennes sur le pont de Corbeau.
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Une groupe des jeunesses hitlériennes en uniforme faisaient la queue sur un pont. Après avoir attendu un garçon qui est rentré dans l’équipe, tous les garçons sont tournés à droit et ont commencé à avancer. La première partie de la queue étaient les petites garçons qui portaient les chemises brunes et les culottes noires. Il y avait des garçons plus âgés en marchant derrière eux, portant les chemises blanches et les pantalons noirs. Un garçon, qui paraissait le chef de la queue, marchait à gauche au premier rang.
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|Contexte_et_analyse_fr=Dès 1922, le pari nazi a fondé un mouvement de jeunesse en Allemagne dont la première organisation de jeunesse était le Jugendbund der NSDAP (Le Parti National-Socialiste Ouvrier Allemand). Le 2 mai 1925, le développement des mouvements de jeunes fut rebaptisé jeunesse hitlérienne (ou Hitler Jugend). À partir de cette date le terme HJ recouvre deux significations distinctes. La première désigne le mouvement des jeunes nazis dans son ensemble, incluant le groupe de garçon de 10 à 14 ans ainsi que les deux organisations pour les fillettes (10-14 ans) et les filles (14-18 ans); la seconde désigne la jeunesse hitlérienne proprement dite, l'organisation des adolescents de sexe masculin âgés de 14-18 ans.<ref> Jean-Denis Lepage, ''La Hitler Jugend 1922-1945'', Paris, Le Grand livre du mois, 2004, pp. 26</ref> Les garçons de 10 ans ont rejoint le Deutsches Jungvolk (jeunes allemands) jusqu'à l'âge de 13 ans, puis ont été transférés au Hitler Jugend jusqu'à l'âge de 18 ans. En 1936, l'écrivain JR Tunus a écrit sur les activités du HJ. Il a déclaré qu'une partie de leur «athlétisme militaire» comprenait la marche, l'exercice à la baïonnette, le lancement de grenade, le creusement de tranchées, la lecture de cartes, la défense anti-gaz, l'utilisation de pirogues, la façon de passer sous le canon barbelé et au pistolet. Les filles, à l'âge de 10 ans, peuvent rejoindre le Jungmadelbund (Ligue des jeunes filles) et à 14 ans passent au Bund Deutscher Mädel (Ligue des filles allemandes). Les filles devaient être capables de courir 60 mètres en 14 secondes, de lancer une balle de 12 mètres, de marcher 2 heures, de nager 100 mètres et de savoir faire un lit. Les jeunesses hitlériennes portaient un uniforme composé d’une culotte bleu foncé ou brune, d’un calot et d’une chemise bruns, et d’un brassard représentant la croix gammée dans un carré et bande blanche centrale horizontale. Sur la boucle de leur ceinturon, on trouvait la devise «Blut und Ehre» (Sang et Honneur).  Les 3 et 4 juillet 1926, la Hitler Jugend fut présenté avec pompe au public allemand. Ils étaient considérés comme les futurs dirigeants du parti nazi et formés comme les futurs guerriers, mais en attendant ils jouaient un rôle important en tant que propagandistes déterminés, paradant dans les rues en bataillons bottés, pendant les campagnes électorales et lors des manifestations organisées par le Parti.
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[[Fichier:HJugend.jpg|vignette|Camp d'été des Jeunesses hitlériennes © BNUS]]
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'''La Réforme éducative en Alsace'''
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Après avoir annexé la région Alsace-Moselle le 27 novembre 1940, les autorités allemandes ont publié plusieurs décrets pour réaliser la nazification. Les nazis multiplient les organisations qui visent à embrigader les différentes couches sociales et professionnelles, en particulier la jeunesse. Les occupants germanisent l'école alsacienne : l'allemand devient la langue d’enseignement, et la Hitler Jugend est mise en place. Les garçons sont orientés vers des exercices prémilitaires et les filles sont occupées à des activités sportives et ménagères. Deux fois par semaine il y avait des réunions en classe, en uniforme, de la Hitler Jugend et du Bund Deutscher Mädel, sous la direction de leurs jeunes Führer. La HJ avait la priorité sur l’école. Elle jouait un rôle clé dans l’organisation des défilés dans le village et lors des grands rassemblements régionaux qui réunissaient parfois plusieurs centaines de jeunes en uniforme. Le premier groupe des HJ alsaciens a été créé pendant l'été 1940, les drapeaux de l'organisation ont été apportés de Kehl le 8 septembre, et fin novembre, le dirigeant des HJ vient officialiser la naissance. En septembre 1941, les ''Strassburger Neueste Nachrichten'' se vantent que les HJ ont enrôlé plus de 100 000 jeunes, soit les 3/4 des enfants de la région<ref>''L'Alsace sous l'oppression nazie, 1940-1944'', CRDP Strasbourg, 1977, p. 74.</ref>.
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Le 2 janvier 1942, l’adhésion à la Hitler Jugend devient obligatoire pour les jeunes Alsaciens âgés de 10 à 18 ans.
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Les ''Dernières nouvelles de Strasbourg'' au nom traduit en allemand (''SNN'') et à la rédaction nazifiée exulte:
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''“Entrée dans la Hitler Jugend
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Pour la première fois, comme tous ont pu le voir sur les nombreuses affiches placées dans la ville, tous les jeunes, garçons et filles nés en 1932 entrent obligatoirement dans la jeunesse hitlérienne, confiés par leurs mères aux chefs qui les introduisent dans les responsabilités nationales-socialistes.
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Ce jour est pour les jeunes soldats du Führer, le premier grand jour de leur vie ; leur éducation politique est prise désormais en charge par la HJ responsable de l’éducation de toute la jeunesse allemande.
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Pour ces jeunes commence le service de la communauté : ils ont à développer leur corps, à éduquer leur esprit dans un sens politique national-socialiste. <br>--''SNN 15 avril 1942.'' ”<br>
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<br> Les activités de la Jeunesses hitlérienne sont entièrement contrôlées et dominées par les nazis, qui espèrent former les guerriers loyaux pour les futures guerres. Les jeunes étaient encouragés à respecter la fierté nationale, à se montrer dignes de l’honneur allemand, à surmonter leurs peurs, à défier le danger, à glorifier la mort au service du Führer. C'était aussi une stratégie pour assimiler les jeunes Alsaciens et maintenir le gouvernement allemand en Alsace. Ce n’était pas seulement une façon de former les futurs soldats hitlériens, mais aussi une façon d’effacer les influences de la culture française dans la région.
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À l'issue de la Seconde Guerre mondiale, les Alliés ont dissous les jeunesses hitlériennes qui faisait partie partie intégrante du système nazi. Bien que la plupart d’entre eux n’ont jamais été considérés comme « criminels de guerre », ils ont commis des crimes contre la paix et certains ont atterri en prison.
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|Contexte_et_analyse_de=<big>'''Hitlerjugend'''</big>
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Bereits 1922 hatte die Nazipartei in Deutschland eine Jugendbewegung gegründet, deren erste Organisation der Jugendbund der NSDAP war. Am 2. Mai 1925 wurde die Jugendorganisation in Hitlerjugend umbenannt. Ab diesem Zeitpunkt hatte der Begriff HJ zwei verschiedene Bedeutungen. Zum einen handelte es sich um die gesamte NS-Jugendorganisation, das heißt um die Gruppe der Jungen von 10 bis 14 Jahre und um den Jungmädelbund (10 bis 14 Jahre) und den Bund Deutscher Mädel (14 bis 18 Jahre); zum anderen handelt es sich um die Hitlerjugend im eigentlichen Sinne, das heißt um die Organisation der männlichen Jugendlichen von 14 bis 18 Jahren.1] Die 10-jährigen Jungen waren bis zum Alter von 13 Jahren beim Deutschen Jungvolk und kamen dann bis zum Alter von 18 Jahren zur Hitlerjugend. 1936 schrieb der Schriftsteller JR Tunus über die Aktivitäten der HJ. Er sagte, dass ein Teil ihres „Wehrsports“ aus militärischem Marschieren, Exerzieren mit dem Bajonett, Handgranatenwurf, Gräben ausheben, Kartenlesen, Verteidigung gegen Gasangriffe, Kanufahren, unter Stacheldraht hindurchrobben und Pistolenschießen bestand. Die Mädchen im Alter von 10 Jahren konnten dem Jungmädelbund beitreten und mit 14 Jahren zum Bund Deutscher Mädel wechseln. Die Mädchen mussten 60 Meter in 14 Sekunden laufen können, einen Ball 12 Meter weit werfen, 2 Stunden marschieren, 100 m schwimmen und wissen, wie man ein Bett macht. Die Uniform der Hitlerjugend bestand aus einer dunkelblauen oder braunen kurzen Hose, einer braunen Mütze und einem braunen Hemd, einer Armbinde mit einem Hakenkreuz in einem weißen Quadrat und einem weißen Querstreifen. Auf der Schnalle ihres Gürtels stand das Motto „Blut und Ehre“. Am 3. und 4. Juli 1926 wurde die Hitlerjugend mit großem Aufwand der deutschen Öffentlichkeit vorgestellt. Sie galten als die zukünftigen Führer der Nazipartei und wurden wie zukünftige Krieger ausgebildet, aber in der Zwischenzeit spielten sie eine wichtige Rolle als entschlossene Propagandisten, marschierten in Reih und Glied durch die Straßen und traten bei Wahlkampagnen und Parteikundgebungen auf.
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'''Die Bildungsreform im Elsass'''
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Nach der Annektierung der Region Elsass-Mosel am 27. November 1940 erließen die deutschen Behörden mehrere Verordnungen zur Durchführung der Nazifizierung. Die Nazis gründeten zahlreiche Organisationen, um die verschiedenen gesellschaftlichen Schichten und Berufsgruppen, vor allem die Jugend, darin einzugliedern. Die Besatzer germanisierten die elsässische Schule: Deutsch wurde zur Unterrichtssprache, und die Hitlerjugend wurde eingeführt. Die Jungen erhielten Wehrsportunterricht und die Mädchen wurden mit Sport- und Haushaltsaktivitäten beschäftigt. Zweimal pro Woche fanden in der Schule, unter der Leitung ihrer jungen Führer, Treffen der Hitlerjugend und des Bund Deutscher Mädel in Uniform statt. Die HJ hatte Vorrang vor der Schule. Sie spielte eine entscheidende Rolle bei der Organisation von Aufmärschen im Dorf und bei den großen regionalen Kundgebungen, zu denen manchmal mehrere hundert junge Menschen in Uniform zusammenkamen. Die erste Gruppe elsässischer HJs wurde im Sommer 1940 gegründet, die Flaggen der Organisation wurden am 8. September aus Kehl gebracht, und Ende November machte der HJ-Führer die Gründung offiziell. Im September 1941 prahlten die Straßburger Neuesten Nachrichten damit, dass mehr als 100.000 Jugendliche, das heißt drei Viertel der Kinder, Mitglieder der HJ waren[2]. Am 2. Januar 1942 wurde die Mitgliedschaft in der Hitlerjugend für die jungen Elsässer im Alter von 10 bis 18 Jahren zur Pflicht.
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''Die Straßburger Neueste Nachrichten'' und die nazifizierte Redaktion schrieben begeistert:
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„Eintritt in die Hitlerjugend
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Zum ersten Mal, wie alle auf den vielen Plakaten in der Stadt sehen konnten, ist für alle 1932 geborenen Jugendlichen, Jungen und Mädchen der Eintritt in die Hitlerjugend Pflicht, werden sie von ihren Müttern den Leitern anvertraut, die sie in die nationalsozialistische Verantwortung einführen.
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Dieser Tag ist für die jungen Soldaten des Führers der erste große Tag ihres Lebens; ihre politische Erziehung wird nunmehr von der HJ übernommen, die für die Erziehung der gesamten deutschen Jugend verantwortlich ist.
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Für diese Jugendlichen beginnt der Dienst der Gemeinschaft: Sie müssen ihren Körper ertüchtigen, ihren Geist im Sinne der nationalsozialistischen Politik schulen.
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--SNN 15. April 1942. “
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Die Aktivitäten der Hitlerjugend wurden vollständig von den Nazis kontrolliert und beherrscht, die loyale Krieger für die zukünftigen Kriege ausbilden wollten. Die Jugendlichen sollten Nationalstolz empfinden, sich der deutschen Ehre würdig erweisen, ihre Ängste überwinden, der Gefahr trotzen, den Tod im Dienste des Führers verherrlichen. Es war auch eine Strategie, um die jungen Elsässer zu assimilieren und die deutsche Regierung im Elsass zu halten. Es war nicht nur eine Art, die zukünftigen Hitler-Soldaten auszubilden, sondern auch eine Art, die Einflüsse der französischen Kultur in der Region auszumerzen.
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Am Ende des Zweiten Weltkriegs haben die Alliierten die Hitlerjugend, die ein wesentlicher Bestandteil des NS-Systems war, aufgelöst. Obwohl die meisten von ihnen nie als „Kriegsverbrecher“ angesehen wurden, haben sie Verbrechen gegen den Frieden begangen und einige wurden zu Gefängnisstrafen verurteilt.
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|Bibliographie=Lothar Kettenacker, ''La politique de nazification en Alsace'', Istra, Strasbourg, 2 tomes, 1978.
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Jean-Denis Lepage, ''La Hitler Jugend 1922-1945'', Paris, Le Grand livre du mois, 2004.
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Alessio Ponzio, ''Shaping the New Man: Youth Training Regimes in Fascist Italy and Nazi Germany'', Madison, University of Wisconsin Press, 2015.
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3. Michaël H. Kater, «Hitlerjugend und Schule im Dritten Reich», ''Historische Zeitschrift'', n° 228, 1979, pp. 572-623.
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4. Herberich Geneviève et Raphaël Freddy, «Les incorporés de force alsaciens [Déni, convocation et provocation de la mémoire]», ''Vingtième Siècle'', n°6, avril-juin 1985, pp. 83-102.
 
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Version actuelle datée du 20 mars 2019 à 12:29

Résumé


Cette courte séquence donne à voir de jeunes garçons défiler en uniforme des Jeunesses hitlériennes en 1942 à Cronenbourg (Strasbourg).

Description


Un défilé de jeunesses hitlériennes sur le pont de Corbeau. Une groupe des jeunesses hitlériennes en uniforme faisaient la queue sur un pont. Après avoir attendu un garçon qui est rentré dans l’équipe, tous les garçons sont tournés à droit et ont commencé à avancer. La première partie de la queue étaient les petites garçons qui portaient les chemises brunes et les culottes noires. Il y avait des garçons plus âgés en marchant derrière eux, portant les chemises blanches et les pantalons noirs. Un garçon, qui paraissait le chef de la queue, marchait à gauche au premier rang.

Métadonnées

N° support :  0021FN0003
Date :  Entre 1942 et 1943
Coloration :  Noir et blanc
Son :  Muet
Durée :  00:00:19
Cinéastes :  Breesé, Emile
Format original :  9,5 mm
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Frontières, Guerre, Seconde Guerre mondiale : Occupation et annexion
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


Dès 1922, le pari nazi a fondé un mouvement de jeunesse en Allemagne dont la première organisation de jeunesse était le Jugendbund der NSDAP (Le Parti National-Socialiste Ouvrier Allemand). Le 2 mai 1925, le développement des mouvements de jeunes fut rebaptisé jeunesse hitlérienne (ou Hitler Jugend). À partir de cette date le terme HJ recouvre deux significations distinctes. La première désigne le mouvement des jeunes nazis dans son ensemble, incluant le groupe de garçon de 10 à 14 ans ainsi que les deux organisations pour les fillettes (10-14 ans) et les filles (14-18 ans); la seconde désigne la jeunesse hitlérienne proprement dite, l'organisation des adolescents de sexe masculin âgés de 14-18 ans.[1] Les garçons de 10 ans ont rejoint le Deutsches Jungvolk (jeunes allemands) jusqu'à l'âge de 13 ans, puis ont été transférés au Hitler Jugend jusqu'à l'âge de 18 ans. En 1936, l'écrivain JR Tunus a écrit sur les activités du HJ. Il a déclaré qu'une partie de leur «athlétisme militaire» comprenait la marche, l'exercice à la baïonnette, le lancement de grenade, le creusement de tranchées, la lecture de cartes, la défense anti-gaz, l'utilisation de pirogues, la façon de passer sous le canon barbelé et au pistolet. Les filles, à l'âge de 10 ans, peuvent rejoindre le Jungmadelbund (Ligue des jeunes filles) et à 14 ans passent au Bund Deutscher Mädel (Ligue des filles allemandes). Les filles devaient être capables de courir 60 mètres en 14 secondes, de lancer une balle de 12 mètres, de marcher 2 heures, de nager 100 mètres et de savoir faire un lit. Les jeunesses hitlériennes portaient un uniforme composé d’une culotte bleu foncé ou brune, d’un calot et d’une chemise bruns, et d’un brassard représentant la croix gammée dans un carré et bande blanche centrale horizontale. Sur la boucle de leur ceinturon, on trouvait la devise «Blut und Ehre» (Sang et Honneur). Les 3 et 4 juillet 1926, la Hitler Jugend fut présenté avec pompe au public allemand. Ils étaient considérés comme les futurs dirigeants du parti nazi et formés comme les futurs guerriers, mais en attendant ils jouaient un rôle important en tant que propagandistes déterminés, paradant dans les rues en bataillons bottés, pendant les campagnes électorales et lors des manifestations organisées par le Parti.

Camp d'été des Jeunesses hitlériennes © BNUS

La Réforme éducative en Alsace
Après avoir annexé la région Alsace-Moselle le 27 novembre 1940, les autorités allemandes ont publié plusieurs décrets pour réaliser la nazification. Les nazis multiplient les organisations qui visent à embrigader les différentes couches sociales et professionnelles, en particulier la jeunesse. Les occupants germanisent l'école alsacienne : l'allemand devient la langue d’enseignement, et la Hitler Jugend est mise en place. Les garçons sont orientés vers des exercices prémilitaires et les filles sont occupées à des activités sportives et ménagères. Deux fois par semaine il y avait des réunions en classe, en uniforme, de la Hitler Jugend et du Bund Deutscher Mädel, sous la direction de leurs jeunes Führer. La HJ avait la priorité sur l’école. Elle jouait un rôle clé dans l’organisation des défilés dans le village et lors des grands rassemblements régionaux qui réunissaient parfois plusieurs centaines de jeunes en uniforme. Le premier groupe des HJ alsaciens a été créé pendant l'été 1940, les drapeaux de l'organisation ont été apportés de Kehl le 8 septembre, et fin novembre, le dirigeant des HJ vient officialiser la naissance. En septembre 1941, les Strassburger Neueste Nachrichten se vantent que les HJ ont enrôlé plus de 100 000 jeunes, soit les 3/4 des enfants de la région[2]. Le 2 janvier 1942, l’adhésion à la Hitler Jugend devient obligatoire pour les jeunes Alsaciens âgés de 10 à 18 ans.

Les Dernières nouvelles de Strasbourg au nom traduit en allemand (SNN) et à la rédaction nazifiée exulte:

“Entrée dans la Hitler Jugend
Pour la première fois, comme tous ont pu le voir sur les nombreuses affiches placées dans la ville, tous les jeunes, garçons et filles nés en 1932 entrent obligatoirement dans la jeunesse hitlérienne, confiés par leurs mères aux chefs qui les introduisent dans les responsabilités nationales-socialistes.

Ce jour est pour les jeunes soldats du Führer, le premier grand jour de leur vie ; leur éducation politique est prise désormais en charge par la HJ responsable de l’éducation de toute la jeunesse allemande.
Pour ces jeunes commence le service de la communauté : ils ont à développer leur corps, à éduquer leur esprit dans un sens politique national-socialiste.
--SNN 15 avril 1942.

Karl-Roos s’adressant à ses élèves.jpg


Les activités de la Jeunesses hitlérienne sont entièrement contrôlées et dominées par les nazis, qui espèrent former les guerriers loyaux pour les futures guerres. Les jeunes étaient encouragés à respecter la fierté nationale, à se montrer dignes de l’honneur allemand, à surmonter leurs peurs, à défier le danger, à glorifier la mort au service du Führer. C'était aussi une stratégie pour assimiler les jeunes Alsaciens et maintenir le gouvernement allemand en Alsace. Ce n’était pas seulement une façon de former les futurs soldats hitlériens, mais aussi une façon d’effacer les influences de la culture française dans la région.

À l'issue de la Seconde Guerre mondiale, les Alliés ont dissous les jeunesses hitlériennes qui faisait partie partie intégrante du système nazi. Bien que la plupart d’entre eux n’ont jamais été considérés comme « criminels de guerre », ils ont commis des crimes contre la paix et certains ont atterri en prison.

Bibliographie


Lothar Kettenacker, La politique de nazification en Alsace, Istra, Strasbourg, 2 tomes, 1978.

Jean-Denis Lepage, La Hitler Jugend 1922-1945, Paris, Le Grand livre du mois, 2004.
Alessio Ponzio, Shaping the New Man: Youth Training Regimes in Fascist Italy and Nazi Germany, Madison, University of Wisconsin Press, 2015.
3. Michaël H. Kater, «Hitlerjugend und Schule im Dritten Reich», Historische Zeitschrift, n° 228, 1979, pp. 572-623.

4. Herberich Geneviève et Raphaël Freddy, «Les incorporés de force alsaciens [Déni, convocation et provocation de la mémoire]», Vingtième Siècle, n°6, avril-juin 1985, pp. 83-102.


Article rédigé par

Tingyan Li, 31 décembre 2018


  1. Jean-Denis Lepage, La Hitler Jugend 1922-1945, Paris, Le Grand livre du mois, 2004, pp. 26
  2. L'Alsace sous l'oppression nazie, 1940-1944, CRDP Strasbourg, 1977, p. 74.