La Coop (0051NN0001) : Différence entre versions

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Enchaînement de gros plans avec traveling horizontal des produits de la COOP (bouteilles, saucisses, chocolats, sucre, condiments etc.)
 
Enchaînement de gros plans avec traveling horizontal des produits de la COOP (bouteilles, saucisses, chocolats, sucre, condiments etc.)
|Contexte_et_analyse_fr=La COOP a profondément marqué l’Alsace par son modèle plaçant le consommateur et le producteur dans un modèle coopératif. Fondée en 1902, elle est un marqueur de l’économie alsacienne et un témoin des grands moments du XXe siècle. Déployée partout en France, la COOP possède jusqu’à sept-cents succursales en Alsace et devient dans les années 1960 un acteur majeur de l’économie alsacienne, mettant en place le premier supermarché coopératif en libre-service de France . La coopérative n’a cependant pas survécu au XXIe siècle et notamment la crise de 2008, plongeant l’entreprise dans d’interminables plans sociaux jusqu’au dépôt de bilan en 2015. La COOP, c’était avant tout une ambiance « familiale », une gamme de produit étendue et locale, proche du consommateur et du producteur. En Alsace, le terme de coopé est même devenu un diminutif affectif pour une entreprise aujourd’hui considérée comme faisant partie intégrante du patrimoine affectif régional. On retrouve notamment un musée entièrement consacré à l’enseigne à Strasbourg dans le quartier Port du Rhin dans une ancienne zone commerciale réaménagée par la ville.
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|Contexte_et_analyse_fr=La COOP a profondément marqué l’Alsace par son modèle plaçant le consommateur et le producteur dans un modèle coopératif. Fondée en 1902, elle est un marqueur de l’économie alsacienne et un témoin des grands moments du XXe siècle. Déployée partout en France, la COOP a possédé jusqu’à 700 succursales en Alsace et est devenue dans les années 1960 un acteur majeur de l’économie alsacienne, mettant en place le premier supermarché coopératif en libre-service de France. La coopérative n’a cependant pas survécu au XXIe siècle et notamment la crise de 2008, plongeant l’entreprise dans d’interminables plans sociaux jusqu’au dépôt de bilan en 2015. La COOP, c’était avant tout une ambiance « familiale », une gamme de produit étendue et locale, proche du consommateur et du producteur. En Alsace, le terme de ''coopé'' est même devenu un diminutif affectif pour une entreprise aujourd’hui considérée comme faisant partie intégrante du patrimoine affectif régional. On trouve notamment un musée entièrement consacré à l’enseigne à Strasbourg dans le quartier Port du Rhin, au cœur d'une ancienne zone commerciale réaménagée par la ville.
  
[[Fichier:Coop point.jpg|0,5px|cadre|néant|Point Coop à Mulhouse, rue de Bâle.]]
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[[Fichier:Coop point.jpg|0,5px|cadre|centre|Point Coop à Mulhouse rue de Bâle comparé au site en 2008.]]
 
=== Un site inconnu ===
 
=== Un site inconnu ===
 
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Le site qui nous intéresse est relativement inconnu. On sait grâce à des plans et l’aide d’outils comme Google Map que l’ancienne succursale COOP se trouvait 225 rue de Bâle, au bout de la N430 qui est aujourd’hui la D430. Pour la datation, on peut estimer que l’extrait ait été filmé dans les années 1950. Or, on peut apercevoir dans le film une bouteille de Pernod 45°. En 1954, Pernod devient Pastis 51, on peut alors dire que l’extrait peut être daté entre 1945 et 1954. Mais il faut encore attendre 1951 pour que les anisés à 45° soient de nouveaux autorisés en France, interdit anciennement décrété sous Vichy. On peut donc supposer que la vidéo a été tourné entre 1951 et 1954 puisqu’il s’agit d’un anisé à 45°. [[Fichier:Just 08-12-2015-35697.jpg|cadre|droite|Plan de la COOP rue de Bâle dans les années 1950. ]]
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Le site qui nous intéresse est relativement inconnu. On sait grâce à des plans et à l’aide d’outils comme Google Map que l’ancienne succursale COOP se trouvait au 225 rue de Bâle, au bout de la N430 qui est aujourd’hui la D430. Pour la datation, on peut estimer que l’extrait a été filmé dans les années 1950. Or, on peut apercevoir dans le film une bouteille de Pernod 45°. En 1954, Pernod devient Pastis 51, référence à l'année 1951 qui a vu les anisés à 45° de nouveau autorisés en France puisqu'ils avaient été interdits pendant la guerre. On peut donc en déduire que le film a été tourné entre 1951 et 1954. [[Fichier:Just 08-12-2015-35697.jpg|cadre|droite|Maquette de la COOP rue de Bâle dans les années 1950. ]]
 
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=== La seconde guerre mondiale est un tournant pour la COOP Alsace ===
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=== La seconde guerre mondiale, un tournant pour la COOP Alsace ===
 
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L’Alsace redevenue française, les dégâts de la guerre sont psychologiques et physiques. Plusieurs entrepôts et boutiques sont totalement détruits, on estime alors les dégâts à 68 232 692 de francs. Mais la COOP veut se reconstruire rapidement et participer activement à la Reconstruction de l’Alsace en se modernisant. Elle est cependant ralentie par des problèmes d’approvisionnement et administratifs. Placée sous statut allemand pendant l’occupation nazie, elle peine à se restructurer à cause des restrictions imposées par la France jusqu’en 1947. Parallèlement à ces problèmes, la COOP doit reconstruire et mettre en état ses boutiques « non essentielles » fermées par les nazies ou encore bombardées pendant la période 1942-1945. Entre 1945 et 1952, plus d’une centaine de nouvelles boutiques ouvrent, des camions sont achetés et de nouveaux employés recrutés. C’est dans ce contexte que nous étudions cette représentation filmique, notamment le dépôt de marchandises mais aussi magasin situé à Mulhouse.
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Dans l’Alsace redevenue française, les dégâts de la guerre sont psychologiques et physiques. Plusieurs entrepôts et boutiques sont totalement détruits, on estime alors les dégâts à 68 232 692 de francs. La COOP veut se reconstituer rapidement et participer activement à la Reconstruction de l’Alsace en se modernisant. Elle est cependant ralentie par des problèmes d’approvisionnement et des obstacles administratifs. Placée sous statut allemand pendant l’occupation nazie, elle peine à se restructurer à cause des restrictions imposées par la France jusqu’en 1947. La COOP doit aussi remettre en état ses boutiques « non essentielles » fermées par les nazies ou encore bombardées pendant la période 1942-1945. Entre 1945 et 1952, plus d’une centaine de nouvelles boutiques ouvrent, des camions sont achetés et de nouveaux employés recrutés.  
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=== Approvisionnement et organisation d’une succursale COOP à Mulhouse ===
 
=== Approvisionnement et organisation d’une succursale COOP à Mulhouse ===
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<br>[[Fichier:Camions coop.jpg|cadre|gauche|Plusieurs types de camions sont présentés par la Coop et servent à l'approvisionnement ou la distribution ©Mira.]] Le film nous présente la vie d’un entrepôt COOP au début des années 1950. Au début et à la fin de la vidéo, les camions COOP entrent et sortent des marchandises pour approvisionner les magasins en ville, mais aussi pour apporter la matière première nécessaire à la confection des produits. Arrivés à l’entrepôt, ces derniers sont listés et comptabilisés par des employés travaillant directement dans les bureaux de la COOP (0:32). Le déroulé du film se fait ainsi de bas en haut du bâtiment, commençant par la cave à vins pour finir aux salles de stockage. Dans le hall des machines, les produits comme les bouteilles sont directement remplies sur place.
 
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Le film nous présente la vie d’un entrepôt COOP au début des années 1950. Au début et à la fin de la vidéo, les camions COOP entrent et sortent des marchandises pour approvisionner ses magasins en ville, mais aussi pour apporter la matière première nécessaire à la confection de ses produits. Arrivés à l’entrepôt, les produits sont notés et comptabilisés par des employés travaillant directement dans les bureaux de la COOP (0:32). Le déroulé du film se fait ainsi de bas en haut du bâtiment, commençant par la cave à spiritueux pour finir sur les stockages. Dans le hall des machines, les produits comme les bouteilles sont directement remplis sur place : « On se souvient du Glettisa n°2, les bouteilles de vin et la bière étaient directement transportées et transvasées sur place, on y collait tout de suite les étiquettes ! » peut-on lire comme témoignage sur le blog La vie à Mulhouse.
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C’est la marque de fabrique COOP : transporter, produire et vendre ses produits locaux, soit limiter au maximum l’excès de logistique. L’entreprise pousse encore plus loin le concept de proximité en intégrant à son système des rails de train, que ce soit pour l’approvisionnement ou des débouchés pour ses propres produits, ce que l’on ne voit pas dans le film. Cette image de proximité, la COOP y tient, mais en réalité, ses réseaux s’étendent bien au-delà de la région Alsace. En effet, on peut retrouver du vin de la marque Mascara ou des vins d’Oran, probablement des F. Sénéclauze comme nous le suggère le tonneau d’alcool en gros plan dans la vidéo (13°). Tous ces vins proviennent d’Algérie et principalement de la région d’Oranie, territoire français dans les années 1950.[[Fichier:Coop coupe.jpg|cadre|droite|Plan de coupe type des succursales Coop dans les années 1950.]]
[[Fichier:133819077 1108416962920669 7558084597552030790 n.jpg|320x130px|cadre|droite|Plan de coupe type des succursales Coop au début de la seconde moitié du XXe siècle. ]]
 
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C’est la marque de fabrique COOP : transporter, produire et vendre ses produits locaux, soit limiter au maximum l’excès de logistique. L’entreprise pousse encore plus loin le concept de proximité en intégrant à son système des rails de train, que ce soit pour l’approvisionnement ou des débouchés pour ses propres produits, ce que l’on ne voit pas dans le film. Cette image de proximité, la COOP y tient, mais en réalité, ses réseaux s’étendent bien au-delà de la région Alsace. En effet, on peut retrouver du vin de la marque Masacara ou des vins d’Oran, probablement des F. Sénéclauze comme nous le suggère le tonneau d’alcool en gros plan dans la vidéo (13°). Tous ces vins proviennent de l’Algérie et principalement de la région d’Oranie, territoire français dans les années 1950.
 
 
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=== Une difficile modernisation  ===
 
=== Une difficile modernisation  ===
 
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La COOP Alsace cherche à se moderniser à partir des années 1940, mais ce n’est que dans les années 1950 que l’on peut apercevoir une véritable avancée technologique dans les machines de l’enseigne. Dans l’extrait qui nous intéresse, nous ne sommes qu’au début des années 1950, la France n’est sortie de la guerre que depuis quelques années. Il faut donc relativiser l’idée d’une modernisation extrêmement rapide, mais cette dernière fait son bout de chemin dans les années 1950 pour exploser dans les années 1960. Entre 1951 et 1954, on peut voir dans l’extrait une volonté de moderniser et de présenter fièrement les machines que peut s’offrir la COOP de Mulhouse.  
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La COOP Alsace cherche à se moderniser à partir des années 1940, mais ce n’est que dans les années 1950 que l’on peut apercevoir un premier progrès technologique dans les machines de l’enseigne, qui se généralise et s'accélère dans les années 1960. Le film affiche une volonté de moderniser et de présenter fièrement les machines que peut s’offrir la COOP de Mulhouse.  
 
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La COOP se démarque alors par son système productif. L’extrait filmique commence par présenter ses caves de spiritueux, pour enchaîner sur les différentes bouteilles vendues par l’enseigne. On peut suivre tout le système de production des machines automatisées, où les bouteilles défilent sur des tapis roulants pour être remplies, fermées puis mises dans une cagette. (1:27). Cependant, tout ce processus est semi-automatique, puisque l’intervention humaine est nécessaire pour compléter certaines tâches, que ce soit déposer les bouteilles dans le réservoir de la machine (1:25), poser les capuchons pour que la machine les compresse (1:34), ou pour les sortir de la machine à la main pour ensuite les stocker (1:58).  
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La COOP se démarque alors par son système productif. L’extrait filmique commence par présenter ses caves de spiritueux, pour enchaîner sur les différentes bouteilles vendues par l’enseigne. On peut suivre tout le système de production des machines automatisées, où les bouteilles défilent sur des tapis roulants pour être remplies, fermées puis mises dans une cagette. (1:27). Cependant, tout ce processus est semi-automatique, puisque l’intervention humaine est nécessaire pour compléter certaines tâches, que ce soit déposer les bouteilles dans le réservoir de la machine (1:25), poser les capuchons pour que la machine les compresse (1:34), ou pour les sortir de la machine à la main pour ensuite les stocker (1:58). [[Fichier:Machines.jpg|cadre|centré|Travaille à la chaîne sur des machines modernes, principalement par des femmes © Mira.]]
 
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La COOP possède sa propre boulangerie, tout est effectué sur place à l’aide de machines semi-automatiques. Des machines pétrissent la pâte (3 :14), mais ce sont plus de huit boulangers qui pèsent les pâtons un par un à l’aide d’une balance rudimentaire. Les pâtons sont grignés à la main et mis à la pelle dans des fours. Le système reste très archaïque et la productivité limitée, les boulangers ne sortent que 3 grands pains en même temps et ce toujours à la main. Les boudoirs sont coulés à l’aide d’une poche à douille (4 :18), enfournés, découpés et stockés à la main.  
 
La COOP possède sa propre boulangerie, tout est effectué sur place à l’aide de machines semi-automatiques. Des machines pétrissent la pâte (3 :14), mais ce sont plus de huit boulangers qui pèsent les pâtons un par un à l’aide d’une balance rudimentaire. Les pâtons sont grignés à la main et mis à la pelle dans des fours. Le système reste très archaïque et la productivité limitée, les boulangers ne sortent que 3 grands pains en même temps et ce toujours à la main. Les boudoirs sont coulés à l’aide d’une poche à douille (4 :18), enfournés, découpés et stockés à la main.  
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[[Fichier:À la main.jpg|cadre|gauche|Les pâtisseries sont toutes produites à la main © Mira.]]
 
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Le paquetage des produits est toujours fait à la main, que ce soit pour le café, les pâtes ou les boudoirs (5 :07). Cependant, le système de découpe de pain est fait par une découpeuse automatique. D’autres machines aident à la fabrication des produits COOP, notamment une machine à torréfaction automatique (6 :00), le grain tombe et est torréfié sans l’intervention de l’homme (6 :12). Les grains récupérés sont ensuite triés et mis dans des sacs à la main (6 :28). Les sachets sont remplis par un tuyau et les paquets sont triés et pesés par une balance Avery (6 :58), un modèle de luxe dans les années 1950. La COOP en est fière et en fait un argument marketing : « La COOP garantit le poids exact de tous ses produits. » Ainsi, la COOP de Mulhouse effectue un savant mélange de machines modernes, de travail à la chaîne et d’une administration à l’ancienne, les tâches précises étant toujours effectuées à la main, allant de l’étiquetage de certains produits à des tâches administratives notées sans machine à écrire (0 :38).
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L'empaquetage des produits est toujours fait à la main, que ce soit pour le café, les pâtes alimentaires ou les boudoirs (5 :07). Cependant, le système de découpe de pain est fait par une découpeuse automatique. D’autres machines aident à la fabrication des produits COOP, notamment une machine à torréfaction automatique (6 :00), le grain tombe et est torréfié sans l’intervention de l’homme (6 :12). Les grains récupérés sont ensuite triés et mis dans des sacs à la main (6 :28). Les sachets sont remplis par un tuyau et les paquets sont triés et pesés par une balance Avery (6 :58), un modèle de luxe dans les années 1950. La COOP en est fière et en fait un argument marketing : « La COOP garantit le poids exact de tous ses produits. » Ainsi, la COOP de Mulhouse effectue un savant mélange de machines modernes, de travail à la chaîne et d’une administration à l’ancienne, les tâches précises étant toujours effectuées à la main, allant de l’étiquetage de certains produits à des tâches administratives notées sans machine à écrire (0 :38).
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=== Mise en scène d’une large gamme de produits ===
 
=== Mise en scène d’une large gamme de produits ===
 
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Le film a pour but de nous présenter « les coulisses » de l’enseigne COOP. Commandé par les coopérateurs de Colmar, l’objectif est aussi de présenter les différents produits de l’enseigne, filmant les processus de fabrication en n’omettant aucun passage. Le film se veut le plus « transparent » possible avec le consommateur, mettant en avant par des gros plans des fromages (7 :52), des saucisses (7 :58) ou encore le pain de l’enseigne. Vendre un produit, c’est aussi vendre la marque, puisque de nombreux produits étiquetés de la marque COOP. Ainsi, on peut retrouver le vin COOP, la bière COOP, la liqueur COOP, les biscottes COOP, le café COOP, tout est produit sur place et vendu directement au client.
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Le film a pour but de nous présenter « les coulisses » de l’enseigne COOP. Commandé par les coopérateurs de Colmar, l’objectif est aussi de présenter les différents produits de l’enseigne, filmant les processus de fabrication en n’omettant aucun passage. Le film se veut le plus « transparent » possible avec le consommateur, mettant en avant par des gros plans des fromages (7 :52), des saucisses (7 :58) ou encore le pain de l’enseigne. Vendre un produit, c’est aussi vendre la marque, puisque de nombreux produits sont étiquetés de la marque COOP. Ainsi, on peut retrouver le vin COOP, la bière COOP, la liqueur COOP, les biscottes COOP, le café COOP, tout est produit sur place et vendu directement au client.
 
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Cette répétition de gros plan s’enchaîne dans un ordre logique. D’abord, ce sont les spiritueux qui sont mis à l’honneur, pas la multiplication de marques encore connues aujourd’hui. La caméra filme ces bouteilles dans un plan fixe, les bouteilles défilent les unes après les autres sur un tapis roulant. On peut alors apercevoir des marques de vins comme Monopol ; Joli grain ; des vins ‘d’Oran’ ; Juper Coop ; Mascara ; « Vins d’Alsace ». D’autres marques sont quant à elles rangées et sont présentées les unes après les autres dans des gros plans : « OLD NICK RUM – Rhum Negrita, Cinzano (apéritif), Pernod (pastis), Dubonnet, Cointreau (liqueur), Hardy (cognac), Coop, Martini (cocktail) ».
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Cette répétition de gros plans s’enchaîne dans un ordre logique. D’abord, ce sont les spiritueux qui sont mis à l’honneur, par la multiplication de marques encore connues aujourd’hui. La caméra filme ces bouteilles dans un plan fixe, les bouteilles défilent les unes après les autres sur un tapis roulant. On peut alors apercevoir des marques de vins comme Monopol ; Joli grain ; des vins ‘d’Oran’ ; Juper Coop ; Mascara ; « Vins d’Alsace ». D’autres marques sont quant à elles rangées et sont présentées les unes après les autres dans des gros plans : « OLD NICK RUM – Rhum Negrita, Cinzano (apéritif), Pernod (pastis), Dubonnet, Cointreau (liqueur), Hardy (cognac), Coop, Martini (cocktail) ».
 
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Les condiments, cafés et chocolats sont mit à l’honneur. On observe une pièce remplie de cartons étiquetés Knor, des cartons Bouillon KUB, Chicorée supérieure COOP, Potages Maggi, ou encore des « Biscuits d’Alsace ». De la poudre de chocolat Banania, Chocolat à cuire en poudre COOP et des Chocolats Suchard ou Milka. Une autre partie met en scène des produits d’entretien pour la maison, comme les éponges Spontex, des balais et des brosses. Des produits pour le corps sont aussi visibles, comme des huiles Dop ou du dentifrice Colgate.  
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Les condiments, cafés et chocolats sont mit à l’honneur. On observe une pièce remplie de cartons étiquetés Knor, des cartons Bouillon KUB, Chicorée supérieure COOP, Potages Maggi, ou encore des « Biscuits d’Alsace », de la poudre de chocolat Banania, Chocolat à cuire en poudre COOP et des Chocolats Suchard ou Milka. Une autre partie met en scène des produits d’entretien pour la maison, comme les éponges Spontex, des balais et des brosses. Des produits pour le corps sont aussi visibles, comme des huiles Dop ou du dentifrice Colgate.  
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[[Fichier:Café coop gros plan.jpg|cadre|centré|Le café Coop est torréfié et étiqueté sur place ©Mira.]]
 
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=== La COOP est un art de vivre ===
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=== La COOP, un art de vivre ===
 
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La COOP, c’est avant tout un modèle social, une exigence et une relation de qualité avec ses clients. C’est tout du moins ce que nous illustre le film par sa mise en scène. Un client prend son téléphone et appelle quelqu’un, on ne comprend que plusieurs plans après qu’il s’agit du vendeur de la COOP de Mulhouse qui l’attend sur le parvis de sa boutique. Il l’accueille amicalement et le fait entrer, s’ensuit une discussion en champ-contrechamp entre les deux hommes. La caméra faisant plusieurs allers-retours sur les différents produits de la boutique pendant la discussion, on comprend que la COOP n’est pas seulement une grande industrie, mais aussi un service de proximité accueillant et amical, comme « Chez la famille ». Ainsi, tout au début des années 1950, la coopé cherche déjà à cultiver cette idée de proximité avec ses clients, ce qui participe à partir des années 1960 à son essor exceptionnel en Alsace.
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La COOP, c’est avant tout un modèle social, une exigence et une relation de qualité avec ses clients. C’est tout du moins ce que nous illustre le film par sa mise en scène. Un client prend son téléphone et appelle quelqu’un, on ne comprend que plusieurs plans après qu’il s’agit du vendeur de la COOP de Mulhouse qui l’attend sur le pas de sa boutique. Il l’accueille amicalement et le fait entrer, s’ensuit une discussion en champ-contrechamp entre les deux hommes. La caméra faisant plusieurs allers-retours sur les différents produits de la boutique pendant la discussion, on comprend que la COOP n’est pas seulement une grande industrie, mais aussi un service de proximité accueillant et amical, comme « Chez la famille ». Ainsi, tout au début des années 1950, la ''coopé'' cherche déjà à cultiver cette idée de proximité avec ses clients, ce qui participe à partir des années 1960 à son essor exceptionnel en Alsace.
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[[Fichier:Photo.jpg|cadre|centré|Salariés d'une Coop à Strasbourg. La boutique est typique des succursales des années 1950 ©Philippe Wendling.]]
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|Bibliographie=ECK Bernard, ''Histoire économique de l'Alsace : croissance, crises, innovations : vingt siècles de développement régional'', Strasbourg, La Nuée bleue, 1997.
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Le Monde, ''Le Pastis, histoire d’une bataille entre Pernod et Ricard avant la fusion'', consulté le 5 janvier 2021.
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WENDLING Philippe, ''COOP Alsace: Plus d’un siècle de complicité partagée'', Strasbourg, Editeur, 2014.
 
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Version actuelle datée du 2 février 2021 à 20:38


[1] Avertissement[2]

Résumé


Présentation d'une succursale COOP à Mulhouse par les "Coopérateurs de Colmar".

Description


Présentation sur panneau noir en écriture blanche « Et la société coopérative de consommation de COLMAR et environs »

Gros plan sur panneau « N.430 MULHOUSE HtRhin ».

Plan demi-ensemble avec pivotement horizontal sur la droite avec focus de la caméra sur un camion « COOP » qui rentre dans un entrepôt. En arrière-plan on peut apercevoir un panneau : « Les coopérateurs. Magasins de vente. »

Plan de demi-ensemble, zoomé par rapport au plan précédent sur les bâtiments des « coopérateurs ».

Gros plan sur un panneau sortant de l’entrepôt de la COOP avec l’inscription : « Caves à vins bureau ».

Gros plan sur un homme en train d’écrire. On peut voir derrière lui un planning pour l’organisation de travail : 0:31.

Plan rapproché poitrine sur un homme en train d’écrire dans une salle qui ressemble à un bureau. Pivotement horizontal de la caméra sur la gauche, donnant sur une femme en train de prendre des notes.

Gros plan puis traveling vertical d’une porte qui s’ouvre, donnant sur une cave en contre plongée. On y aperçoit des tonneaux en bois.

Plan de demi-ensemble sur des fus de différentes tailles en bois.

Gros plan et traveling horizontal vers la droite donnant sur les différents fus de la cave, finissant sur une inscription de l’un d’eux : H155 ; L2424. Oran 13 degrés.

Gros plan et traveling vertical vers le bas d’une machine de mise en bouteille de vin semi-automatique.

Plan de demi-ensemble sur un homme qui remplit la machine de bouteilles de vin vides.

Gros plan sur le même personnage qui remplit la ligne de production.

Plan de demi-ensemble et traveling horizontal de la caméra vers la droite, montrant des femmes travaillant à la chaîne sur des tapis roulants et des machines qui remplissent et trient les bouteilles.

Gros plan sur les bouteilles en train d’être remplies par une machine automatique.

Gros plan sur les bouteilles remplies qui défilent sur un tapis roulant.

Gros plan sur les bouteilles remplies en train d’être capsulées par une capsuleuse automatique.

Gros plan sur les bouteilles remplies et capsulées sur lesquelles une étiqueteuse colle les étiquettes.

Plan de demi-ensemble. Au premier plan, on aperçoit une femme en train de remplir une palette des bouteilles en fin de chaîne. Au second plan, on voit une autre femme en train de mettre des capsules qui sont ensuite pressées par une machine, puis les bouteilles sont déposées sur la ligne de production automatisée. Gros plan sur les bouteilles en verre dans des cagettes qui défilent sur des tapis roulants.

Gros plan sur les bouteilles en verre qui défilent sur le cadre droit de l’image. On aperçoit des bouteilles de « Monopol ; Joli grain ; des vins « d’Oran » ; Juper Coop ; Mascara ; Vin d’Alsace).

Gros plan sur des bouteilles de rhum « OLD NICK RUM – Rhum Negrita »

Gros plans qui s’enchainent sur des bouteilles de spiritueux « Cinzano (apéritif) », « Pernod (pastis), « Dubonnet », « Cointreau (liqueur) », « Hardy (cognac) », « Coop », « Martini (cocktail) ».

Fondu enchaîné et gros plan sur un panneau accroché dans un mur « Boulangerie – Bureau ».

Plan de demi-ensemble sur un atelier de boulangerie.

Gros plan sur une cuve de levain et de l’eau qui coule dedans et traveling vertical de haut en bas pour apercevoir la préparation.

Plan rapproché taille avec un boulanger en train de verser de la farine dans une cuve pendant qu’une machine mélange les ingrédients.

Plan rapproché de la machine en train de mélanger la farine et l’eau dans la cuve.

Plan américain de plusieurs boulangers en train de former des pâtons.

Plan rapproché taille de deux boulangers en train de peser les pâtons avec des balances rudimentaires.

Plan américain de plusieurs boulangers en train de former des baguettes avec les pâtons pesés.

Plan rapproché poitrine d’un homme en train d’enfourner les baguettes.

Gros plan sur un pâton qui est grigné par un homme.

Plan rapproché taille d’un homme torse nu en train de sortir les baguettes du four pour les empiler sur une estrade.

Gros plan sur un homme de dos en train de sortir avec une pelle à pain les baguettes du four.

Gros plan sur des pains ronds.

Gros plan sur un batteur de crème.

Très gros plan sur la crème dans le batteur.

Plan rapproché taille d’un homme en train de confectionner des boudoirs avec une poche à douille.

Gros plan sur la mise en forme des boudoirs.

Plan rapproché taille de l’homme mettant les boudoirs dans le four.

Gros plan sur l’homme sortant les boudoirs du four avec une pelle de boulanger.

Plan rapproché taille de l’homme retirant les boudoirs cuits avec un grattoir pour les mettre dans un réceptacle.

Gros plan sur l’homme effectuant la même tâche, focus sur ses mains.

Plan rapproché taille sur une femme pesant les boudoirs sur une balance, préalablement mis dans des sachets.

Ecriteau : « COOP garantit le poids exact ». « Animation » de macarons formant le logo : « COOP »

Gros plan sur des croissants non cuits.

Gros plan sur des brioches non cuites.

Gros plan sur des baguettes non cuites.

Plan de demi-ensemble d’une trancheuse de pain. Des morceaux découpés défilent sur un tapis roulant, finissant dans un panier.

Gros plan de tranches de pain découpées.

Gros plan sur des sachets de biscottes étiquetés « COOP »

Gros plan sur une trieuse à grains.

Plan rapproché d’un homme vérifiant le fonctionnement de la machine.

Gros plan sur la machine à gain de café.

Gros plan sur les grains qui tombent triés dans un panier, tout cela supervisé par un homme. Même plan mais cette fois-ci la focale est derrière l’homme.

Plan rapproché taille de deux femmes au premier et second plan en train de disposer les grains dans des sachets étiquetés « COOP ».

Gros plan et focus sur une balance « AVERY » (balances de luxe) où chaque sachet de café est pesé par une femme.

Plan rapproché taille d’une femme et focus sur une machine de scellement (agrafeuse). Une femme agrafe les sachets.

Gros plan sur des sachets de grain de café : « Café COOP amateur ».

Très gros plan sur un des sachets posés verticalement.

Plan de demi-ensemble d’une pièce remplie de cartons étiquetés « KNORR » avec en arrière-plan deux fenêtres.

Gros plan sur des cartons étiquetés « Bouillon KUB », « Chicorée supérieure COOP », « POTAGES MAGGI », puis « Biscuits Alsace », « BRUN ». Autre gros plan sur « BANANIA y’a bon », « Chocolat à cuire en poudre COOP », « Chocolats SUCHARD ». On peut ensuite voir des balais, brosses.

Gros plan et traveling horizontal vers la gauche sur présentant des dentifrices « OZONEGE ( ? ), Colgate.

Gros plan sur des éponges « SPONTEX ».

Gros plan sur des huiles « DOP ».

Plan de demi-ensemble sur un entrepôt de produits.

Gros plan sur du lait concentré « GLORIA ».

Plan rapproché de cartons de conserves « UNGEMACH » de Strasbourg. Gros plan et traveling dans la diagonale de haut en bas et de gauche à droite sur des fromages.

Gros plan et traveling horizontal vers la gauche de saucissons accrochés.

Plan de demi-ensemble en train de peser des sacs R.G.A sur une balance « TOLEDO »

Plan rapproché taillé d’un homme en train de trier les commandes sur un tableau administratif, le focus est sur la balance à droit de l’homme.

Plan de demi-ensemble et légère contreplongée des stocks de bouteilles dans des cagettes avec traveling vers le bas.

Plan de demi-ensemble d’un camion COOP au premier plan et d’un hangar au second plan.

Plan moyen des trois hommes qui poussent l’un après l’autre des cagettes de bouteilles en verre à l’aide d’un diable pour disparaître dans un camion COOP que l’on aperçoit à droite de l’image.

Même plan de demi-ensemble qu’au début de la vidéo (0 : 24) avec le camion qui part cette fois-ci.

Plan de demi-ensemble sur un camion COOP garé. Un autre camion arrive de la droite de l’image et se gare à la même hauteur. Au moment où le second camion est garé, c’est l’autre qui repart. En arrière-plan, une femme est en train de laver une vitre. Plan de demi-ensemble sur les camions de transport mais aussi des petites camionnettes.

Plan de demi-ensemble sur un homme qui guide en arrière-plan un camion COOP.

Plan rapproché taille d’un homme qui fait les réglages d’une machine (rouages).

Plan rapproché taille d’un homme entretenant un véhicule de la COOP.

Plan taille d’un homme habillé en blouse blanche assit dans son bureau en train de noter. A droite de l’image, la porte s’ouvre et un homme en blouse blanche apparaît, papiers à la main, ces derniers se mettent à discuter entre eux.

Plan de demi-ensemble et traveling horizontal vers la droite, montrant une supérette COOP.

Plan taille d’un homme dans un bureau, téléphone à l’oreille, discutant puis raccrochant, pour se rapprocher du caméraman.

Plan de demi-ensemble sur une supérette COOP, une voiture passe au premier plan.

Plan de demi-ensemble de la même voiture se rapprochant dans la diagonale du caméraman. Le même homme qui se trouvait dans son bureau sort de sa voiture pour aller dans une supérette COOP, la caméra fait un focus sur l’homme qui se rapproche de l’entrée. Un homme en blouse blanche l’attend et le fait entrer.

Plan rapproché poitrine des deux hommes à l’intérieur du magasin qui discutent. (Début d’un champ-contrechamp).

Gros plan sur l’homme qui est initialement entré dans le magasin qui tient un stylo à la main et qui prend note de ce que lui dit l’homme en blouse blanche.

Gros plan sur l’homme à la blouse blanche de dos qui parle.

Gros plan sur l’homme qui est entré dans le magasin.

Fin du champ-contrechamp.

Gros plan sur des produits COOP : « PAIC » ; Sucre « SOL » ; « MILKA » ; « KNORR »

Enchaînement de gros plans avec traveling horizontal des produits de la COOP (bouteilles, saucisses, chocolats, sucre, condiments etc.)

Métadonnées

N° support :  0051NN0001
Date :  Entre 1951 et 1954
Coloration :  Noir et blanc
Son :  Muet
Durée :  00:11:28
Genre :  Documentaire
Thématiques :  Patrimoine industriel et agricole
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


La COOP a profondément marqué l’Alsace par son modèle plaçant le consommateur et le producteur dans un modèle coopératif. Fondée en 1902, elle est un marqueur de l’économie alsacienne et un témoin des grands moments du XXe siècle. Déployée partout en France, la COOP a possédé jusqu’à 700 succursales en Alsace et est devenue dans les années 1960 un acteur majeur de l’économie alsacienne, mettant en place le premier supermarché coopératif en libre-service de France. La coopérative n’a cependant pas survécu au XXIe siècle et notamment la crise de 2008, plongeant l’entreprise dans d’interminables plans sociaux jusqu’au dépôt de bilan en 2015. La COOP, c’était avant tout une ambiance « familiale », une gamme de produit étendue et locale, proche du consommateur et du producteur. En Alsace, le terme de coopé est même devenu un diminutif affectif pour une entreprise aujourd’hui considérée comme faisant partie intégrante du patrimoine affectif régional. On trouve notamment un musée entièrement consacré à l’enseigne à Strasbourg dans le quartier Port du Rhin, au cœur d'une ancienne zone commerciale réaménagée par la ville.

Point Coop à Mulhouse rue de Bâle comparé au site en 2008.

Un site inconnu


Le site qui nous intéresse est relativement inconnu. On sait grâce à des plans et à l’aide d’outils comme Google Map que l’ancienne succursale COOP se trouvait au 225 rue de Bâle, au bout de la N430 qui est aujourd’hui la D430. Pour la datation, on peut estimer que l’extrait a été filmé dans les années 1950. Or, on peut apercevoir dans le film une bouteille de Pernod 45°. En 1954, Pernod devient Pastis 51, référence à l'année 1951 qui a vu les anisés à 45° de nouveau autorisés en France puisqu'ils avaient été interdits pendant la guerre. On peut donc en déduire que le film a été tourné entre 1951 et 1954.
Maquette de la COOP rue de Bâle dans les années 1950.


La seconde guerre mondiale, un tournant pour la COOP Alsace


Dans l’Alsace redevenue française, les dégâts de la guerre sont psychologiques et physiques. Plusieurs entrepôts et boutiques sont totalement détruits, on estime alors les dégâts à 68 232 692 de francs. La COOP veut se reconstituer rapidement et participer activement à la Reconstruction de l’Alsace en se modernisant. Elle est cependant ralentie par des problèmes d’approvisionnement et des obstacles administratifs. Placée sous statut allemand pendant l’occupation nazie, elle peine à se restructurer à cause des restrictions imposées par la France jusqu’en 1947. La COOP doit aussi remettre en état ses boutiques « non essentielles » fermées par les nazies ou encore bombardées pendant la période 1942-1945. Entre 1945 et 1952, plus d’une centaine de nouvelles boutiques ouvrent, des camions sont achetés et de nouveaux employés recrutés.


Approvisionnement et organisation d’une succursale COOP à Mulhouse


Plusieurs types de camions sont présentés par la Coop et servent à l'approvisionnement ou la distribution ©Mira.
Le film nous présente la vie d’un entrepôt COOP au début des années 1950. Au début et à la fin de la vidéo, les camions COOP entrent et sortent des marchandises pour approvisionner les magasins en ville, mais aussi pour apporter la matière première nécessaire à la confection des produits. Arrivés à l’entrepôt, ces derniers sont listés et comptabilisés par des employés travaillant directement dans les bureaux de la COOP (0:32). Le déroulé du film se fait ainsi de bas en haut du bâtiment, commençant par la cave à vins pour finir aux salles de stockage. Dans le hall des machines, les produits comme les bouteilles sont directement remplies sur place.


C’est la marque de fabrique COOP : transporter, produire et vendre ses produits locaux, soit limiter au maximum l’excès de logistique. L’entreprise pousse encore plus loin le concept de proximité en intégrant à son système des rails de train, que ce soit pour l’approvisionnement ou des débouchés pour ses propres produits, ce que l’on ne voit pas dans le film. Cette image de proximité, la COOP y tient, mais en réalité, ses réseaux s’étendent bien au-delà de la région Alsace. En effet, on peut retrouver du vin de la marque Mascara ou des vins d’Oran, probablement des F. Sénéclauze comme nous le suggère le tonneau d’alcool en gros plan dans la vidéo (13°). Tous ces vins proviennent d’Algérie et principalement de la région d’Oranie, territoire français dans les années 1950.
Plan de coupe type des succursales Coop dans les années 1950.


Une difficile modernisation


La COOP Alsace cherche à se moderniser à partir des années 1940, mais ce n’est que dans les années 1950 que l’on peut apercevoir un premier progrès technologique dans les machines de l’enseigne, qui se généralise et s'accélère dans les années 1960. Le film affiche une volonté de moderniser et de présenter fièrement les machines que peut s’offrir la COOP de Mulhouse.

La COOP se démarque alors par son système productif. L’extrait filmique commence par présenter ses caves de spiritueux, pour enchaîner sur les différentes bouteilles vendues par l’enseigne. On peut suivre tout le système de production des machines automatisées, où les bouteilles défilent sur des tapis roulants pour être remplies, fermées puis mises dans une cagette. (1:27). Cependant, tout ce processus est semi-automatique, puisque l’intervention humaine est nécessaire pour compléter certaines tâches, que ce soit déposer les bouteilles dans le réservoir de la machine (1:25), poser les capuchons pour que la machine les compresse (1:34), ou pour les sortir de la machine à la main pour ensuite les stocker (1:58).
Travaille à la chaîne sur des machines modernes, principalement par des femmes © Mira.


La COOP possède sa propre boulangerie, tout est effectué sur place à l’aide de machines semi-automatiques. Des machines pétrissent la pâte (3 :14), mais ce sont plus de huit boulangers qui pèsent les pâtons un par un à l’aide d’une balance rudimentaire. Les pâtons sont grignés à la main et mis à la pelle dans des fours. Le système reste très archaïque et la productivité limitée, les boulangers ne sortent que 3 grands pains en même temps et ce toujours à la main. Les boudoirs sont coulés à l’aide d’une poche à douille (4 :18), enfournés, découpés et stockés à la main.

Les pâtisseries sont toutes produites à la main © Mira.


L'empaquetage des produits est toujours fait à la main, que ce soit pour le café, les pâtes alimentaires ou les boudoirs (5 :07). Cependant, le système de découpe de pain est fait par une découpeuse automatique. D’autres machines aident à la fabrication des produits COOP, notamment une machine à torréfaction automatique (6 :00), le grain tombe et est torréfié sans l’intervention de l’homme (6 :12). Les grains récupérés sont ensuite triés et mis dans des sacs à la main (6 :28). Les sachets sont remplis par un tuyau et les paquets sont triés et pesés par une balance Avery (6 :58), un modèle de luxe dans les années 1950. La COOP en est fière et en fait un argument marketing : « La COOP garantit le poids exact de tous ses produits. » Ainsi, la COOP de Mulhouse effectue un savant mélange de machines modernes, de travail à la chaîne et d’une administration à l’ancienne, les tâches précises étant toujours effectuées à la main, allant de l’étiquetage de certains produits à des tâches administratives notées sans machine à écrire (0 :38).




Mise en scène d’une large gamme de produits


Le film a pour but de nous présenter « les coulisses » de l’enseigne COOP. Commandé par les coopérateurs de Colmar, l’objectif est aussi de présenter les différents produits de l’enseigne, filmant les processus de fabrication en n’omettant aucun passage. Le film se veut le plus « transparent » possible avec le consommateur, mettant en avant par des gros plans des fromages (7 :52), des saucisses (7 :58) ou encore le pain de l’enseigne. Vendre un produit, c’est aussi vendre la marque, puisque de nombreux produits sont étiquetés de la marque COOP. Ainsi, on peut retrouver le vin COOP, la bière COOP, la liqueur COOP, les biscottes COOP, le café COOP, tout est produit sur place et vendu directement au client.

Cette répétition de gros plans s’enchaîne dans un ordre logique. D’abord, ce sont les spiritueux qui sont mis à l’honneur, par la multiplication de marques encore connues aujourd’hui. La caméra filme ces bouteilles dans un plan fixe, les bouteilles défilent les unes après les autres sur un tapis roulant. On peut alors apercevoir des marques de vins comme Monopol ; Joli grain ; des vins ‘d’Oran’ ; Juper Coop ; Mascara ; « Vins d’Alsace ». D’autres marques sont quant à elles rangées et sont présentées les unes après les autres dans des gros plans : « OLD NICK RUM – Rhum Negrita, Cinzano (apéritif), Pernod (pastis), Dubonnet, Cointreau (liqueur), Hardy (cognac), Coop, Martini (cocktail) ».
Les condiments, cafés et chocolats sont mit à l’honneur. On observe une pièce remplie de cartons étiquetés Knor, des cartons Bouillon KUB, Chicorée supérieure COOP, Potages Maggi, ou encore des « Biscuits d’Alsace », de la poudre de chocolat Banania, Chocolat à cuire en poudre COOP et des Chocolats Suchard ou Milka. Une autre partie met en scène des produits d’entretien pour la maison, comme les éponges Spontex, des balais et des brosses. Des produits pour le corps sont aussi visibles, comme des huiles Dop ou du dentifrice Colgate.

Le café Coop est torréfié et étiqueté sur place ©Mira.


La COOP, un art de vivre


La COOP, c’est avant tout un modèle social, une exigence et une relation de qualité avec ses clients. C’est tout du moins ce que nous illustre le film par sa mise en scène. Un client prend son téléphone et appelle quelqu’un, on ne comprend que plusieurs plans après qu’il s’agit du vendeur de la COOP de Mulhouse qui l’attend sur le pas de sa boutique. Il l’accueille amicalement et le fait entrer, s’ensuit une discussion en champ-contrechamp entre les deux hommes. La caméra faisant plusieurs allers-retours sur les différents produits de la boutique pendant la discussion, on comprend que la COOP n’est pas seulement une grande industrie, mais aussi un service de proximité accueillant et amical, comme « Chez la famille ». Ainsi, tout au début des années 1950, la coopé cherche déjà à cultiver cette idée de proximité avec ses clients, ce qui participe à partir des années 1960 à son essor exceptionnel en Alsace.

Salariés d'une Coop à Strasbourg. La boutique est typique des succursales des années 1950 ©Philippe Wendling.

Lieux ou monuments


225 rue de Bâle; Mulhouse

Bibliographie


ECK Bernard, Histoire économique de l'Alsace : croissance, crises, innovations : vingt siècles de développement régional, Strasbourg, La Nuée bleue, 1997.

Le Monde, Le Pastis, histoire d’une bataille entre Pernod et Ricard avant la fusion, consulté le 5 janvier 2021.

WENDLING Philippe, COOP Alsace: Plus d’un siècle de complicité partagée, Strasbourg, Editeur, 2014.


Article rédigé par

William Groussard, 30 décembre 2020


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