La Kilbe (0068FN0006)

Résumé


La fête au village, les différentes attractions, enfants et adultes participant à la kermesse, en un dimanche ensoleillé.

Description


Carton dessiné par le cinéaste : Titre « La Kilbe », orné du dessin d’un trompettiste, et de la mention : « Rex Actualités ». Différents plans d’un manège, et des enfants, dont des petites-filles portant des rubans dans les cheveux, l’une d’elle est la fille de l’opérateur. Vue en plongée d’une piste de danse en plein air, ornée de fanions multicolores. Des couples valsent sur le plancher. A l’arrière-plan, les spectateurs et un stand de confiserie, plans rapprochés sur des spectateurs et des danseurs. La rue noire de monde. Carton dessiné par le cinéaste : titre « La Loterie aux Carpes », dessin d’une carpe, et mention « Rex Actualités ». De vraies carpes dans un tonneau, un homme propose des plaquettes de bois portant des numéros et un autre fait tourner une roue numérotée. La roue s’arrête sur le numéro 9, un jeune garçon tient la carpe à la main et pose devant le cinéaste. A nouveau la piste de danse, puis gros plan sur une petite fille à ruban en train de manger, c’est la fille d’Alex Schwobthaler. Les mamans installent les petits sur le manège, gros plan sur la petite Schwobthaler, un peu inquiète puis ravie. La foule déambule dans la rue, les danseurs valsent sans fin.

Métadonnées

N° support :  0068FN0006
Date :  1946
Coloration :  Noir et blanc
Son :  Muet
Durée :  00:04:00
Cinéastes :  Schwobthaler, Alex
Format original :  9,5 mm
Langue :  Français
Genre :  Film amateur
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


La fête villageoise en Alsace


Des appellations diverses

Kilbe, Kilb, Kilbi, Chilbi, dénominations issues de Kirchweihe, « fête paroissiale », dans le Haut-Rhin, et Messti, Messdi, dans le Bas-Rhin. Le mot Messti provient de Messtag, le jour dédié à la fête du saint-patron des églises catholiques. L'étymologie flamande du mot synonyme kermesse, rappelle que cette fête patronale villageoise est à l'origine une « messe d'église », devenue par la suite aussi une grande fête annuelle pour tous.


Une tradition ancienne

Les fêtes foraines existent partout en Alsace. Dans les villages et dans les villes elles ont lieu le plus souvent le jour de la fête patronale. Autrefois on pouvait y acheter des animaux, de la vaisselle, des vêtements, et des objets de toutes sortes introuvables au quotidien à l'épicerie du village. On y allait aussi pour s'amuser. Les jeunes gens pouvaient y danser et y trouver, qui sait, un ou une fiancée. Les enfants engloutissaient là leurs économies de l'année en tours de manège et « pommes d'amour aux joues vernissées » comme le raconte Claude Vigée. Tous y trouvaient leur compte : les forains qui y faisaient recette, le public qui rencontrait l'inhabituel, et les municipalités qui remplissaient leurs caisses grâce aux taxes imposées aux forains.


Les fêtes foraines, lieu d'apparition du Kinematograph

Ce sont les forains qui ont été les grands promoteurs du cinéma auprès des Alsaciens, -comme un peu partout en Europe. Le cinématographe s'inscrit en effet dans une tradition déjà ancienne d'attractions visuelles : les Lichtbildle : théâtres d'ombres, lanternes magiques, panoramas et autres précurseurs du cinéma forain. Dès la fin du XIXème siècle, des manèges-cinémas sillonnent l'Alsace. Ce sont des roulottes aménagées pour abriter des projections cinématographiques. Ce cinéma forain décline peu à peu après le « coup d’état » de Pathé, qui décide en 1907 de louer ses films au lieu de les vendre. Les salles de cinéma se développent alors, avec une programmation changée une ou deux fois par semaine.


L’esthétique du film

Alex Schwobthaler est d’abord un photographe. Il sait cadrer parfaitement. Il sait jouer de la lumière, et capter les expressions de ses « acteurs » amateurs. Mais c’est depuis toujours un passionné de cinéma. Il regarde beaucoup de films, et il en fait lui-même. Il sait que le mouvement et le montage sont l’âme du cinéma, et va utiliser le langage cinématographique pour donner vie à son sujet. Ainsi il réalise dans cette séquence une alternance rapide de plans en mouvement : enfants et adultes tournent en rond avec plaisir, sur le manège ou la piste de danse, tandis que d’autres marchent dans la rue. Pour tous, le mouvement est synonyme de fête.


Se voir à l’écran

Par ailleurs Alex Schwobthaler n’oublie pas son objectif : il filme pour ensuite projeter ses images aux habitants du village. Il organisait des projections à l’auberge, et allait même dans les villages voisins, en emportant sur son vélo un drap, un projecteur, et son film. Il était parfois accompagné d’un ami qui, lui, transportait un phonographe et des disques destinés à sonoriser la projection.

Il prend donc soin de montrer clairement, en plans rapprochés, un grand nombre de personnes : les personnages les plus actifs (enfants, danseurs, teneurs de stands…), mais aussi le public qui regarde et déambule sans prendre une part active à la fête.

Lieux ou monuments


Zillisheim

Bibliographie


DAUL Léon et alii, ‘ Elsàssbüech. Le Livre de l’Alsace, Editions du Donon, 2010, 478 p.

GOZILLON-FRONSACQ Odile, DRION Georges, Kinnes, Une histoire du cinéma en Alsace (1896-1939), documentaire 52’ réalisé par Georges Drion, 1996, coproduction Balthazar Film/France 3. Alex Schwobthaler y est filmé.

VIGEE Claude, Un panier de houblon, t. II : « L'arrachement. Deuxième journée : La fête en Alsace ». Ed. Lattès, 1995, pp. 59-67.