Noël à Strasbourg (0033FN0012)


[1] Avertissement[2]

Résumé


Charles Veltz (1929-1996) décide de nous faire partager la soirée du réveillon de Noël. C’est l’occasion pour lui de filmer l’apparition du Chrinstkindle et la découverte des cadeaux par les jeunes enfants de la famille.

Description


Le film débute sur une famille attablée devant un arbre de Noël très décoré. Le réalisateur procède à un lent panorama vers la gauche afin de montrer l’ensemble des personnes présentes autour de cette table (où se trouvent des verres, des gâteaux et une bouteille vin). Deux des jeunes hommes fument la pipe et l’un d’entre eux lève sa main pour saluer le caméraman. Retour de la caméra vers la droite afin de montrer les différentes interactions dans la pièce. On y voit notamment une petite fille entrain de jouer avec ses deux poupées. Plan sur la fillette puis remontée vers la grand-mère qui distribue des gâteaux à l’ensemble de la tablée. L’un des hommes à gauche montre l’un des gâteaux (s’agissant probablement d’un Bredele ou d’un pain d’épice). Pendant ce temps, l’un des fils joue avec un lapin sauteur relié à un fil. Le dernier plan montre la famille qui discute et déguste les friandises présentes sur la table. La petite fille fait une grimace à la caméra. Pathé 9,5mm.

Métadonnées

N° support :  0033FN0012
Date :  Entre 1959 et 1979
Coloration :  Noir et blanc
Son :  Muet
Durée :  00:00:00
Cinéastes :  Veltz, Charles
Format original :  9,5 mm
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Noël
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


Ce film amateur au format 9mm de 1937 s’inscrit dans la période de l’entre-deux-guerres. Noël, principale fête de la chrétienté qui a donné naissance à un nombre important de traditions régionales, subit une évolution importante durant l’époque contemporaine. Elle perd notamment de sa signification religieuse pour se transformer en fête de l’enfant, de la famille et de la consommation.

L’incontournable sapin de Noël

L’arbre de Noël présenté en introduction de ce film est une tradition très ancienne. Connu sous le nom de Wihnàchtsboim ou Christboim, il proviendrait de la vénération des païens qui avaient pour habitude d’entourer les arbres lors du solstice d’hiver. Longtemps refusé par l’Eglise catholique, notamment par le fait qu’il a été perçu comme une marque de paganisme et de protestantisme en lien avec son origine scandinave et germanique, il apparaît dans les villes, les églises et les maisons alsaciennes. C’est d’ailleurs en 1521 à Sélestat qu’apparaît la première mention du sapin de Noël. A l’époque moderne, il semble être plus présent dans les régions protestantes où la coutume s’enracine rapidement dans les mœurs. Mais nous remarquons qu’il ne dépendait pas obligatoirement de l’appartenance religieuse. Georges L’Hôte distingue les villages où la langue maternelle possède un dialecte allemand où l’arbre est attesté, de ceux où elle est française et où il ne s’y implante réellement qu’après 1945. A la suite de la guerre franco-allemande de 1870-1871, les alsaciens diffusent cette coutume. Il est même dit que « là où se trouve une famille alsacienne, là est un arbre de Noël ». Mais c’est surtout à partir de la première et surtout de la Seconde Guerre mondiale que le sapin devient un élément de décoration incontournable au moment de la fête de Noël dans la plupart des foyers. C’est ce qui est souligné dans ce film où le réalisateur a cherché à faire un travelling vertical puis horizontal en direction de son arbre de Noël. Il insiste sur sa centralité dans la pièce. Il est en effet, un élément de décoration où sont disposés de nombreux objets et bougies sur l’ensemble de sa hauteur. C’est d’ailleurs autour de ce même sapin que les enfants reçoivent la visite du Christkindle saluant et récompensant les jeunes enfants. Quant aux dernières séquences, elles insistent encore sur la centralité du sapin au moment de la remise des cadeaux.

Le mythique Christkindle

Figure plus méconnue que le fameux Père Noël occidental, le Christkindle (Enfant-Christ) est attesté entre le XVIe et le XVIIe siècle dans les pays germaniques. Il est représenté par une figure féminine, voilée et habillée en blanc. Celle-ci porte en général une couronne faite de branches de sapins et ornée de quatre bougies, ou bien comme c’est le cas dans notre séquence, une simple couronne dorée. Ce rite était destiné à célébrer la naissance du Christ mais il détient surement une origine païenne. En effet, plusieurs théories sont faites sur cette représentation féminine. Il s’agirait d’une fée germanique apparaissant lors du solstice d’hiver qui aurait ensuite été christianisé ; une jeune femme insistant sur la fertilité humaine et cosmique ou bien encore de la sainte Lucie dont la fête a lieu le 13 décembre mais qui était fêté le 23 avant la réforme grégorienne. Elle est d’ailleurs encore vénérée en Suède où elle se manifeste toute vêtue de blanc et portant une couronne de lumière. D’abord présent dans les milieux protestants, il se diffuse par imitation dans les foyers catholiques. Il était d’ailleurs encore très présente dans les foyers alsaciens jusqu’il y a 50 ans dont le rôle était de déposer les cadeaux avant le levé des enfants. C’est en effet, ce que l’on constate dans ce film où Charles Veltz insiste sur l’émerveillement des enfants face à ce personnage qui vient les saluer et toucher le plus petit d’entres-eux. Ici, il porte une canne en main désignant la verge habituelle qu’il est censé tenir mais nous remarquons l’absence de friandises et de jouets qu’il distribuera probablement par après. De plus, il pouvait être accompagné du Hans Trapp, figure terrifiante qui doit chercher et punir les enfants désobéissants et méchants. Ce film ne le montre pas, cette famille ne souhaitant probablement pas faire peur à leurs enfants.

La remise des jouets à Noël

La remise des cadeaux est un moment clé de la fête de Noël. Au départ, récompense non obligés, ils sont distribués la veille de la Saint-Nicolas puis à partir du XVIe siècle, le soir de Noël. A l’époque moderne, ils sont surtout composés de pains d’épices, de friandises, de fruits ou bien d’argent. Mais selon les familles, les fillettes pouvaient recevoir une poupée ou bien des mouchoirs. Quant aux garçons, ils recevaient des boîtes à colorier, une arche de Noé et des animaux en bois sculptés. Cette remise de cadeaux apparaît alors comme des contre-dons au don de l’enfant. Mais au XIXe et surtout au XXe siècle avec l’avènement de la société de consommation et de l’American way of life, les populations occidentales tendent à voir leurs demandes augmenter d’années en années. Cela est aussi perceptible en Alsace et c’est d’autant plus le cas à Noël avec l’explosion des achats de cadeaux, obtenant alors une place centrale dans les différents foyers. C’est ce que cherche à nous montrer le réalisateur de ce film au travers des dernières séquences. Celui-ci filme de manière individuelle l’ensemble des quatre enfants présents ce soir-là en insistant sur l’importance de donner des cadeaux le soir de Noël. Pour cela, il décide de nous montrer à l’aide d’un gros plan, la joie des enfants au moment au moment de découvrir leurs cadeaux. Nous remarquons qu’ils ne sont pas emballés mais juste disposés derrière l’arbre de Noël, cette coutume se développant progressivement à la fin du XXe siècle. Quoi qu’il en soit, les enfants de notre film reçoivent des jouets habituels de cette période. En effet, l’un des garçons reçoit une petite voiture, objet favoris des petits garçons au même niveau que les petits trains qui peuvent être électriques depuis le début XXe siècle. C’est ce que l’on a vu avec certaines entreprises qui développent les voitures et trains électriques au travers de différentes marques comme c’est le cas avec Meccano, Metallic ou bien Constructor. Quant à la fillette, elle reçoit deux poupées, là encore les cadeaux par excellence. Elles sont offertes aux enfants depuis plusieurs siècles mais ont subit un fort développement à la fin du XIXe siècle avec la création du « bébé articulé » dans l’industrie française. Mais c’est à partir du XXe siècle qu’elles subissent les plus grandes transformations avec la mise en place de bébés aux visages caractérisés avec des portraits d’enfants aux expressions réalistes et variées. C’est ce que l’on remarque ici avec la petite fille qui reçoit deux bébés imitant deux fillettes que l’on peut habiller et coiffer à sa guise.

Lieux ou monuments


Strasbourg

Bibliographie


Lalouette, Jacqueline, Jours de fête, Tallandier, Paris, 2010.

Leser, Gérard, Noël – Wihnachte en Alsace, Edition du Rhin, Mulhouse, 1989.

Cabantous, Alain, Walter, François, Noël : une si longue histoire…, Payot & Rivages, Paris, 2016.

Theimer, François, Les Jouets (collection « Que-sais-je ? »), Presses Universitaires de France, Vendôme, 1996.



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