Oberseebach (0052FN0035) : Différence entre versions

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=== Les costumes traditionnels, marqueurs sociaux du temps qui passe ===
 
=== Les costumes traditionnels, marqueurs sociaux du temps qui passe ===
 
[[Fichier:Costumes_de_Seebach.jpg|vignette|droite|Scène de vie quotidienne. A gauche, un couple d'enfants en tenue traditionnelle. A droite, un homme semble travailler l'osier. Le petit garçon et l'homme portent un bonnet morille, tandis que la fille porte un béguin. Planche de Michel Charvet, Coiffes et Costume d'Alsace, Infolio Carnets d'Artistes, 1997.]]
 
[[Fichier:Costumes_de_Seebach.jpg|vignette|droite|Scène de vie quotidienne. A gauche, un couple d'enfants en tenue traditionnelle. A droite, un homme semble travailler l'osier. Le petit garçon et l'homme portent un bonnet morille, tandis que la fille porte un béguin. Planche de Michel Charvet, Coiffes et Costume d'Alsace, Infolio Carnets d'Artistes, 1997.]]
Ce sont pour ces occasions festives que les costumes traditionnels prennent tout leur sens. Pour reprendre les termes d’André Leroi-Gourhan cités par Marie-Clotilde Delroeux dans son article<ref>Marie-Clotilde DELROEUX, Seebach et son costume, dans: ''Revue des Sciences Sociales de la France de l'Est'', n° 12, 1983, p. 240. </ref>, ces derniers sont de réels marqueurs sociaux et permettent une « reconnaissance sociale ». Ceci est d’une importance sans égal, dans une société encore très ritualisée où les mariages n’étaient pas mixtes, d’autant plus dans un village comme Oberseebach où les différents cultes se côtoient. Les costumes traditionnels étaient alors spécifiques à la confession mais aussi à l’âge de celui ou celle qui le porte. Leur omniprésence s’est néanmoins beaucoup estompée dès le début du siècle dernier où la mode contemporaine a eu raison des costumes traditionnels. Ils n’étaient plus portés par l’intégralité de la population, en témoignent les images de la vidéo : au cortège de personnes en habit traditionnel se mêlent des personnes vêtues à la mode de l’époque. L’habit traditionnel ne fait plus partie du quotidien mais est volontiers mis en scène lors de grandes fêtes.  
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Ce sont pour ces occasions festives que les costumes traditionnels prennent tout leur sens. Pour reprendre les termes d’André Leroi-Gourhan cités par Marie-Clotilde Delroeux dans son article<ref>Marie-Clotilde DELROEUX, Seebach et son costume, dans: ''Revue des Sciences Sociales de la France de l'Est'', n° 12, 1983, p. 240. </ref>, ces derniers sont de réels marqueurs sociaux et permettent une « reconnaissance sociale ». Ceci est d’une importance sans égal, dans une société encore très ritualisée où les mariages n’étaient pas mixtes, d’autant plus dans un village comme Oberseebach où les différents cultes se côtoient. Les costumes traditionnels étaient alors spécifiques à la confession mais aussi à l’âge de celui ou celle qui le porte. Leur omniprésence s’est néanmoins beaucoup estompée dès le début du siècle dernier où la mode contemporaine a eu raison des costumes traditionnels. Ils n’étaient plus portés par l’intégralité de la population, en témoignent les images: au cortège de personnes en habit traditionnel se mêlent des personnes vêtues à la mode de l’époque. L’habit traditionnel ne fait plus partie du quotidien mais est volontiers mis en scène lors de grandes fêtes.  
 
Le couvre-chef et la coiffe font entièrement partie des signes distinctifs de l’habillement qui en disent long sur celui qui le porte. Il en est peut-être même le plus important, car on les remarque d’emblée.  Les garçons et jeunes hommes d’Oberseebach portaient notamment des bonnets noirs. Faits de laine tricotée, leur bordure se présente sous la forme d’une natte. La forme générale du chapeau rappelle celui d’une morille, d’où leur nom de « bonnets morilles » ou ''Morischelskapp'' en dialecte.  
 
Le couvre-chef et la coiffe font entièrement partie des signes distinctifs de l’habillement qui en disent long sur celui qui le porte. Il en est peut-être même le plus important, car on les remarque d’emblée.  Les garçons et jeunes hommes d’Oberseebach portaient notamment des bonnets noirs. Faits de laine tricotée, leur bordure se présente sous la forme d’une natte. La forme générale du chapeau rappelle celui d’une morille, d’où leur nom de « bonnets morilles » ou ''Morischelskapp'' en dialecte.  
  
Les jeunes gens faisant partie du cortège folklorique sont habillés selon les codes protestants. Ainsi les hommes portent un pantalon et une chemise blanche, au-dessus de laquelle ils endossent une petite veste courte, similaire à la redingote, à double rangée de boutons métalliques. Pour protéger le cou et parfaire la tenue, ils portent un tour de cou noir. Il ne faut pas oublier la fameuse et significative toque des jeunes hommes célibataires et protestants d’Oberseebach en fourrure de putois.  
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Les jeunes gens faisant partie du cortège folklorique sont habillés selon les codes protestants. Ainsi les hommes portent un pantalon et une chemise blanche, au-dessus de laquelle ils endossent une petite veste courte, similaire à la redingote, à double rangée de boutons métalliques. Pour parfaire la tenue à l'instar d'une cravate, ils portent un tour de cou noir. Il ne faut pas oublier la fameuse et significative toque des jeunes hommes célibataires et protestants d’Oberseebach en fourrure de putois.  
 
En ce qui concerne les jeunes femmes, elles portent une chemise en lin blanche retroussée aux manches, qui s’insère dans une jupe noire à broderies fleuries. Par-dessus, elles portent un corselet noir également brodé de fleurs dans lequel est intégré un plastron rigide de forme triangulaire, surplombé sur le torse par un gros noeud généralement de couleur sombre. Le foulard vient également agrémenter la tenue et signifier d’un statut social plus ou moins aisé en fonction de sa taille. La coiffe portée par les danseuses et également la jeune fille prise en gros plan est typique des jeunes femmes protestantes, on l’appelle la ''Rotkapp'' en dialecte alsacien. Il s’agit d’un petit bonnet en brocart généralement rouge (il peut être noir en temps de deuil) sur lequel est fixé un ruban de soie d’une dizaine de centimètres, dont les extrémités sont croisées à l’arrière puis ramenées vers l’avant de la tête où elles se finissent en nœud. Lorsque la femme est mariée, sa coiffe est noire et le nœud se trouve à l’arrière de la tête. Les petites filles quant à elles, portent généralement toujours le béguin. La coiffe et le couvre-chef ne font pas seulement écho de l’appartenance sociale et religieuse de la personne, mais aussi des différents stades de la vie des villageois et villageoises.  
 
En ce qui concerne les jeunes femmes, elles portent une chemise en lin blanche retroussée aux manches, qui s’insère dans une jupe noire à broderies fleuries. Par-dessus, elles portent un corselet noir également brodé de fleurs dans lequel est intégré un plastron rigide de forme triangulaire, surplombé sur le torse par un gros noeud généralement de couleur sombre. Le foulard vient également agrémenter la tenue et signifier d’un statut social plus ou moins aisé en fonction de sa taille. La coiffe portée par les danseuses et également la jeune fille prise en gros plan est typique des jeunes femmes protestantes, on l’appelle la ''Rotkapp'' en dialecte alsacien. Il s’agit d’un petit bonnet en brocart généralement rouge (il peut être noir en temps de deuil) sur lequel est fixé un ruban de soie d’une dizaine de centimètres, dont les extrémités sont croisées à l’arrière puis ramenées vers l’avant de la tête où elles se finissent en nœud. Lorsque la femme est mariée, sa coiffe est noire et le nœud se trouve à l’arrière de la tête. Les petites filles quant à elles, portent généralement toujours le béguin. La coiffe et le couvre-chef ne font pas seulement écho de l’appartenance sociale et religieuse de la personne, mais aussi des différents stades de la vie des villageois et villageoises.  
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[[Fichier:Michel Jaeger Oberseebach Ducourtioux G btv1b10213573p.jpg|vignette|centré|Couple de jeunes protestants d'Oberseebach en tenue traditionnel. L'homme porte la toque en peau de putois, tandis que la femme porte la coiffe en brocard ornée d'un noeud rouge, la Rotkapp. BNUS, 1900 ]]
 
[[Fichier:Michel Jaeger Oberseebach Ducourtioux G btv1b10213573p.jpg|vignette|centré|Couple de jeunes protestants d'Oberseebach en tenue traditionnel. L'homme porte la toque en peau de putois, tandis que la femme porte la coiffe en brocard ornée d'un noeud rouge, la Rotkapp. BNUS, 1900 ]]

Version du 9 janvier 2019 à 21:43

Résumé


Fête locale dans le village d'Oberseebach (région de Wissembourg). Au cortège composé de danseurs folkloriques, d'une fanfare et d'enfants en costumes locaux, se mêle une foule de villageois endimanchés.

Description


[Oberseebach, scènes de jour, probablement tournées à la mi-saison, certaines personnes portent des vestes plus épaisses ainsi que des couvre-chefs alors que d'autres non.]

Plan moyen d’un jeune homme vêtu d'une tenue traditionnelle qui sautille en pleine rue en tenant un petit sapin au dessus de sa tête. Un regroupement de personnes observe la scène

Plan d’ensemble représentant une procession de jeunes gens qui marchent dans la rue (principale?). Certains garçons se chamaillent au premier plan. A nouveau, plan d’ensemble court mettant en scène d'une part des adolescents en tenue traditionnelle qui se courent après, et d'autre part deux jeunes hommes et une jeune femme habillés très élégamment. L'ambiance semble bonne-enfant et tous sont souriants.

Le plan moyen suivant représente deux entités différentes. Au premier plan, la caméra suit un adolescent en mouvement vêtu d’un costume traditionnel. Au second plan, le cameraman semble retenir son attention sur deux hommes et deux femmes très bien habillés (certainement les mêmes que sur le plan précédant) qui marchent dans la rue. Un des deux hommes porte un appareil photo autour du cou. A l’arrière plan, on aperçoit une voiture garée devant une maison.

Plan rapproché d’un homme relativement âgé, souriant, vêtu d’un chapeau et d’un manteau d’hiver. Il semble discuter avec le cameraman.

Plan moyen d’un autre homme grisonnant, il est vêtu d’un manteau d’hiver et porte un couvre-chef de type béret. Il tient un appareil photo entre ses mains. Ses traits sont tirés et il semble être pris au dépourvu par le cameraman. Pendant qu’il marche, il croise une fois le regard de la caméra, avant de détourner le regard et de fixer une nouvelle fois l’objectif.

Plan d’ensemble représentant les déambulations d’un cortège de gens vêtus de costumes traditionnels. Le cameraman reste à sa place tandis que le cortège avance et dévoile au fur et à mesure des nouveaux participants. Des jeunes garçons ouvrent le cortège, suivis par un homme qui danse et sautille en tenant un sapin orné de rubans au dessus de sa tête. Il est suivi de près par un groupe de danseurs folkloriques qui se tiennent bras dessus, bras dessous et dansent, le tout en tenues traditionnelles. Ils sont suivis par des enfants qui font de même. A la suite du train, on aperçoit une petite fanfare composée de joueurs de tubas et de trompette. Des villageois, vêtus d'habits du dimanche les suivent, majoritairement à pied, mais aussi à bicyclette.

Plan poitrine qui fixe une jeune fille vêtue d’un habit traditionnel et entourée d’autres enfants habillés de la même façon.

Plan d’ensemble mettant un scène deux couples qui dansent en tournoyant dans la rue. Des spectateurs observent la scène en arrière-plan.

Métadonnées

N° support :  0052FN0035
Date :  1937
Coloration :  Noir et blanc
Son :  Muet
Durée :  00:01:19
Cinéastes :  Meyer, Jean
Format original :  9,5 mm
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Fêtes locales, Habit traditionnel, Vie rurale
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


Oberseebach, un village paysan au coeur de l'Outre-forêt

Le village d’Oberseebach [1] se situe à l’extrême Nord de l’Alsace, à environs 9km au sud de la ville de Wissembourg et de la frontière allemande. Son histoire début au cours de l’époque romaine. La présence de nombreux tumuli dans les forêts avoisinantes ainsi que les traces d’anciennes routes celtes au départ de Brumath jusqu’à Wissembourg, et donc passants par Oberseebach permettent de confirmer la présence celte dans le village. Avec l’arrivée des Alamans et plus particulièrement des Francs au VIe siècle ap. JC, le christianisme fait son apparition à Oberseebach. La première évocation officielle du village se trouve dans la charte de l’empereur Otton I qui l’évoque comme étant « à la frontière sud de la forêt wissembourgeoise du Mundat (forêt aux alentours de Wissembourg qui s’étend jusque dans la Pfalz) ». Le village aurait, à partir de cette date et jusqu’à la Révolution française, appartenu à l’abbaye de Wissembourg[2]. Selon la description du village faite par le chanoine George Knittel dans le Odilien-Kalender de l’an 1937, les villageois d’Oberseebach seraient des « agriculteurs zélés et très actifs[3] ». En parallèle des activités d’élevage, ils exploitaient également leurs terres fertiles qui étaient propices à toutes sortes de cultures (céréales, pomme de terre). Lorsqu’ils ne sont pas aux champs, les habitants consacrent leur temps libre à la religion et aux fêtes locales. La grande particularité de ce village réside dans la cohabitation fraternelle entre la population catholique et protestante, départagée géographiquement au niveau de la mairie. Les catholiques vivaient au sud, tandis que les protestants réformés habitaient au nord de la mairie. En tant qu'agriculteurs ils avaient pour habitude d'habiter dans des corps de ferme à colombage en forme de U, dont le torchis était recouvert de chaux blanche, donnant un ton uniforme à l'ensemble des habitations du village.

Maisons à colombages blanches, typique d'Oberseebach. BNUS, 1913


Les fêtes, moments de joie et d’allégresse

Même si les techniques agricoles se sont très largement mécanisées après la Grande Guerre, en remplaçant progressivement les chevaux et bœufs par des tracteurs, ce qui a permis de rendre la tâche quotidienne un peu plus facile, les habitants d’Oberseebach restaient néanmoins très occupés aux champs et à la ferme pendant la semaine. C’est alors le dimanche et les jours fériés que les villageois profitent de leur temps libre. Le caractère dynamique des oberseebachois n’est pas uniquement valable au travail, mais aussi lors de ces moments de décompression. En effet, les jours chômés étaient synonymes de sorties joyeuses, que ce soit pour aller à l’église ou pour se rendre à la kermesse du village (aussi appelé Karwe par les habitants), on prenait le temps de quitter ses vêtements de travail et de s’endimancher pour se retrouver mais aussi se rencontrer. Il est relativement délicat de définir exactement de quelle festivité il s’agit dans ce film. De nos jours, le village est connu pour ses festivités de la Streisselhochzeit (mariage au bouquet de fleur), mais elles n’existent que depuis les années 1980. En 1937 et d’après le chanoine Knittel, le village serait connu pour ses festivités liées à la Fête-Dieu (Fronleichnam) mais cette procession ne ressemble pas à celles ayant lieu lors de cette fête. De plus, la scène semble être tournée à la mi-saison, en automne ou au début de l’hiver. Certaines personnes portent des manteaux, des écharpes et des couvre-chefs, alors que d’autres ne portent rien. Il ne doit donc certainement pas faire très froid, ni très chaud. La Fête-Dieu se déroule traditionnellement au mois de juin, ce qui ne correspond pas à la météo du film. L’hypothèse la plus probable se porte sur celle de la fête du village, la Karwe. Si l’on se fie aux dates actuelles, elle devait avoir lieu au courant du mois de novembre. Ceci correspondrait à la météo et aussi à l’aspect « laïque » de la fête retranscrit dans les images. L'ambiance se veut joyeuse et festive. On imagine un fond sonore composé de cuivres qui accompagne les villageois le long de leur procession. Ne serait-ce pas le fameux Kaarwetànz[4], la danse du village d'Oberseebach, que l'on aperçoit à la fin de la vidéo? Cette festivité semble d'ailleurs attirer une foule assez conséquente de villageois ou tout simplement de curieux. L'aspect "événementiel" de cette dernière peut notamment être perçu par l'utilisation d'appareil photos et de caméras que notre cameraman filme au cours de sa vidéo. Les temps évoluent, les moeurs changent. Le cinéma et la photographie font désormais partie des habitudes pour capturer des instants inhabituels.


Les costumes traditionnels, marqueurs sociaux du temps qui passe

Scène de vie quotidienne. A gauche, un couple d'enfants en tenue traditionnelle. A droite, un homme semble travailler l'osier. Le petit garçon et l'homme portent un bonnet morille, tandis que la fille porte un béguin. Planche de Michel Charvet, Coiffes et Costume d'Alsace, Infolio Carnets d'Artistes, 1997.

Ce sont pour ces occasions festives que les costumes traditionnels prennent tout leur sens. Pour reprendre les termes d’André Leroi-Gourhan cités par Marie-Clotilde Delroeux dans son article[5], ces derniers sont de réels marqueurs sociaux et permettent une « reconnaissance sociale ». Ceci est d’une importance sans égal, dans une société encore très ritualisée où les mariages n’étaient pas mixtes, d’autant plus dans un village comme Oberseebach où les différents cultes se côtoient. Les costumes traditionnels étaient alors spécifiques à la confession mais aussi à l’âge de celui ou celle qui le porte. Leur omniprésence s’est néanmoins beaucoup estompée dès le début du siècle dernier où la mode contemporaine a eu raison des costumes traditionnels. Ils n’étaient plus portés par l’intégralité de la population, en témoignent les images: au cortège de personnes en habit traditionnel se mêlent des personnes vêtues à la mode de l’époque. L’habit traditionnel ne fait plus partie du quotidien mais est volontiers mis en scène lors de grandes fêtes. Le couvre-chef et la coiffe font entièrement partie des signes distinctifs de l’habillement qui en disent long sur celui qui le porte. Il en est peut-être même le plus important, car on les remarque d’emblée. Les garçons et jeunes hommes d’Oberseebach portaient notamment des bonnets noirs. Faits de laine tricotée, leur bordure se présente sous la forme d’une natte. La forme générale du chapeau rappelle celui d’une morille, d’où leur nom de « bonnets morilles » ou Morischelskapp en dialecte.

Les jeunes gens faisant partie du cortège folklorique sont habillés selon les codes protestants. Ainsi les hommes portent un pantalon et une chemise blanche, au-dessus de laquelle ils endossent une petite veste courte, similaire à la redingote, à double rangée de boutons métalliques. Pour parfaire la tenue à l'instar d'une cravate, ils portent un tour de cou noir. Il ne faut pas oublier la fameuse et significative toque des jeunes hommes célibataires et protestants d’Oberseebach en fourrure de putois. En ce qui concerne les jeunes femmes, elles portent une chemise en lin blanche retroussée aux manches, qui s’insère dans une jupe noire à broderies fleuries. Par-dessus, elles portent un corselet noir également brodé de fleurs dans lequel est intégré un plastron rigide de forme triangulaire, surplombé sur le torse par un gros noeud généralement de couleur sombre. Le foulard vient également agrémenter la tenue et signifier d’un statut social plus ou moins aisé en fonction de sa taille. La coiffe portée par les danseuses et également la jeune fille prise en gros plan est typique des jeunes femmes protestantes, on l’appelle la Rotkapp en dialecte alsacien. Il s’agit d’un petit bonnet en brocart généralement rouge (il peut être noir en temps de deuil) sur lequel est fixé un ruban de soie d’une dizaine de centimètres, dont les extrémités sont croisées à l’arrière puis ramenées vers l’avant de la tête où elles se finissent en nœud. Lorsque la femme est mariée, sa coiffe est noire et le nœud se trouve à l’arrière de la tête. Les petites filles quant à elles, portent généralement toujours le béguin. La coiffe et le couvre-chef ne font pas seulement écho de l’appartenance sociale et religieuse de la personne, mais aussi des différents stades de la vie des villageois et villageoises.


Couple de jeunes protestants d'Oberseebach en tenue traditionnel. L'homme porte la toque en peau de putois, tandis que la femme porte la coiffe en brocard ornée d'un noeud rouge, la Rotkapp. BNUS, 1900

Bibliographie


Caisse Mutuelle de Dépôts et de Prêts de Seebach, Seebach, Strasbourg, Editions CORPRUR, 1985.

CHARVET Michel, Coiffes et Costumes d'Alsace, Infolio, Carnets d'artistes, 1997.

DELROEUX Marie-Clotilde, Seebach et son costume, dans: Revue des Sciences Sociales de la France de l'Est, n° 12, 1983.

DOERFLINGER Marguerite, MATZEN Raymond, SCHNEIDER Richard, STINTZI Paul, Folklore et tradition en Alsace, tome 2, Colmar-Ingersheim, Editions SAEP, 1973.

Site officiel de la commune de Seebach: https://www.seebach.alsace


Article rédigé par

Madeline Hammer, 04 janvier 2019


  1. Aujourd’hui appelé Seebach, après sa fusion avec le village voisin de Niederseebach en 1974
  2. George KNITTEL (chanoine): "Oberseebach", Odilien-Kalender für das Jahr 1937. Cité dans: Seebach, Strasbourg, Editions COPRUR, 1985. p. 167
  3. Ibid., p. 174
  4. Pour plus d'informations à ce sujet: http://www.sammle.org/fr/dr-seebacher-kaarwetanz-la-danse-de-seebach
  5. Marie-Clotilde DELROEUX, Seebach et son costume, dans: Revue des Sciences Sociales de la France de l'Est, n° 12, 1983, p. 240.