Passage du Rhin à Vogelgrun (0075FH0018) : Différence entre versions

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[00:01:29] Plan fixe sur le conducteur qui se fait contrôler par un douanier allemand, il tient les papiers du véhicule dans sa main gauche ;
 
[00:01:29] Plan fixe sur le conducteur qui se fait contrôler par un douanier allemand, il tient les papiers du véhicule dans sa main gauche ;
 
[00:01:37] Plan fixe sur l’arrière d’un véhicule possédé par la Radio-Lauber, immatriculation et logos DAS et la lettre D sont bien visibles, travelling en diagonale bas-haut droite-gauche lent permettant de voir, plusieurs voitures et les lignes de tram de Fribourg, apparemment, il y a un bouchon
 
[00:01:37] Plan fixe sur l’arrière d’un véhicule possédé par la Radio-Lauber, immatriculation et logos DAS et la lettre D sont bien visibles, travelling en diagonale bas-haut droite-gauche lent permettant de voir, plusieurs voitures et les lignes de tram de Fribourg, apparemment, il y a un bouchon
|Contexte_et_analyse_fr=== Les années 1960 ou l'essort des loisirs transfrontaliers ==
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|Contexte_et_analyse_fr=== Les années 1960 ou l’essor des loisirs transfrontaliers ==
  
 
En 1960, les voyages effectués en voiture se multiplient car la voiture se démocratise. En effet, une classe moyenne émerge et il y a l’avènement de la société de consommation. La Renault Dauphine produite entre 1956 et 1967 en est l’archétype. Posséder une voiture est le signe pour un individu que sa qualité de vie est meilleure et qu’il a la liberté d’aller selon ses envies.
 
En 1960, les voyages effectués en voiture se multiplient car la voiture se démocratise. En effet, une classe moyenne émerge et il y a l’avènement de la société de consommation. La Renault Dauphine produite entre 1956 et 1967 en est l’archétype. Posséder une voiture est le signe pour un individu que sa qualité de vie est meilleure et qu’il a la liberté d’aller selon ses envies.
 
Ce film permet de bien analyser l’augmentation du niveau de vie. La voiture est pleine d’affaires, elles sont cachées par un carton. La femme de Jean-Georges Kugler est particulièrement bien habillée et n’est pas en tenue traditionnelle alsacienne, un signe que les femmes s’émancipent peu à peu des codes traditionnels (port d’un foulard sur la tête, port de vêtements qui cachent les jambes et les avant bras).
 
Ce film permet de bien analyser l’augmentation du niveau de vie. La voiture est pleine d’affaires, elles sont cachées par un carton. La femme de Jean-Georges Kugler est particulièrement bien habillée et n’est pas en tenue traditionnelle alsacienne, un signe que les femmes s’émancipent peu à peu des codes traditionnels (port d’un foulard sur la tête, port de vêtements qui cachent les jambes et les avant bras).
La maison filmée, située à proximité de Ribeauvillé, est bien entretenue. Cela est perceptibles dans la propreté de l’escalier et que la famille vit dans l’aisance financière.  Précisons que nous sommes en plein dans la période dite des « Trentes Glorieuses ».  Dans le monde occidental, la qualité de vie augmente, l’essence n’est pas cher et le pouvoir d’achat des travailleurs augmente. En effet, la plupart des alsaciens commencent à profiter de cet essor économique pour devenir propriétaires d’une voiture1. Notons que plus d’une famille sur deux est équipée d’un véhicule en 19622.
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La maison filmée, située à proximité de Ribeauvillé, est bien entretenue. Cela est perceptibles dans la propreté de l’escalier et que la famille vit dans l’aisance financière.  Précisons que nous sommes en plein dans la période dite des « Trente Glorieuses ».  Dans le monde occidental, la qualité de vie augmente, l’essence n’est pas cher et le pouvoir d’achat des travailleurs augmente. En effet, la plupart des alsaciens commencent à profiter de cet essor économique pour devenir propriétaires d’une voiture<ref>WACKERMANN (Gabriel), Les vacances des familles alsaciennes, analyse du comportement et des aspirations de la population d’une région de programme, Conférence Régionale des Unions Départementales d'Associations Familiales (Alsace), Strasbourg, 1968. p.29-30</ref>. Notons que plus d’une famille sur deux est équipée d’un véhicule en 1962<ref>Idem.</ref>.
Le film nous montre un changement de comportement, les nouvelles générations sont plus qualifiées et ont un travail mieux rémunéré. En conséquence, ils pratiquent de plus en plus de loisirs durant leur congés car ils ont soif de s’évader3.
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Le film nous montre un changement de comportement, les nouvelles générations sont plus qualifiées et ont un travail mieux rémunéré. En conséquence, ils pratiquent de plus en plus de loisirs durant leur congés car ils ont soif de s’évader<ref>WACKERMANN (Gabriel), Les vacances des familles alsaciennes, analyse du comportement et des aspirations de la population d’une région de programme, Conférence Régionale des Unions Départementales d'Associations Familiales (Alsace), Strasbourg, 1968. p.153-154</ref>.
  
== Redynamisation du Haut-Rhin ==
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== Redynamisation d'un village: Vogelgrun ==
  
Étonnament, le réalisateur ne filme pas la centrale hydroélectrique de Vogelgrun. Pourtant, il est  important de citer cette centrale car elle permet de redynamiser le village. En effet, entre 1870 et 1962, l’occupation du village de Vogelgrun est déclinante. Chaque conflits, que ce soit la guerre franco-prussienne de 1870-1871, la Première Guerre Mondiale ou la Deuxième Guerre Mondiale provoquent chacune une baisse de la population locale. L’implantation d’une centrale électrique à Vogelgrun permet d’accroître progressivement la population du village4
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Étonnamment, le réalisateur ne filme pas la centrale hydroélectrique de Vogelgrun. Pourtant, il est  important de citer cette centrale car elle permet de redynamiser le village. En effet, entre 1870 et 1962, l’occupation du village de Vogelgrun est déclinante. Chaque conflits, que ce soit la guerre franco-prussienne de 1870-1871, la Première Guerre Mondiale ou la Deuxième Guerre Mondiale provoquent chacune une baisse de la population locale. L’implantation d’une centrale électrique à Vogelgrun permet d’accroître progressivement la population du village<ref>Collectif, Centenaire de la Chambre de commerce et d'industrie de Colmar : 1870-1970, Imprimerie Alsatia, Colmar, 1970.</ref>.
La population du village augmente significativement lors de la construction du barrage hydraulique de 1959. Ici, le film montre que le chantier du pont de Vogelgrun est fini et que le pont est tout neuf. Il est ouvert à la circulation depuis trois ans. Le chantier de ce barrage et la dynamisation de la zone industrielle portuaire de Neuf-Brisach permettent d’augmenter la population du village entre 1959 à 1975. Plus de 240 personnes choisissent de s’installer dans le village entre 1962 et 1975. Il faut noter que la région de Colmar est en pleine industrialisation. En effet, le port de Colmar est construit à proximité de Vogelgrun durant les années 1950-1960 et il permet d’augmenter l’attractivité du territoire sur le plan économique5 6.
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La population du village augmente significativement lors de la construction du barrage hydraulique de 1959. Ici, le film montre que le chantier du pont de Vogelgrun est fini et que le pont est tout neuf. Il est ouvert à la circulation depuis trois ans. Le chantier de ce barrage et la dynamisation de la zone industrielle portuaire de Neuf-Brisach permettent d’augmenter la population du village entre 1959 à 1975. Plus de 240 personnes choisissent de s’installer dans le village entre 1962 et 1975. Il faut noter que la région de Colmar est en pleine industrialisation. En effet, le port de Colmar est construit à proximité de Vogelgrun durant les années 1950-1960 et il permet d’augmenter l’attractivité du territoire sur le plan économique<ref>DESCOMBES (René), ROBINEAU (Guy), L’aménagement du Rhin à val de Strasbourg et la chute de Gambsheim, Service de la navigation de Strasbourg, Strasbourg, 1976. p.15-19</ref> <ref>Deutsch-Französischer Historikerkomitees (2016 ; Düsseldorf) : Tagung,Der Rhein : eine politische Landschaft zwischen Deutschland und Frankreich 1815 bis heute : Tagung des Deutsch-Französischen Historikerkomitees Düsseldorf, 29. September bis 1. Oktober 2016 = Le Rhin : un espace partagé entre la France et l'Allemagne de 1815 à nos jours, Hélène Miard-Delacroix, Stuttgart, 2018. p.206-210</ref>.
 
Une des séquences du film (00:01:29) nous montre que le passage à la frontière est aisé malgré les contrôles. Nous pouvons penser qu’ il y a de longues files d’attentes a cause des frontières,mais le film montre le contraire. Le douanier français fait simplement une vérification des papiers du véhicule. Notons qu’aujourd’hui, les contrôles frontaliers sont plus rares du fait de la mise en place des accords Schengen en 1995.
 
Une des séquences du film (00:01:29) nous montre que le passage à la frontière est aisé malgré les contrôles. Nous pouvons penser qu’ il y a de longues files d’attentes a cause des frontières,mais le film montre le contraire. Le douanier français fait simplement une vérification des papiers du véhicule. Notons qu’aujourd’hui, les contrôles frontaliers sont plus rares du fait de la mise en place des accords Schengen en 1995.
  
 
== Un nouveau pont ==
 
== Un nouveau pont ==
  
  Si Jean-George Kugler filme le passage du pont, ce n’est pas un hasard : il vient tout juste d’être reconstruit en 1961.En effet, comme à Strasbourg, avant la guerre, le pont de Brisach permettait le passage des véhicules et des trains. Il fut détruit deux fois entre 1939 et 1945. Ce sont les français qui le détruisirent la première fois et  les Allemands la seconde fois. Sa reconstruction est réalisée en 1960-1961 uniquement pour le passage des véhicules7.
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  Si Jean-George Kugler filme le passage du pont, ce n’est pas un hasard : il vient tout juste d’être reconstruit en 1961.En effet, comme à Strasbourg, avant la guerre, le pont de Brisach permettait le passage des véhicules et des trains. Il fut détruit deux fois entre 1939 et 1945. Ce sont les français qui le détruisirent la première fois et  les Allemands la seconde fois. Sa reconstruction est réalisée en 1960-1961 uniquement pour le passage des véhicules<ref>Wahner, Joseph (1964): Straßenbrücke über den Rhein bei Neuenburg und Breisach (I). In: Bauingenieur, v. 39, n. 7 (juillet 1964), pp. 255-262.  et Wahner, Joseph (1964): Straßenbrücke über den Rhein bei Neuenburg und Breisach (II). In: Bauingenieur, v. 39, n. 8 (août 1964), pp. 293-302.</ref>.
 
Le douanier allemand filmé fait exactement la même chose que son homologue français ; il regarde seulement les papiers de la voiture. Pourtant, une chose n’est pas montré malgré son importance. Il s’agit de la vérification du capot car lors d’un passage de frontière, tout devait être déclaré même les denrées alimentaires. Si un objet non déclaré était trouvé, il était confisqué ou bien une taxe devait être payée de suite comme aujourd’hui pour certains produits en cas de contrôle.
 
Le douanier allemand filmé fait exactement la même chose que son homologue français ; il regarde seulement les papiers de la voiture. Pourtant, une chose n’est pas montré malgré son importance. Il s’agit de la vérification du capot car lors d’un passage de frontière, tout devait être déclaré même les denrées alimentaires. Si un objet non déclaré était trouvé, il était confisqué ou bien une taxe devait être payée de suite comme aujourd’hui pour certains produits en cas de contrôle.
L’ouvrage métallique du pont présent dans le film est de la même facture que le pont actuel de Chalampé construit en 19568.
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L’ouvrage métallique du pont présent dans le film est de la même facture que le pont actuel de Chalampé construit en 1956<ref> D’après des données contenues dans les archives départementales du Haut-Rhin cote ADHR 9Fi465</ref>.
Rappelons que cet ouvrage remplace le pont provisoire en bois construit après la guerre afin de pouvoir faire le transport des soldats dans l’Allemagne vaincue9. Cet ouvrage est réalisé afin de désenclaver le territoire haut-rhinois. Durant les années 1950-1970, une industrialisation de la rive française s’opère. Cela est du à l’ouverture du port de Colmar dans les années 1960 et à l’installation de plusieurs centrâles électriques à Ottmarsheim en 1952, à Fessenheim en 1956 et à Vogelgrun en 195710. En 1971, l’État décide avec Électricité de France de construire deux réacteurs nucléaires. Pour une partie de la population locale, c’est une opportunité pour développer économiquement le territoire, pour d’autres, il s’agit d’une menace pour la biodiversité franco-allemande. Au final, les deux réacteurs sont construits et ils sont inaugurés en 197811.
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Rappelons que cet ouvrage remplace le pont provisoire en bois construit après la guerre afin de pouvoir faire le transport des soldats dans l’Allemagne vaincue<ref> http://www.archives.haut-rhin.fr/Histoire-de-l-Alsace/p134/Reconstruction-du-pont-de-Chalampe</ref>. Cet ouvrage est réalisé afin de désenclaver le territoire haut-rhinois. Durant les années 1950-1970, une industrialisation de la rive française s’opère. Cela est du à l’ouverture du port de Colmar dans les années 1960 et à l’installation de plusieurs centrales électriques à Ottmarsheim en 1952, à Fessenheim en 1956 et à Vogelgrun en 1957<ref>DESCOMBES (René), ROBINEAU (Guy), L’aménagement du Rhin à val de Strasbourg et la chute de Gambsheim, Service de la navigation de Strasbourg, Strasbourg, 1976.</ref>. En 1971, l’État décide avec Électricité de France de construire deux réacteurs nucléaires. Pour une partie de la population locale, c’est une opportunité pour développer économiquement le territoire, pour d’autres, il s’agit d’une menace pour la biodiversité franco-allemande. Au final, les deux réacteurs sont construits et ils sont inaugurés en 1978<ref>JUNOD (Patrick) , ROTHAN (Roger), Le Rhin supérieur : la rencontre entre le génie civil et le génie écologique, Éditions R. Hirlé, Strasbourg, 1996.  </ref>.
En 2003, la circulation du pont s’élève à environ 150 000 véhicules par jour12. Actuellement, les femmes et les hommes politiques du conseil départemental du Haut-Rhin réfléchissent avec leur homologues allemand du Land du Bade-Wurtemberg sur le rétablissement de la ligne ferroviaire Colmar-Freiburg13.
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En 2003, la circulation du pont s’élève à environ 150 000 véhicules par jour<ref> D’après une étude émanant de la ville de Freiburg : Straßenverkehrszählungen 2003 im Oberrheingebiet, Regierungspräsidium Freiburg</ref>. Actuellement, les femmes et les hommes politiques du conseil départemental du Haut-Rhin réfléchissent avec leur homologues allemand du Land du Bade-Wurtemberg sur le rétablissement de la ligne ferroviaire Colmar-Freiburg<ref> https://www.dna.fr/economie/2019/04/05/ligne-colmar-fribourg-objectif-2026-2027</ref>.
 
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Version du 7 décembre 2019 à 11:57


[1] Avertissement[2]

Résumé


Ce film est produit par Jean-Georges Kugler en 1962. Il est en couleur et muet. Il s’agit d’un départ en vacances. Il filme sa femme et sa fille durant les derniers préparatifs du voyage. Peu avant le passage de la frontière, il filme des panneaux étant sur le barrage de Vogelgrun puis il filme de loin le village de Vieux-Brisach. Jean-Georges Kugler est filmé se faisant contrôler par un gendarme français puis sa femme filme le passage du Rhin. Sa femme filme l’arrivée en Allemagne et le contrôle du véhicule par un douanier allemand.

Description


[00:00:00]Amorce vide [00:00:03] Départ en vacances, une femme ferme la porte d’une maison, son bras droit est chargé d’habits, à des chaussures à talons blanches, très beau temps ; [00:00:11] La femme descend d’un escalier, elle abaisse rapidement son épaule droite, elle est souriante et regarde indirectement la caméra, celle-ci suit horizontalement sa marche de gauche à droite, en arrière plan, les volets de la maison sont fermés ; [00:00:17] Travelling rapide gauche-droite horizontal sur une Renault Dauphine bleue turquoise ayant le capot ouvert, la femme descends d’un deuxième escalier, la caméra filme la scène en léger contre plongée, elle remet son tee-shirt dans son pantalon ; [00:00:21] Plan en contre-plongée la femme qui range les derniers habits dans le capot, des cartons sont présents pour protéger les denrées alimentaires des rayons du soleil ; [00:00:28] Plan moyen fixe de courte durée sur la voiture, à l’intérieur une fille prends place à l’arrière, le cameraman élève légèrement sa caméra pour montrer les affaires rangées sur le toit de la voiture ; [00:00:33] Plan large fixe très court sur un coin de la maison et des arbres, en arrière plan il y a la vue sur une montagne des Vosges, un des châteaux de Ribeauvillé est visible, le cameraman abaisse la caméra pour remontrer le contenu présent dans le capot de la Renault Dauphine, la femme le ferme ; [00:00:39] La femme salue la caméra, s’apprête à entrer dans la voiture, re-salue le réalisateur, entre dans la voiture, ferme la porte puis s’installe ; [00:00:49] Plan fixe du conducteur qui salue le cameraman par sa main gauche sortant de la fenêtre, voiture qui part, poussière provoquée par le passage de la voiture ; [00:00 :59] Plan fixe sur le Rhin puis travelling gauche-droite s’arrêtant sur la vue de Vieux Brisach, plusieurs bornes sont présentes et panoramique horizontal gauche-droite sur les panneaux « Pont du Rhin » et « direction Fribourg », sur ce plan il y a aussi un panneau différent marqué « EDF Aménagement de Vogelgrun – Sortie de Chantier - Merci » [00:01:06] Plan fixe sur le conducteur contrôlé par un douanier français, toit de la voiture visible ; [00:01:11] Cameraman dans la voiture qui filme l’entrée de la voiture sur le pont métallique de Vogelgrun ; [00:01:15] Passage de la voiture sur le pont qui permet de franchir le Rhin, arcades visibles furtivement car il s’agir d’un plan fixe de la butte et de l’église de Vieux Brisach, [00:01:18] Cameraman dans la voiture qui filme la sortie du pont, contre plongée sur les arcades métalliques ; [00:01:24] Plan sur un panneau signifiant l’entrée en territoire allemand, plan sur le panneau « Zoll-Douane » ; [00:01:29] Plan fixe sur le conducteur qui se fait contrôler par un douanier allemand, il tient les papiers du véhicule dans sa main gauche ; [00:01:37] Plan fixe sur l’arrière d’un véhicule possédé par la Radio-Lauber, immatriculation et logos DAS et la lettre D sont bien visibles, travelling en diagonale bas-haut droite-gauche lent permettant de voir, plusieurs voitures et les lignes de tram de Fribourg, apparemment, il y a un bouchon

Métadonnées

N° support :  0075FH0018
Date :  1962
Coloration :  Couleur
Son :  Muet
Durée :  00:01:00
Cinéastes :  Kugler, Jean-Georges
Format original :  8 mm
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Tourisme transfrontalier
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


Les années 1960 ou l’essor des loisirs transfrontaliers

En 1960, les voyages effectués en voiture se multiplient car la voiture se démocratise. En effet, une classe moyenne émerge et il y a l’avènement de la société de consommation. La Renault Dauphine produite entre 1956 et 1967 en est l’archétype. Posséder une voiture est le signe pour un individu que sa qualité de vie est meilleure et qu’il a la liberté d’aller selon ses envies. Ce film permet de bien analyser l’augmentation du niveau de vie. La voiture est pleine d’affaires, elles sont cachées par un carton. La femme de Jean-Georges Kugler est particulièrement bien habillée et n’est pas en tenue traditionnelle alsacienne, un signe que les femmes s’émancipent peu à peu des codes traditionnels (port d’un foulard sur la tête, port de vêtements qui cachent les jambes et les avant bras). La maison filmée, située à proximité de Ribeauvillé, est bien entretenue. Cela est perceptibles dans la propreté de l’escalier et que la famille vit dans l’aisance financière. Précisons que nous sommes en plein dans la période dite des « Trente Glorieuses ». Dans le monde occidental, la qualité de vie augmente, l’essence n’est pas cher et le pouvoir d’achat des travailleurs augmente. En effet, la plupart des alsaciens commencent à profiter de cet essor économique pour devenir propriétaires d’une voiture[3]. Notons que plus d’une famille sur deux est équipée d’un véhicule en 1962[4]. Le film nous montre un changement de comportement, les nouvelles générations sont plus qualifiées et ont un travail mieux rémunéré. En conséquence, ils pratiquent de plus en plus de loisirs durant leur congés car ils ont soif de s’évader[5].

Redynamisation d'un village: Vogelgrun

Étonnamment, le réalisateur ne filme pas la centrale hydroélectrique de Vogelgrun. Pourtant, il est important de citer cette centrale car elle permet de redynamiser le village. En effet, entre 1870 et 1962, l’occupation du village de Vogelgrun est déclinante. Chaque conflits, que ce soit la guerre franco-prussienne de 1870-1871, la Première Guerre Mondiale ou la Deuxième Guerre Mondiale provoquent chacune une baisse de la population locale. L’implantation d’une centrale électrique à Vogelgrun permet d’accroître progressivement la population du village[6]. La population du village augmente significativement lors de la construction du barrage hydraulique de 1959. Ici, le film montre que le chantier du pont de Vogelgrun est fini et que le pont est tout neuf. Il est ouvert à la circulation depuis trois ans. Le chantier de ce barrage et la dynamisation de la zone industrielle portuaire de Neuf-Brisach permettent d’augmenter la population du village entre 1959 à 1975. Plus de 240 personnes choisissent de s’installer dans le village entre 1962 et 1975. Il faut noter que la région de Colmar est en pleine industrialisation. En effet, le port de Colmar est construit à proximité de Vogelgrun durant les années 1950-1960 et il permet d’augmenter l’attractivité du territoire sur le plan économique[7] [8]. Une des séquences du film (00:01:29) nous montre que le passage à la frontière est aisé malgré les contrôles. Nous pouvons penser qu’ il y a de longues files d’attentes a cause des frontières,mais le film montre le contraire. Le douanier français fait simplement une vérification des papiers du véhicule. Notons qu’aujourd’hui, les contrôles frontaliers sont plus rares du fait de la mise en place des accords Schengen en 1995.

Un nouveau pont

Si Jean-George Kugler filme le passage du pont, ce n’est pas un hasard : il vient tout juste d’être reconstruit en 1961.En effet, comme à Strasbourg, avant la guerre, le pont de Brisach permettait le passage des véhicules et des trains. Il fut détruit deux fois entre 1939 et 1945. Ce sont les français qui le détruisirent la première fois et  les Allemands la seconde fois. Sa reconstruction est réalisée en 1960-1961 uniquement pour le passage des véhicules[9].

Le douanier allemand filmé fait exactement la même chose que son homologue français ; il regarde seulement les papiers de la voiture. Pourtant, une chose n’est pas montré malgré son importance. Il s’agit de la vérification du capot car lors d’un passage de frontière, tout devait être déclaré même les denrées alimentaires. Si un objet non déclaré était trouvé, il était confisqué ou bien une taxe devait être payée de suite comme aujourd’hui pour certains produits en cas de contrôle. L’ouvrage métallique du pont présent dans le film est de la même facture que le pont actuel de Chalampé construit en 1956[10]. Rappelons que cet ouvrage remplace le pont provisoire en bois construit après la guerre afin de pouvoir faire le transport des soldats dans l’Allemagne vaincue[11]. Cet ouvrage est réalisé afin de désenclaver le territoire haut-rhinois. Durant les années 1950-1970, une industrialisation de la rive française s’opère. Cela est du à l’ouverture du port de Colmar dans les années 1960 et à l’installation de plusieurs centrales électriques à Ottmarsheim en 1952, à Fessenheim en 1956 et à Vogelgrun en 1957[12]. En 1971, l’État décide avec Électricité de France de construire deux réacteurs nucléaires. Pour une partie de la population locale, c’est une opportunité pour développer économiquement le territoire, pour d’autres, il s’agit d’une menace pour la biodiversité franco-allemande. Au final, les deux réacteurs sont construits et ils sont inaugurés en 1978[13].

En 2003, la circulation du pont s’élève à environ 150 000 véhicules par jour[14]. Actuellement, les femmes et les hommes politiques du conseil départemental du Haut-Rhin réfléchissent avec leur homologues allemand du Land du Bade-Wurtemberg sur le rétablissement de la ligne ferroviaire Colmar-Freiburg[15].

Personnages identifiés


Jean-Georges Kugler; sa femme; sa fille

Lieux ou monuments


Vosges, pont de Vogelgrun, Fribourg en Brisgau


Article rédigé par

Camille Schorn, 07 novembre 2019


  1. En tant que partie d'une production amateur, cette séquence n'a pas reçu de titre de son réalisateur. Le titre affiché sur cette fiche a été librement forgé par son auteur dans le but de refléter au mieux son contenu.
  2. Cette fiche est en cours de rédaction. À ce titre elle peut être inachevée et contenir des erreurs.
  3. WACKERMANN (Gabriel), Les vacances des familles alsaciennes, analyse du comportement et des aspirations de la population d’une région de programme, Conférence Régionale des Unions Départementales d'Associations Familiales (Alsace), Strasbourg, 1968. p.29-30
  4. Idem.
  5. WACKERMANN (Gabriel), Les vacances des familles alsaciennes, analyse du comportement et des aspirations de la population d’une région de programme, Conférence Régionale des Unions Départementales d'Associations Familiales (Alsace), Strasbourg, 1968. p.153-154
  6. Collectif, Centenaire de la Chambre de commerce et d'industrie de Colmar : 1870-1970, Imprimerie Alsatia, Colmar, 1970.
  7. DESCOMBES (René), ROBINEAU (Guy), L’aménagement du Rhin à val de Strasbourg et la chute de Gambsheim, Service de la navigation de Strasbourg, Strasbourg, 1976. p.15-19
  8. Deutsch-Französischer Historikerkomitees (2016 ; Düsseldorf) : Tagung,Der Rhein : eine politische Landschaft zwischen Deutschland und Frankreich 1815 bis heute : Tagung des Deutsch-Französischen Historikerkomitees Düsseldorf, 29. September bis 1. Oktober 2016 = Le Rhin : un espace partagé entre la France et l'Allemagne de 1815 à nos jours, Hélène Miard-Delacroix, Stuttgart, 2018. p.206-210
  9. Wahner, Joseph (1964): Straßenbrücke über den Rhein bei Neuenburg und Breisach (I). In: Bauingenieur, v. 39, n. 7 (juillet 1964), pp. 255-262. et Wahner, Joseph (1964): Straßenbrücke über den Rhein bei Neuenburg und Breisach (II). In: Bauingenieur, v. 39, n. 8 (août 1964), pp. 293-302.
  10. D’après des données contenues dans les archives départementales du Haut-Rhin cote ADHR 9Fi465
  11. http://www.archives.haut-rhin.fr/Histoire-de-l-Alsace/p134/Reconstruction-du-pont-de-Chalampe
  12. DESCOMBES (René), ROBINEAU (Guy), L’aménagement du Rhin à val de Strasbourg et la chute de Gambsheim, Service de la navigation de Strasbourg, Strasbourg, 1976.
  13. JUNOD (Patrick) , ROTHAN (Roger), Le Rhin supérieur : la rencontre entre le génie civil et le génie écologique, Éditions R. Hirlé, Strasbourg, 1996.
  14. D’après une étude émanant de la ville de Freiburg : Straßenverkehrszählungen 2003 im Oberrheingebiet, Regierungspräsidium Freiburg
  15. https://www.dna.fr/economie/2019/04/05/ligne-colmar-fribourg-objectif-2026-2027