Procès des dirigeants autonomistes à Colmar (0026FN0001)

Résumé


Les chefs autonomistes sont accusés de complot contre la sûreté de l'État et sont jugés à Colmar

Description


Un court film devant le tribunal de Colmar

Métadonnées

N° support :  0026FN0001
Date :  mai 1928
Coloration :  Noir et blanc
Son :  Muet
Durée :  00:00:04
Cinéastes :  Spindler, Paul
Format original :  9,5 mm
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Frontières, Guerre, Identité
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


Ce film pris sur les marches du tribunal de Colmar est relativement court. Il est court pour une simple raison, filmé un procès est illégal et l'auteur ne voulait pas être poursuivi lui aussi par la justice. La foule semble relativement calme, toute manifestation dans le cadre d'une accusation de complot contre la sûreté de l'État mettrait en cause les manifestants et serait probablement contre-productif pour les accusés.

Le mouvement autonomiste alsacien débute après 1870, des Alsaciens se présentent aux élections législatives de 1877 du Reich avec comme objectif dé d'être traité comme les autres États allemands. Le Reich est méfiant envers l'Alsace du fait de sa potentielle double loyauté mais il lui est accordés des nouveaux droits, une assemblée consultative régionale en 1879 et une assemblée législative régionale (Lantag) en 1911. L'Alsace reste une terre du Reich et non un État mais c'est nouveau droit calment les plus radicaux. L'affaire de Saverne provoque une montée d'un sentiment autonomiste mais la situation change radicalement avec la fin de la Première Guerre mondiale et le rattachement à la France. La politique pour refranciser la région avec des fonctionnaires venus de la France « de l'intérieur » entraîne un déclassement social et la naissance de tensions nouvelles. La situation reste relativement calme jusqu'en 1924 et l'arrivée au pouvoir du Cartel des Gauches. Édouard Herriot a alors pour projet de mettre fin au statut scolaire confessionnel dans la région, Catholique et Protestants font front commun contre le projet et une manifestation monstre qui aurait réuni jusqu'à 50 000 personnes est organisée place Kléber. Les quotidiens autonomistes se multiplient telle la Die Zukunft (L'Avenir). Le Parti autonomiste, Landespartei est créé en novembre 1927 par Karl Roos. C'est dans ce contexte de développement des mouvements autonomistes que naît un climat de suspicion. Accusés de complot contre la sûreté de l’État les principaux leaders autonomistes sont jugés du 1er au 24 mai 1928.

Les accusés sont au nombre de 22

1. Ricklin Georges-Eugène, âgé de 65 ans 2. Hauss René-Charles, âgé de 32 ans 3. Schall Paul-Joseph, âgé de 29 ans 4. Fashauer Joseph-Aloïse, âgé de 47 ans 5. Rosse Joseph-Viktor, âgé de 35 ans 6. Schlagel Emile-René, âgé de 34 ans 7. Baumann Charles-Xavier, âgé de 32 ans 8. Kohler Joseph-Eugène, âgé de 37 ans 9. Wurtz Jean-Eugène, âgé de 36 ans 10. Heil Charles-Philippe, âgé de 47 ans 11. Reisacher Henri-Gustave, âgé de 45 ans 12. Eggeman Eugènie-Marguerite-Agnès, femme Fashauer, âgé de 32 ans 13. Solveen Henri-Frédéric-Hermann, âgé de 32 ans 14. Sturmel Marcel-René, âgé de 27 ans 15. Schweitzer Frédéric-Charles, âgé de 29 ans 16. Roos Philippe-Charles, âgé de 49 ans 17. Ernst Robert-Frédéric, âgé de 31 ans 18. Schmidlin Joseph-Auguste, âgé de 52 ans 19. Ley René-César-Eugène-Alexandre, âgé de 39 ans 20. Pinck Pierre-Emile, âgé de 56 ans 21. Hirtzel Auguste-Frédéric, âgé de 43 ans 22. Zadoc Eugène, âgé de 33 ans

Le procès aboutit par la condamnation de deux hommes qui seront ensuite acquittés, Ricklin et Roos. Charles Philippe Roos ou Karl Roos sera fusillé durant la Seconde Guerre mondiale pour espionnage au profit des Allemands et devient un symbole de propagande pour le troisième Reich. Le gouvernement débaptise ainsi la place Kléber pour la nommer place Karl Roos. À la libération, son cercueil est jeté de la tour du Hunebourg par des villageois alsaciens.