Procession Fête-Dieu à la Meinau(0021FN0003) : Différence entre versions

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|Contexte_et_analyse_fr=La Fête Dieu, aussi appelée Fête du Saint-Sacrement, est une fête religieuse essentiellement catholique, fériée dans certains pays, célébrée le jeudi qui suit la Trinité, soixante jours après Pâques, ou le dimanche d’après comme en France. Cette fête commémore la présence réelle de Jésus-Christ dans le sacrement de l’Eucharistie, c’est-à-dire sous les espèces (apparences sensibles) du pain et du vin consacrés.
 
|Contexte_et_analyse_fr=La Fête Dieu, aussi appelée Fête du Saint-Sacrement, est une fête religieuse essentiellement catholique, fériée dans certains pays, célébrée le jeudi qui suit la Trinité, soixante jours après Pâques, ou le dimanche d’après comme en France. Cette fête commémore la présence réelle de Jésus-Christ dans le sacrement de l’Eucharistie, c’est-à-dire sous les espèces (apparences sensibles) du pain et du vin consacrés.
  
Les origines de la Fête du Corps et du Sang du Christ remontent au XIIe siècle. L’élévation de l’hostie, lors de la messe, manifestait déjà le désir de contempler le Saint-Sacrement. Des fêtes ont lieu à Liège dès le début du XIIIe siècle. Un miracle a lieu en 1263 en Italie, à Bolsena : lors d’une messe, l’hostie aurait pris une couleur rosée et des gouttes de sang tachèrent le corporal. C’est suite à ce miracle que cette fête fut instituée officiellement le 8 septembre 1264 par le pape Urbain IV, ancien archidiacre de Liège, après une impulsion de la recluse Eve de Liège. Son institution est aussi un moyen d’orienter le débat théologique commencé par Bérenger de Tours qui, au XIe siècle, niait la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie. La bulle énonce qu’«il est juste néanmoins, pour confondre la folie de certains hérétiques», et pour «renforcer la foi catholique» de célébrer le Saint-Sacrement. Durant ce même siècle, plusieurs grandes figures mettent en avant la place de l’Eucharistie : Saint-François d’Assise, Sainte Claire, Saint Thomas d’Aquin. La bulle n’est appliquée uniformément qu’à partir du concile de Vienne (France) de 1311-1312, sous Clément V, et la procession festive est prévue par son successeur Jean XXII. La Fête Dieu est mentionnée à Colmar dès 1309 d’après un inventaire, même si les dominicains ne l’intègrent dans leur liturgie qu’en 1321. Il y a de plus nombreuses sources pour le XVe siècle, et un document de 1556 en décrit le rituel. Le jeudi il y a une messe dès 4h30, la procession commence à 7h, avec des habits spécifiques, un ordre de défilé, tracé bien défini, puis une grande messe au retour à l’église. Le dimanche de l’octave donne lieu à une procession durant laquelle les cloches sonnent. Parmi les ornements utilisés, des roseaux, des fleurs, des couronnes. Les corporations défilent avec leurs cierges, on met des vêtements luxueux, on sort des bannières, tableaux, crucifix. Le concile de Trente (1547-1563) justifie à son tour la présence de cette fête et son faste : il faut «que la vérité victorieuse triomphe du mensonge et de l’hérésie» (la Réforme avait fortement remis en cause la transsubstantiation) ; par ailleurs il est juste que lors de certains jours, les chrétiens «témoignent de leur gratitude et dévot souvenir envers le commun Seigneur et Rédempteur». Il y a donc un double objectif d’affirmation d’une doctrine et de mémoire et célébration de Jésus.
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Les origines de la Fête du Corps et du Sang du Christ remontent au XIIe siècle. L’élévation de l’hostie, lors de la messe, manifestait déjà le désir de contempler le Saint-Sacrement. Des fêtes ont lieu à Liège dès le début du XIIIe siècle. Un miracle a lieu en 1263 en Italie, à Bolsena : lors d’une messe, l’hostie aurait pris une couleur rosée et des gouttes de sang tachèrent le corporal. C’est suite à ce miracle que cette fête fut instituée officiellement le 8 septembre 1264 par le pape Urbain IV, ancien archidiacre de Liège, après une impulsion de la recluse Eve de Liège. Son institution est aussi un moyen d’orienter le débat théologique commencé par Bérenger de Tours qui, au XIe siècle, niait la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie. Le concile de Trente (1547-1563) justifie à son tour la présence de cette fête et son faste : il faut «que la vérité victorieuse triomphe du mensonge et de l’hérésie» (la Réforme avait fortement remis en cause la transsubstantiation) ; par ailleurs il est juste que lors de certains jours, les chrétiens «témoignent de leur gratitude et dévot souvenir envers le commun Seigneur et Rédempteur». Il y a donc un double objectif d’affirmation d’une doctrine et de mémoire et célébration de Jésus.
  
 
Comment la fête se déroule-t-elle concrètement ? Dès l’aube, les fidèles sont mobilisés pour participer à l’ornement des autels (au nombre de 4 généralement). Puis les paroissiens participent dans leur quasi-totalité à la célébration, ainsi que toutes les forces vives de la commune : l’orchestre d’harmonie local, la chorale, les pompiers, le conseil municipal et les notables locaux, le conseil de fabrique. On aperçoit tout ce beau monde, notamment sur le plan final. Cela donne un aspect populaire, unificateur, à cette fête considérée comme un des sommets de l’année liturgique, et un ravissement pour tous par la décoration abondante. Selon les rédacteurs de l’ouvrage historique sur Geispolsheim (éd.Coprur, 1999), il s’agit d’une «profession de foi de tout un peuple en liesse, un témoignage communautaire de l’attachement de la population à Jésus-Christ présent dans le saint sacrement».  
 
Comment la fête se déroule-t-elle concrètement ? Dès l’aube, les fidèles sont mobilisés pour participer à l’ornement des autels (au nombre de 4 généralement). Puis les paroissiens participent dans leur quasi-totalité à la célébration, ainsi que toutes les forces vives de la commune : l’orchestre d’harmonie local, la chorale, les pompiers, le conseil municipal et les notables locaux, le conseil de fabrique. On aperçoit tout ce beau monde, notamment sur le plan final. Cela donne un aspect populaire, unificateur, à cette fête considérée comme un des sommets de l’année liturgique, et un ravissement pour tous par la décoration abondante. Selon les rédacteurs de l’ouvrage historique sur Geispolsheim (éd.Coprur, 1999), il s’agit d’une «profession de foi de tout un peuple en liesse, un témoignage communautaire de l’attachement de la population à Jésus-Christ présent dans le saint sacrement».  
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Pendant la procession, le prêtre porte l’Eucharistie dans un ostensoir au milieu des rues et des places qui étaient autrefois richement pavoisée de draperies et de guirlandes. On abrite le Saint-Sacrement sous un dais porté par des notables. C’est donc une fête où Dieu se fait visible, il va au contact de la foule par l’exposition de sa chair et de son sang. On marche habituellement sur un tapis de pétales de roses que des enfants jettent sur le chemin du Saint-Sacrement. Les rues sont couvertes de fleurs, branches, sable, sciure. Des statues sont portées : celle de Marie, de Sainte Anne, de Saint-Sébastien, parfois aussi le patron du village. La procession est ponctuée par plusieurs arrêts devant des stations où l’on trouve des reposoirs couverts de fleurs, arrêts qui permettent d’exposer le Saint-Sacrement et de bénir la foule, et d’offrir un instant de méditation.  
 
Pendant la procession, le prêtre porte l’Eucharistie dans un ostensoir au milieu des rues et des places qui étaient autrefois richement pavoisée de draperies et de guirlandes. On abrite le Saint-Sacrement sous un dais porté par des notables. C’est donc une fête où Dieu se fait visible, il va au contact de la foule par l’exposition de sa chair et de son sang. On marche habituellement sur un tapis de pétales de roses que des enfants jettent sur le chemin du Saint-Sacrement. Les rues sont couvertes de fleurs, branches, sable, sciure. Des statues sont portées : celle de Marie, de Sainte Anne, de Saint-Sébastien, parfois aussi le patron du village. La procession est ponctuée par plusieurs arrêts devant des stations où l’on trouve des reposoirs couverts de fleurs, arrêts qui permettent d’exposer le Saint-Sacrement et de bénir la foule, et d’offrir un instant de méditation.  
  
De nos jours, la célébration est moins présente dans les villages, du fait de la baisse de fréquentation des offices, et la difficulté ou l’indifférence à organiser un tel événement fait que lorsqu’il est maintenu, le faste et la décoration des rues (tapis de fleurs, motifs en végétaux ou en sciure sur le sol) sont moins présents et systématisés. Néanmoins l’usage se perpétue, voire se renouvelle, en certains lieux, du fait d’une ferveur jamais éteinte, ou du fait de l’impulsion du clergé, de la municipalité ou d’associations. Ainsi en Alsace, Geispolsheim est souvent cité pour sa Fête-Dieu, toujours actuellement, et de longue date : Charles Spindler évoque longuement la Fête-Dieu de Geispolsheim, que «rien n’égale en couleur» et où «il est impossible de n’être pas saisi par la grandeur de ce spectacle».
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De nos jours, la célébration est moins présente dans les villages, du fait de la baisse de fréquentation des offices, et la difficulté ou l’indifférence à organiser un tel événement fait que lorsqu’il est maintenu, le faste et la décoration des rues (tapis de fleurs, motifs en végétaux ou en sciure sur le sol) sont moins présents et systématisés. Néanmoins l’usage se perpétue, voire se renouvelle, en certains lieux, du fait d’une ferveur jamais éteinte, ou du fait de l’impulsion du clergé, de la municipalité ou d’associations.  
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On peut s'étonner de voir une telle célébration de la Fête-Dieu, avec une procession à travers les rues, dans un endroit comme la Meinau, aujourd'hui un quartier très urbanisé de Strasbourg. Mais en 1953, date du tournage du film, la réalité est légèrement différente.  A l’origine, la Meinau était un avant-poste, peu peuplé jusqu’au XVIIIe siècle. Il devient au XIXe siècle un faubourg, et au milieu du XXe siècle il est toujours de taille modeste (moins de 5000 habitants). Ce n'est qu'avec la construction de la cité de la Canardière dès 1957, que le quartier prend une nouvelle dimension et se retrouve au cœur de l’agglomération. Mais donc, en 1953, c’est toujours une petite paroisse, ce qui explique peut-être la persistance d’une procession de la Fête-Dieu, plus aisée dans un quartier périphérique et moins fréquenté. C'est peut-être aussi un moyen de s'affirmer comme une paroisse autonome, ce qui commence à être le cas justement dans les années 1950 avec l'arrivée de l'abbé Vonderscher en 1952, la mise à disposition d'une chapelle annexe par l'Association des parents de scouts (on voit justement des scouts dans la séquence, c'est une période d'essor). De nouveaux édifices (presbytère, foyer, puis église) seront construits dans les années 1960 et 1970.
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Quant au film, il faut signaler l'insistance particulière sur les autels : il s'agit donc avant tout de bien montrer les quatre stations, et donc d'insister sur l’objectif religieux de cette fête. On s'attache aussi à montrer la décoration de ces autels, en souvenir ou comme modèle à suivre désormais. On a voulu montrer les personnalités ecllésiastiques et laïques présentes à cet événement, peut-être pour signifier un renouveau.
 
|Bibliographie=BERTHOLET, Jean, Histoire de l’institution de la Fête-Dieu, Liège, 1746  
 
|Bibliographie=BERTHOLET, Jean, Histoire de l’institution de la Fête-Dieu, Liège, 1746  
  

Version actuelle datée du 11 février 2019 à 16:47

Événements filmés ou en lien


Fête-Dieu; Procession

Résumé


Déroulé de la procession de la Fête-Dieu à la Meinau : le cortège, les stations et autels.

Description


La caméra se déplace pour offrir une succession de plans rapides, pour montrer tous les aspects de la procession : les lieux, les personnes, l’ornement. Il y a un montage parfois peu évident mais on peut estimer que les images montrent une chronologie.

Tout d’abord un plan est fait sur une église. Ensuite on voit ce qui semble être le devant de la procession. Un jeune garçon en costume de servant d’autel porte un crucifix. Derrière lui de jeunes enfants en rang qui semblent précautionneux voire hésitants sur la marche à suivre, certains portent des bannières avec des images dessus.

Le plan suivant montre, derrière des hommes en costume, le grand dais sous lequel le prêtre porte l’ostensoir du Saint Sacrement. Sur le plan suivant la caméra s’est fixée au bord de la route, où l’on revoit passer des hommes en costume avec en fond le grand dais. Un plan rapide montre un autel décoré par plusieurs bouquets de fleurs. Ensuite on voit des jeunes garçons habillés en servants d’autel, avec derrière eux le dais. Puis on voit que l’on s’est arrêté devant un autel : des religieux en chasuble blanche et décorée, l’un portant un livre que semble lire un autre religieux qui tient un pommeau.

On est à nouveau en mouvement : des jeunes enfants marchent, l’un porte un drapeau avec représentant une croix blanche, elle-même ayant une croix en son centre, sans doute le drapeau d'un ordre religieux. Il y a une coupe rapide, puis on voit le dais porté par des religieux en chasuble, l’un porte un pommeau.

Nouvel arrêt devant un autel, personnes agenouillées, bannière représentant le Saint Sacrement et le drapeau avec croix. Reprise de la procession avec à nouveau le jeune garçon en costume de servant d’autel portant un crucifix. Derrière lui de jeunes enfants en rang dont certains portent des bannières. On voit ensuite, sans doute plus loin dans le cortège, des femmes en robe blanche avec voile blanc. Des femmes puis des hommes suivent. Puis des jeunes garçons qui ont ce qui semble être un costume de scout, suivis par des hommes en costume moderne. Plan d’un autel, d’abord vierge, puis après l’arrivée de tout le monde avec les religieux qui s’inclinent. Une nouvelle lecture est faite. Reprise de la procession, caméra davantage proche des individus. Nouveau plan d’un autel, avant et après l’arrivée du cortège, où le Saint Sacrement est montré.

La caméra passe en couleur, montre un autel, de loin puis de près où on voit les décorations de bouquets de roses rouges, blanches. un autre autel est montré, avec insistance sur la statue, sans doute de la Vierge entourée de fleurs blanches. Un 3e autel avec une grande croix et des fleurs. 4e autel avec une statue et des fleurs. Dernier plan est fait sur un religieux qui échange quelques mots, amusé, avec deux hommes en costume moderne. On voit ensuite ce même religieux avec d’autres religieux et plusieurs hommes en costume moderne. On peut estimer qu’on est à la fin de la procession.

Métadonnées

N° support :  0021FN0003
Date :  1953
Coloration :  NB et couleur
Son :  Muet
Durée :  00:01:47
Cinéastes :  Breesé, Emile
Format original :  9,5 mm
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Identité, Traditions, Fêtes et évènements religieux
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


La Fête Dieu, aussi appelée Fête du Saint-Sacrement, est une fête religieuse essentiellement catholique, fériée dans certains pays, célébrée le jeudi qui suit la Trinité, soixante jours après Pâques, ou le dimanche d’après comme en France. Cette fête commémore la présence réelle de Jésus-Christ dans le sacrement de l’Eucharistie, c’est-à-dire sous les espèces (apparences sensibles) du pain et du vin consacrés.

Les origines de la Fête du Corps et du Sang du Christ remontent au XIIe siècle. L’élévation de l’hostie, lors de la messe, manifestait déjà le désir de contempler le Saint-Sacrement. Des fêtes ont lieu à Liège dès le début du XIIIe siècle. Un miracle a lieu en 1263 en Italie, à Bolsena : lors d’une messe, l’hostie aurait pris une couleur rosée et des gouttes de sang tachèrent le corporal. C’est suite à ce miracle que cette fête fut instituée officiellement le 8 septembre 1264 par le pape Urbain IV, ancien archidiacre de Liège, après une impulsion de la recluse Eve de Liège. Son institution est aussi un moyen d’orienter le débat théologique commencé par Bérenger de Tours qui, au XIe siècle, niait la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie. Le concile de Trente (1547-1563) justifie à son tour la présence de cette fête et son faste : il faut «que la vérité victorieuse triomphe du mensonge et de l’hérésie» (la Réforme avait fortement remis en cause la transsubstantiation) ; par ailleurs il est juste que lors de certains jours, les chrétiens «témoignent de leur gratitude et dévot souvenir envers le commun Seigneur et Rédempteur». Il y a donc un double objectif d’affirmation d’une doctrine et de mémoire et célébration de Jésus.

Comment la fête se déroule-t-elle concrètement ? Dès l’aube, les fidèles sont mobilisés pour participer à l’ornement des autels (au nombre de 4 généralement). Puis les paroissiens participent dans leur quasi-totalité à la célébration, ainsi que toutes les forces vives de la commune : l’orchestre d’harmonie local, la chorale, les pompiers, le conseil municipal et les notables locaux, le conseil de fabrique. On aperçoit tout ce beau monde, notamment sur le plan final. Cela donne un aspect populaire, unificateur, à cette fête considérée comme un des sommets de l’année liturgique, et un ravissement pour tous par la décoration abondante. Selon les rédacteurs de l’ouvrage historique sur Geispolsheim (éd.Coprur, 1999), il s’agit d’une «profession de foi de tout un peuple en liesse, un témoignage communautaire de l’attachement de la population à Jésus-Christ présent dans le saint sacrement».

Pendant la procession, le prêtre porte l’Eucharistie dans un ostensoir au milieu des rues et des places qui étaient autrefois richement pavoisée de draperies et de guirlandes. On abrite le Saint-Sacrement sous un dais porté par des notables. C’est donc une fête où Dieu se fait visible, il va au contact de la foule par l’exposition de sa chair et de son sang. On marche habituellement sur un tapis de pétales de roses que des enfants jettent sur le chemin du Saint-Sacrement. Les rues sont couvertes de fleurs, branches, sable, sciure. Des statues sont portées : celle de Marie, de Sainte Anne, de Saint-Sébastien, parfois aussi le patron du village. La procession est ponctuée par plusieurs arrêts devant des stations où l’on trouve des reposoirs couverts de fleurs, arrêts qui permettent d’exposer le Saint-Sacrement et de bénir la foule, et d’offrir un instant de méditation.

De nos jours, la célébration est moins présente dans les villages, du fait de la baisse de fréquentation des offices, et la difficulté ou l’indifférence à organiser un tel événement fait que lorsqu’il est maintenu, le faste et la décoration des rues (tapis de fleurs, motifs en végétaux ou en sciure sur le sol) sont moins présents et systématisés. Néanmoins l’usage se perpétue, voire se renouvelle, en certains lieux, du fait d’une ferveur jamais éteinte, ou du fait de l’impulsion du clergé, de la municipalité ou d’associations.

On peut s'étonner de voir une telle célébration de la Fête-Dieu, avec une procession à travers les rues, dans un endroit comme la Meinau, aujourd'hui un quartier très urbanisé de Strasbourg. Mais en 1953, date du tournage du film, la réalité est légèrement différente. A l’origine, la Meinau était un avant-poste, peu peuplé jusqu’au XVIIIe siècle. Il devient au XIXe siècle un faubourg, et au milieu du XXe siècle il est toujours de taille modeste (moins de 5000 habitants). Ce n'est qu'avec la construction de la cité de la Canardière dès 1957, que le quartier prend une nouvelle dimension et se retrouve au cœur de l’agglomération. Mais donc, en 1953, c’est toujours une petite paroisse, ce qui explique peut-être la persistance d’une procession de la Fête-Dieu, plus aisée dans un quartier périphérique et moins fréquenté. C'est peut-être aussi un moyen de s'affirmer comme une paroisse autonome, ce qui commence à être le cas justement dans les années 1950 avec l'arrivée de l'abbé Vonderscher en 1952, la mise à disposition d'une chapelle annexe par l'Association des parents de scouts (on voit justement des scouts dans la séquence, c'est une période d'essor). De nouveaux édifices (presbytère, foyer, puis église) seront construits dans les années 1960 et 1970.

Quant au film, il faut signaler l'insistance particulière sur les autels : il s'agit donc avant tout de bien montrer les quatre stations, et donc d'insister sur l’objectif religieux de cette fête. On s'attache aussi à montrer la décoration de ces autels, en souvenir ou comme modèle à suivre désormais. On a voulu montrer les personnalités ecllésiastiques et laïques présentes à cet événement, peut-être pour signifier un renouveau.

Bibliographie


BERTHOLET, Jean, Histoire de l’institution de la Fête-Dieu, Liège, 1746

DEBUS KEHR, Monique, « La Fête-Dieu à Colmar à la fin du Moyen Âge », Revue d’Alsace n°141, 2015

SPINDLER, Charles, Ceux d’Alsace, Place Stanislas, 2010 (rééd.)

VAN GENNEP, Arnold, Le folklore français - tome 2. Cycles de mai, de la Saint-Jean, de l’été et de l’automne, Robert Laffont, 1999 (rééd.)

Geispolsheim, Strasbourg, Coprur, 1999

Ostwald, Strasbourg, Coprur, 1999

Buhl, Strasbourg, Coprur, 1998


Article rédigé par

Olivier Wolffer, 04 janvier 2019