Procession Fête-Dieu à Geispolsheim (0020FH0019) : Différence entre versions

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Ainsi en Alsace, Geispolsheim est souvent cité pour sa Fête-Dieu, toujours actuellement, et de longue date : Charles Spindler évoque longuement la Fête-Dieu de Geispolsheim, que «rien n’égale en couleur» et où «il est impossible de n’être pas saisi par la grandeur de ce spectacle». De même, Gilles Pudlowski, dans son Dictionnaire amoureux de l'Alsace, qualifie la fête de "magique".  
 
Ainsi en Alsace, Geispolsheim est souvent cité pour sa Fête-Dieu, toujours actuellement, et de longue date : Charles Spindler évoque longuement la Fête-Dieu de Geispolsheim, que «rien n’égale en couleur» et où «il est impossible de n’être pas saisi par la grandeur de ce spectacle». De même, Gilles Pudlowski, dans son Dictionnaire amoureux de l'Alsace, qualifie la fête de "magique".  
Pourtant, cette vidéo déroge à l’habitude pour la célébration de Geispolsheim d'être citée pour son chatoiement, son éclat, son rayonnement. Ici la vidéo est tout en sobriété, sans prêter attention aux décors. Il s'agit peut-être de mettre en avant l'idée d’un moment rassembleur, solennel et synonyme d’ordre, dans un contexte pesant d'avant-guerre (la vidéo date de 1938). On observe une insistance sur le défilé et l’ordre qui y règne, à travers la succession des différents corps et corporations de la société : jeunes enfants, communiants, conscrits, pompiers, ecclésiastiques, notables, hommes en costume, puis la foule.  
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Pourtant, cette séquence déroge à l’habitude pour la célébration de Geispolsheim d'être citée pour son chatoiement, son éclat, son rayonnement. Ici le film est tout en sobriété, sans prêter attention aux décors. Il s'agit peut-être de mettre en avant l'idée d’un moment rassembleur, solennel et synonyme d’ordre, dans un contexte pesant d'avant-guerre (le film date de 1938). On observe une insistance sur le défilé et l’ordre qui y règne, à travers la succession des différents corps et corporations de la société : jeunes enfants, communiants, conscrits, pompiers, ecclésiastiques, notables, hommes en costume, puis la foule.  
  
 
Il semble que Geispolsheim, dont le développement de l’évangélisation et de la vie paroissiale doit beaucoup, depuis le Moyen-Âge à l’action des évêques de Strasbourg, soit une cité éminemment catholique. Il n'y a pas de temple protestant dans le village, pour ces croyants-là il leur faut aller dans la voisine Graffenstaden. En 1938, le curé (recteur) est Eugène Metz, qui reste longtemps en place, de 1928 à 1965.
 
Il semble que Geispolsheim, dont le développement de l’évangélisation et de la vie paroissiale doit beaucoup, depuis le Moyen-Âge à l’action des évêques de Strasbourg, soit une cité éminemment catholique. Il n'y a pas de temple protestant dans le village, pour ces croyants-là il leur faut aller dans la voisine Graffenstaden. En 1938, le curé (recteur) est Eugène Metz, qui reste longtemps en place, de 1928 à 1965.

Version du 31 janvier 2019 à 14:36

Événements filmés ou en lien


Fête-Dieu; Procession

Résumé


Déroulé de la procession de la Fête-Dieu à Geispolsheim : passage du cortège à travers une rue.

Description


La caméra est peut-être positionnée sur le balcon d’une maison, permettant d’avoir un angle large sur la rue pour suivre la procession. De part et d’autre de la rue, observant la procession, majoritairement des hommes en costume moderne, des femmes, des enfants. Des drapeaux flottent aux maisons.

On voit d’abord passer, encadrée par quelques moniales, une foule de jeunes filles, qui portent un chapeau, et la plupart vêtues de blanc. On peut penser qu’il s’agit de premières communiantes. Au fond, des personnes portent des bannières sur lesquels figurent des croix. Ensuite on voit deux groupes de femmes, qui portent chacun la statue d’un saint. Ces femmes sont entourées de jeunes filles portant un chapeau fleuri et tenant quelque chose en main. Derrière le 2e groupe figurent un groupe de jeunes enfants en aube. Vient ensuite le cortège principal, en rangs. Tout devant se trouve l’orchestre (certainement la musique municipale). On voit ensuite défiler des hommes et des femmes en costume moderne (peut-être une chorale), avec de côté un servant d’autel brandissant une bannière, des pompiers casqués. Au devant des pompiers un homme tient une grande croix entourée d’une couronne végétale. Les pompiers entourent le grand dais sous lequel le prêtre porte l’ostensoir du Saint Sacrement. L’image coupe avant que l’on puisse voir plus nettement le dais, mais on aperçoit plusieurs personnes s’agenouiller et faire le signe de croix à son passage. On voit alors deux files d’hommes en costume moderne qui marchent, laissant le milieu de la route libre, ce qui permet de voir que le sol est décoré tout le long (des motifs, mais on ne sait en quoi, en fleurs, herbe, ou sciure). Un homme porte haut une bannière. Viennent ensuite femmes et enfants, dont plusieurs à vélo. Certains observateurs se mêlent à la foule.

Métadonnées

N° support :  0020FH0019
Date :  1938
Coloration :  Noir et blanc
Son :  Muet
Durée :  00:01:26
Format original :  8 mm
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Identité, Traditions, Fêtes et évènements religieux
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


La Fête Dieu, aussi appelée Fête du Saint-Sacrement, est une fête religieuse essentiellement catholique, fériée dans certains pays, célébrée le jeudi qui suit la Trinité, soixante jours après Pâques, ou le dimanche d’après comme en France. Cette fête commémore la présence réelle de Jésus-Christ dans le sacrement de l’Eucharistie, c’est-à-dire sous les espèces (apparences sensibles) du pain et du vin consacrés.

Les origines de la Fête du Corps et du Sang du Christ remontent au XIIe siècle. L’élévation de l’hostie, lors de la messe, manifestait déjà le désir de contempler le Saint-Sacrement. Des fêtes ont lieu à Liège dès le début du XIIIe siècle. Un miracle a lieu en 1263 en Italie, à Bolsena : lors d’une messe, l’hostie aurait pris une couleur rosée et des gouttes de sang tachèrent le corporal. C’est suite à ce miracle que cette fête fut instituée officiellement le 8 septembre 1264 par le pape Urbain IV, ancien archidiacre de Liège, après une impulsion de la recluse Eve de Liège. Son institution est aussi un moyen d’orienter le débat théologique commencé par Bérenger de Tours qui, au XIe siècle, niait la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie. Le concile de Trente (1547-1563) justifie à son tour la présence de cette fête et son faste : il faut «que la vérité victorieuse triomphe du mensonge et de l’hérésie» (la Réforme avait fortement remis en cause la transsubstantiation) ; par ailleurs il est juste que lors de certains jours, les chrétiens «témoignent de leur gratitude et dévot souvenir envers le commun Seigneur et Rédempteur». Il y a donc un double objectif d’affirmation d’une doctrine et de mémoire et célébration de Jésus.

Comment la fête se déroule-t-elle concrètement ? Dès l’aube, les fidèles sont mobilisés pour participer à l’ornement des autels (au nombre de 4 généralement). Puis les paroissiens participent dans leur quasi-totalité à la célébration, ainsi que toutes les forces vives de la commune : l’orchestre d’harmonie local, la chorale, les pompiers, le conseil municipal et les notables locaux, le conseil de fabrique. Cela donne un aspect populaire, unificateur, à cette fête considérée comme un des sommets de l’année liturgique, et un ravissement pour tous par la décoration abondante. Selon les rédacteurs de l’ouvrage historique sur Geispolsheim (éd.Coprur, 1999), il s’agit d’une «profession de foi de tout un peuple en liesse, un témoignage communautaire de l’attachement de la population à Jésus-Christ présent dans le saint sacrement».

Pendant la procession, le prêtre porte l’Eucharistie dans un ostensoir au milieu des rues et des places qui étaient autrefois richement pavoisée de draperies et de guirlandes. On abrite le Saint-Sacrement sous un dais porté par des notables. C’est donc une fête où Dieu se fait visible, il va au contact de la foule par l’exposition de sa chair et de son sang. On marche habituellement sur un tapis de pétales de roses que des enfants jettent sur le chemin du Saint-Sacrement. Les rues sont couvertes de fleurs, branches, sable, sciure. Des statues sont portées : celle de Marie, de Sainte Anne, de Saint-Sébastien, parfois aussi le patron du village. La procession est ponctuée par plusieurs arrêts devant des stations où l’on trouve des reposoirs couverts de fleurs, arrêts qui permettent d’exposer le Saint-Sacrement et de bénir la foule, et d’offrir un instant de méditation.

De nos jours, la célébration est moins présente dans les villages, du fait de la baisse de fréquentation des offices, et la difficulté ou l’indifférence à organiser un tel événement fait que lorsqu’il est maintenu, le faste et la décoration des rues (tapis de fleurs, motifs en végétaux ou en sciure sur le sol) sont moins présents et systématisés. Néanmoins l’usage se perpétue, voire se renouvelle, en certains lieux, du fait d’une ferveur jamais éteinte, ou du fait de l’impulsion du clergé, de la municipalité ou d’associations.

Ainsi en Alsace, Geispolsheim est souvent cité pour sa Fête-Dieu, toujours actuellement, et de longue date : Charles Spindler évoque longuement la Fête-Dieu de Geispolsheim, que «rien n’égale en couleur» et où «il est impossible de n’être pas saisi par la grandeur de ce spectacle». De même, Gilles Pudlowski, dans son Dictionnaire amoureux de l'Alsace, qualifie la fête de "magique". Pourtant, cette séquence déroge à l’habitude pour la célébration de Geispolsheim d'être citée pour son chatoiement, son éclat, son rayonnement. Ici le film est tout en sobriété, sans prêter attention aux décors. Il s'agit peut-être de mettre en avant l'idée d’un moment rassembleur, solennel et synonyme d’ordre, dans un contexte pesant d'avant-guerre (le film date de 1938). On observe une insistance sur le défilé et l’ordre qui y règne, à travers la succession des différents corps et corporations de la société : jeunes enfants, communiants, conscrits, pompiers, ecclésiastiques, notables, hommes en costume, puis la foule.

Il semble que Geispolsheim, dont le développement de l’évangélisation et de la vie paroissiale doit beaucoup, depuis le Moyen-Âge à l’action des évêques de Strasbourg, soit une cité éminemment catholique. Il n'y a pas de temple protestant dans le village, pour ces croyants-là il leur faut aller dans la voisine Graffenstaden. En 1938, le curé (recteur) est Eugène Metz, qui reste longtemps en place, de 1928 à 1965.

Bibliographie


BERTHOLET, Jean, Histoire de l’institution de la Fête-Dieu, Liège, 1746

DEBUS KEHR, Monique, « La Fête-Dieu à Colmar à la fin du Moyen Âge », Revue d’Alsace n°141, 2015

SPINDLER, Charles, Ceux d’Alsace, Place Stanislas, 2010 (rééd.)

VAN GENNEP, Arnold, Le folklore français - tome 2. Cycles de mai, de la Saint-Jean, de l’été et de l’automne, Robert Laffont, 1999 (rééd.)

Geispolsheim, Strasbourg, Coprur, 1999

Ostwald, Strasbourg, Coprur, 1999

Buhl, Strasbourg, Coprur, 1998


Article rédigé par

Olivier Wolffer, 04 janvier 2019