Rothau : machine pour le cardage (0059FS0001) : Différence entre versions

 
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|Resume_fr=Extrait du film documentaire « Rothau années 50 : La vie autour de l'usine de 1948 à 1956 », montrant des ouvriers en train de décharger une machine pour le cardage d’un camion et de l’installer à l’intérieur de l’usine textile Steinheil<ref>ARNOLD (Jean-Stéphane), « La dernière séance industrielle », ''Dernières Nouvelles d’Alsace'', [en ligne], URL : https://www.dna.fr/edition-de-molsheim-schirmeck/2012/11/14/la-derniere-seance-industrielle, [consulté le 29 décembre 2020].</ref>.
 
|Resume_fr=Extrait du film documentaire « Rothau années 50 : La vie autour de l'usine de 1948 à 1956 », montrant des ouvriers en train de décharger une machine pour le cardage d’un camion et de l’installer à l’intérieur de l’usine textile Steinheil<ref>ARNOLD (Jean-Stéphane), « La dernière séance industrielle », ''Dernières Nouvelles d’Alsace'', [en ligne], URL : https://www.dna.fr/edition-de-molsheim-schirmeck/2012/11/14/la-derniere-seance-industrielle, [consulté le 29 décembre 2020].</ref>.
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|Resume_de=Ausschnitt aus dem Dokumentarfilm "Rothau années 50 : La vie autour de l'usine de 1948 à 1956"/ "Rothau in den 1950er Jahren: Das Leben rund um die Fabrik von 1948 bis 1956", der zeigt, wie Arbeiter eine Krempelmaschine von einem LKW abladen und im Inneren der Textilfabrik Steinheil aufstellen.
 
|Description_fr=[00:00:00] Carton : « A l’usine, installation d’une machine pour le cardage »<br>
 
|Description_fr=[00:00:00] Carton : « A l’usine, installation d’une machine pour le cardage »<br>
  
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[00:00:59] Plusieurs ouvriers poussent quelque chose de lourd.<br>
 
[00:00:59] Plusieurs ouvriers poussent quelque chose de lourd.<br>
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|Description_de=[00:00:00] Zwischentitel: "A l’usine, installation d’une machine pour le cardage"/"In der Fabrik wird eine Maschine zum Kardieren installiert"
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[00:00:05] Ein Dutzend Männer schieben ein schweres Teil. Sie schieben es in die Fabrik. Die Arbeiter laden das Teil von einem LKW ab und bringen es in die Fabrik.
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[00:00:21] Die Arbeiter stehen um die Maschine herum. Ein Mann hämmert auf etwas.
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[00:00:27] In der Fabrik sind Maschinen zu erkennen und es liegen Teile einer Maschine auf dem Boden.
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[00:00:36] Panoramaaufnahmen aus dem Inneren der Fabrik zeigen mehrere Krempelmaschinen.
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[00:00:46] Fadenspulen drehen sich. Nahaufnahmen von einem Zahnriemen einer Maschine. Nahaufnahme der Spulen, die von dem Faden umwickelt werden, welcher aus einer „Spindelbank“ Maschine kommen.
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[00:00:59] Mehrere Arbeiter schieben ein schweres Objekt.
 
|Contexte_et_analyse_fr='''Rothau et l’usine textile Steinheil'''<br>
 
|Contexte_et_analyse_fr='''Rothau et l’usine textile Steinheil'''<br>
  
La petite commune bas-rhinoise de Rothau, située au confluent de la Rothaine et de la Bruche, fut autrefois le chef-lieu de la famille des Rathsamhausen et du comté du Ban-de-la-Roche, avant de passer aux comtes de Veldentz en 1584. Ceux-ci entamèrent le développement de l’industrie métallurgique avec la construction de trois hauts fourneaux en 1594, avant d’y ajouter par la suite une forge est d’autres bâtiments servant à l’exploitation et au traitement du minerai. C’est donc en premier temps le fer de Rothau, renommée pour son excellente qualité, qui fit la prospérité du village. En 1799, les mines et les forges de Rothau furent acquises par le propriétaire des Forges de Framont Louis Champy, qui délaissa néanmoins l’industrie de Rothau pour se concentrer sur ses établissements de Framont, marquant ainsi le déclin de l’industrie métallurgique de Rothau. Entre-temps, un certain Jonathan Wiedemann décida en 1802 d’investir dans des métiers à bras, lesquels il fit installer au « Château des Puces » de Rothau, avant d’acquérir quelques métiers à filer qui furent installés dans l’ancien moulin de la même localité. Cela marqua le point de départ de l’industrie textile de Rothau, qui se développa par la construction d’une filature mécanique financée par Jonathan Wiedemann et Mathieu Pramberger. Ce dernier fit construire en 1835 un tissage mécanique, tandis que la famille Champy se lança aussi dans le textile en érigeant une filature de coton. De même, Mathieu Pramberger s’intéressa aux méthodes du blanchiment et de la teinture, en développant les infrastructures nécessaires à l’exercice de ces activités. Après son décès, sa femme repris toutes ses affaires, avant de décéder elle-même en 1847, les laissant ainsi au fils de son neveu, un certain Gustav Steinheil. Ayant hérité d’une filature, d’un tissage et d’un établissement de blanchiment, d’apprêts et de teinture, Gustave Steinheil s’associa à son beau-frère Christophe Dieterlen pour créer la société G. Steinheil-Dieterlen & Cie. Tout en développant et en agrandissant l’entreprise, Gustave Steinheil s’engage dans la politique et devient même député, avant de démissionner en 1872 après l’incorporation de l’Alsace au Kaiser Reich allemand. Avec son neveu Alfred Dieterlen, Gustave Steinheil s’installe définitivement à Rothau, avant de décéder en 1906. Jusqu’en 1938, l’entreprise est dirigée par diverses personnalités, avant d’être reprise par Ernest Marchal, qui installe son neveu Pierre Marchal à la tête de l’usine Steinheil. Partant en exile lors de la Seconde Guerre mondiale, Pierre Marchal reprend les rênes de l’usine Steinheil, en faisant construire une nouvelle teinture de 1949 à 1951 et en créant des ateliers d’impression en 1951, avant de décéder la même année. Les affaires sont ensuite reprises par Jean-Jacques Mattern, qui est rapidement remplacé par le neveu de Pierre Marchal, à savoir Jean Kleinknecht. L’extrait présenté date probablement de cette période et montre une partie de l’usine Steinheil, ainsi que plusieurs ouvriers travaillants au sein de celle-ci. L’usine textile Steinheil a donc fortement marqué l’histoire industrielle et l’espace de la localité de Rothau, en offrant notamment des possibilités d’emploi aux habitants et en attirant des capitaux favorables au développement de la commune dès le milieu du XIXe siècle, et même encore après la Deuxième Guerre mondiale, comme nous le prouve cette séquence<ref>« Il était une fois Rothau », Maire de Rothau – Rothau village d’Alsace, [en ligne], URL : https://www.rothau.fr/decouverte/rothau/, [consulté le 29 décembre 2020].<br>
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La petite commune bas-rhinoise de Rothau, située au confluent de la Rothaine et de la Bruche, fut autrefois le chef-lieu de la famille des Rathsamhausen et du comté du Ban-de-la-Roche, avant de passer aux comtes de Veldentz en 1584. Ceux-ci entamèrent le développement de l’industrie métallurgique avec la construction de trois hauts fourneaux en 1594, avant d’y ajouter par la suite une forge est d’autres bâtiments servant à l’exploitation et au traitement du minerai. C’est donc en premier temps le fer de Rothau, renommée pour son excellente qualité, qui fit la prospérité du village. En 1799, les mines et les forges de Rothau furent acquises par le propriétaire des Forges de Framont Louis Champy, qui délaissa néanmoins l’industrie de Rothau pour se concentrer sur ses établissements de Framont, marquant ainsi le déclin de l’industrie métallurgique de Rothau. Entre-temps, un certain Jonathan Wiedemann décida en 1802 d’investir dans des métiers à bras, lesquels il fit installer au « Château des Puces » de Rothau, avant d’acquérir quelques métiers à filer qui furent installés dans l’ancien moulin de la même localité. Cela marqua le point de départ de l’industrie textile de Rothau, qui se développa par la construction d’une filature mécanique financée par Jonathan Wiedemann et Mathieu Pramberger. Ce dernier fit construire en 1835 un tissage mécanique, tandis que la famille Champy se lança aussi dans le textile en érigeant une filature de coton. De même, Mathieu Pramberger s’intéressa aux méthodes du blanchiment et de la teinture, en développant les infrastructures nécessaires à l’exercice de ces activités. Après son décès, sa femme repris toutes ses affaires, avant de décéder elle-même en 1847, les laissant ainsi au fils de son neveu, un certain Gustav Steinheil. Ayant hérité d’une filature, d’un tissage et d’un établissement de blanchiment, d’apprêts et de teinture, Gustave Steinheil s’associa à son beau-frère Christophe Dieterlen pour créer la société ''G. Steinheil-Dieterlen & Cie''. Tout en développant et en agrandissant l’entreprise, Gustave Steinheil s’engage dans la politique et devient même député, avant de démissionner en 1872 après l’incorporation de l’Alsace au Kaiser Reich allemand. Avec son neveu Alfred Dieterlen, Gustave Steinheil s’installe définitivement à Rothau, avant de décéder en 1906. Jusqu’en 1938, l’entreprise est dirigée par diverses personnalités, avant d’être reprise par Ernest Marchal, qui installe son neveu Pierre Marchal à la tête de l’usine Steinheil. Partant en exile lors de la Seconde Guerre mondiale, Pierre Marchal reprend les rênes de l’usine Steinheil, en faisant construire une nouvelle teinture de 1949 à 1951 et en créant des ateliers d’impression en 1951, avant de décéder la même année. Les affaires sont ensuite reprises par Jean-Jacques Mattern, qui est rapidement remplacé par le neveu de Pierre Marchal, à savoir Jean Kleinknecht. L’extrait présenté date probablement de cette période et montre une partie de l’usine Steinheil, ainsi que plusieurs ouvriers travaillants au sein de celle-ci. L’usine textile Steinheil a donc fortement marqué l’histoire industrielle et l’espace de la localité de Rothau, en offrant notamment des possibilités d’emploi aux habitants et en attirant des capitaux favorables au développement de la commune dès le milieu du XIXe siècle, et même encore après la Deuxième Guerre mondiale, comme nous le prouve cette séquence<ref>GRANIER (Jacques), « Rothau depuis bientôt quatre siècles reste fidèle à sa vocation industrielle », Les Dernières Nouvelles d’Alsace – Entre Vosges et Rhin : Edition quotidienne pour les arrondissements d’Erstein, de Sélestat et de Molsheim et le canton de Sainte-Marie-aux-Mines, 28.10.1959 - 29.10.1959 - 30.10.1959.<br>
WEILER (Joëlle), L’industrie textile dans la vallée de la Bruche, Schirmeck : l’Essor, 2013.</ref>.<br>
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« Il était une fois Rothau », ''Maire de Rothau – Rothau village d’Alsace'', [en ligne], URL : https://www.rothau.fr/decouverte/rothau/, [consulté le 29 décembre 2020].<br>
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WEILER (Joëlle), ''L’industrie textile dans la vallée de la Bruche'', Schirmeck : l’Essor, 2013, p. 127-128.</ref>.<br>
 
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'''Le cardage et la carde (ou la machine pour le cardage)'''<br>
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'''Le cardage et la carde (ou la machine pour le cardage)'''<br>[[Fichier:2.8.1.fr 2.jpg|vignette|Diagramme d'une carde - « Formation du fil », ''Centre du Commerce International – Guide de l’explorateur de coton'', [en ligne], URL : http://www.guidedecoton.org/guide-du-coton/formation-du-fil/, [consulté le 29 décembre 2020].  ]]
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Pour pouvoir tisser, donc produire un tissu, on nécessite tout d’abord du fil, qui peut être produit à partir de diverses matières, comme du coton, du polyester, de la fibranne ou encore de la laine. Ces matières peuvent être transformées en fil à l’aide d’un ensemble de procédés connus sous le nom de filature. Notons aussi que l’usine, au sein de laquelle sont pratiquées ces diverses opérations, est aussi désignée par le mot filature. Le cardage est une des opérations de la filature qui intervient après l’ouvraison, le mélange et le nettoyage. La carde, donc la machine utilisée pour le cardage et installée par les ouvriers dans la séquence ci-dessus, sert à aligner, paralléliser, nettoyer et condenser les fibres en ruban. De même, cela permet de diminuer le nombre de neps<ref>« Masse de fibres irrémédiablement emmêlée » d’après « Nature des neps et des fibres courtes », ''Centre du Commerce International – Guide de l’explorateur de coton'', [en ligne], URL : http://www.guidedecoton.org/guide-du-coton/nature-des-neps-et-des-fibres-courtes/#:~:text=La%20d%C3%A9finition%20g%C3%A9n%C3%A9rale%20des%20neps,repr%C3%A9sent%C3%A9%20%C3%A0%20la%20figure%202.16.&text=Si%20des%20neps%20se%20trouvent,se%20retrouvent%20dans%20le%20tissu, [consulté le 29 décembre 2020].</ref> et de fibres courtes, tout en nivelant les fibres et en éliminant la poussière retenue par celles-ci. Comme le montre le schéma, cette machine est composée d’un dispositif d’alimentation, qui dirige la matière traitée vers le tambour briseur, ainsi que vers le cylindre principal et le détacheur. Ces deux cylindres sont recouverts d’aiguilles, permettant de paralléliser les fibres et d’en faire un voile, qui est ensuite rassemblé en ruban. Celui-ci est finalement entassé dans un pot en rotation, lui donnant ainsi un début de torsion, ce qui permet ensuite de passer à la prochaine étape de la filature, à savoir l’étirage<ref>« Cardage et filage de la laine », ''SICA Longo Maï'', [en ligne], URL : https://filature-longomai.org/visite-virtuelle-filature/cardage-filage-laine/, [consulté le 29 décembre 2020].<br>
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« Filature », ''CNRTL - Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales'', [en ligne], URL : https://www.cnrtl.fr/definition/filature, [consulté le 29 décembre 2020]. <br>
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« Formation du fil », ''Centre du Commerce International – Guide de l’explorateur de coton'', [en ligne], URL : http://www.guidedecoton.org/guide-du-coton/formation-du-fil/, [consulté le 29 décembre 2020].<br>
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« Nature des neps et des fibres courtes », ''Centre du Commerce International – Guide de l’explorateur de coton'', [en ligne], URL : http://www.guidedecoton.org/guide-du-coton/nature-des-neps-et-des-fibres-courtes/#:~:text=La%20d%C3%A9finition%20g%C3%A9n%C3%A9rale%20des%20neps,repr%C3%A9sent%C3%A9%20%C3%A0%20la%20figure%202.16.&text=Si%20des%20neps%20se%20trouvent,se%20retrouvent%20dans%20le%20tissu, [consulté le 29 décembre 2020].<br>
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WEILER (Joëlle), ''L’industrie textile dans la vallée de la Bruche'', Schirmeck : l’Essor, 2013, p. 168-169.</ref>.
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|Contexte_et_analyse_de='''Rothau und die Textilfabrik Steinheil'''
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Die kleine niederrheinische Gemeinde Rothau, welche sich an der Mündung der beiden Flüsse Rothaine und Bruche befindet, war einst der Hauptsitz der Familie Rathsamhausen und der Grafschaft Ban-de-la-Roche, bevor sie 1584 an die Grafen von Veldentz überging.
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Die Grafen von Veldentz begannen die Entwicklung der metallurgischen Industrie mit dem Bau von drei Hochöfen im Jahr 1594, bevor sie eine Schmiede und andere Gebäude für die Bewirtschaftung und Verarbeitung von Erzen errichteten. Der Wohlstand Rothaus beruhte vor allem auf seinem Eisen, das für seine hervorragende Qualität bekannt war. Im Jahr 1799 wurden die Gruben und Schmieden von Rothau vom Besitzer der Forges de Framont, Louis Champy, erworben, der jedoch die Industrie von Rothau vernachlässigte, um sich auf seine Betriebe in Framont zu konzentrieren, was den Niedergang der Hüttenindustrie von Rothau markierte. In der Zwischenzeit entschloss sich ein gewisser Jonathan Wiedemann 1802 in Handwebstühle zu investieren, die er im "Château des Puces" in Rothau aufstellen ließ, bevor er einige Spinnstühle erwarb, die in der alten Mühle des Dorfes aufgestellt wurden. Dies war der Ausgangspunkt für die Textilindustrie in Rothau, die sich mit dem Bau einer mechanischen Spinnerei entwickelte, welche von Jonathan Wiedemann und Mathieu Pramberger finanziert wurde. Letzterer ließ 1835 eine mechanische Weberei errichten, während die Familie Champy auch eine Baumwollspinnerei errichtete. In ähnlicher Weise interessierte sich Mathieu Pramberger für Bleich- und Färbemethoden und entwickelte die notwendige Infrastruktur für diese Aktivitäten. Nach seinem Tod übernahm seine Frau das gesamte Geschäft, bevor sie selbst 1847 starb und es dem Sohn ihres Neffen, einem gewissen Gustav Steinheil, hinterließ. Nachdem Gustav Steinheil eine Spinnerei, eine Weberei und ein Gebäude geerbt hatte, welches für Bleicherei, Veredelung und Färberei genutzt wurde, gründete er zusammen mit seinem Schwager Christophe Dieterlen die Firma G. Steinheil-Dieterlen & Cie. Während des Auf- und Ausbaus des Unternehmens engagierte sich Gustave Steinheil in der Politik und wurde sogar Abgeordneter, bevor er 1872 nach der Eingliederung des Elsass in das Deutsche Kaiserreich zurücktrat. Zusammen mit seinem Neffen Alfred Dieterlen ließ sich Gustave Steinheil vor seinem Tod 1906 dauerhaft in Rothau nieder.
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Bis 1938 wurde das Unternehmen von verschiedenen Persönlichkeiten geführt, bevor es von Ernest Marchal übernommen wurde, der seinen Neffen Pierre Marchal an die Spitze der Steinheil-Fabrik setzte. Als Pierre Marchal nach dem Zweiten Weltkrieg aus dem Exil zurückkehrte, übernahm er die Leitung der Steinheil-Fabrik. Zwischen 1949 bis 1951 ließ er eine neue Färberei bauen und 1951 richtete er weitere Druckwerkstätten ein, bevor er im selben Jahr verstarb. Das Geschäft wurde dann von Jean-Jacques Mattern übernommen, der bald von Pierre Marchals Neffen, Jean Kleinknecht, abgelöst wurde. Der gezeigte Filmausschnitt stammt vermutlich aus dieser Zeit und zeigt einen Teil der Steinheil-Fabrik sowie mehrere Arbeiter. Die Textilfabrik Steinheil hat somit die Industrie- und Raumgeschichte der Stadt Rothau stark geprägt, indem sie ab Mitte des 19. Jahrhunderts und auch nach dem Zweiten Weltkrieg Beschäftigungsmöglichkeiten für die Einwohner bot und Kapital für die Entwicklung der Gemeinde anlockte, wie diese Sequenz es zeigt.
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Die Karden und das Kardieren (oder die Krempelmaschine)
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Um zu weben, d.h. ein Gewebe herzustellen, benötigt man zunächst Garn, das aus verschiedenen Materialien wie Baumwolle, Polyester, Zellwolle oder Wolle hergestellt werden kann. Diese Materialien können durch eine Reihe von Prozessen, die als Spinnen bekannt sind, in Garn umgewandelt werden. Zu beachten ist auch, dass die Fabrik, in der diese verschiedenen Arbeitsgänge durchgeführt werden, auch als Spinnerei bezeichnet wird. Das Kardieren ist einer der Arbeitsgänge in der Spinnerei, der nach dem Bearbeiten, Mischen und Reinigen stattfindet. Die Krempelmaschine, d. h. die Maschine, die zum Kardieren verwendet und von den Arbeitern in dieser Filmsequenz installiert wird, dient zum Ausrichten, Parallelisieren, Reinigen und Verdichten der Faserbänder. Es reduziert auch die Anzahl der Nissen und kurzen Fasern, während es die Fasern glättet und den von ihnen zurückgehaltenen Staub beseitigt. Wie in der Abbildung dargestellt wird, besteht diese Maschine aus einer Zuführeinrichtung, die das zu bearbeitende Material zur Brechertrommel, sowie zum Hauptzylinder und zum Abscheider leitet. Diese beiden Zylinder sind mit Nadeln ausgestattet, so dass die Fasern parallelisiert und zu einem Vlies verarbeitet werden können, das dann zu einem Band gerafft wird. Das Band wird schließlich in einem rotierenden Topf aufgestapelt, wodurch es sich um sich selbst dreht. Dies leitet nun die nächste Stufe des Spinnprozesses ein, das sogenannte Strecken.
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|Bibliographie=GRANIER (Jacques), « Rothau depuis bientôt quatre siècles reste fidèle à sa vocation industrielle », Les Dernières Nouvelles d’Alsace – Entre Vosges et Rhin : Edition quotidienne pour les arrondissements d’Erstein, de Sélestat et de Molsheim et le canton de Sainte-Marie-aux-Mines, 28.10.1959 - 29.10.1959 - 30.10.1959.<br><br>
  
Pour pouvoir tisser, donc produire un tissu, on nécessite tout d’abord du fil, qui peut être produit à partir de diverses matières, comme du coton, du polyester, de la fibranne ou encore de la laine. Ces matières peuvent être transformées en fil à l’aide d’un ensemble de procédés connus sous le nom de filature. Notons aussi que l’usine, au sein de laquelle sont pratiquées ces diverses opérations, est aussi désignée par le mot filature. Le cardage est une des opérations de la filature qui intervient après l’ouvraison, le mélange et le nettoyage. La carde, donc la machine utilisée pour le cardage et installée par les ouvriers dans la séquence ci-dessus, sert à aligner, paralléliser, nettoyer et condenser les fibres en ruban. De même, cela permet de diminuer le nombre de neps<ref>« Masse de fibres irrémédiablement emmêlée » d’après « Nature des neps et des fibres courtes », Centre du Commerce International – Guide de l’explorateur de coton, [en ligne], URL : http://www.guidedecoton.org/guide-du-coton/nature-des-neps-et-des-fibres-courtes/#:~:text=La%20d%C3%A9finition%20g%C3%A9n%C3%A9rale%20des%20neps,repr%C3%A9sent%C3%A9%20%C3%A0%20la%20figure%202.16.&text=Si%20des%20neps%20se%20trouvent,se%20retrouvent%20dans%20le%20tissu, [consulté le 29 décembre 2020].</ref> et de fibres courtes, tout en nivelant les fibres et en éliminant la poussière retenue par celles-ci. Comme le montre le schéma, cette machine est composée d’un dispositif d’alimentation, qui dirige la matière traitée vers le tambour briseur, ainsi que vers le cylindre principal et le détacheur  . Ces deux cylindres sont recouverts d’aiguilles, permettant de paralléliser les fibres et d’en faire un voile, qui est ensuite rassemblé en ruban. Celui-ci est finalement entassé dans un pot en rotation, lui donnant ainsi un début de torsion, ce qui permet ensuite de passer à la prochaine étape de la filature, à savoir l’étirage<ref>« Cardage et filage de la laine », SICA Longo Maï, [en ligne], URL : https://filature-longomai.org/visite-virtuelle-filature/cardage-filage-laine/, [consulté le 29 décembre 2020].<br>
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WEILER (Joëlle), ''L’industrie textile dans la vallée de la Bruche'', Schirmeck : l’Essor, 2013.
« Filature », CNRTL - Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, [en ligne], URL : https://www.cnrtl.fr/definition/filature, [consulté le 29 décembre 2020]. <br>
 
« Formation du fil », Centre du Commerce International – Guide de l’explorateur de coton, [en ligne], URL : http://www.guidedecoton.org/guide-du-coton/formation-du-fil/, [consulté le 29 décembre 2020].<br>
 
« Nature des neps et des fibres courtes », Centre du Commerce International – Guide de l’explorateur de coton, [en ligne], URL : http://www.guidedecoton.org/guide-du-coton/nature-des-neps-et-des-fibres-courtes/#:~:text=La%20d%C3%A9finition%20g%C3%A9n%C3%A9rale%20des%20neps,repr%C3%A9sent%C3%A9%20%C3%A0%20la%20figure%202.16.&text=Si%20des%20neps%20se%20trouvent,se%20retrouvent%20dans%20le%20tissu, [consulté le 29 décembre 2020].<br>
 
WEILER (Joëlle), L’industrie textile dans la vallée de la Bruche, Schirmeck : l’Essor, 2013.</ref>.
 
 
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Version actuelle datée du 6 avril 2021 à 10:34


Avertissement[1]

Résumé


Extrait du film documentaire « Rothau années 50 : La vie autour de l'usine de 1948 à 1956 », montrant des ouvriers en train de décharger une machine pour le cardage d’un camion et de l’installer à l’intérieur de l’usine textile Steinheil[2].

Description


[00:00:00] Carton : « A l’usine, installation d’une machine pour le cardage »

[00:00:05] Une dizaine d’hommes poussent une pièce très lourde. Ils la font rentrer dans l’usine. Les ouvriers déchargent la pièce d’un camion et la font rentrer dans l’usine.

[00:00:21] Les ouvriers se tiennent autour de la pièce/d’une machine. Un homme martèle quelque chose.

[00:00:27] On aperçoit des machines et des pièces mécaniques posées au sol à l’intérieur de l’usine.

[00:00:36] Prise de vue panoramique de l’intérieur de l’usine, montrant beaucoup de machines pour le cardage.

[00:00:46] Bobines de fil en rotation. Gros plan sur la courroie d’une des machines. Gros plan sur les bobines qui sont enveloppées par le fil sortant d’une machine appelée banc-broche ou banc à broches.

[00:00:59] Plusieurs ouvriers poussent quelque chose de lourd.

Métadonnées

N° support :  0059FS0001
Date :  Entre 1948 et 1956
Coloration :  Noir et blanc
Son :  Muet
Durée :  00:01:02
Format original :  16 mm
Genre :  Documentaire
Thématiques :  Industrie
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


Rothau et l’usine textile Steinheil

La petite commune bas-rhinoise de Rothau, située au confluent de la Rothaine et de la Bruche, fut autrefois le chef-lieu de la famille des Rathsamhausen et du comté du Ban-de-la-Roche, avant de passer aux comtes de Veldentz en 1584. Ceux-ci entamèrent le développement de l’industrie métallurgique avec la construction de trois hauts fourneaux en 1594, avant d’y ajouter par la suite une forge est d’autres bâtiments servant à l’exploitation et au traitement du minerai. C’est donc en premier temps le fer de Rothau, renommée pour son excellente qualité, qui fit la prospérité du village. En 1799, les mines et les forges de Rothau furent acquises par le propriétaire des Forges de Framont Louis Champy, qui délaissa néanmoins l’industrie de Rothau pour se concentrer sur ses établissements de Framont, marquant ainsi le déclin de l’industrie métallurgique de Rothau. Entre-temps, un certain Jonathan Wiedemann décida en 1802 d’investir dans des métiers à bras, lesquels il fit installer au « Château des Puces » de Rothau, avant d’acquérir quelques métiers à filer qui furent installés dans l’ancien moulin de la même localité. Cela marqua le point de départ de l’industrie textile de Rothau, qui se développa par la construction d’une filature mécanique financée par Jonathan Wiedemann et Mathieu Pramberger. Ce dernier fit construire en 1835 un tissage mécanique, tandis que la famille Champy se lança aussi dans le textile en érigeant une filature de coton. De même, Mathieu Pramberger s’intéressa aux méthodes du blanchiment et de la teinture, en développant les infrastructures nécessaires à l’exercice de ces activités. Après son décès, sa femme repris toutes ses affaires, avant de décéder elle-même en 1847, les laissant ainsi au fils de son neveu, un certain Gustav Steinheil. Ayant hérité d’une filature, d’un tissage et d’un établissement de blanchiment, d’apprêts et de teinture, Gustave Steinheil s’associa à son beau-frère Christophe Dieterlen pour créer la société G. Steinheil-Dieterlen & Cie. Tout en développant et en agrandissant l’entreprise, Gustave Steinheil s’engage dans la politique et devient même député, avant de démissionner en 1872 après l’incorporation de l’Alsace au Kaiser Reich allemand. Avec son neveu Alfred Dieterlen, Gustave Steinheil s’installe définitivement à Rothau, avant de décéder en 1906. Jusqu’en 1938, l’entreprise est dirigée par diverses personnalités, avant d’être reprise par Ernest Marchal, qui installe son neveu Pierre Marchal à la tête de l’usine Steinheil. Partant en exile lors de la Seconde Guerre mondiale, Pierre Marchal reprend les rênes de l’usine Steinheil, en faisant construire une nouvelle teinture de 1949 à 1951 et en créant des ateliers d’impression en 1951, avant de décéder la même année. Les affaires sont ensuite reprises par Jean-Jacques Mattern, qui est rapidement remplacé par le neveu de Pierre Marchal, à savoir Jean Kleinknecht. L’extrait présenté date probablement de cette période et montre une partie de l’usine Steinheil, ainsi que plusieurs ouvriers travaillants au sein de celle-ci. L’usine textile Steinheil a donc fortement marqué l’histoire industrielle et l’espace de la localité de Rothau, en offrant notamment des possibilités d’emploi aux habitants et en attirant des capitaux favorables au développement de la commune dès le milieu du XIXe siècle, et même encore après la Deuxième Guerre mondiale, comme nous le prouve cette séquence[3].

Le cardage et la carde (ou la machine pour le cardage)
Diagramme d'une carde - « Formation du fil », Centre du Commerce International – Guide de l’explorateur de coton, [en ligne], URL : http://www.guidedecoton.org/guide-du-coton/formation-du-fil/, [consulté le 29 décembre 2020].
Pour pouvoir tisser, donc produire un tissu, on nécessite tout d’abord du fil, qui peut être produit à partir de diverses matières, comme du coton, du polyester, de la fibranne ou encore de la laine. Ces matières peuvent être transformées en fil à l’aide d’un ensemble de procédés connus sous le nom de filature. Notons aussi que l’usine, au sein de laquelle sont pratiquées ces diverses opérations, est aussi désignée par le mot filature. Le cardage est une des opérations de la filature qui intervient après l’ouvraison, le mélange et le nettoyage. La carde, donc la machine utilisée pour le cardage et installée par les ouvriers dans la séquence ci-dessus, sert à aligner, paralléliser, nettoyer et condenser les fibres en ruban. De même, cela permet de diminuer le nombre de neps[4] et de fibres courtes, tout en nivelant les fibres et en éliminant la poussière retenue par celles-ci. Comme le montre le schéma, cette machine est composée d’un dispositif d’alimentation, qui dirige la matière traitée vers le tambour briseur, ainsi que vers le cylindre principal et le détacheur. Ces deux cylindres sont recouverts d’aiguilles, permettant de paralléliser les fibres et d’en faire un voile, qui est ensuite rassemblé en ruban. Celui-ci est finalement entassé dans un pot en rotation, lui donnant ainsi un début de torsion, ce qui permet ensuite de passer à la prochaine étape de la filature, à savoir l’étirage[5].

Lieux ou monuments


Rothau; Usine textile Steinheil de Rothau

Bibliographie


GRANIER (Jacques), « Rothau depuis bientôt quatre siècles reste fidèle à sa vocation industrielle », Les Dernières Nouvelles d’Alsace – Entre Vosges et Rhin : Edition quotidienne pour les arrondissements d’Erstein, de Sélestat et de Molsheim et le canton de Sainte-Marie-aux-Mines, 28.10.1959 - 29.10.1959 - 30.10.1959.

WEILER (Joëlle), L’industrie textile dans la vallée de la Bruche, Schirmeck : l’Essor, 2013.


Article rédigé par

Cédric Carvalho, 30 décembre 2020


  1. Cette fiche est en cours de rédaction. À ce titre elle peut être inachevée et contenir des erreurs.
  2. ARNOLD (Jean-Stéphane), « La dernière séance industrielle », Dernières Nouvelles d’Alsace, [en ligne], URL : https://www.dna.fr/edition-de-molsheim-schirmeck/2012/11/14/la-derniere-seance-industrielle, [consulté le 29 décembre 2020].
  3. GRANIER (Jacques), « Rothau depuis bientôt quatre siècles reste fidèle à sa vocation industrielle », Les Dernières Nouvelles d’Alsace – Entre Vosges et Rhin : Edition quotidienne pour les arrondissements d’Erstein, de Sélestat et de Molsheim et le canton de Sainte-Marie-aux-Mines, 28.10.1959 - 29.10.1959 - 30.10.1959.
    « Il était une fois Rothau », Maire de Rothau – Rothau village d’Alsace, [en ligne], URL : https://www.rothau.fr/decouverte/rothau/, [consulté le 29 décembre 2020].
    WEILER (Joëlle), L’industrie textile dans la vallée de la Bruche, Schirmeck : l’Essor, 2013, p. 127-128.
  4. « Masse de fibres irrémédiablement emmêlée » d’après « Nature des neps et des fibres courtes », Centre du Commerce International – Guide de l’explorateur de coton, [en ligne], URL : http://www.guidedecoton.org/guide-du-coton/nature-des-neps-et-des-fibres-courtes/#:~:text=La%20d%C3%A9finition%20g%C3%A9n%C3%A9rale%20des%20neps,repr%C3%A9sent%C3%A9%20%C3%A0%20la%20figure%202.16.&text=Si%20des%20neps%20se%20trouvent,se%20retrouvent%20dans%20le%20tissu, [consulté le 29 décembre 2020].
  5. « Cardage et filage de la laine », SICA Longo Maï, [en ligne], URL : https://filature-longomai.org/visite-virtuelle-filature/cardage-filage-laine/, [consulté le 29 décembre 2020].
    « Filature », CNRTL - Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, [en ligne], URL : https://www.cnrtl.fr/definition/filature, [consulté le 29 décembre 2020].
    « Formation du fil », Centre du Commerce International – Guide de l’explorateur de coton, [en ligne], URL : http://www.guidedecoton.org/guide-du-coton/formation-du-fil/, [consulté le 29 décembre 2020].
    « Nature des neps et des fibres courtes », Centre du Commerce International – Guide de l’explorateur de coton, [en ligne], URL : http://www.guidedecoton.org/guide-du-coton/nature-des-neps-et-des-fibres-courtes/#:~:text=La%20d%C3%A9finition%20g%C3%A9n%C3%A9rale%20des%20neps,repr%C3%A9sent%C3%A9%20%C3%A0%20la%20figure%202.16.&text=Si%20des%20neps%20se%20trouvent,se%20retrouvent%20dans%20le%20tissu, [consulté le 29 décembre 2020].
    WEILER (Joëlle), L’industrie textile dans la vallée de la Bruche, Schirmeck : l’Essor, 2013, p. 168-169.