Scène de piscine (0065FH0005)


Avertissement[1]

Résumé


Le film représente des scènes de baignades en familles à la piscine extérieur de Wissembourg en été dans les années 1950.

Métadonnées

N° support :  0065FH0005
Date :  1950
Coloration :  Couleur
Son :  Muet
Durée :  00:03:02
Cinéastes :  Thomas, Frédéric
Format original :  8 mm
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Natation - Baignade
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


Ce film laisse voir un nouveau rapport à l’eau et au corps. On se montre dans un espace public en maillot de bain, tenu légère adapté à la baignade ou à la pratique de la natation. La tenue laisse voir le physique et évoque l’intime, c’est un lieu de narcissisme, source de jalousie ou à l’inverse de pudeur. Les années 1930 connaissent un certain essor des lieux de baignade, la piscine devient une installation de prestige pour les municipalités, qui cherchent à afficher de nouveaux services pour les électeurs tout en poursuivant une politique de santé publique. C’est l’avant-garde en matière d’urbanisme et de politique sportive. En quittant la rivière pour la piscine de pleine air le baigneur fait la rencontre de l’eau tempérée, voire chaude. La piscine répond à une demande à la fois sportive, ludique et hygiénique. Le sport a des vertus aussi bien sanitaire que préventives.

L’Image du corps, se dévêtir et bronzer

La piscine est un espace mixte, il n’y a pas de séparation des sexes pratiqué dans cet endroit, à la différence de l’école par exemple. Cela coïncide avec une modernisation des mœurs, qui a pour but de promouvoir une nouvelle façon d’être et de paraitre plus décontracté, moderne. Dans le cas de la femme, il contraste avec l’idéal de la bonne ménagère et les vertus aseptisées de la famille traditionnelle. Cela contribue à l’émancipation féminine, même si le port du maillot s’accompagne d'un jugement moral sur celles qui se dénudent trop.

La femme s’occupe généralement du ménage et de la famille. C’est elle qui s’occupe d’éduquer les enfants, les habiller, leur donner à manger dans le rôle traditionnel de la femme. Ici dans le film, c’est un homme qui est avec les enfants et s’occupe d’eux dans l’eau, à l’inverse les femmes et sans doute des grands-parents et des proches sont au bord du bassin, habillés de la tête au pied, bien plus que ne le suppose la saison. La piscine est ouverte uniquement en été. Ils sont plutôt bien habillés d’ailleurs, deux individus sont en costume. Somme-nous un dimanche, jour chômé propice aux rassemblements familiaux? Ou le fait d’aller un après-midi à la piscine constitue-t-il en soi un petit évènement qui justifie à la fois l’usage de la pellicule et d’être bien vêtu? Sans doute les deux. Si le phénomène des corps d’été se développe, tous ne se dévêtissent pas. Le maillot de bain et la baignade concernent surtout les plus jeunes. Au-delà d’une certaine tranche d’âge, le modèle traditionnel reste de mise.

Ainsi seul le père se retrouve en maillot de bain avec les enfants. La femme qui s’occupe en règle générale bien plus des enfants que son mari est habillée au bord de l’eau avec les grands parents. Pourquoi cela ? Se dévêtir serait-il encore contraire à la bonne morale de la famille, contraire aux bonnes mœurs ? Ou la femme qui n’est plus une jeune fille, n’a tout simplement pas envie d’exposer son corps à la vue de tous, à la fois dans l’instant présent aux autres usagers de la piscine. Mais également pour la postérité sur la pellicule de la caméra, à ceux qui vont voir le film, donc sans doute destiner à la cellule familiale. Le bronzage autrefois symbole de labeur et de travaux des champs par opposition à l’idéal blancheur de la noblesse. Le teint est alors un marqueur social. Cependant progressivement on observe un attrait pour le soleil et le bronzage. Cette pratique remonte au XIXe siècle avec l’héliothérapie, une exposition au soleil à des fins curative et médical. Avec les vacances, la mode exige de revenir de congé avec un teint et une peau bronzée. Dans l’entre-deux-guerres. Le bronzage devient le symbole de la beauté estivale. C’est un indice qui révèle les vacances et un certain niveau de vie. Les gens sont à la recherchent des vacances agréables. On peut voir ces moments de bronzage, dans de cours plan, qui viennent espacer des scènes de plongeon, 1 :16 à 1 :19 et encore 1 :22 à 1 :25, ces scènes montrent deux adolescente assissent au bord de l’eau avec un homme allongé sur une serviette. Les deux filles sont bien plus bronzées que l’homme qui est auprès d’elles et paraît bien pâle en comparaison. Aller à la piscine c’est avant tout passer du bon temps, flâner. Entre deux baignades, on sèche sur les bords de la piscine, on lit.

La dénudation des corps, avec une tenue ajustée à la silhouette des individus et montre de plus en plus les formes. Lors de la saison estivale on se montre aux regards des autres, à leurs possible jugement, l’individu est confronté à sa pudeur, ses hontes et peut être à sa jalousie. Mais c’est aussi l’occasion de se mettre en scène et de soigner les apparences.


Première approche de l’élément liquide

La baignade, c’est avant tout occasion de se rafraîchir à la chaude saison et une pratique ludique. Dans ce but la piscine est une installation de choix, elle cumule plusieurs fonctions. Elle permet de pratiquer la natation, mais les structures sont également pensées pour l’hygiène, en intégrant des, structure d’hygiène, douches, salles de bains, Le film est construit de manière chronologique. Il commence par les salutations et les rires des enfants qui saluent la caméra. Puis l’on se rince en passant par les pédiluves, avant de rentrer dans l’eau.

Avant de rentrer dans l’eau les baigneurs doivent passer par un pédiluve, destiné à nettoyer les pieds des usagers. D’autant plus dans une piscine extérieure, les pieds mouillés attirent la terre et la saleté, qui ne doit pas se retrouver dans les bassins. Dans ces pédiluves, on retrouve également une douche, qui permet de se rincer et d’enlever la transpiration. Les piscines extérieures conservent une eau fraîche, la rentrée dans l’eau se fait progressivement, chacun à son rythme. On se chahute, on s’éclabousse avant de se mouiller complètement. A 0 :13 à 0 :20 la petite fille en maillot vert semble connaitre la nage de la brasse, elle évolue dans le petit bassin, les enfants on l’eau qui arrive à leur taille. La « brasse » ou technique de la grenouille connait autant de variante que de nageur, notamment parmi les autodidactes. L’amphibien est retenu comme modèle à retenir pour répéter les mouvements. C’est la nage qui constitue les bases de la natation, l’une des premières qui est enseigné et connu. Cette technique a pour but de garder la tête hors de l’eau, c’est avant tout une nage éducative. Ce modèle s’oppose aux nages de course et de vitesse, qui concernent celle et ceux qui savent déjà nager. Une autre fille en maillot de bain jaune semble moins à l'aise dans l’eau, elle n’est cependant pas effrayée. Un homme tente de lui apprendre les premiers mouvements de brasse et la tient par le maillot de bain. Il y a dans la pratique de la nage des préoccupations utilitaires. Il s’agit de vaincre les éventuelles peurs liées au milieu et de reproduire les bons gestes et de les combiner entre eux, entre autres pour éviter de possible accident. L’apprentissage de la nage nécessite avant tout une élasticité motrice et une combinaison mentale pour coordonner ses mouvements.

Dans un premier temps, comme pour toute chose il faut penser et réfléchir le geste avant de faire naître l’automatisme. Cette scène laisse la place à des scène de plongeons d’homme sur des plongeoirs de quelques mètres, ils savent nager et souhaitent sans doute transmettre cela à leurs enfants.

A 2 :00 les gens sortent de l’eau, comme pour montrer le départ et l’heure de rentrer à la maison. Ensuite il une coupure qui est peut-être un effet de transition du montage ou utilisation d’une nouvelle pellicule. Après une journée bien remplie à la piscine et sans doute très fatigante pour les enfants il y a une scène de coucher au lit des enfants qui est mise en scène.

Le film comprend une autre scène de piscine à partir de 2 :18, filmée un autre jour, l’image paraît bleutée, la pellicule ayant sans doute viré au fil du temps. Une séquence panoramique d’environ 10 secondes est d’ailleurs filmée à cette occasion et permet de voir la vie et l’agitation autour de la piscine. Il y a bien plus de monde cette fois: on peut voir la présence de nouveaux accessoires, quelques parasols, de nombreux enfants ont des bonnets de bain sur la tête. Des enfants ont des bouées autour de la taille ce qui leur permet de se mouvoir avec plus d’aisance sur l’eau.

Lieux ou monuments


Wissembourg; piscine de Wissembourg

Bibliographie


Christophe Granger, La saison des apparences naissance des corps d’été, Paris, 2017.

Michon Bernard et Terret Thierry, Pratiques sportives et identités locales, Paris, 2004.

Thierry Terret, Naissance et diffusion de la natation sportive, Paris, 1994.


Article rédigé par

Guillaume Begaud, 31 décembre 2019


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