Scènes sur la Moselle (0092FH0003) : Différence entre versions

Ligne 14 : Ligne 14 :
 
|format_original=8 mm
 
|format_original=8 mm
 
|droits=MIRA
 
|droits=MIRA
|Etat_redaction=Non
+
|Etat_redaction=Oui
 
|Etat_publication=Non
 
|Etat_publication=Non
 
|apercu=Moselle.jpg
 
|apercu=Moselle.jpg

Version du 19 février 2020 à 17:17


Avertissement[1]

Résumé


Ici, le cinéaste nous emmène sur ses temps de loisirs, avec sa famille, en 1947. Ainsi, le reflet des activités aquatiques, natation et kayak, émane de la production du cinéaste, sur le cours d'eau de Moselle.

Métadonnées

N° support :  0092FH0003
Date :  1947
Coloration :  Noir et blanc
Son :  Muet
Durée :  00:05:19
Format original :  8 mm
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Natation - Baignade
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


Les activités aquatiques ont beaucoup évolué au cours des derniers siècles. Elles incarnent des pratiques sociales hygiéniques et ludiques. Sur cette source audiovisuelle, filmée dans le cours d’eau de Moselle, près de la commune de Malroy en Moselle, baignades et activités aquatiques sont exposées. De plus, une famille s’amuse à bord d’un kayak. L’histoire du kayak n’est pas sans importance. Utilisé dès le XVIIe siècle par les trappeurs d’Amérique du Nord, le canoë se développe en Europe durant la seconde moitié du XIXe siècle. Le premier club de canoë-kayak européen a ouvert le 25 juillet 1866 à Londres. Il faut attendre le XXe siècle pour que cette pratique se développe dans un premier temps, en tant que loisir, et dans un second, en tant que sport. Cette famille, figurant sur le document audiovisuel, nous laisse penser qu’il s’agit de celle du cinéaste. Il s'agit ici d'un jeune couple d'une vingtaine ou trentaine d'années. Un cinéaste amateur tentant d'immortaliser une après-midi en famille. Or, nous avons comme une impression de préparation derrière ces scènes, comme si les personnes filmées avaient reçu des recommandations sur leur manière d’agir. Allant de la sortie du canoë de son garage jusqu’à la mise à l’eau du kayak (00.00.55 à 00.01.54), les personnes déplaçant le kayak ont été vigilantes à bien tourner la scène. Pour ce film amateur, il s'agit très certainement du cours d'eau de Moselle. A la fin du film (00.05.15), un pont est filmé par un plan d'ensemble, nous laissant penser de l'actuel Pont sur la Moselle.

Émergence des loisirs

La fin du XIXe siècle peut se percevoir comme celle de l’avènement des loisirs d’après Corbin. On assiste au développement de l’alpinisme, du ski ou encore du canoë-kayak. A cette période, ces activités étaient réservées aux couches sociales urbaines les plus aisées. Elles nécessitaient du matériel onéreux. Ici, le cinéaste possède les moyens de s'offrir un kayak ainsi qu'une caméra 8mm, nous faisant parvenir ainsi des images d'une grande qualité avec une corélation de différents points de vue. Prise de vue d'ensemble (donnant l'importance au paysage), individuelles (donnant l'importance à l'individu) et groupées (donnant l'importance à un groupe d'individus) sont maîtrisées par le cinéaste. Cependant, dans le siècle suivant, quelque chose vient bouleverser la donne. En effet, en France, des luttes et grèves mouvementent la vie politique du XXe siècle. Les tentions parviennent à s’apaiser avec l’obtention pour les salariés des congés payés. Pour donner suite aux accords de Matignon, la loi du 20 juin 1936 est adoptée. Ainsi, les salariés bénéficient de quinze jours de congés payés. Comme conséquence, nous constatons le développement d’activités de loisir. Le Front populaire crée, à cette période-là, un sous-secrétariat d’Etat aux Loisirs et aux Sport, initié par Léo Lagrange à ses débuts. L’objectif est simple, de faire corréler activités ludiques et activités sportives. Tandis que certains profitent de leurs congés payés pour aller à la mer, que d’autres préfèrent aller dans les montagnes, une bonne partie des salariés profitent d’endroits mis à disposition à côté de chez eux. Le cinéaste filme plusieurs personnages, enfants, adolescents adultes. Ce qui nous laisse à croire qu'il s'agit d'un lieu qui lui familier avec des personnes familières. Le film amateur a été tourné en 1947, soit au début des Trente Glorieuses. La classe moyenne se développe, permettant ainsi aux acteurs de ce groupe la possibilité pour eux de s’offrir les équipements nécessaires à leurs loisirs. Ainsi, nous voyons dès le début du film (00.00.10) quatre jeunes garçons sur un kayak. Ces derniers ont certainement une vingtaine d'années. Certains (00.03.35) s’offrent des bonnets de bain. C’est une activité qu’ils pratiquent ensemble, sauf pour les nageurs plus expérimentés, qui eux, effectuent leur sport seuls. Les cours d'eau ne sont pas uniquement un permettant la pratique des activités aquatiques. Ils peuvent laisser le choix aux habitants voisins de se reposer sur les rives. Ainsi, à un moment du film amateur (00.04.35), le cinéaste filme avec insistance une femme endormie sur la rive.

La pratique du kayak …

Traversée de Paris en 1908, Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.

L’introduction du canoë et du kayak en France coïncide avec le développement des sports et du tourisme. L’essor des pratiques nautiques, dont le canoë-kayak, se fait au XIXe siècle tout en restant restreint. A ce moment-là, les pratiques sont perturbées. Des réglementations interdisent d’écluser, de vagabonder, de traverser les fleuves de propriétaires privés. Ceci est, en grande partie, dû au manque d’aménagement des cours d’eau. Le canoë, ainsi que le kayak, peuvent se pratiquer en club ou non. Le Canoë Club est fondé en 1904. Quelques temps après, le Kayak Club de France voit le jour, en 1930. Des traversées de Paris, sont organisées, ainsi les membres peuvent s’affronter pour décrocher la première place. Sur le film amateur, il s’agit de kayakistes hors-club. Ce film amateur s'apparente très certainement à un film familial. Ils pratiquent le kayak dans un cours d’eau près de chez eux. Ici, c’est un kayak et non canoë. La différence s’impose sur la position des jambes ainsi que sur les pagaies. Ils sont assis et non sur les genoux. De plus, la pagaie d’un kayak est double et longue d’un mètre quatre-vingts. Le cinéaste filme la scène du garage à la mise en eau. Il s’agit certainement d’un habitant de Malroy amenant son kayak, par une charrette prévue à cet effet, de son village jusqu’au cours d’eau. De fait, malgré l’émergence de la classe moyenne, nous pouvons en déduire qu’il s’agit de personnes plutôt aisées, pouvant s’offrir un kayak ainsi que les équipements nécessaires. L’homme tirant le kayak est en maillot de bain, tandis que la femme est en robe d’été.

… et de la natation

La natation était durant longtemps considérée comme une activité ludique ou hygiénique. C’est le domaine militaire qui a su intégrer la natation au rang de sport. Ce contexte de démocratisation de la natation permet l’émergence de l’éducation des techniques de nages. Depuis leur kayak, le cinéaste filme d’autres riverains lors de leur baignade. Nous pouvons donc voir deux types de baigneurs. D’un côté, nous avons ceux qui se baignent par amusement (00.03.20), et de l’autre, les sportifs (00.03.34).

Homme nageant la brasse, 1911, Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.

Les nageurs sportifs maîtrisent des techniques de nage performante. Ainsi, l’homme de la famille du cinéaste, effectue une brasse (00.02.50). A cela, on peut voir un homme effectuer le crawl (00.03.38). Ces techniques sont mentionnées dans l’œuvre de Georges Hébert, Education physique, virile et morale par la méthode naturelle. Ce dernier a débuté son œuvre en 1936 pour la finir en 1956. Avant 1945, un peu plus de la moitié des français ne sait pas nager. La pratique de la nage est, en théorie, obligatoire depuis la fin du XIXe siècle afin de former de bons futurs soldats. Ce film a été tourné à un moment où les techniques de nage se structuraient, séparant ainsi la natation à caractère ludique de celle à caractère sportif. On voit les hommes porter des caleçon de bain, tandis que les femmes portent des robes. Nous pouvons ainsi voir une femme nager (00.03.17) avec un maillot de bain s'apparentant à une robe, laissant les bras, les jambes et le décolleté à vue de tous. Ce film amateur s'inscrit donc dans un contexte d’émancipation, d'une part, des mentalités, et d'autre part, des femmes face à la pudeur d'autrefois. Ajoutons à cela une petite scène de voyeurisme (00.05.07). La femme, faisant sans doute partie de la famille du cinéaste, apparaît en maillot de bain une pièce, popularisé dans les années 1940.

Lieux ou monuments

Cours d'eau de Moselle.

Bibliographie

Clément Jean-Paul, Defrance Jacques et Pociello Christian, Sport et pouvoirs au XXe siècle : enjeux culturels, sociaux et politiques des éducations physiques, des sports et des loisirs dans les sociétés industrielles (années 20-années 90), Presses universitaires de Grenoble, Grenoble, 1994

Lombardo, Davide, « Se baigner ensemble. Les corps au quotidien et les bains publics parisiens avant 1850 selon Daumier », Histoire urbaine, vol. 31, no. 2, 2011, pp. 47-68.

Piard, Claude, Éducation physique et sport, Paris, L’Harmattan, 2001

Terret, Thierry. « Natation et méthode naturelle », Movement & Sport Sciences, vol. no 59, no. 3, 2006, pp. 83-98.


Article rédigé par

Rayan Barhoumi, 05 janvier 2020


  1. Cette fiche est considérée comme achevée par son auteur, mais elle n'a pas encore été validée par une autorité scientifique.