Strasbourg (0021FN0002)


Avertissement[1]

Résumé


Emile Breesé a filmé son fils et sa femme en 1932, en format 9,5mm. Le film à été tourné près du Pont de Kehl à Strasbourg.

Description


[00:00:00] Plan statique, en bas un bout de chemin est visible, vue sur le Rhin et le pont de Kehl, En arrière plan, il y a deux maisons à quatre pans en amont d’un pont, elles sont surélevées par rapport au Rhin, Les maisons sont un poste de frontière allemand ; A droite, il y a un mat du pont ;

[00:00:04] Plan gauche droite, un garçon apparaît à gauche de l’image, d’abords il regarde devant lui puis il tourne sa tête vers l’objectif de la caméra; Il a un pull épais blanc avec des rayures horizontales, un short noir et un bonnet/bérêt sombre ; La caméra suit son mouvement de la gauche vers la droite, il regarde le réalisateur, sourit ;

[00:00:06] Le garçon s’arrête au niveau d’une femme, probablement sa mère ou une tante ; Elle porte un long manteau noir ayant une fourrure de même couleur au niveau du col, sa tête est tournée vers le garçon ;

[00:00:07 ]La dame prends la main du garçon, le garçon ne lâche pas des yeux le réalisateur et la caméra, il taquine la dame en faisant mine de ne pas vouloir prendre sa main et marcher ;

[00:00 :08] Il est caché par sa mère/tante/grand mère, elle tiens un petit sac noir contre son ventre ; La dame insiste pour qu’il marche, cela est visible dans l’expression de son visage ;

[00:00:09]Plan droite gauche, les deux sont toujours souriants, en arrière plan il y a le pont ; La mère et le fils marchent vers la gauche, la caméra suit horizontalement le mouvement ;

[00:00:11] Les deux individus se tiennent la main et les balancent joyeusement ; La dame tourne sa tête vers sa droite pour dire quelque chose au garçon ;

[00:00:12] L’enfant et sa mère sortent du champ de vision, vue sur le Rhin et le poste frontière, petit pano gauche-droite mettant en visibilité les maisons arcades du pont.

Métadonnées

N° support :  0021FN0002
Date :  1932
Coloration :  Noir et blanc
Son :  Muet
Durée :  00:00:17
Cinéastes :  Breesé, Emile
Format original :  9,5 mm
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Tourisme transfrontalier
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


Le contrôle du Rhin à Strasbourg entre 1648 jusqu’au XIXe siècle : la frontière franco-germanique change de position à plusieurs reprise.

Le Rhin est un fleuve frontière depuis le Traité de Westphalie signé en 1648. A partir de cette date, l’Alsace et le Bade deviennent des territoires disputés entre la France et les états germaniques. Les conquêtes militaires effectuées par Louis XIV en sont le symbole. La conquête de Strasbourg en 1681 marque la domination française en Alsace. Le souverain français tient ainsi la citadelle de Kehl jusqu’au traité de Ryswick en 1697. Entre temps, un pont en bois est édifié pour permettre le passage des troupes françaises et les marchandises.

Strasbourg au XVIIIe siècle ©Numistral

En 1697, Kehl et Brisach situées sur la rive droite du Rhin sont rétrocédées au duché de Bade. Entre 1701-1707 et en 1744 , les armées royales passent plusieurs fois par Kehl pour envahir la plaine Badoise afin de déstabiliser la région. La frontière française repasse le Rhin entre 1804-1815, lorsque Napoléon Bonaparte conquiert le pouvoir et décide d’agrandir le territoire français vers l’Est. Par la défaite de Napoléon Bonaparte à reconquérir le pouvoir en 1815, le Rhin est de nouveau un fleuve frontière entre l’Alsace et le Bade. Après le Premier Empire, les gouvernements de Louis XVIII et Charles X ne laissent pas tomber la frontière du Rhin[2], ils veulent reconquérir la rive droite.

Le contrôle du Rhin, un enjeu des nationalismes

Durant la première moitié du XIXe siècle, les politiques français ont la volonté de crée une Allemagne libérale tournée vers la France. Cela provoque en France l’apparition des premières idées nationalistes. Celui-ci promeut l’annexion de la rive droite du Rhin afin que la France puisse retrouver une place au sein de l’Europe. La construction d’un nouveau pont entre Strasbourg et Kehl dans les années 1830 est le symbole de cette volonté. Dans les territoires allemands (Duché de Bavière, Duché de Bade), le sentiment anti français croit[3]. La France est toujours vue comme une menace. Avec la prise de pouvoir de Napoléon III en 1852, les craintes allemandes sont ravivées. Dans le même temps, le nationalisme français reprends de la vigueur. Napoléon III ne veut pas d’une intervention militaire mais joue habilement sur le nationalisme. Malgré un contexte politique tendu épisodiquement, un pont ferroviaire est construit et il permet de stimuler les échanges entre la France et l’Allemagne[4]. Pour manifester sa méfiance, l’administration militaire allemande décide d‘établir entre 1859 et 1870 un complexe militaire important dans la citadelle de Kehl. Trois bâtiments militaires sont construits et ils sont reliés par un tunnel souterrain. Ce complexe est édifié afin de contrer une éventuelle attaque surprise des troupes françaises. Pourtant, le pont n’est pas fermé aux échanges économiques malgré les tensions. Plusieurs fois par jours des trains passent.

Destruction du pont en 1870 ©Numistral

Bismarck joue sur la gallophobie[5] pour justifier d’abords la déstabilisation de la frontière franco-allemande puis la Guerre franco-prussienne en 1870[6]. Le pont de Kehl est partiellement détruit durant cette guerre. En effet, l’armée badoise dynamite l’accès côté allemand pour empêcher les armées françaises de franchir le Rhin.

Lorsque l’Alsace-Moselle est cédée à l’Empire Allemand, le Rhin perds sa fonction de fleuve-frontière. Pour autant, le Pont de Kehl et fleuve deviennent un enjeu économique majeur avec l’essor industriel jusqu’à l’avènement de la Première Guerre Mondiale en août 1914[7].

Le contexte politique entre 1918 et 1945

Après la Première Guerre mondiale, la France reprends l’Alsace-Moselle. Le pays est dans une attitude agressive par l’invasion de la Rhénanie. Une partie des soldats français réquisitionnés passent par le pont ferrovière de Kehl. En effet, la région d’Offenbourg est occupée par la France. Cela provoque le ravivement de la gallophobie. La crise de 1929 a fait des ravages dans le monde entier, particulièrement en Allemagne. En 1932, un an avant les élections générales en Allemagne, le contexte politique mondial est tendu.

En juillet 1932 l’Allemagne se retire une première fois de la Conférence mondiale pour le désarmement car la France ne reconnaît pas l’égalité de l’Allemagne avec les alliés[8].
Le pont de Kehl avant l'invasion allemande.©Numistral

Cela est dû au traité de Versailles qui limite drastiquement les capacités de l’armée allemande (100 000 hommes, pas d’aviation, flotte de guerre très réduite). Le second semestre est politiquement houleux à l’autre côté de la frontière du Rhin. L’Allemagne se retire à nouveau de la Conférence. Franz von Papen déstabilise le Reichstag pour obtenir le pouvoir. Le pays se réarme, particulièrement en Rhénanie. De ce fait, Hitler précipite la Seconde Guerre Mondiale. Durant la Seconde Guerre mondiale, le pont du Rhin subit les destructions françaises et allemandes

Dans un premier temps, ce sont les français qui détruisent des parties vitales du pont afin de ralentir les troupe allemandes. En 1940, les allemands écrasent l’armée française. Très rapidement les autorités allemandes décident de consolider le pont et construisent un pont en bois. En 1944 les allemands détruisent à leur tour le pont.

Après la destruction du pont en 1944 © Bundesarchiv

Le pont du Rhin après 1945

Le Rhin devient le symbole de la sauvegarde de l’Europe occidentale. La puissance soviétique fait peur. Après l'Armistice et face aux traumatismes subis, le Rhin devient peu à peu le symbole de la paix et de la réconciliation franco-allemande[9]. Un pont provisoire est mis en place en 1951 afin de stimuler les échanges économiques. Par sa destruction en 1944, il n'était plus possible de passer le Rhin à Strasbourg. L'ouvrage provisoire permet aux strasbourgeois de voir leur famille basée sur l'autre rive. Notons que le pont actuel a été construit en 1960 afin de remplacer définitivement le pont provisoire d'après guerre. Il présentait des signes de faiblesse et n'était plus adapté pour le passage des automobiles.

En 1961, le fils d'Émile Breesé, Gilbert Breesé filma le pont pour les automobiles.

Lieux ou monuments


Pont de Kehl

Bibliographie


FERRO (Marc), AYÇOBERRY (Pierre), AILLERET (Jean-Claude), Une histoire du Rhin, Éditions Ramsay, Paris, 1979. 459p.

BUCHMANN (Jean), DUPUY (Jean-Marc), MAYER (Bernard), L ‘encyclopédie des chemins de fers d’Alsace-Lorraine, Loco revue, Béthune, 2000. 349p.

MEYER (Philippe), L’or du Rhin, histoire d’un fleuve, Éditions Perrin, Paris, 2011. 437p.


Article rédigé par

Camille Schorn, 07 novembre 2019


  1. Cette fiche est en cours de rédaction. À ce titre elle peut être inachevée et contenir des erreurs.
  2. FERRO (Marc), AYÇOBERRY (Pierre), AILLERET (Jean-Claude), Une histoire du Rhin, Éditions Ramsay, Paris, 1979. p.273
  3. FERRO (Marc), AYÇOBERRY (Pierre), AILLERET (Jean-Claude), Une histoire du Rhin, Éditions Ramsay, Paris, 1979. p.275
  4. BUCHMANN (Jean), DUPUY (Jean-Marc), MAYER (Bernard), L ‘encyclopédie des chemins de fers d’Alsace-Lorraine, Loco revue, Béthune, 2000. p.26 et 27
  5. FERRO (Marc), AYÇOBERRY (Pierre), AILLERET (Jean-Claude), Une histoire du Rhin, Éditions Ramsay, Paris, 1979. p.276-277
  6. MEYER (Philippe), L’or du Rhin, histoire d’un fleuve, Éditions Perrin, Paris, 2011. p.291
  7. BUCHMANN (Jean), DUPUY (Jean-Marc), MAYER (Bernard), L ‘encyclopédie des chemins de fers d’Alsace-Lorraine, Loco revue, Béthune, 2000. p.59-60
  8. NARINSKII (Mikhail Matveevich), La France et l'URSS dans l'Europe des années 30, Presses Paris Sorbonne, 2005. p.1014.
  9. FERRO (Marc), AYÇOBERRY (Pierre), AILLERET (Jean-Claude), ... . p.284-285