Tournée triomphale du Général Leclerc en Alsace (0005FH0028 8) : Différence entre versions

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|Resume_fr=Le général Leclerc est fêté à Saverne, Oberhausbergen, Schiltigheim et Strasbourg par les Alsaciens reconnaissants deux ans après la libération de l'Alsace par la 2ème DB.
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|Resume_fr=Le général Leclerc est fêté à Saverne, Wasselonne, Oberhausbergen, Schiltigheim et Strasbourg par les Alsaciens reconnaissants deux ans après la libération de l'Alsace par la 2ème DB.
 
|Description_fr=Carton : « Le général LECLERC à Saverne le 22 novembre 1946 »
 
|Description_fr=Carton : « Le général LECLERC à Saverne le 22 novembre 1946 »
  
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Ce ne sont plus des cris, mais du délire, aux fenêtres, sur les toits, partout des grappes humaines s’accrochent on ne sait où ni comment pour acclamer le Général »
 
Ce ne sont plus des cris, mais du délire, aux fenêtres, sur les toits, partout des grappes humaines s’accrochent on ne sait où ni comment pour acclamer le Général »
 
|Contexte_et_analyse_fr=Deux ans jour pour jour après sa libération, l’Alsace n’est pas encore tout à fait remise des épreuves de l’annexion allemande du 27 novembre 1940. Sous la férule nazie, la répression politique constante avec l’internement au camp du Struthof, l’expulsion brutale des Juifs spoliés, l’incorporation de force des jeunes hommes dans la Wehrmacht et la collaboration laissent des traces profondes. La région sort également meurtrie des bombardements alliés, la population se sent stigmatisée du fait de la mise en cause des « malgré-nous » dans la destruction d’Oradour-sur-Glane. Cependant, la fin de la guerre a apporté un soulagement pour beaucoup, et nombreux sont ceux qui rivalisent dans la démonstration de leur amour de la France – d’autant que la République ne commet pas l’erreur de 1919 et de la mise sous tutelle par un commissariat.  
 
|Contexte_et_analyse_fr=Deux ans jour pour jour après sa libération, l’Alsace n’est pas encore tout à fait remise des épreuves de l’annexion allemande du 27 novembre 1940. Sous la férule nazie, la répression politique constante avec l’internement au camp du Struthof, l’expulsion brutale des Juifs spoliés, l’incorporation de force des jeunes hommes dans la Wehrmacht et la collaboration laissent des traces profondes. La région sort également meurtrie des bombardements alliés, la population se sent stigmatisée du fait de la mise en cause des « malgré-nous » dans la destruction d’Oradour-sur-Glane. Cependant, la fin de la guerre a apporté un soulagement pour beaucoup, et nombreux sont ceux qui rivalisent dans la démonstration de leur amour de la France – d’autant que la République ne commet pas l’erreur de 1919 et de la mise sous tutelle par un commissariat.  
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Pour le second anniversaire de ces quelques jours qui ont ébranlé l’Alsace revient des colonies où il continue de servir la nation le général Philippe Leclerc de Hauteclocque (1902-1947), commandant de la 2ème division blindée ou 2ème DB. Débarquée le 1er août 1944 à Utah Beach, héroïne de la libération de Paris trois semaines plus tard, l’unité des Forces françaises libres parvient en Alsace après avoir été stoppée par la ligne de défense allemande dans les Vosges. Son contournement par une manœuvre rapide ouvre la voie de Strasbourg que Leclerc avait juré de libérer dans le serment de Koufra du 2 mars 1941 : « Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg ». C’est chose faite le 23 novembre, deux jours après celle de Mulhouse par le général Béthouart remonté de Provence où il avait débarqué le 15 août. La guerre n’est pas finie, puisque la contre-offensive Nordwind menace sérieusement la ville en janvier 1945, et que les combats pour la réduction de la poche de Colmar se rangent parmi les plus âpres de la reconquête du territoire national.
 
Pour le second anniversaire de ces quelques jours qui ont ébranlé l’Alsace revient des colonies où il continue de servir la nation le général Philippe Leclerc de Hauteclocque (1902-1947), commandant de la 2ème division blindée ou 2ème DB. Débarquée le 1er août 1944 à Utah Beach, héroïne de la libération de Paris trois semaines plus tard, l’unité des Forces françaises libres parvient en Alsace après avoir été stoppée par la ligne de défense allemande dans les Vosges. Son contournement par une manœuvre rapide ouvre la voie de Strasbourg que Leclerc avait juré de libérer dans le serment de Koufra du 2 mars 1941 : « Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg ». C’est chose faite le 23 novembre, deux jours après celle de Mulhouse par le général Béthouart remonté de Provence où il avait débarqué le 15 août. La guerre n’est pas finie, puisque la contre-offensive Nordwind menace sérieusement la ville en janvier 1945, et que les combats pour la réduction de la poche de Colmar se rangent parmi les plus âpres de la reconquête du territoire national.
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[[Fichier:2e db.jpg|vignette|A Strasbourg, le maréchal des logis Gélis commandant le blindé Sherman M4 "Evreux" et le lieutenant Briot de La Crochais du 12e RC (Régiment de Cuirassiers) de la 2e DB (Division Blindée) arborent sur leur char des trophées de guerre © ECPAD]]
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'''Leclerc et la France en majesté'''
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Philippe de Hauteclocque (1902-1947) est un militaire de carrière qui a choisi la cavalerie ; une chute de cheval le handicape à vie et le rend aisément reconnaissable. Fait prisonnier, relâché et blessé à la tête pendant la campagne de France, le capitaine refuse la défaite et rejoint Londres dès le 24 juillet 1940. Ayant pris le nom de guerre de Leclerc, il y fait la conquête de De Gaulle, qui le promeut et l’envoie en Afrique équatoriale française. C’est là qu’il s’empare d’une oasis, Koufra, et fait avec ses 300 hommes le fameux serment. Jusqu’en 1944, il unifie la future armée de libération, et réorganise sa 2ème division blindée sur le modèle américain. C’est sur son insistance et celle de De Gaulle que les Américains autorisent sa division placée sous tutelle du général Patton à foncer sur Paris en août 1944 pour forcer les Allemands à renoncer à la capitale insurgée. Une fois l’Allemagne soumise, Leclerc part pour l’Asie, reçoit la reddition japonaise avec les Alliés, et entame la reconquête de l’Indochine qui s’achève en mai 1946. Son ascension s’arrête brusquement : promu général de division, il devient inspecteur des forces terrestres en Afrique du Nord en juillet 1946, où il périt dans un accident d’avion un an et demi plus tard.
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Auréolé de sa victoire en Indochine mais humilié par sa rétrogradation, Leclerc ne boude pas le plaisir d’un bain brûlant de ferveur populaire. S’il partage avec Rol-Tanguy la gloire d’avoir libéré Paris, nul ne conteste ce que proclament calicots et panneaux les 22 et 23 novembre 1946 en Alsace. Dans les images tournées par Robert-Charles Weiss, qui jouit d’une notable liberté de filmer, le général aux quatre étoiles et à la grand-croix de la Légion d’honneur apparaît sur la plupart des plans. Quand ce n’est pas le cas, le cinéaste amateur s’attarde sur son nom glorifié, sur les saluts et les drapeaux agités, sur les regards admiratifs portés à « leur Libérateur ». Seul le drapeau tricolore lui fait concurrence, tandis que quelques discrètes croix de Lorraine, emblèmes de de Gaulle, rappellent qu’un autre général est venu en février 1945 représenter la France et recevoir l’onction de la foule alsacienne ([[Bas:De Gaulle et Leclerc à Strasbourg (0005FH0006)|de Gaulle et Leclerc à Strasbourg]]). Lui aussi a quitté les affaires et entamé sa traversée du désert.
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[[Fichier:Libération.jpg|vignette|Contre-propagande gaulliste à la Libération @ BNUS]]
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'''Carnaval politique et fête mondaine'''
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Weiss a filmé de longues séquences de ces deux jours de fête, quasiment dans la position des opérateurs de la [https://www.ina.fr/video/AFE85001775/le-general-leclerc-preside-les-fetes-de-la-liberation-video.html Semaine des Actualités françaises], où la tournée est présentée en une minute. Certains plans tournés dans les rues de Strasbourg sont la copie conforme des images diffusées à partir du 28 novembre. Les intertitres réalisés de façon professionnelle pour rappeler ceux des actualités filmées muettes, de factuels se font lyriques une fois atteinte la capitale régionale. Si le public des cinémas de France et de Navarre peut entendre le son du triomphe strasbourgeois, que les Alsaciens ont enregistré dans leur mémoire intime, ils ne suivent pas les étapes de la tournée qui fait halte à chaque lieu de mémoire de ces deux journées.
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Saverne, sa « trouée » fameuse dans l’histoire militaire et sa garnison, son « affaire » est la première ville alsacienne libérée le 22 novembre. Wasselonne s’impose car deux soldats du régiment blindé de fusiliers marins (troupes antichar) y ont péri, notamment le jeune sous-lieutenant Torterüe de Sazilly. Et, dans la banlieue de Strasbourg, à Oberhausbergen, où le général attend le moment idoine pour foncer une deuxième fois sur la capitale régionale, le maire, Roger Diebolt, et son épouse ont le plaisir de côtoyer le héros, à qui ils n’ont pas grand-chose à dire d’ailleurs. Lui doit à chaque fois écouter les mots de bienvenue prononcés par des jeunes filles en costume traditionnel, recevoir gerbes et honneurs, se tenir au garde-à-vous lors des prises d’armes. Il est pure figure et ne prononce aucun discours : ce n’est pas un homme politique. Sous l’œil attentif du préfet Bernard Cornut-Gentille, les maires rivalisent eux avec leurs allocutions mêlant sans aucun doute hauts faits militaires et petites affaires politiques. La visite de Leclerc pour le deuxième anniversaire de la libération offre l’occasion de relire l’histoire – celle de la 2ème DB fêtée par les chars du carnaval organisé à Saverne, mais aussi et surtout celle de l’Alsace. Le territoire est tour à tour réduit à ses symboles folkloriques (la coiffe, le kouglof), étrangement exalté en tant que terre agricole, et présenté comme la somme de communes qui participent au défilé derrière leur pancarte. Les quelques citoyens qui, dansant de façon frénétique, miment sans doute le bonheur éprouvé à la Libération, résument à leur manière ce mélange de fête populaire, de mobilisation politique et de consécration mémorielle.
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|Contexte_et_analyse_de='''<big>Besuch von General Leclerc im Elsass</big>'''
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Auf den Tag genau zwei Jahre nach seiner Befreiung hat sich das Elsass noch nicht von den Leiden der deutschen Annektierung vom 27. November 1940 erholt. Die konstante politische Unterdrückung unter der Naziherrschaft, mit Internierungen im KZ Natzweiler-Struthof, brutaler Enteignung und Vertreibung der Juden, Zwangsrekrutierung der jungen Männer in die Wehrmacht und Kollaboration hinterließen tiefe Wunden. Die Region wurde durch die Bomben der Alliierten zerstört, die Bevölkerung fühlte sich wegen der Beteiligung der zwangsrekrutierten Elsässer in der Waffen-SS, den sogenannten „Malgré-nous“, an der Zerstörung von Oradour-sur-Glane gebrandmarkt. Das Ende des Krieges war jedoch für viele eine Erleichterung, und viele bemühten sich darum, ihre Liebe zu Frankreich unter Beweis zu stellen – umso mehr, als die Republik nicht den Fehler von 1919 wiederholte und die Region nicht unter die Aufsicht eines Kommissars stellte.
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Zum zweiten Jahrestag dieser entscheidenden Tage in der Geschichte des Elsass kehrte General Philippe Leclerc de Hauteclocque, Kommandant der 2. Panzerdivision, aus den Kolonien zurück, wo er weiterhin der Nation diente. Die am 1. August 1944 in Utah Beach gelandete und drei Wochen später zu Helden der Befreiung von Paris gewordene Einheit der Freien Französischen Streitkräfte, rückte bis zum Elsass vor, nachdem sie von der deutschen Verteidigungslinie in den Vogesen gestoppt worden war. Sie konnte sie durch ein schnelles Manöver umgehen und sich den Weg nach Straßburg ebnen, dessen Befreiung Leclerc im Eid von Koufra am 2. März 1941 geschworen hatte: „Schwört, dass Ihr die Waffen erst dann niederlegt, wenn unsere Farben, unsere schönen Farben, über dem Straßburger Münster wehen“. Dies geschah am 23. November, zwei Tage nach der Befreiung von Mulhouse durch General Béthouart, der nach seiner Landung am 15. August aus der Provence vorgerückt war. Der Krieg war noch nicht zu Ende, da die Gegenoffensive Nordwind die Stadt im Januar 1945 ernsthaft bedrohte, und der Kampf um den Brückenkopf Elsass zu den erbittertsten Kämpfen zur Rückeroberung des Staatsgebietes zählt.
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'''Zum Ruhme Leclercs und Frankreichs'''
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Philippe de Hauteclocque (1902-1947) hatte eine militärische Laufbahn in der Kavallerie gewählt; von einem Sturz vom Pferd trug er eine lebenslange Behinderung davon, an der er leicht erkennbar war. Der im Frankreichfeldzug gefangen genommene, wieder freigelassene und am Kopf verletzte Hauptmann verweigerte die Anerkennung der Niederlage und ging am 24. Juli 1940 nach London. Unter seinem Kriegsnamen Leclerc traf er dort De Gaulle, der ihn beförderte und nach Französisch-Äquatorialafrika schickte. Dort nahm er die Kufra-Oase ein, wo er mit seinen 300 Mann den berühmten Eid ablegte. Bis 1944 vereinte er die zukünftige Befreiungsarmee und reorganisierte seine zweite Panzerdivision nach amerikanischem Vorbild. Auf sein und De Gaulles Drängen genehmigten die Amerikaner seine Division unter dem Kommando von General Patton, im August 1944 nach Paris vorzurücken, um die Deutschen zur Aufgabe der aufständischen Hauptstadt zu zwingen. Nachdem Deutschland unterworfen war, ging Leclerc nach Asien, nahm zusammen mit den Alliierten die Kapitulation Japans entgegen und begann die Rückeroberung von Indochina, die im Mai 1946 endete. Sein Aufstieg fand ein jähes Ende: Nachdem er zum Generalmajor befördert worden war, wurde er im Juli 1946 Inspekteur des Heeres in Nordafrika, wo er anderthalb Jahre später bei einem Flugzeugunglück ums Leben kam.
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Vom Glanz seines Sieges in Indochina umstrahlt, aber durch seine Degradierung gedemütigt, ist Leclerc dem Vergnügen eines Bades in einer begeisterten Menschenmenge nicht abgeneigt. Während er mit Rol-Tanguy den Ruhm der Befreiung von Paris teilte, bestritt niemand, was am 22. und 23. November 1946 auf den Spruchbändern und Schildern im Elsass verkündet wurde. Auf den Bildern von Robert-Charles Weiss, der beim Filmen eine beachtliche Freiheit genoss, ist der General mit den vier Sternen und dem Großen Kreuz der Ehrenlegion auf den meisten Aufnahmen zu sehen. Und wenn nicht, dann verweilt der Amateurfilmer auf seinem verehrten Namen, auf den Grüßen und den geschwungenen Fahnen, auf den bewundernden Blicken der Zuschauer auf „ihren Befreier“. Nur die französische Nationalflagge macht ihm Konkurrenz, während einige diskrete lothringische Kreuze, die Embleme von de Gaulle, daran erinnern, dass im Februar 1945 ein anderer General gekommen ist, um Frankreich zu vertreten und die Salbung der elsässischen Menge (Film) zu empfangen. Auch für ihn hat eine Durststrecke begonnen.
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'''Politischer Karneval und mondänes Fest'''
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Weiss drehte lange Sequenzen dieser beiden Festtage, fast so wie die Kameramänner der Französischen Wochenschauen, in denen die Tournee in einer Minute präsentiert wurde. Einige Aufnahmen, die in den Straßburger Straßen gedreht wurden, stimmen exakt mit den Bildern überein, die ab dem 28. November ausgestrahlt wurden (https://www.ina.fr/video/AFE85001775/le-general-leclerc-preside-les-fetes-de-la-liberation-video.html). Die professionell produzierten Zwischentitel, die an die Stummfilmwochenschauen erinnern, werden lyrisch, sobald man die regionale Hauptstadt erreicht hat. Das Publikum in den Kinos in ganz Frankreich kann zwar den Klang des Straßburger Triumphes hören, der sich tief in das Gedächtnis der Elsässer eingegraben hat, aber es folgt nicht den Etappen der Tournee, die an diesen beiden Tagen an jedem Ort der Erinnerung Halt macht.
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Saverne, mit der in der Militärgeschichte berühmten „Zaberner Senke“ und seiner Garnison wurde am 22. November als erste Stadt im Elsass befreit. Wasselonne, weil dort zwei Soldaten des Panzerregiment der Marineinfanterie (Régiment blindé de fusiliers marins) (Panzerabwehrtruppen) gefallen sind, darunter der junge Unterleutnant Torterüe de Sazilly. Und in der Umgebung von Straßburg, in Oberhausbergen, wo der General auf den richtigen Moment wartete, um ein zweites Mal nach Straßburg zu stürmen. Der Bürgermeister und seine Frau Chanterelle haben das Vergnügen, dem Helden zu begegnen, dem sie übrigens nicht viel zu sagen haben. Er muss jedes Mal den Begrüßungsworten junger Mädchen in Tracht zuhören, Kränze und Ehrungen entgegennehmen und während der Appelle stramm stehen. Er ist reiner Statist und hält kein einzige Rede, denn er ist kein Politiker. Unter den aufmerksamen Blicken des Präfekten Bernard Cornut-Gentille wetteifern die Bürgermeister mit ihren Reden, die zweifellos militärische Leistungen mit kleinen politischen Angelegenheiten vermischten. Der Besuch von Leclerc zum zweiten Jahrestag der Befreiung bot die Gelegenheit, sich die Geschichte erneut vor Augen zu halten – die der 2. Panzerdivision, die von den Karnevalswagen in Saverne gefeiert wird, aber auch und vor allem die Geschichte des Elsass. Die Region wird bald auf ihre volkstümlichen Symbole (Schleifenhaube, Gugelhupf) reduziert, bald auf seltsame Weise als Ackerland gefeiert und als  die Summe der Gemeinden dargestellt, die hinter ihren Schildern am Umzug mitmarschieren. Die paar begeistert tanzenden Bürger von X  ahmen wahrscheinlich die bei der Befreiung empfundene Freude nach und fassen diese Mischung aus Volksfest, politischer Mobilisierung und Gedenkfeier auf ihre Weise zusammen.
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|Bibliographie=Jacques Granier, ''Et Leclerc prit Strasbourg'', Strasbourg, Nuée Bleue, 1994.
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Jean-Chistophe Notin, ''Leclerc'', Paris, Perrin, 2005.
 
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Version du 19 mars 2019 à 17:49


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Événements filmés ou en lien


Deuxième anniversaire de la libération de l'Aslace

Résumé


Le général Leclerc est fêté à Saverne, Wasselonne, Oberhausbergen, Schiltigheim et Strasbourg par les Alsaciens reconnaissants deux ans après la libération de l'Alsace par la 2ème DB.

Description


Carton : « Le général LECLERC à Saverne le 22 novembre 1946 »

Le général filmé en gros plan au milieu de la foule/ fanfare joue la Marseillaise/garde à vous avec des militaires sur la place principale XX/la foule aux balcons/ jeunes filles en costume traditionnel/ Leclerc décore une femme, puis un enfant/ il s’entretient avec les officiels/plans sur le public de notables (femmes bien habillées)/plan en plongée sur la foule, panoramique droite/Leclerc marche dans les rues de Saverne avec le maire Gaston Heitz au milieu de la foule derrière service d’ordre, photographes/hôtel de ville avec le préfet/défilé dans la rue principale, drapeaux français et gaulliste aux balcons, panoramique en contre-plongée, puis en plongée sur la fanfare, les Vosges à l’horizon/ Leclerc pose pour un cliché avec des jeunes femmes en costume traditionnel/défilé : un char d’assaut Sherman de la 2e DB « Tchad-Alsace », un char de carnaval fleuri avec le V gaulliste et pancarte « À notre libérateur », un 2e en l’honneur de la 2e DB/un troisième, allégorie de l’Alsace avec jeunes femmes en costume tenant un kouglof et structure représentant une maison alsacienne/camion de l’Union nationale des combattants « Vive le général Leclerc »/fanfare de la Légion/char de carnaval avec des soldats américains/harmonie amateur d’accordéonistes (enfants)/danseurs/un char d’assaut BIRKENWALD avec des enfants, pancarte « HONNEUR à la Division Leclerc »/char de carnaval V gaulliste et jeune femme/ char « Vive notre libérateur/ Engagement…/ Du Tchad au Rhin avec Spahis/ pancarte commune de Erpstein / char de carnaval avec moulin à vent et cultivateur mimant son travail / char de carnaval « Hommage au général Leclerc le FCS »/ plans sur le public, des petites filles en costume applaudissent/ Leclerc sort d’une voiture, sert la main de responsables politiques / discours de bienvenue lu par une femme en costume traditionnel/ bises, remise de diplôme, tableau, etc. / discours du mire/

À Wasselonne, banderole en hauteur « Soyez le bienvenu Général Leclerc notre libérateur – France d’abord »/ Leclerc marche, salue, photo sous la banderole avec les maires du pays / Leclerc au balcon de la mairie avec le maire Charles Beutelstetter, qui prononce un discours : plan en plongée sur la foule qui applaudit/ Croix du lieutenant de Sazilly RBFM mort le 23.11.1944 pour la libération de la France, recueillement de Leclerc qui dépose une gerbe.

Carton : « Dans la cour du Maire d’Oberhausbergen, préparatifs de départ »

(sous-exposé) Leclerc avec le maire et des proches / jeunes filles en costume alsacien / gerbe de fleurs / attente.

Carton : « Arrivée au pont de Schiltigheim d’où repart le Général Leclerc vers Stsrabourg parée comme une reine pour accueillir son libérateur. Une foule immense massée sur tout le parcours crie sa joie et jette des fleurs à ″son″ Général »

Plans à Oberhausbergen / à Schiltigheim portique tricolore RF où est inscrit « HOMMAGE À NOTRE GLORIEUX LIBÉRATEUR » / Leclerc arrive en décapotable, descend/ salut militaire pendant que l’on joue la Marseillaise / plans sur la foule / gerbe de fleurs et discours de bienvenue par une petite fille en costume alsacien / Leclerc sourit / foule dense, photographes et cameramen filment Leclerc, le préfet et le reste de la délégation avancer le long des rails du tramway / la foule agite des fanions, elle applaudit depuis les balcons pavoisés.

Carton « Place Kléber ! Ce ne sont plus des cris, mais du délire, aux fenêtres, sur les toits, partout des grappes humaines s’accrochent on ne sait où ni comment pour acclamer le Général »

Métadonnées

N° support :  0005FH0028 8
Date :  1946
Coloration :  Noir et blanc
Son :  Muet
Durée :  00:10:41
Cinéastes :  Weiss, Robert-Charles
Format original :  8 mm
Langue :  Français
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Seconde Guerre mondiale : après-guerre, Seconde Guerre mondiale : cérémonies - commémorations - lieux de mémoire
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


Deux ans jour pour jour après sa libération, l’Alsace n’est pas encore tout à fait remise des épreuves de l’annexion allemande du 27 novembre 1940. Sous la férule nazie, la répression politique constante avec l’internement au camp du Struthof, l’expulsion brutale des Juifs spoliés, l’incorporation de force des jeunes hommes dans la Wehrmacht et la collaboration laissent des traces profondes. La région sort également meurtrie des bombardements alliés, la population se sent stigmatisée du fait de la mise en cause des « malgré-nous » dans la destruction d’Oradour-sur-Glane. Cependant, la fin de la guerre a apporté un soulagement pour beaucoup, et nombreux sont ceux qui rivalisent dans la démonstration de leur amour de la France – d’autant que la République ne commet pas l’erreur de 1919 et de la mise sous tutelle par un commissariat.

Pour le second anniversaire de ces quelques jours qui ont ébranlé l’Alsace revient des colonies où il continue de servir la nation le général Philippe Leclerc de Hauteclocque (1902-1947), commandant de la 2ème division blindée ou 2ème DB. Débarquée le 1er août 1944 à Utah Beach, héroïne de la libération de Paris trois semaines plus tard, l’unité des Forces françaises libres parvient en Alsace après avoir été stoppée par la ligne de défense allemande dans les Vosges. Son contournement par une manœuvre rapide ouvre la voie de Strasbourg que Leclerc avait juré de libérer dans le serment de Koufra du 2 mars 1941 : « Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg ». C’est chose faite le 23 novembre, deux jours après celle de Mulhouse par le général Béthouart remonté de Provence où il avait débarqué le 15 août. La guerre n’est pas finie, puisque la contre-offensive Nordwind menace sérieusement la ville en janvier 1945, et que les combats pour la réduction de la poche de Colmar se rangent parmi les plus âpres de la reconquête du territoire national.

A Strasbourg, le maréchal des logis Gélis commandant le blindé Sherman M4 "Evreux" et le lieutenant Briot de La Crochais du 12e RC (Régiment de Cuirassiers) de la 2e DB (Division Blindée) arborent sur leur char des trophées de guerre © ECPAD

Leclerc et la France en majesté

Philippe de Hauteclocque (1902-1947) est un militaire de carrière qui a choisi la cavalerie ; une chute de cheval le handicape à vie et le rend aisément reconnaissable. Fait prisonnier, relâché et blessé à la tête pendant la campagne de France, le capitaine refuse la défaite et rejoint Londres dès le 24 juillet 1940. Ayant pris le nom de guerre de Leclerc, il y fait la conquête de De Gaulle, qui le promeut et l’envoie en Afrique équatoriale française. C’est là qu’il s’empare d’une oasis, Koufra, et fait avec ses 300 hommes le fameux serment. Jusqu’en 1944, il unifie la future armée de libération, et réorganise sa 2ème division blindée sur le modèle américain. C’est sur son insistance et celle de De Gaulle que les Américains autorisent sa division placée sous tutelle du général Patton à foncer sur Paris en août 1944 pour forcer les Allemands à renoncer à la capitale insurgée. Une fois l’Allemagne soumise, Leclerc part pour l’Asie, reçoit la reddition japonaise avec les Alliés, et entame la reconquête de l’Indochine qui s’achève en mai 1946. Son ascension s’arrête brusquement : promu général de division, il devient inspecteur des forces terrestres en Afrique du Nord en juillet 1946, où il périt dans un accident d’avion un an et demi plus tard.

Auréolé de sa victoire en Indochine mais humilié par sa rétrogradation, Leclerc ne boude pas le plaisir d’un bain brûlant de ferveur populaire. S’il partage avec Rol-Tanguy la gloire d’avoir libéré Paris, nul ne conteste ce que proclament calicots et panneaux les 22 et 23 novembre 1946 en Alsace. Dans les images tournées par Robert-Charles Weiss, qui jouit d’une notable liberté de filmer, le général aux quatre étoiles et à la grand-croix de la Légion d’honneur apparaît sur la plupart des plans. Quand ce n’est pas le cas, le cinéaste amateur s’attarde sur son nom glorifié, sur les saluts et les drapeaux agités, sur les regards admiratifs portés à « leur Libérateur ». Seul le drapeau tricolore lui fait concurrence, tandis que quelques discrètes croix de Lorraine, emblèmes de de Gaulle, rappellent qu’un autre général est venu en février 1945 représenter la France et recevoir l’onction de la foule alsacienne (de Gaulle et Leclerc à Strasbourg). Lui aussi a quitté les affaires et entamé sa traversée du désert.

Contre-propagande gaulliste à la Libération @ BNUS

Carnaval politique et fête mondaine

Weiss a filmé de longues séquences de ces deux jours de fête, quasiment dans la position des opérateurs de la Semaine des Actualités françaises, où la tournée est présentée en une minute. Certains plans tournés dans les rues de Strasbourg sont la copie conforme des images diffusées à partir du 28 novembre. Les intertitres réalisés de façon professionnelle pour rappeler ceux des actualités filmées muettes, de factuels se font lyriques une fois atteinte la capitale régionale. Si le public des cinémas de France et de Navarre peut entendre le son du triomphe strasbourgeois, que les Alsaciens ont enregistré dans leur mémoire intime, ils ne suivent pas les étapes de la tournée qui fait halte à chaque lieu de mémoire de ces deux journées.

Saverne, sa « trouée » fameuse dans l’histoire militaire et sa garnison, son « affaire » est la première ville alsacienne libérée le 22 novembre. Wasselonne s’impose car deux soldats du régiment blindé de fusiliers marins (troupes antichar) y ont péri, notamment le jeune sous-lieutenant Torterüe de Sazilly. Et, dans la banlieue de Strasbourg, à Oberhausbergen, où le général attend le moment idoine pour foncer une deuxième fois sur la capitale régionale, le maire, Roger Diebolt, et son épouse ont le plaisir de côtoyer le héros, à qui ils n’ont pas grand-chose à dire d’ailleurs. Lui doit à chaque fois écouter les mots de bienvenue prononcés par des jeunes filles en costume traditionnel, recevoir gerbes et honneurs, se tenir au garde-à-vous lors des prises d’armes. Il est pure figure et ne prononce aucun discours : ce n’est pas un homme politique. Sous l’œil attentif du préfet Bernard Cornut-Gentille, les maires rivalisent eux avec leurs allocutions mêlant sans aucun doute hauts faits militaires et petites affaires politiques. La visite de Leclerc pour le deuxième anniversaire de la libération offre l’occasion de relire l’histoire – celle de la 2ème DB fêtée par les chars du carnaval organisé à Saverne, mais aussi et surtout celle de l’Alsace. Le territoire est tour à tour réduit à ses symboles folkloriques (la coiffe, le kouglof), étrangement exalté en tant que terre agricole, et présenté comme la somme de communes qui participent au défilé derrière leur pancarte. Les quelques citoyens qui, dansant de façon frénétique, miment sans doute le bonheur éprouvé à la Libération, résument à leur manière ce mélange de fête populaire, de mobilisation politique et de consécration mémorielle.

Personnages identifiés


Général Leclerc; Gaston Heitz; Charles Beutelstetter

Lieux ou monuments


Saverne; Strasbourg

Bibliographie


Jacques Granier, Et Leclerc prit Strasbourg, Strasbourg, Nuée Bleue, 1994.

Jean-Chistophe Notin, Leclerc, Paris, Perrin, 2005.


Article rédigé par

ALEXANDRE SUMPF, 04 mars 2019


  1. En tant que partie d'une production amateur, cette séquence n'a pas reçu de titre de son réalisateur. Le titre affiché sur cette fiche a été librement forgé par son auteur dans le but de refléter au mieux son contenu.