Libération et Fin de l'occupation à Colmar (0024FS0002)


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Événements filmés ou en lien


Libération de l'Alsace; Libération de Colmar; 1945

Résumé


Le film illustre la libération de Colmar, en montrant l'arrivée de transports et de blindés américains dans une rue où une foule se réunit peu à peu. Les pancartes des rues en allemand, derniers signes de l'occupation nazie, sont enlevées par des civils sous les yeux de la foule qui grandit. Celle-ci discute en même temps avec des soldats américains en Jeep, et acclament ceux qui passent. Enfin, un char M4 Sherman fait son apparition et est acclamé et suivi par de nombreuses personnes.

Le film se finit sur plusieurs plans en plongée montrant de nombreuses personnes dans la rue et entourant un véhicule américain pour discuter avec les soldats qui y sont assis.

Description


Le premier plan commence sur une Jeep Willis américaine, entourée par la foule dans une rue bondée. Second plan illisible. Foule observe deux hommes à l'étage d'une maison, et qui s'apprêtent à enlever la pancarte de la "Hermann Göring Straße". Zoom sur celle-ci. Sortie d'un homme du premier étage du bâtiment, et première tentative pour enlever la pancarte. Plan fixe sur foule dans la rue. Retour à la tentative de démontage du panneau. Discussion entre des alsaciens et des soldats américains à bord d'une Jeep. Zoom sur le panneau de la Hermann Göring Straße. Véhicule amphibie américain passe, salué par la foule. Soldat essaye d'enlever le panneau de la Adolf-Hitler-Straße. Zoom sur le panneau et le soldat, puis on retour au plan initial. Arrivée de Jeeps et de véhicules divers, tous salués par la foule. Civil essaye d'enlever le panneau de l'Adolf-Hitler-Straße, et au plan suivant on voit que celui de la Herman-Göring Straße est enlevé. Celui de la Adolf-Hitler-Straße est enlevé au plan suivant, puis donné à un civil. Foule applaudit l'homme qui a enlevé la première plaque. Plan suivant, pris d'une position surélevée montre un camion américain traverser la foule, puis un véhicule amphibie Ford GPA être salué. Un char Sherman arrive dans une rue voisine, tourne, et est suivi par une foule qui l'applaudit. Foule se réunit autour de quelques soldats. Jeeps passent. Foule entoure toujours les soldats américains. Plusieurs groupes se forment et laissent passer des véhicules. Un groupe se réunit autour d'une jeep, qui finit par partir. Une autre est filmée, l'équipage discutant avec des français.

Métadonnées

N° support :  0024FS0002
Date :  1945
Coloration :  Noir et blanc
Son :  Muet
Durée :  00:03:34
Cinéastes :  Inconnu
Format original :  16 mm
Genre :  Documentaire
Thématiques :  Seconde Guerre mondiale : Libération
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


Un film à la libération de Colmar

Char Sherman à Colmar, lors des combats de la poche.

Colmar est, en 1945, l'une des dernières villes d'Alsace à être libérée. La poche de Colmar, où les combats furent féroces, ne fut ainsi refermée qu'en février 1945, deux mois avant la fin de la guerre et alors que l'armée américaine était déjà engagée en Allemagne. Il est donc normal que les évènements filmés ici soient un moment qu'il faille commémorer, où les habitants fêtent enfin leur retour à la France et acclament leurs libérateurs: ceux-ci sont ainsi au cœur de l'attention, la caméra suivant les véhicules américains et filmant les interactions avec la population. La présence américaine semble encore très forte au moment du film, de nombreux véhicules tels que des Ford GPA amphibies ou des camions Diamond T 1937 passant dans la rue ou au milieu des passants. Un char M4 Sherman est même encore présent. On peut deviner grâce à la tenue d'hiver américaine des soldats composée de manteaux longs M1943 , et de celles des civils, ainsi que leurs manières d'agir(comme la dame qui se frotte les mains au premier plan à 00:00:54) que au moment où le film est tourné, la température est encore très basse et que la libération s'est donc faite très récemment. On peut de plus ajouter que la bataille d'Alsace s'est déroulée pendant l'hiver, de Novembre à Mars, et que ce fut un des pires hivers que connu la région, ce qui renforce l'idée que ce film fut pris peu après la fin de cette bataille.

La fin de l'occupation

La conséquence de cette libération, et le court temps séparant celle-ci de la création de ce film, donnent donc comme sujet principal à celui-ci la fin de l'occupation: Cela s'exprime par un biais très simple, montré tout-au-long de la séquence et qui sert de fil rouge à celle-ci, c'est la suppression de tous les panneaux indicateurs de rues qui était alors encore écrits en allemand, à l'instar ici de la Hermann-Göring Straße ou de l'Adolf-Hitler-Straße. Celles-ci furent ainsi nommés dès 1940, suite à l'annexion de l'Alsace par le Troisième Reich, et devaient servir à peu à peu germaniser la région, en plus de commémorer les figures importantes du régime tel que le Führer. Il s'agit donc clairement de symbole de l'occupation nazie qui sont ici détruits aussi bien par des alsaciens que des soldats, pour marquer la fin de l'emprise nazie sur la ville de Colmar et son retour à la France. La présence des vainqueurs semble beaucoup aider en cela, puisque ceux-ci n'hésitent pas à aider la population: un soldat américain à 00:01:18 essaie de démonter un panneau avec son couteau de combat. Ils sont également les observateurs de ce spectacle, comme on le voit dès le début avec des soldats qui regardent un homme tenter d'enlever un panneau depuis leur voiture, et on peut même supposer que leur présence est même l'occasion qui fut choisie pour cette opération, les soldats garantissant un sentiment de sécurité rassurant les gens dans leurs actes, au coeur d'une Colmar qui vient à peine d'être libérée. Ces soldats, sûrement des FFI, mâchent également du chewing-gum, preuve qu'ils sont déjà touchés par une américanisation progressive.

Un film fait par un amateur habitué au cinéma

Le réalisateur de ce film ne semble cependant pas être un professionnel. comme en témoigne son matériel, composé de film en 16mm, créé par Kodak en 1923 pour le cinéma amateur. De plus, le réalisateur commet plusieurs erreurs que n'aurait pas laissé un professionnel, comme certains plans surexposés à la lumière du soleil ou des coupes très rapides et hasardeuses, notamment pour filmer les véhicules. Cette manière de filmer, à base de coupures fréquentes pour aider à montrer le plus de choses possibles, indique tout d'abord que l'auteur veut commémorer cet évènement qu'est la Libération. Il filme ainsi chaque véhicule américain qui passe, le suivant en plusieurs plans, mais n'hésite jamais à montrer la réaction de la foule au passage des véhicules: le caméraman entend donc montrer l'effet que produit cette Libération sur les gens, et comment ceux-ci perçoivent leurs libérateurs. On retrouve cette idée dès le premier plan, où le caméraman commence à filmer des gens rassemblés autour d'une jeep américaine, avant de remonter sur la rue pour montrer la foule qui est présente ainsi que l'endroit où cela se passe. S'intercalant entre plusieurs scènes, entre véhicules, soldats et foules, certains évènements servent de fil rouge, donnant au film un ordre d'images dans le temps: On pense bien entendu aux tentatives nombreuses pour enlever les plaques de rues, chacune nécessitant plusieurs essais. La réussite de ces tentatives marque ainsi la fin du film, celui-ci ne se concentrant alors plus que sur les dernières réactions de la foule et les derniers soldats américains qui passent dans les rues, entourés d'alsaciens voulant leur parler.

C'est donc un évènement important que l'auteur inconnu de ce film veut montrer, la libération de Colmar par les forces françaises et américaines, mais, bien plus que cela, il semble se servir de son film pour commémorer cet évènement et la manière dont les habitants de Colmar ont réagi.

Lieux ou monuments


Colmar; Alsace

Bibliographie


Bertin, François, D-Day, Normandie: Armes,Uniformes, Matériel, Ouest-France, Paris, 2004

Marie-Joseph Bopp, Ma ville à l'heure nazie : Colmar, 1940-1945, Strasbourg, La Nuée bleue, 2004.

Darman, Peter, Uniformes de la Seconde Guerre Mondiale, Céliv, Paris, 1999

Jackson, Robert, Chars et véhicules blindés: encyclopédie visuelle, L’imprévu-adulte, Paris, 2016

Le Marec, Bernard, L'Alsace dans la Guerre (1939-1945), Horvath, Le Coteau, 1988

Thalmann, Hugues-Emmanuel, La campagne oubliée d'Alsace : la poche de Colmar : hiver 1944-1945, Editions Sutton, Tours, 2017 Ibid, L' enfer des combats de la poche de Colmar : hiver 1944-1945 , Editions Sutton, Saint-Cyr-sur-Loire, 2010

Documents annexes


Wikipedia Commons pour les images.( toutes appartiennent au domaine public)


Article rédigé par

Vincent Durut, 20 décembre 2018


  1. En tant que partie d'une production amateur, cette séquence n'a pas reçu de titre de son réalisateur. Le titre affiché sur cette fiche a été librement forgé par son auteur dans le but de refléter au mieux son contenu.