Manöverball 75er Jäger (LFS00248 2)


Avertissement[1]

Résumé


Maneuver ball of the 75 hunter batallion in Offenburg 1936.

Description


ZT: Maneuver ball of the 75er Jäger batallion/ Fairground; beer-drinking men in uniform sit at long tables. Invading Department of the 75th Hunters. Marquee with event participants.

Métadonnées

N° support :  LFS00248 2
Date :  1936
Coloration :  Noir et blanc
Son :  Muet
Durée :  00:01:48
Format original :  16 mm
Genre :  Documentaire
Thématiques :  Seconde Guerre mondiale : avant-guerre
Institution d'origine :  Haus des Dokumentarfilms

Contexte et analyse


De prime abord, ce court film semble peu spectaculaire. Un mouvement panoramique montre une prairie où de jeunes soldats sont assis à des tables de brasserie. Ils regardent droit vers la caméra ou trinquent joyeusement dans sa direction. En arrière-plan, on voit un chapiteau vide, également équipé de tables. D’autres scènes montrent les soldats d’un peu plus près, en train de boire de la bière, de fumer des cigarettes et de profiter de la journée ensoleillée. Un nouveau bataillon fait son entrée, escorté d’un garçon à trottinette. Une table est occupée par des officiers. Le chapiteau se remplit, un orchestre militaire s’est installé. Un plan large montre d’en haut l’espace à présent rempli de civils. Le bal peut commencer. Le film s’inscrit dans le contexte du retour de l’armée à Offenburg en 1936, ville qui appartenait à la zone démilitarisée après la Première Guerre mondiale.


L’occupation de la Rhénanie

Dans la propagande nazie, la remilitarisation de la Rhénanie est qualifiée de « libération ». Le 7 mars 1936, l’armée allemande occupe unilatéralement cette région précédemment démilitarisée. Cette violation manifeste du traité de Versailles vise à conforter l’assise militaire d’Hitler, dont la position se trouvera renforcée par l’absence de réaction du Royaume-Uni et de la France face à cette invasion. La ville d’Offenburg est elle aussi concernée par des opérations militaires. Avant même l’invasion, son maire, Wolfram Rombach, s’est rendu à Berlin à plusieurs reprises pour mener des négociations secrètes. Dans l’après-midi du 7 mars 1936, alors même que commence l’occupation de la Rhénanie, le 75e bataillon de chasseurs du régiment d’infanterie de Villingen entre dans Offenburg. Quelques heures plus tôt, l’Offenburger Tageblatt avait publié une édition spéciale. Les habitants y étaient appelés à « sortir les drapeaux » et le journal annonçait qu’Offenburg retrouverait bientôt son statut de ville de garnison acquis en 1898, c’est-à-dire que des formations militaires y seraient à nouveau hébergées en permanence. « La population est folle de joie », rapportait le journal, décrivant les foules bordant les rues.

Après l’arrivée des troupes, Wolfram Rombach prononce un discours dans la cour de la caserne pour souhaiter la bienvenue aux soldats : « Puissiez-vous vous sentir ici chez vous. » La foule entonne ensuite l’hymne national allemand et celui du parti nazi. Les chasseurs s’installent dans la caserne de la Weingartenstraße. Le dimanche suivant, celle-ci ouvre ses portes aux visiteurs – pour le plus grand plaisir des enfants et des jeunes curieux. Le journal du 10 mars évoque à nouveau les chasseurs et la « relation vraiment chaleureuse » entre soldats et habitants. L’orchestre du bataillon donne son premier concert en plein air.


La caserne

Avant même l‘occupation de la Rhénanie, Offenburg se trouve au cœur de projets confidentiels d’envergure nationale, visant à recentraliser et remilitariser la police allemande. Cet objectif étant en violation des traités de Versailles, les plans doivent cependant rester secrets. Les bâtiments 11 et 12 de la caserne d’Offenburg sont retenus pour servir de logements, le cas échéant, aux forces de police du land. En 1935, ils sont réaménagés en très peu de temps, tandis que la cour de la caserne est repavée et que hébergements temporaires ainsi que des écuries sont construits. Fin mai, l’autorité publique retire son autorisation. En 1936, la caserne est finalement choisie comme siège du 75e bataillon de chasseurs, comptant dix officiers, 745 hommes et 80 chevaux. Son commandant, le major Drekmann, a déjà réglé la question de l’hébergement avant l’emménagement. Pendant leur séjour, les soldats doivent s’entraîner aux opérations de combat, au maniement des mitrailleuses et au tir. Pour les chasseurs, le bâtiment 9 est également vidé et remis en état, le tout coûtant à la ville près de 300 000 reichsmarks. La flotte de véhicules et les chevaux sont logés dans la cour d’un bâtiment municipal et dans les écuries de la ville. Le major Drekmann note que de nouvelles infrastructures sont nécessaires. Il manque surtout des écuries, des remises et des manèges à chevaux.


Manœuvres sur le Heuberg

Dans la nuit du 3 au 4 juin 1936, le bataillon de chasseurs part pour une marche de 25 heures en vue de réaliser des manœuvres sur le plateau du Heuberg. Le terrain d’entraînement militaire du Heuberg se trouve dans l’arrondissement de Sigmaringen/Zollernalb. Aménagé en 1910, il est encore utilisé de nos jours. Dans le numéro du 4 juin 1936 de l’Offenburger Tageblatt, le chasseur Kurt Wiesner relate les préparatifs : « Pour la majorité des hommes, ce terrain d’entraînement militaire est quelque chose d’inconnu, de complètement nouveau. Le Heuberg aussi – nos pères nous racontaient déjà des récits effrayants à son sujet. Les chefs de chambrée, qui le connaissent aussi, sont intarissables. C’est un flot permanent de récits étourdissant pour les nouvelles recrues. Elles entendent parler d’efforts. De marches. D’exercices et de quartiers. Les histoires s’étoffent et deviennent plus détaillées quand on en vient à évoquer le bal de fin de manœuvres. » Au bout d’un mois, le 4 juillet 1936, le bataillon de chasseurs revient de ses manœuvres sur le Heuberg. Selon l’Offenburger Tageblatt, les soldats ont « manqué » à la population et dès le soir de leur retour, la ville retrouve « un visage déjà familier ». C’est dans ce cadre que sont filmées les images du bal de fin de manœuvre, destiné également à consolider les liens avec la population d’Offenburg. Leur séjour sera toutefois de courte durée : les chasseurs quittent Offenburg dès septembre 1936 et sont transférés à Villingen. En remplacement, le 5e bataillon de mitrailleuses de Würzburg prend ses quartiers dans Offenburg redevenue ville de garnison.

Emilia Biche, Justin Bäumle

Lieux ou monuments


Offenburg



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