Mariage à Strasbourg (0034FS0012)
Événements filmés ou en lien
Résumé
Tournage en noir et blanc des noces d’un couple à Strasbourg en 1932, réalisé par Robert Jenny (1884-1945).
Contexte et analyse
Un mariage catholique
La cérémonie religieuse a lieu dans l’église Saint-Pierre-le-Vieux à Strasbourg. Cette église présente un aspect particulier. Elle a regroupé sous un seul toit deux églises à croyances différentes, l’une catholique et l’autre protestante, séparées seulement par un mur construit au XVIIe siècle, mais détruit aujourd’hui. L’entrée donnant sur la rue du 22 Novembre par laquelle sort le couple au début du film avant de monter dans le bus héberge le culte catholique. L’entrée de l’église protestante se trouve du côté de la Grand-Rue.
La religion de la famille est confirmée par la vieille dame au costume traditionnel d’Alsace. Elle porte la coiffure à grand nœud noir, originaire de Kochersberg, du pays de Hanau et du sud de Strasbourg, symbole de la mariée catholique.
Entre tradition et modernité
Le repas de noces constitue le côté profane de la cérémonie de mariage et le point culminant des célébrations consignant l’union de deux familles. Il permet par ailleurs aux hôtes de s’entretenir avec les mariés. Le repas de noces est habituellement divisé en deux parties. D’abord les hôtes s’adonnent à boire et à manger. Le repas est interrompu par une pause où les invités se divertissent entre eux ou se promènent à l’air. La fête reprend par le bal au cours duquel sont présentés des chansons, danses et des jeux. À ce moment de la fête sont jouées aussi des saynètes drôles, telles que le déguisement d’une invitée en époux et de son compagnon en épouse.
Tandis que l’ancienne tradition alsacienne veut que le repas de noces ait lieu chez les parents de la mariée où des filles d’honneur aident l’épouse et sa mère à confectionner les plats, les familles des jeunes mariés de la séquence se rendent dans une auberge.
En général, on ne se rend pas directement à table à la sortie de l’église. La société nuptiale dans le film profite des belles localités pour défiler et poser devant les caméras sur la terrasse. Il s’agit d’éterniser et de solenniser ces moments rayonnants de la vie sociale.
Conformément à la coutume du repas de noces, les époux sont assis au milieu de l’assemblée, entourés de leurs parents respectifs. Sur la table, drapée de nappes blanches, sont posées d’énormes vases à fleurs, des plats succulents, des bouteilles et de couverts fins, témoignant du côté festif et gaspilleur de l’évènement. Le mariage est un événement qui sort de l’ordinaire et il est d’usage de consommer d’énormes quantités de nourriture et de boissons.
Après le repas, une photo du groupe nuptial est prise à l’extérieur sur la terrasse de l’auberge avec la silhouette de la cathédrale à l’arrière-fond. En effet, avec la propagation progressive de la technique photographique au tournant du siècle, la photographie de mariage devient une pratique et une coutume courantes qui s’inscrivent de façon nécessaire dans le rituel nuptial. La fonction principale de la photographie consiste à témoigner de l’union de deux familles par le biais de l’union de deux individus en enregistrant l’événement sur photo.[2] En revanche, dans le premier tiers du XXe siècle, l’enregistrement des festivités de mariage sur film était encore moins répandu et généralement réservé aux familles fortunées. Or, il appert que le cinéaste Robert Jenny a connu les mariés et leurs familles, étant donné que les invités filmés plaisantent ou interagissent avec lui dans plusieurs scènes.
Personnages identifiés
Lieux ou monuments
Bibliographie
Dictionnaire des églises de France, Belgique, Luxembourg, Suisse (Tome V-A). Alsace, Lorraine, Franche-Comté, Paris, Robert Laffont, 1969, p.169.
Le mariage traditionnel en Alsace, Est Libris, 2004.
SARG Freddy, Le mariage en Alsace. Études de quelques coutumes passées et présentes, Strasbourg, Editions Oberlin, 1975.
SARG Freddy, Fêtes et coutumes d’Alsace, Strasbourg, Editions du Donon, 2013.
Article rédigé par
Lena Gratias, 02 janvier 2019
- Aller ↑ En tant que partie d'une production amateur, cette séquence n'a pas reçu de titre de son réalisateur. Le titre affiché sur cette fiche a été librement forgé par son auteur dans le but de refléter au mieux son contenu.
- Aller ↑ Pierre BOURDIEU, Marie-Claire BOURDIEU, « Le paysan et la photographie » dans Revue française de sociologie, 1965, p.165.