Strasbourg : Christkindelmärkt(0086NN0023)
Résumé
Contexte et analyse
Ce film de 1928 s’inscrit dans la période de l’entre-deux-guerres. La ville de Strasbourg qui est redevenue française depuis une dizaine d’année seulement possède l’un des plus anciens marchés de Noël au monde datant du XVIe siècle. En filmant ces scènes de familles au Christkindelsmärik (marché de l’enfant Jésus) de Strasbourg, le réalisateur insiste sur l’importance pour la population de cette époque d’aller faire ses emplettes et de récompenser leurs enfants en les emmenant acheter des jouets et des friandises au marché de Noël.
Le traditionnel marché de Noël de Strasbourg
Le Christkindelsmärik de Strasbourg tire ses racines du Nikolaismarkt (marché de la Saint-Nicolas) où les parents venaient chercher des objets et friandises pour leurs enfants. Mais à partir de 1570, suite à des désaccords sur l’origine des cadeaux et face à la volonté de dire aux enfants que c’était l’enfant Jésus qui apportait les cadeaux, le marché de la Saint-Nicolas est remplacé par celui du Christindlein (Enfant Jésus). Le Christkindelsmärik se tenait au départ trois jours avant Noël près de la cathédrale, puis s’étend du côté du palais des Rohan, sur une place nommée le Fronhof. De 1830 à 1870, il a lieu sur l’actuel place Kléber puis à partir de 1870, suite à l’annexion allemande, il se déroule place Broglie et dure maintenant toute la période de l’Avant jusqu’à la veille de Noël.[1] C’est d’ailleurs à cet endroit que se déroule le Christkindelsmärik dans le film de Robert Forrer. On y reconnaît notamment les longues lignes d’arbres qui se trouvent encore sur l’actuelle place Broglie, voisine à l’opéra de la ville. Au travers de ce film, le réalisateur tente d’immortaliser le marché de Noël de Strasbourg en nous montrant ses caractéristiques culinaires, ses ventes d’objets ou bien d’arbres de Noël. En tant que grand antiquaire et conservateur du patrimoine, il nous fait assister à l’aide de panoramiques horizontaux aux différentes interactions sociales qui découlent du Christkindelsmärik, en filmant des enfants accompagnés de leurs parents qui attendent patiemment de recevoir des friandises ou des jouets.
Le Christkindelsmärik comme lieu d’achat de cadeaux et de friandises
Au travers de ces séquences sur le marché de Noël de Strasbourg, nous observons que son but premier demeure inchangé. En effet, dans la première séquence, nous observons une petite fille extasiée devant les nombreuses friandises en ventes. Celle-ci est accompagnée de sa mère qui fait le tour des différents stands avec leurs lots d’objets, de gâteaux et de chocolats. Il s’agit surement des traditionnels Bredele, pains d’épices et autres friandises conçues pendant les semaines qui précèdent le jour de Noël. Parmi les différents gâteaux et biscuits, il y a des pains d’épices qui peuvent avoir des formes religieuses comme par exemple la représentation d’Adam et Eve sous l’arbre du Paradis ou bien des formes plus profanes comme la représentation d’une fileuse avec son rouet. Il y a aussi les Springerle à base d’anis qui possèdent plusieurs figures et décorations ou bien les speculatius, gâteaux représentant des personnages et sujets de la vie de tous les jours que les enfants reconnaissent facilement.[2] Le marché de Noël est aussi synonyme de la vente de jouets, c’était même là sa fonction première et ce depuis plusieurs siècles. En effet, c’est l’endroit où l’on achète des cadeaux et des friandises pour les plus jeunes comme pour les plus grands.[3] Les méthodes d'éducations des enfants étant progressivement différentes, les jouets, vont à l'aide de l'industrialisation devenir des objets centraux des familles alsaciennes.[4] Le marché de Noël de Strasbourg est alors l'occasion d'en acheter d'avantages au moment de la fête de Noël. C’est encore le cas dans les années 1920, puisque ce film amateur montre qu’après avoir fait ses emplettes, la mère de la petite fille décide d’acheter des balles reliées à un fil à son enfant. On observe d’ailleurs au moment où elles jouent avec ces nouveaux jouets, des chalets où sont attachées de nombreuses poupées reliées à des fils. Le cinéaste cherche ainsi à nous montrer l’importance de ce lieu pour l’ensemble des familles alsaciennes qui possède une place centrale pendant la période de l’Avent.
Un lieu privilégié pour acquérir un arbre de Noël
Lieux ou monuments
Bibliographie
Lalouette, Jacqueline, Jours de fête, Tallandier, Paris, 2010.
Leser, Gérard, Noël – Wihnachte en Alsace, Edition du Rhin, Mulhouse, 1989.
Theimer, François, Les Jouets (collection « Que-sais-je ? »), Presses Universitaires de France, Vendôme, 1996.
Article rédigé par
Massimo Gallippi, 31 décembre 2019
- Aller ↑ Leser, Gérard, Noël – Wihnachte en Alsace, Edition du Rhin, Mulhouse, 1989, p. 39 à 42.
- Aller ↑ Leser, Gérard, Noël – Wihnachte en Alsace, Edition du Rhin, Mulhouse, 1989, p. 98-101.
- Aller ↑ Leser, Gérard, Noël – Wihnachte en Alsace, Edition du Rhin, Mulhouse, 1989, p. 96-98
- Aller ↑ Theimer, François, Les Jouets (collection « Que-sais-je ? »), Presses Universitaires de France, Vendôme, 1996, p. 5-16
- Aller ↑ Leser, Gérard, Noël – Wihnachte en Alsace, Edition du Rhin, Mulhouse, 1989, p. 69.
- Aller ↑ Lalouette, Jacqueline, Jours de fête, Tallandier, Paris, 2010, p. 101-115.
- Aller ↑ Leser, Gérard, Noël – Wihnachte en Alsace, Edition du Rhin, Mulhouse, 1989, p. 77-80.
- Aller ↑ Lalouette, Jacqueline, Jours de fête, Tallandier, Paris, 2010, p. 101-115.
- Aller ↑ Leser, Gérard, Noël – Wihnachte en Alsace, Edition du Rhin, Mulhouse, 1989, p. 84-87.