TITRE (LFS 1421 5 Weißer Sonntag)
Contexte et analyse
Dans l’Église catholique allemande, le premier dimanche après Pâques est généralement la date retenue pour les premières communions et à Philippsburg, ville majoritairement catholique, c’est un moment particulièrement fort du calendrier liturgique. La ville est essentiellement catholique, en raison de son appartenance historique à la principauté épiscopale de Spire. Philippsburg a été le siège d’un décanat catholique romain dans l’archidiocèse de Fribourg jusqu’en 2008 ; la première église protestante n’y a été construite qu’en 1936. Environ la moitié de la population est catholique (2011 : 50,3 %). Ce film d’à peine deux minutes tourné en 1962 immortalise non seulement la procession, c’est-à-dire la partie officielle de l’événement, mais aussi les scènes qui la précèdent. Avec cette représentation cinématographique, l’événement qu’est la communion vient s’inscrire dans un ordre chronologique : les images montrent « l’avant », qui fait partie intégrante de ce premier événement important dans la vie des jeunes catholiques.
Dans une succession de plans, des enfants s’approchent de la caméra : de jeunes garçons en costume, des jeunes filles en robe blanche, tous tenant leur cierge de communion. La rue qui sert de fond apparaît grise à l’image, ce qui fait ressortir encore plus les communiants au premier plan. Parfois, les garçons sont devant, parfois les filles, puis ils avancent côte à côte dans la rue pendant qu’une voiture passe derrière. Avec ce plan, le film montre de manière subtile les jeunes chrétiens qui marchent vers un événement pour lequel ils se mettent en condition depuis des mois avec le catéchisme et la préparation à la première communion. Ces scènes de rue font elles-mêmes partie de la transition que représente l’événement de la première communion. Elles ne deviennent des scènes qu’à travers la caméra, pour laquelle les enfants peuvent ainsi mettre en avant une « image » d’eux-mêmes.
Ce jour est appelé en allemand « weißer Sonntag », c’est-à-dire « dimanche blanc », un nom qui fait référence, à l’origine, à la robe blanche portée par les adultes pendant une semaine après leur baptême dans l’Église primitive. Pour les enfants âgés d’une dizaine d’années, la bénédiction des cierges de communion rappelle également le baptême et ses bougies. Renouvellement du baptême, la première communion représente l’intégration consciente dans la communauté chrétienne. Les enfants doivent avoir atteint l’âge dit « de raison », à partir duquel ils sont suffisamment mûrs pour s’interroger sur leur foi. Avec les cours de préparation à la communion, ils ont acquis les connaissances de base de la foi et sont capables faire la différence entre, d’une part, le pain et le vin ordinaires, et, d’autre part, les offrandes destinées à la transsubstantiation. Ils ont fait leur première confession et peuvent maintenant s’approcher de la table du Seigneur pour la première fois, afin de recevoir la communion.
Le film montre les enfants avant qu’ils ne rejoignent le cortège. Avec ses différents choix de lieux, il renvoie à l’individu et au collectif, au passé et au présent, à ces opposés que la procession doit réunir pour les enfants, alors qu’ils entament une nouvelle étape de leur vie chrétienne. Les enfants se coulent dans le cortège, avec une séparation stricte : les garçons en noir, puis les filles en blanc. En relation avec ce qui a précédé, la procession va au-delà du rituel bien connu assorti d’une fonction d’apparat. Elle devient la « représentation » déjà ébauchée plus tôt dans le film, le « médium » de la transition que vivent les jeunes chrétiens. Cette représentation est le vecteur qui unit les différents moments : tous convergent sur ce chemin de transition que les enfants peuvent appréhender avec la rhétorique symbolique familière qui est la leur.
Viennent d’abord les enfants de chœur portant des bannières ornées de symboles et la fanfare locale dans un plan demi-large, avant qu’un léger panoramique montre le contraste des vêtements des enfants – costumes sombres et robes blanches. Ils s’avancent inlassablement dans le cadre : dans un autre plan de demi-ensemble où ils suivent les représentants de l’Église, et jusqu’à un plan moyen où leur mouvement est plus visible encore, lorsqu’ils passent en rangs avec leurs cierges. Enfin, la procession apparaît de dos, dans un plan qui laisse le flot d’enfants s’écouler dans l’image, tandis que le cortège s’éloigne lentement, bannières au vent.
C’est le mouvement qui relie les images de ce film amateur du début à la fin : les communiants s’approchent d’abord de la caméra en petits groupes, puis ils s’en éloignent en colonnes sur le chemin de l’église. Le film donne à voir le mouvement du jour dans les différentes scènes, dans le cadre d’un mouvement plus large d’où émerge l’espace sacré, la « scène » de la procession. Il présente le cours de la journée comme un fait et permet ainsi de faire ressentir une autre dimension temporelle : celle du rituel de passage que peut constituer cette occasion pour les enfants.
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