Vues aériennes du bassin potassique (0160FS0003)
Résumé
Description
La séquence débute par un plan rapproché d’un pilote d’avion en train de monter dans son appareil. Celui-ci salue le réalisateur avant de s’installer. Le réalisateur recule tout en continuant à filmer, laissant apparaitre l’entièreté de l’avion.
(coupe franche) Installé dans l’appareil, le réalisateur fait un plan en plongée, au premier plan on aperçoit la roue de l’avion. Derrière le plan laisse percevoir des champs, traversés par un cours d’eau. Apparait ensuite un village dont l’avion survole la rue principale.
(coupe franche) Situé à l’arrière de l’appareil, Charles Bueb filme le pilote de dos, laissant voir en arrière-plan le tableau de bord, le cockpit et au loin la campagne.
(coupe franche) Plan général du carreau Amélie 1, situé à Wittelsheim, avec vue sur les collines vosgiennes en arrière plan.
(coupe franche) Plan général du carreau Marie-Louise, situé à Staffelfelden. Au premier plan apparait certains logements de la cité Rossalmend, puis au second plan la mine et enfin le terril. L’arrière plan laisse voir les champs du bassin et les collines vosgiennes. À gauche, de l’autre cotée de la voie ferrée, on aperçoit le château.
(coupe franche) Retour au carreau Amélie 1. Plan large de l’usine dite « la carbonate », produisant du carbonate et bicarbonate de potassium. À droite s’étendent de longs bâtiments blancs, hangars de stockage dont la passerelle alimente par convoyeur la tour de chargement des wagons. Au premier plan, on aperçoit une longue voie ferrée où un changement de wagons s’effectue.
(coupe franche) Changement de plan, mettant en lumière, au second plan le terril nord d’Amélie. En arrière plan, on distingue les différents villages situés dans la plaine au bas des collines vosgiennes.
(coupe franche) Le réalisateur multiplie les plans d’ensemble de l’usine « La carbonate ».
(coupe franche) L’avion poursuit son tour des sites potassiques. Il quitte Wittelsheim et survole la foret de Richwiller. Ce plan général aboutit à la cité Richwiller, située dans la forêt. A gauche apparaît l’étang du Seeboder.
(coupe franche) Plan général du carreau Max. au premier plan à droite, on distingue ls ateliers centraux, situés à coté de la gare de Richwiller. La gare comporte deux voies, partent à la SNCF et sert de gare privée MDPA avec ses divers embranchements.
(coupe franche) Plan d’ensemble des logements en collectifs de la cité Amélie 2. S’en suit un plan général, lointain des mines de Wittelsheim. Charles Bueb filme l’arrière de l’avion, le paysage s’effaçant progressivement. On aperçoit au fond le péril Amélie.
(coupe franche) Plan rapproché sur le carreau Théodore à Wittenheim, et plus précisément sur les travaux de construction d’une nouvelle usine de minerai par flottation. (coupe franche) nouveau plan plus large laissant apercevoir en arrière plan la cité sainte-barbe de Wittenheim.
(coupe franche) Retour à un plan plus rapproché du carreau Théodore et de la construction de l’usine par flottation.
(coupe franche) L’avion survole ensuite le centre de Wittenheim.
(coupe franche) Plan rapproché de l’Eglise Sainte Marie de Wittenheim — début construction 1957.
(coupe franche) Gros plan sur la roue de l’avion, qui est en train de descendre. Succession de plan d’ensemble des champs et des bois du bassin potassique. Vue au loin de l’aérodrome.
(coupe franche) Gros plan sur l’ombre de l’avion sur la piste d’atterrissage, filme tout l’atterrissage.
(coupe franche) Filme en gros plan vers l’avant de l’appareil, le tableau de bord.
(coupe franche) Plan d’ensemble de l’aérodrome de Mulhouse-Habsheim. Des jeunes gens sont postés devant leurs avions et regardent de loin l’avion qui vient d’atterrir. En arrière plan on distingue quelques voitures sur le parking.
Contexte et analyse
Depuis 1951 Charles Bueb est le rédacteur en chef du journal d’entreprises des Mines de Potasse d’Alsace, en plus de son statut de photographe officiel des MDPA, qu’il assure 30 ans durant.
L’année 1960 est importante pour les Mines Domaniales de Potasse d'Alsace puisqu’elle est marquée par la construction d’usine par flottation sur le carreau Théodore à Wittenheim. Charles Bueb est ainsi chargé de filmer par vue aériennes plusieurs sites des MDPA (Wittelsheim, Staffelfelden, Richwiller, Wittenheim) ainsi que les cités ouvrières concomitantes.
Les Mines[2]
En 1893, Amélie Zürcher, fille d’un propriétaire d’usine textile à Bollwiller et elle-même propriétaire d’une ferme dans les environs de Cernay, est à la recherche de nouveaux investissements afin d’éviter une faillite due à un terrible période de sécheresse. En 1894 elle rencontre Joseph Vogt, directeur d’une fonderie et lui fait part de la possibilité de réaliser des forages souterrains. En dépit de sa réticence et de celle de ses proches, elle parvient, après dix années d’insistance, à le convaincre de réaliser le premier sondage sur la commune de Wittelsheim, avec pour espoir la découverte de houille. Finalement, le 11 juin 1904, un important gisement de potasse est découvert. Commence alors une exploitation qui durera près d’un siècle.
Étendu dans la plaine d’Alsace, au nord et à l’ouest de Mulhouse, sur une superficie de 20 000 hectares, le gisement alsacien constitue alors la seule réserve connue sur le territoire français. Ce monopole permit le développement de la Société Commerciale des Potasses d’Alsace, des deux sociétés exploitantes (Kali Sainte Thérèse et MDPA) et plus généralement de l’économie alsacienne. L’exploitation, qui était repartie sur 11 sites miniers et au travers de 24 puits, permit l’extraction de 570 millions de tonnes de minerai entre 1910 et 2002. La majeure partie de la production était destinée à l’agriculture. En effet, le chlorure de potassium permettait la fabrication de nouveaux types d’engrais contribuant ainsi au développement de l’agriculture moderne. Des sous produits du chlorure de potassium tels que le carbonate ou le bicarbonate de potassium furent utilisés dans l’industrie chimique. Enfin le chlorure de sodium, extrait simultanément à la potasse, fut commercialisé en sel de déneigement. En 1913, 13 puits étaient en activité et permettaient la production de 350 000 tonnes de minerai. Durant l’entre-deux-guerres, la production se développa de manière significative, jusqu’à atteindre 3 500 000 tonnes en 1939, grâce au travail de 8 500 salariés. Au sortir de la seconde Guerre mondiale, le développement économique de l’Europe occidentale, porté par le Plan Marshall, permis aux MDPA d’engager des plans de modernisations successifs permettant une nouvelle expansion. Ainsi en 1948, la société employait plus de 13 900 salariés. Dans les années 1960 et 1970 l’extraction annuelle de minerai varia entre 10 et 13 millions de tonnes par an. Néanmoins, les années 1980 furent rythmées par les fermetures successives des mines, la faute à un épuisement progressif du gisement et à une concurrence étrangère de plus en plus féroce. À la fin de la décennie, seules les sites Amélie et Marie-Louise restèrent en activité, employant 5 000 personnes pour une production d’environ 10 millions de tonnes de sel brut. À la suite de la fermeture de la Mine Marie-Louise en 1998, le site Amélie constitua le dernier site des mines de potasse d’Alsace, avec un enfuit réduit à 960 personnes et une extraction annuelle de 1,8 million de tonnes en 2001, un an avant la fermeture définitive du site.
Amélie 1 ou « La mine-mère » — Wittelsheim
Le 22 avril 1908 les travaux du premier puits alsacien Amélie 1 débutent. Le 27 août 1909 la première couche de potasse du bassin alsacien est atteinte, à une profondeur de 637 mètres. L’exploitation du puits Amélie 1 commence dès l’année suivante jusqu’à son arrêt définitif le 24 octobre 2002, après avoir assuré une extraction totale de 164 millions de tonnes de sel brut. De par son statut de « mine-mère », la mine Amélie 1 a toujours été précurseur des activités des MDPA. En effet, les différents techniques y ont été testées avant d’être appliquées aux autres mines.
La mine Marie-Louise, le plus grand site du bassin — Staffelfelden
La mine la plus importante du bassin potassique alsacien est la mine Marie-Louise, située sur la commune de Staffelfelden. Celle-ci doit son nom à l’épouse de Joseph Vogt, Marie-Louise Meinsohn (1848-1920).
Le site d’exploitation, construit à l’est de la commune en 1913 comprends deux puits : le puits de service Marie et le puits d’extraction Marie-Louise. Le fonçage du puits Marie, effectué par les équipes de la Rheinische Westfälische Schachtbau AG se termine en avril 1913 à 704 mètres de profondeur. Le premier chevalement est métallique avec poubelles à treillis en fer. Néanmoins, en 1951 il est remplacé par un chevalement en béton d’une hauteur totale de 51 mètres, construit à l’identique du puits Else par la même société, Monnoyer. Le fonçage du puits Marie-Louise est quant à lui effectué à partir de février 1911 par les équipes de la mine jusqu’à 35 mètres puis par la Rheinisch Westfälische Schachtbau AG. Le creusement se termine finalement le 28 février 1913 à 633 mètres et le puits est mis en service le 30 avril de la même année. Dès lors, le puits permet une extraction de 1600 tonnes par jour. Le programme de la modernisation du bassin potassique dans les années 1950, revoit l’accroissement de la capacité à 6500 tonnes par jour et le remplacement du chevalement initial par un chevalement métallique de 57 mètres de hauteur. L’exploitation de la Mine Marie-Louise prend fin le 26 mars 1998 après l’extraction de 86,4 millions de tonnes de minerai par les puits Marie et Marie-Louise.
La mine Théodore — Wittenheim
Le carreau Théodore situé à Wittenheim est composé des puits Théodore et Eugène, foncés entre 1911 et 1912 et mis en exploitation en 1913. Le puits Eugène doit son nom au prince Eugene de Savoie (1663-1736), combattant plus de 50 ans les troupes françaises dans les rangs des Habsbourg. Suite au retour de l’Alsace à la France en 1918, la dénomination du puits devient Eugène.
Le puits Théodore a quant à lui été nommé ainsi en hommage à Theodor Lichtenberger, Directeur Général des Mines de Heilbronn et premier président du Conseil d’Administration de la Gewerkschaft Amélie en 1906. Son chevalement est érigé en 1912 sur le même modèle que celui du puits Eugène. Son remplacement en 1958 par un chevalement haut de 65 mètres fait de ce dernier le plus haut du Bassin Potassique au moment de sa construction. Dès 1918 le sel brut est traité dans une fabrique thermique, avant que soit mise en service, en 1960, la première grande usine de traitement du minerai par flottation. La mine Théodore cesse son exploitation le 14 février 1986, après avoir produit 67,7 millions de tonnes depuis 1913.
La Mine-école Max — Richwiller
La mine doit son nom à Max Pohl, directeur des mines de potasse d’Alsace. Le fonçage débute en 1910 pour une entrée en exploitation en 1912. À proximité de la mine Max est fondée une gare de triage. La construction de la voie ferrée débute dès 1910, avant que le réseau ne soit électrifié en 1936. La gare servait à centraliser tous les trains des Gewerkschaften. Ainsi, chaque mine acheminait ses wagons vers la gare de Richwiller. Là bas ils étaient ensuite regroupés en train, partant vers le port se Strasbourg ou Bâle pour des livraisons vers la Suisse et l’Italie.
En 1941, l’occupant allemand décide de transformer la mine Max en mine-école, dans le but de former les apprentis-mineurs et les artisans-mineurs. À la Libération, les ateliers sont détruits et la Direction générale décide de la réouverture de la mine-école. En 1946, la direction technique des MDPA décide de la création d’Ateliers centraux. Auparavant, d’anciens ateliers se trouvaient sur le carreau de la mine Amélie. En 1954, les nouveaux ateliers sortent de terre, situés à proximité de la mine Max de Richwiller. Ils comprennent alors ateliers mécaniques, électriques et sont équipés de machins outils modernes pour l’entretien du matériel minier. Entre 1960 et 1990 le centre d’apprentissage assure également des cours de recyclage spécialisés dans les techniques nouvelles — circuits hydroélectriques des machines du fond, électronique industrielle etc. La dernière promotion des appentis-mineurs sort en 1968.
Les cités minières
Dès 1910, parallèlement au lancement de l’exploitation, les premiers logements ouvriers voient le jour. Au sortir de la première guerre, l’embauche massive d’une main d’oeuvre d’immigration polonaise conduit la Direction des Mines de Potasses à multiplier les constructions pour leur personnel. Ainsi, de 1918 à 1939, le nombre de logements passe de 160 à 4 600. En 1961, soit un an près la réalisation de la vidéo, le bassin potassique compte 6 700 logements où résident 47% du personnel minier. La cité Rossalmend, située entre Staffelfelden et Wittelsheim, couvrant 77 hectares, est la plus étendue du bassin potassique.
Sept premiers logements avaient été bâtis à l’entrée de la mine, avant 1918. L'essentiel des habitations est construit entre 1925 et 1930 dans une zone qui était alors entièrement boisée. Durant ces cinq années, plus de 670 logements sont bâtis, ainsi que des équipements sociaux. En effet, le développement des oeuvres sociales a été au coeur des choix de la société minière, durant toute son exploitation. La construction de maison coquette, d’écoles, d’églises de salle des fêtes et d’autres illustre la mise en oeuvre de cette politique sociale. Une cantine est construite en 1927, complétée par une coopérative, un pavillon de santé ainsi que des écoles maternelles et primaires sur la commune de Staffelfelden l’année suivante. En 1929, une salle des fêtes et un terrain de football sont érigés. Autour de la Mine Alex, deux cités sont successivement construites. La cité gare située à Richwiller est construite entre 1920 et 1922 et la cité Richwiller est bâtie entre 1920 et 1925. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la production de mine de potasse en Alsace est à son apogée, employant plus de 13 880 personnes. La construction de nouvelles habitations s’avèrent alors indispensables. Ainsi, en 1949, la cité est complétée par 85 nouveaux logements. La décennie des années 1950 est la dernière où sont employés plus de 10 000 personnes. De ce fait, entre 1955 et 1957, 96 logements collectifs viennent compléter la cité Rosssalmend. En définitive, la cité compte 859 logements, 684 implantées sur la commune de Staffelfelden et 175 sur celle de Wittenheim. Au total, vingt-neuf cités comprenant plus de 8 000 logements ont été construites durant près d’un siècle d’exploitation.
La Cité Sainte Barbe - Wittenheim et Ruelisheim
Située à cheval sur les communes de Wittenheim et Ruelisheim, la cité Sainte Barbe, s’étendant sur 61 hectares, constitue la deuxième plus grande cité ouvrière du bassin potassique. Sa première construction débute en 1912. Les constructions reprennent en 1920 et 1921 sur les modèles allemands, avant les constructions massives à partir de 1925 sur de nouveaux modèles propres aux MDPA, identiques dans toutes les cités minières du bassin potassique. S’en suit la construction de nouveaux bâtiments au lendemain de la seconde guerre mondiale, portant le total à 597 logements (488 logements à Wittenheim et 109 à Ruelisheim). Au centre de la cité trône l’église Sainte-Barbe. Sa construction débute en 1928 à partir de plans de l’architecte des mines de potasse, George Début. L’église est consacrée en décembre 1929, en présence de Mgr Ruch, évêque de Strasbourg. La décoration intérieure est confiée au peintre Georges Desvaillères, l’un des maitres de l’art religieux de l’époque.
À l’intérieur de l’église, une petite chapelle renferme une statue de Sainte-Barbe, commandée en 1937. Les autels latéraux sont dédiés à Notre-Dame : à Notre Dame des Mineurs à droite et à celle de Czestochowa à gauche, la vierge nationale des polonais. À coté de celle-ci se trouve une plaque inaugurée en 1950, en hommage à l’abbé polonais Marjan Krupinski, le curé de la communauté polonaise de Wittenheim, déporté et exécuté à Dachau le 27 décembre 1941.
Lieux ou monuments
Bibliographie
FREY Yves, Polonais d’Alsace : pratiques patronales et mineurs polonais dans le bassin potassique de Haute-Alsace, 1918-1948, Besançon, Presses universitaires franc-comtoises, 2003.
GIOVANETTI René, Il était une fois… des chevalements dans la plaine d’Alsace : histoire des puits, chevalements et machines d’extraction des mines de potasse en Alsace, Mulhouse, JdM, 2012.
GIOVANETTI René, Mines de potasse d’Alsace : histoire patrimoniale et sociale, Strasbourg, Corprur, 2011.
KUPPEL Jean-Marie, Un bassin d’activité dans l’épreuve de la Seconde Guerre mondiale : les mines de potasse d’Alsace (1937-1949), Mulhouse, thèse de doctorat, Université de Haute-Alsace, 2014.
MEYER Paul, « Aspects géographiques d'une main-d'œuvre industrielle. Les mineurs du bassin potassique d’Alsace », Revue Géographique de l'Est, tome 3, n°4, Octobre-décembre 1963.
RIETSCH Michel, Du sel et des hommes : un siècle de Mines de Potasse en Alsace, Strasbourg, La Nuée Bleue, 2002.
WEISSENBERGER Roger, Chronique des mines de potasse d’Alsace et des mines Kali Sainte-Thérèse, Strasbourg, Carré blanc, 2003.
WEISSENBERGER Roger, Les mines de potasse d’Alsace : 1904-2004 : un siècle d’exploitations minières, Strasbourg, Carré blanc, 1999.
WISNIEWSKI Clément, La nationalisation des mines de potasse d’Alsace au lendemain de la Première Guerre mondiale, Mulhouse, mémoire de master, Université de Haute-Alsace, 2011.
Article rédigé par
Thomas Grandjean, 08 mai 2020
- ↑ Cette fiche est en cours de rédaction. À ce titre elle peut être inachevée et contenir des erreurs.
- ↑ L'auteur de cette fiche tient à remercier René Giovanetti, ancien directeur du patrimoine des Mines de potasse d’Alsace et archiviste du carreau Rodolphe à Pulversheim, pour son aimable partage de nombreuses sources et documents iconographiques qui sont à l'origine de cet article.