Winter (LFS01413 6)


Avertissement[1]

Résumé


Winter shots 1957 in Philippsburg.

Description


Winter shots 1957 in Philippsburg.

Métadonnées

N° support :  LFS01413 6
Date :  1957
Coloration :  Couleur
Son :  Muet
Durée :  00:01:37
Format original :  8 mm
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Environnement, Identité, Traditions
Institution d'origine :  Haus des Dokumentarfilms

Contexte et analyse


Dans la lueur de l’aube, le disque jaune du soleil s’élève joyeusement au-dessus des toits enneigés. Le film amateur existe en couleur depuis le milieu des années 1930 et dans ces impressions hivernales de Philippsburg tournées en 1957, les couleurs se détachent discrètement de la blancheur du paysage urbain enneigé. Dans les longs-métrages de cinéma, la couleur n’a pas toujours été la bienvenue chez les réalisateurs aux prétentions artistiques, puisqu’elle renforce encore le réalisme du média. Dans le film amateur, elle est au contraire un moyen de donner encore plus de poids à la promesse d’un regard documentaire et authentique.

Le défi pour les cinéastes amateurs est aussi de trouver une forme propre pour leurs films. Le premier plan de ces impressions d’hiver ne marque pas seulement une heure de la journée, il utilise l’une des recettes immémoriales de la composition picturale : le décor sous le soleil matinal bascule dans un espace en deux dimensions, gagne sa densité atmosphérique en faisant apparaître ce qui est visible entre la surface et la profondeur. Le contraste est d’autant plus net que le plan suivant, avec sa profondeur de champ, exploite un autre arrangement pictural classique : une rue et un cours d’eau guident le regard dans la perspective et la neige révèle sa surface dans un dégradé de lumière et d’ombre. Avec ces surfaces blanches échelonnées, l’espace pictural affirme d’autant plus sa profondeur spatiale, comme un « tableau » d’un paysage d’hiver qui prend un caractère pittoresque. Une femme traverse rapidement le cadre au premier plan tandis que la rue est toujours à l’ombre sous les toits étincelants couverts de neige. La journée commence, et le film amateur offre lui aussi des occasions simples de saisir le mouvement dans l’image elle-même en mouvement : les gens avancent vers la caméra, à pied ou en voiture, comme ce véhicule du service de déneigement. Il s’approche moyennant plusieurs coupes dans le montage et son conducteur est montré en gros plan, tandis que ses collègues pellettent en plan moyen. Le film a recours aux artifices du découpage employés dans les œuvres de fiction et les documentaires : il reproduit en quelque sorte ce que fait le cinéma quand il construit une intrigue. Le déroulement de la matinée fait intervenir une continuité temporelle qui s’accompagne d’un surprenant saut spatial : avec le véhicule de service hivernal, le mouvement mène jusqu’à la caméra – il repart ensuite, après un changement de plan, pour nous montrer une cycliste descendant une autre rue enneigée. Le film mobilise souvent les associations d’idées et donne à voir ce qui échappe facilement au regard : des scènes quotidiennes fortuites aperçues fugacement, des espaces urbains en l’occurrence qui composent l’image fragmentaire d’une ville en hiver.

L’atmosphère s’étoffe encore avec l’apparition de l’église du Christ, enneigée, dans l’éclatante lumière du soleil. Un homme traverse inopinément le cadre au premier plan. Il apparaît à nouveau, s’entretient avec d’autres personnes qui attendent. Le passage du plan semi-rapproché au gros plan semble encore souligner son importance. Les images suivantes racontent le début d’une histoire : des personnes qui patientent devant le mur d’un bâtiment, des enfants qui sortent de ce dernier, accompagnés d’une religieuse. L’homme récupère son fils, comme en témoigne un plan moyen qui les montre tous deux à vélo.

Le film opte pour des images documentaires qui acquièrent leur propre densité en se contentant de renvoyer à ce qu’elles montrent et d’esquisser une trame narrative. Les couleurs vives du chapeau et des gants ressortent, dans ce plan où une femme se tient devant un mur de maison avec ses deux enfants. Une scène semblant sortie d’un reportage vient s’intercaler, montrant un homme qui s’adresse à la caméra, une pelle à la main. L’image suivante évoque un film familial – un jeune garçon avec une trottinette attend le signal pour s’élancer. Autant de petites histoires quotidiennes qui apparaissent brièvement et restent pourtant des images aléatoires, qui se succèdent pour brosser le tableau d’une ville en hiver et s’agencent chronologiquement selon l’heure de la journée. Deux femmes qui discutent, d’abord dans l’encadrement jaune d’une porte d’entrée, puis au pied d’un escalier. La présence de la caméra se fait plus perceptible lorsqu’une autre femme regarde la caméra en souriant devant le mur d’une maison.

La caméra s’attache aux choses en tant que phénomènes, qu’elles soient saisies spontanément ou que l’on perçoive une volonté créatrice. Encore et encore, ces impressions d’une journée d’hiver révèlent leur sensualité — et dans leur perception, elles peuvent devenir de petits événements. Un court métrage amateur qui respecte l’authenticité du documentaire, en ce sens que les traces de ses images révèlent une ville en hiver entre vie quotidienne et poésie — et nous conduisent à Philippsburg en 1957.


Reiner Bader

Lieux ou monuments


Phillipsburg



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