De Gaulle en Algérie (0003FH0009) : Différence entre versions
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− | |thematique=Other wars : First Indochina war – Algerian war | + | |thematique=Other wars : First Indochina war – Algerian war |
|Resume_fr=Visite officielle du général de Gaulle à Telergma et Constantine en 1958. | |Resume_fr=Visite officielle du général de Gaulle à Telergma et Constantine en 1958. | ||
|Description_fr=Général de Gaulle à Télergma 1958, Atterrissage d'un avion Caravelle sur une piste d'aéroport | |Description_fr=Général de Gaulle à Télergma 1958, Atterrissage d'un avion Caravelle sur une piste d'aéroport | ||
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|Contexte_et_analyse_fr=Conquise de façon très brutale en 1830, l’Algérie est la seule colonie française de peuplement au Maghreb. En 1847, son territoire est découpé en trois départements où vit une population d’Européens dont une majorité d’Espagnols et un groupe significatif d’Alsaciens. Malgré des tentatives dans l’entre-deux-guerres de rééquilibrer les relations entre colons, administration coloniale et indigènes, l’indépendantisme gagne. Le point de non-retour est atteint avec les massacres croisés de Sétif le 8 mai 1945. Le 1er novembre 1954, le Front national de Libération algérien lance une offensive tous azimuts. Alors débute la « sale guerre » qu’en métropole les autorités nomment opération de pacification. En 1956, le président du conseil socialiste Guy Mollet décide de l’envoi du contingent pour soutenir les militaires de carrières. C’est ainsi que Jean Albert, 21 ans, part en uniforme de Marseille à Alger (0003FH0010) et rejoint la base militaire de Telergma au sud de Constantine. | |Contexte_et_analyse_fr=Conquise de façon très brutale en 1830, l’Algérie est la seule colonie française de peuplement au Maghreb. En 1847, son territoire est découpé en trois départements où vit une population d’Européens dont une majorité d’Espagnols et un groupe significatif d’Alsaciens. Malgré des tentatives dans l’entre-deux-guerres de rééquilibrer les relations entre colons, administration coloniale et indigènes, l’indépendantisme gagne. Le point de non-retour est atteint avec les massacres croisés de Sétif le 8 mai 1945. Le 1er novembre 1954, le Front national de Libération algérien lance une offensive tous azimuts. Alors débute la « sale guerre » qu’en métropole les autorités nomment opération de pacification. En 1956, le président du conseil socialiste Guy Mollet décide de l’envoi du contingent pour soutenir les militaires de carrières. C’est ainsi que Jean Albert, 21 ans, part en uniforme de Marseille à Alger (0003FH0010) et rejoint la base militaire de Telergma au sud de Constantine. | ||
La crise éclate en Algérie et France justement en mai 1958 : malgré la vive protestation du centre-gauche et des socialistes qui crient au complot, le président Coty n’a d’autre choix que de rappeler le sauveur de la France en 1940, le général de Gaulle. Nommé le 1er juin, il décide de se rendre sur-le-champ en Algérie. Sa visite à Constantine et à Télergma s’insère entre son discours d’Alger, le 4 juin (« Je vous ai compris ») et celui de Mostaganem le 6 juin (« Vive l’Algérie française ! »), origine du grave malentendu politique entre le million de « Français d’Algérie » et le chef du gouvernement qui entreprend bientôt de signer la « paix des braves » (23 octobre). | La crise éclate en Algérie et France justement en mai 1958 : malgré la vive protestation du centre-gauche et des socialistes qui crient au complot, le président Coty n’a d’autre choix que de rappeler le sauveur de la France en 1940, le général de Gaulle. Nommé le 1er juin, il décide de se rendre sur-le-champ en Algérie. Sa visite à Constantine et à Télergma s’insère entre son discours d’Alger, le 4 juin (« Je vous ai compris ») et celui de Mostaganem le 6 juin (« Vive l’Algérie française ! »), origine du grave malentendu politique entre le million de « Français d’Algérie » et le chef du gouvernement qui entreprend bientôt de signer la « paix des braves » (23 octobre). | ||
+ | [[Fichier:Algérie F.jpg|vignette|Affiche pour l'Algérie française @ Charles Raux DR / CRDP Reims]] | ||
+ | '''Un ancien général parmi les conscrits''' | ||
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+ | À la fois haut gradé de l’armée française et homme politique, le général de Gaulle s’est imposé en deux semaines comme seul recours à la crise majeure que représente la guerre d’Algérie. Il effectue une tournée de cinq jours en Algérie en faisant étape dans chaque préfecture, dont Constantine le 5 juin. Le passage par la base aérienne opérationnelle de Telergma s’impose puisqu’il s’agit du pivot majeur du contrôle des airs par l’armée française, d’où partent tous les raids de bombardements comme celui tristement célèbre de Sakhiet le 8 février précédent. En outre, la piste est la seule capable d’accueillir en toute sécurité la Caravelle Air France du chef du gouvernement, dont Jean Albert filme en connaisseur l’atterrissage et le décollage. Entouré de quelques fidèles, d’officiers d’état-major et d’une nuée de journalistes parmi lesquels sa haute taille se détache, de Gaulle se présente en uniforme mais sans médailles. Il se tient au garde-à-vous pendant la ''Marseillaise'' qui réaffirme l’appartenance du territoire à la République. Le conscrit a tout loisir de filmer de très près le grand homme sans que personne n’y trouve à redire : la discipline peut bien céder à la médiatisation et à la starisation. | ||
+ | Albert en profite même pour passer, comme il le fait régulièrement, la caméra à un camarade qui l’immortalise devant l’avion officiel… y compris à vélo, son sport fétiche. Il faut dire que cet appareil, le premier biréacteur civil au monde avec ses deux propulseurs à l’arrière, fait l’admiration de tous les équipages présents. De Gaulle se fait le promoteur de l’avion construit par Sud Aviation qui engrange alors les contrats, avant la mise en service commerciale en 1959. Il projette une image de modernité que le fondateur de la Cinquième République ne cessera de mettre en avant. | ||
+ | [[Fichier:Tract-guerre-d-algerie-contre-le-general-de-gaulle-l-automne-est-la-fln-aln (1).jpg|vignette|Tract anti de Gaulle du FLN © militaria-medailles]] | ||
+ | '''Rassurer les « Français d’Algérie »''' | ||
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+ | L’ambiance est évidemment très différente à Constantine où une foule extraordinairement dense est venue écouter de Gaulle. Le Comité de salut public local a préparé au mieux l’accueil en distribuant des fanions tricolores ; les banderoles proclament l’indéfectible lien entre France et Algérie, mais font aussi la démonstration de force de ces groupements de citoyens qui ont fait vaciller la Quatrième République. Européens et indigènes se mêlent dans les rangs des unités comme dans le public, tandis qu’une escadrille forme une croix de Lorraine dans le ciel. Sur la tribune, de Gaulle encourage la foule à l’acclamer, certains font le V de la victoire. Contraint par les attentes de la foule qui lui a permis de revenir au pouvoir suite aux manoeuvres des comités de salut publics d'Algérie, il déclare : « Salan est mon représentant sur cette terre à jamais française ». Mais pour ne pas avoir les mains liées par les militaires, il démet rapidement ce même Salan. Ce dernier se mutinera trois ans plus tard et sera à l’origine de l’Organisation Armée secrète (OAS) qui attentera à la vie du président de la République en 1962. Le 5 juin 1958, de Gaulle reprend sa tournée qui favorise une inédite personnalisation du pouvoir en France. | ||
+ | |Contexte_et_analyse_de='''<big>De Gaulle in Algerien</big>''' | ||
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+ | Das 1830 auf brutale Weise eroberte Algerien war die einzige Siedlungskolonie im Maghreb. 1847 wurde sein Staatsgebiet in drei Departements unterteilt, in denen eine europäische Bevölkerung lebte, darunter eine Mehrheit Spanier und nicht wenige Elsässer. Trotz der Versuche in der Zeit zwischen den beiden Weltkriegen, die Beziehungen zwischen Siedlern, Kolonialverwaltung und Einheimischen ins Gleichgewicht zu bringen, gewann die Unabhängigkeitsbewegung an Boden. Der Punkt, ab dem es kein Zurück mehr gab, war mit dem Massaker von Setif am 8. Mai 1945 erreicht worden. Am 1. November 1954 eröffnete die algerische Befreiungsfront (FLN) eine umfassende Offensive. Damit begann der „schmutzige Krieg“, den die Regierung in Frankreich als Befriedungsaktion bezeichnete. 1956 beschloss der sozialistischer Ratspräsident Guy Mollet, Wehrpflichtige zur Unterstützung der Berufssoldaten zu entsenden. Als solcher begab sich Jean Albert, 21 Jahre, in Uniform von Le Havre nach Marseille (0003FH0010) und dann zum Militärstützpunkt Telergma südlich von Constantine. | ||
+ | Die Krise brach in Algerien und Frankreich im Mai 1958 aus: Trotz der heftigen Proteste seitens Mitte-Links und der Sozialisten hatte Präsident Coty keine andere Wahl, als General de Gaulle, den Retter Frankreichs von 1940, zurückzuholen. Dieser begab sich sofort nach seiner Ernennung am 1. Juni nach Algerien. Sein Besuch in Constantine und in Telergma fügte sich ein zwischen seine Rede in Algier am 4. Juni („Ich habe euch verstanden“) und die Rede in Mostaganem am 6. Juni („Es lebe das französische Algerien!“), die zu einem schweren Missverständnis zwischen der Million „Algerien-Franzosen“ und dem Regierungschef führte, der kurz danach den „Frieden der Mutigen“ (23. Oktober) unterzeichnete. | ||
− | ''' | + | '''Ein ehemaliger General unter den Wehrpflichtigen''' |
− | + | General de Gaulle, hochrangiges Mitglied der französischen Armee und gleichzeitig Politiker, setzte sich innerhalb von zwei Wochen als einziger Ausweg aus der schweren Algerienkrise durch. Er unternahm eine fünftägige Reise durch Algerien, bei der er in jeder Präfektur Halt machte, wie am 5. Juni in Constantine. Auf den Besuch des Luftwaffenstützpunkts in Telergma konnte auf keinen Fall verzichtet werden, da es sich um den zentralen Stützpunkt für die Kontrolle des Luftraums durch die französische Armee handelte, von der alle Bombenangriffe gestartet wurden, wie das zu trauriger Berühmtheit gelangte Bombardement von Sakiet am 8. Februar. Außerdem hatte er die einzige Landebahn für eine sichere Landung der Air France Caravelle des Regierungschefs, deren Landung und Start Jean Albert als Kenner filmte. Umgeben von einigen Getreuen, von Stabsoffizieren und einer Schar von Journalisten tritt de Gaulle, der mit seiner Körpergröße alle überragt, in Uniform, aber ohne Medaillen auf. Er steht stramm während der Marseillaise, die die Zugehörigkeit des Gebiets zur Republik bekräftigt. Der Wehrpflichtige darf den großen Mann ganz aus der Nähe filmen, ohne dass es ihm jemand verbietet: Die Disziplin weicht hier der Medienberichterstattung und der Starisierung. | |
− | Albert | + | Albert nutzt diese Gelegenheit, wie er es oft macht, um sich mit seiner Kamera von einem Kameraden vor dem offiziellen Flugzeug – einschließlich auf dem Fahrrad, seinem Lieblingssport – verewigen zu lassen. Dabei muss erwähnt werden, dass diese Maschine, das erste zweistrahlige Verkehrsflugzeug mit seinen beiden Triebwerken von allen anwesenden Crews bewundert wurde. De Gaulle wirbt für das Flugzeug von Sud Aviation, das vor seiner Vermarktung 1959 eine Reihe von Aufträgen einfährt. Er vermittelt ein Bild von Modernität, das er immer wieder betonen wird. |
− | ''' | + | '''Beruhigen der „Algerien-Franzosen“''' |
− | + | In Constantine herrschte natürlich eine ganz andere Atmosphäre. Dort war eine außergewöhnlich dichte Zuschauermenge gekommen, um de Gaulle zu hören. Der örtliche Wohlfahrtsausschuss hatte den Empfang so gut wie möglich vorbereitet und Fähnchen in den französischen Nationalfarben verteilt; die Banderolen verkündeten das unvergängliche Band zwischen Frankreich und Algerien, aber zeigten auch die Macht der Bürgergruppen, die die Vierte Republik zum Schwanken gebracht hatten. Europäer und Einheimische vermischten sich in den Reihen der Einheiten und im Publikum, während eine Flugzeugstaffel ein Lothringer Kreuz in den Himmel malte. Auf der Bühne ermutigte de Gaulle die Menge, ihm zuzujubeln, einige zeigten mit ihren Fingern das Siegeszeichen. Von den Erwartungen der Menge gedrängt, erklärte er: „Salan ist mein Vertreter auf diesem Boden, der für immer französisch sein wird“. Dieser gleiche Salan meuterte weniger als drei Jahre später und gründete die Untergrundbewegung „Organisation de l’armée secrète“ (OAS), die 1962 ein Attentat gegen den Staatspräsidenten verübte. Am 5. Juni 1958 nahm de Gaulle seine Tournee wieder auf, die eine in Frankreich neuartige Personalisierung der Macht förderte. | |
|Bibliographie=Jean-Pierre Bertin-Maghit, ''Lettres filmées d'Algérie. Des soldats à la caméra (1954-1962)'', Paris, Nouveau Monde éditions, 2015. | |Bibliographie=Jean-Pierre Bertin-Maghit, ''Lettres filmées d'Algérie. Des soldats à la caméra (1954-1962)'', Paris, Nouveau Monde éditions, 2015. | ||
− | Michèle Cointet, De Gaulle et l'Algérie française, Paris, Perrin, 1995. | + | |
+ | Michèle Cointet, ''De Gaulle et l'Algérie française'', Paris, Perrin, 1995. | ||
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Jean-Charles Jauffret, ''Soldats en Algérie 1954-1962. Expériences contrastées des hommes du contingent'', Paris, Autrement, 2000. | Jean-Charles Jauffret, ''Soldats en Algérie 1954-1962. Expériences contrastées des hommes du contingent'', Paris, Autrement, 2000. | ||
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Jean-William Dereymez, Olivier Ihl, Gérard Sabatier (dir.), ''Un cérémonial politique. Les voyages officiels des chefs d'Etat'', Paris, L'Harmattan, 1998. | Jean-William Dereymez, Olivier Ihl, Gérard Sabatier (dir.), ''Un cérémonial politique. Les voyages officiels des chefs d'Etat'', Paris, L'Harmattan, 1998. | ||
+ | |descripteurs=visite officielle; Défilé militaire; Drapeau français; Algérie; Avion | ||
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Version actuelle datée du 18 mars 2019 à 22:25
Résumé
Description
Général de Gaulle à Télergma 1958, Atterrissage d'un avion Caravelle sur une piste d'aéroport
Nombreux journalistes et photographes
Général de Gaulle saluant des militaires
Revue des troupes sur le tarmac de l'aéroport
Les officiels remontent dans un avion
Détails de l'avion Caravelle ; militaires regardant l'avion
Caravelle dans le ciel
Fleurs
Des militaires jouent à la pétanque
Moutons paissant
Petit Algérien à dos d'âne
De Gaulle à Constantine 1958
Foule avec des drapeaux français
Croix de Lorraine "Vive de Gaulle Algérie française" ; foule important
Défilé militaire
Banderoles dans la foule ; nombreux drapeaux français
Défilé fanfare
Pano sur foule très importante
Défilé aérien: les avions forment une croix de Lorraine
Général de Gaulle saluant des militaires
Discourant sur un balcon
Panoramique foule
De Gaulle saluant la foule depuis une jeep, militaires le suivant
Contexte et analyse
Conquise de façon très brutale en 1830, l’Algérie est la seule colonie française de peuplement au Maghreb. En 1847, son territoire est découpé en trois départements où vit une population d’Européens dont une majorité d’Espagnols et un groupe significatif d’Alsaciens. Malgré des tentatives dans l’entre-deux-guerres de rééquilibrer les relations entre colons, administration coloniale et indigènes, l’indépendantisme gagne. Le point de non-retour est atteint avec les massacres croisés de Sétif le 8 mai 1945. Le 1er novembre 1954, le Front national de Libération algérien lance une offensive tous azimuts. Alors débute la « sale guerre » qu’en métropole les autorités nomment opération de pacification. En 1956, le président du conseil socialiste Guy Mollet décide de l’envoi du contingent pour soutenir les militaires de carrières. C’est ainsi que Jean Albert, 21 ans, part en uniforme de Marseille à Alger (0003FH0010) et rejoint la base militaire de Telergma au sud de Constantine.
La crise éclate en Algérie et France justement en mai 1958 : malgré la vive protestation du centre-gauche et des socialistes qui crient au complot, le président Coty n’a d’autre choix que de rappeler le sauveur de la France en 1940, le général de Gaulle. Nommé le 1er juin, il décide de se rendre sur-le-champ en Algérie. Sa visite à Constantine et à Télergma s’insère entre son discours d’Alger, le 4 juin (« Je vous ai compris ») et celui de Mostaganem le 6 juin (« Vive l’Algérie française ! »), origine du grave malentendu politique entre le million de « Français d’Algérie » et le chef du gouvernement qui entreprend bientôt de signer la « paix des braves » (23 octobre).
Un ancien général parmi les conscrits
À la fois haut gradé de l’armée française et homme politique, le général de Gaulle s’est imposé en deux semaines comme seul recours à la crise majeure que représente la guerre d’Algérie. Il effectue une tournée de cinq jours en Algérie en faisant étape dans chaque préfecture, dont Constantine le 5 juin. Le passage par la base aérienne opérationnelle de Telergma s’impose puisqu’il s’agit du pivot majeur du contrôle des airs par l’armée française, d’où partent tous les raids de bombardements comme celui tristement célèbre de Sakhiet le 8 février précédent. En outre, la piste est la seule capable d’accueillir en toute sécurité la Caravelle Air France du chef du gouvernement, dont Jean Albert filme en connaisseur l’atterrissage et le décollage. Entouré de quelques fidèles, d’officiers d’état-major et d’une nuée de journalistes parmi lesquels sa haute taille se détache, de Gaulle se présente en uniforme mais sans médailles. Il se tient au garde-à-vous pendant la Marseillaise qui réaffirme l’appartenance du territoire à la République. Le conscrit a tout loisir de filmer de très près le grand homme sans que personne n’y trouve à redire : la discipline peut bien céder à la médiatisation et à la starisation. Albert en profite même pour passer, comme il le fait régulièrement, la caméra à un camarade qui l’immortalise devant l’avion officiel… y compris à vélo, son sport fétiche. Il faut dire que cet appareil, le premier biréacteur civil au monde avec ses deux propulseurs à l’arrière, fait l’admiration de tous les équipages présents. De Gaulle se fait le promoteur de l’avion construit par Sud Aviation qui engrange alors les contrats, avant la mise en service commerciale en 1959. Il projette une image de modernité que le fondateur de la Cinquième République ne cessera de mettre en avant.
Rassurer les « Français d’Algérie »
L’ambiance est évidemment très différente à Constantine où une foule extraordinairement dense est venue écouter de Gaulle. Le Comité de salut public local a préparé au mieux l’accueil en distribuant des fanions tricolores ; les banderoles proclament l’indéfectible lien entre France et Algérie, mais font aussi la démonstration de force de ces groupements de citoyens qui ont fait vaciller la Quatrième République. Européens et indigènes se mêlent dans les rangs des unités comme dans le public, tandis qu’une escadrille forme une croix de Lorraine dans le ciel. Sur la tribune, de Gaulle encourage la foule à l’acclamer, certains font le V de la victoire. Contraint par les attentes de la foule qui lui a permis de revenir au pouvoir suite aux manoeuvres des comités de salut publics d'Algérie, il déclare : « Salan est mon représentant sur cette terre à jamais française ». Mais pour ne pas avoir les mains liées par les militaires, il démet rapidement ce même Salan. Ce dernier se mutinera trois ans plus tard et sera à l’origine de l’Organisation Armée secrète (OAS) qui attentera à la vie du président de la République en 1962. Le 5 juin 1958, de Gaulle reprend sa tournée qui favorise une inédite personnalisation du pouvoir en France.Personnages identifiés
Bibliographie
Jean-Pierre Bertin-Maghit, Lettres filmées d'Algérie. Des soldats à la caméra (1954-1962), Paris, Nouveau Monde éditions, 2015.
Michèle Cointet, De Gaulle et l'Algérie française, Paris, Perrin, 1995.
Jean-Charles Jauffret, Soldats en Algérie 1954-1962. Expériences contrastées des hommes du contingent, Paris, Autrement, 2000.
Jean-William Dereymez, Olivier Ihl, Gérard Sabatier (dir.), Un cérémonial politique. Les voyages officiels des chefs d'Etat, Paris, L'Harmattan, 1998.
Article rédigé par
ALEXANDRE SUMPF, 06 décembre 2018
- ↑ En tant que partie d'une production amateur, cette séquence n'a pas reçu de titre de son réalisateur. Le titre affiché sur cette fiche a été librement forgé par son auteur dans le but de refléter au mieux son contenu.