Pâques 1945 ou 1946 à Molsheim (0092FH0003) : Différence entre versions
Ligne 15 : | Ligne 15 : | ||
|format_original=8 mm | |format_original=8 mm | ||
|droits=MIRA | |droits=MIRA | ||
− | |Etat_redaction= | + | |Etat_redaction=Oui |
|Etat_publication=Non | |Etat_publication=Non | ||
|realisateurs=Muller, Paul | |realisateurs=Muller, Paul |
Version du 19 février 2020 à 18:31
Résumé
Description
- Plan moyen d’un petit garçon et d’une petite fille qui semblent chercher quelque chose dans un jardin.
- Plan large avec pivotement de la caméra de gauche à droite. A gauche il semble que les plusieurs adultes, un homme et trois femmes, probablement les parents, sont habillés de longs manteaux et chapeaux élégants et observent les enfants en train de jouer. La caméra pivote ensuite à droite vers les enfants qui jouent.
- Plan moyen du garçon qui utilise une pelle pour creuser des trous.
- Zoom sur les enfants qui semblent chercher quelque chose dans le jardin.
- Plan moyen des enfants qui remplissent un seau de terre aux pieds des adultes qui ne bougent pas.
- Zoom de la caméra qui pivote verticalement, suivant le petit garçon à mesure qu’il retourne en courant vers le lieu où il jouait précédemment. La caméra suit alors la petite fille qui le rejoint.
- Zoom sur le petit garçon qui semble avoir trouvé quelque chose dans la terre et qui le montre à sa petite sœur (?).
- Plan moyen du petit garçon qui porte une sorte de livre et l’objet qu’il a trouvé dans le sol. En s’approchant progressivement de la caméra en la fixant, l’un des adultes lui prend le livre des mains pour le donner à la petite fille.
- Plan moyen et dézoom progressif à mesure que l’enfant s’approche vers la caméra, bras tendu, exhibant fièrement un objet au caméraman.
Contexte et analyse
Paul Muller s’installe comme médecin à Molsheim après la Première Guerre mondiale, au cours de laquelle il fut mobilisé. Il est le premier Molsheimien à posséder une caméra. Il a d'abord filmé en 9,5 mm à partir de 1925 puis en 8 mm jusqu'au milieu des années 1940, principalement des portraits de ses enfants, d'amis et des membres de sa famille lors d'occasions diverses telles que des anniversaires ou des mariages ou encore Pâques. Ses images nous donnent à voir comment vivait une famille alsacienne des années 1930 à 1940 et comment la guerre a pu les affecter. En 1945/1946, il produit ses derniers films dont celui dont nous allons parler. Filmé en format 8 mm, il présente une famille qui fête le jour de Pâques dans un jardin avec des adultes et des enfants qui jouent.
La fête de Pâques en Alsace, une spécificité riche et complexe
En Alsace, les traditions de Pâques sont différentes du reste de la France. Les coutumes sont inspirées de celles venues d’Allemagne quand l’Alsace devient allemande en 1871, ce qui donne à cette région une très grande diversité de traditions. Contrairement aux autres régions françaises, ce sont les lapins qui apportent les œufs et non pas les cloches. Pâques est la deuxième fête religieuse la plus importante après Noël et on y célèbre le retour du printemps, avec le fameux « ménage du printemps », appelé « Osterputz ». Les habitations se dotent de décorations particulières comme les arbres de Pâques. Ils sont faits à partir de petits arbres magnifiés par des branches et des fleurs, symboles de renouveau. On y attache des œufs peints à la main où l’on représente souvent des poussins et différents motifs traditionnels alsaciens. La nourriture est quant à elle très importante. On y partage l’agneau pascal ou « Lammele », cuit dans un moule traditionnel en terre cuite. On s’offre traditionnellement des cadeaux en France et en Allemagne pendant Pâques, ce qui a permit un fort développement pendant le XIXe siècle de nombreux objets artisanaux liés à la fête. En Alsace, de nombreuses poules et lapins décoratifs envahissent les maisons et l’on offre des œufs durs qui sont ensuite peints à la main.
Une famille alsacienne le jour de Pâques
Étonnamment, il existe peu d’ouvrages ou de vidéos présentant Pâques dans les films amateurs. On y retrouve souvent la traditionnelle chasse aux œufs, où les enfants s’amusent à trouver les œufs d’abord peints pendant le XIXe siècle, mais qui sont de plus en plus au chocolat au XXe siècle. Dans ce film de Paul Muller, on peut y voir des adultes observant en silence les enfants en train de jouer dans le jardin, creusant des trous avec des pelles et cherchant un objet. Les enfants sont habillés légèrement, les conditions climatiques de la France en 1945/1946 sont favorables et créent une forte vague de chaleur pendant le mois d’avril. Les parents quant à eux sont habillés de manière élégante, le seul homme présent est habillé avec un costume complet, veste et pantalon par-dessus une chemise blanche. Les femmes , qui sont au nombre de trois, portent elles aussi veste et pantalon, mais aussi des talons. Toutes les générations sont présentes, de la vieille dame avec une canne à la jeune femme avec son mari. Selon leur tenue, on peut imaginer qu’ils viennent d’aller ou de retourner de la messe de Pâques, fête importante où l’on s’habille dans son « habit du dimanche ». M. Muller présente le rendez-vous annuel de la fête de Pâques dans un cadre de vie citadin où les différentes personnes présentes semblent bourgeoises ou citadines. Il nous renseigne aussi sur les jardins citadins après la seconde guerre-mondiale. Celui présenté est un beau jardin de ville avec pelouse, verger, arbres taillés ainsi des outils de jardinages classiques: faux, houe, pelle.
La tradition de Pâques et les traditions familiales
Paul présente alors les différents acteurs dans un cadre intime. Il s’efface à travers la caméra en faisant des plans larges, puis contrebalance le rythme en effectuant des zooms pour se concentrer sur la recherche des enfants. Sa présence n’est révélée que quand les adultes montrent aux enfants qu’ils sont filmés. Le montage ne nous permet pas de comprendre parfaitement la scène. En effet, la première partie du film se concentre sur les enfants jouant et cherchant des objets dans la terre. Le petit garçon trouve un objet qu’il présente à sa sœur. Une coupure montre le jeune garçon avec un grand rectangle dans les mains. En marchant vers le caméraman pour montrer sa trouvaille, un des parents lui arrache ce qui semble être un livre et le donne à sa petite sœur (?) , ce qui est confirmé quand elle l’ouvre en arrière-plan. Le petit garçon se précipite vers M. Muller et lui montre l’objet qu’il a trouvé dans la terre. Il est difficile de l’identifier. Il pourrait s’agir un rabot bicorne ou d’une varlope, vu la forme de l’objet, que l’on peut identifier grâce à une poignée et une caisse en bois assez large. Mais il est plus vraisemblable pour un petit garçon que ce soit un jouet représentant un chariot en bois, dirigé par plusieurs personnages tirés par un lapin. Cela peut aussi être un objet fabriqué à la main par les parents ou les amis de la famille, ce qui rend très difficile l’analyse de l’objet. La qualité de l’image ne permet pas de trancher, mais cela nous renseigne sur les pratiques culturelles liées à Pâques en Alsace. Ainsi, ce qui semble le plus important n’est pas l’objet en lui-même mais le fait de retrouver quelque chose qui fait office de cadeau. Alors que l’on a l’habitude après la Seconde Guerre mondiale de chercher des œufs, en 1945/1946 ces coutumes semblent fluctuantes selon les traditions familiales. Cela peut aussi s’expliquer par la pénurie de denrées rares comme le chocolat au lendemain de la seconde guerre-mondiale dans une France rationnée. Dans tous les cas, cela nous renseigne sur l’art populaire et artisanal de l’Alsace dans les années 1940 et sur les pratiques qui l’entourent pendant une fête cruciale comme Pâques.Bibliographie
Michel Wagner, Pâques : histoire, mystère, traditions, Paris, Empreinte temps présent, 2009.
Gérard Leser, Pâques, Oschtera en Alsace : rites, coutumes, croyances, Strasbourg, Editions du Donon, 2013.
Grégory Oswald, Molsheim, Joué-lès-Tours, Nouvelles editions Sutton, 2001.
Article rédigé par
William Groussard, 03 janvier 2020
- ↑ Cette fiche est considérée comme achevée par son auteur, mais elle n'a pas encore été validée par une autorité scientifique.