Leclerc à Strasbourg (0005FH0006) : Différence entre versions
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− | |thematique=Second World War : post-war period | + | |thematique=Second World War : post-war period@ Heritage and tourism sites |
+ | |Resume_fr=Le 23 novembre 1946, le général Leclerc achève sa tournée commémorant la libération de l'Alsace à Strasbourg, où il rencontre une foule débordante de reconnaissance. | ||
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/ la cathédrale vue du portail St Laurent, plongée | / la cathédrale vue du portail St Laurent, plongée | ||
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/ remise de cadeaux à LECLERC remis par chaque corporation (monsieur Jacquel pour le textile, monsieur Heich, monsieur Lutz pour les pelletiers, monsieur Becker offrant de la gravure...) dont une Vierge, une gravure représentant la cathédrale, discours d’une dame, tableau de la cathédrale, Léonie BUSSINGER en Alsacienne fait la bise à Leclerc. | / remise de cadeaux à LECLERC remis par chaque corporation (monsieur Jacquel pour le textile, monsieur Heich, monsieur Lutz pour les pelletiers, monsieur Becker offrant de la gravure...) dont une Vierge, une gravure représentant la cathédrale, discours d’une dame, tableau de la cathédrale, Léonie BUSSINGER en Alsacienne fait la bise à Leclerc. | ||
|Contexte_et_analyse_fr=Deux ans jour pour jour après sa libération, l’Alsace n’est pas encore tout à fait remise des épreuves de l’annexion allemande du 27 novembre 1940. Sous la férule nazie, la répression politique constante avec l’internement au camp du Struthof, l’expulsion brutale des Juifs spoliés, l’incorporation de force des jeunes hommes dans la Wehrmacht et la collaboration laissent des traces profondes. La région sort également meurtrie des bombardements alliés, la population se sent stigmatisée du fait de la mise en cause des « malgré-nous » dans la destruction d’Oradour-sur-Glane. Cependant, la fin de la guerre a apporté un soulagement pour beaucoup, et nombreux sont ceux qui rivalisent dans la démonstration de leur amour de la France – d’autant que la République ne commet pas l’erreur de 1919 et de la mise sous tutelle par un commissariat. | |Contexte_et_analyse_fr=Deux ans jour pour jour après sa libération, l’Alsace n’est pas encore tout à fait remise des épreuves de l’annexion allemande du 27 novembre 1940. Sous la férule nazie, la répression politique constante avec l’internement au camp du Struthof, l’expulsion brutale des Juifs spoliés, l’incorporation de force des jeunes hommes dans la Wehrmacht et la collaboration laissent des traces profondes. La région sort également meurtrie des bombardements alliés, la population se sent stigmatisée du fait de la mise en cause des « malgré-nous » dans la destruction d’Oradour-sur-Glane. Cependant, la fin de la guerre a apporté un soulagement pour beaucoup, et nombreux sont ceux qui rivalisent dans la démonstration de leur amour de la France – d’autant que la République ne commet pas l’erreur de 1919 et de la mise sous tutelle par un commissariat. | ||
+ | [[Fichier:Affiche liberation.jpg|vignette|Libération de l'Alsace, Service cinématographique de l'armée, s.d. © Archives municipales de Strasbourg]] | ||
Pour le second anniversaire de ces quelques jours qui ont ébranlé l’Alsace revient des colonies où il continue de servir la nation le général Philippe Leclerc de Hauteclocque, commandant de la 2ème division blindée ou 2ème DB. Débarquée le 1er août 1944 à Utah Beach, héroïne de la libération de Paris trois semaines plus tard, l’unité des Forces françaises libres parvient en Alsace après avoir été stoppée par la ligne de défense allemande dans les Vosges. Son contournement par une manœuvre rapide ouvre la voie de Strasbourg que Leclerc avait juré de libérer dans le serment de Koufra du 2 mars 1941 : « Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg ». C’est chose faite le 23 novembre, deux jours après celle de Mulhouse par le général Béthouart remonté de Provence où il avait débarqué le 15 août. La guerre n’est pas finie, puisque la contre-offensive Nordwind menace sérieusement la ville en janvier 1945, et que les combats pour la réduction de la poche de Colmar se rangent parmi les plus âpres de la reconquête du territoire national. | Pour le second anniversaire de ces quelques jours qui ont ébranlé l’Alsace revient des colonies où il continue de servir la nation le général Philippe Leclerc de Hauteclocque, commandant de la 2ème division blindée ou 2ème DB. Débarquée le 1er août 1944 à Utah Beach, héroïne de la libération de Paris trois semaines plus tard, l’unité des Forces françaises libres parvient en Alsace après avoir été stoppée par la ligne de défense allemande dans les Vosges. Son contournement par une manœuvre rapide ouvre la voie de Strasbourg que Leclerc avait juré de libérer dans le serment de Koufra du 2 mars 1941 : « Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg ». C’est chose faite le 23 novembre, deux jours après celle de Mulhouse par le général Béthouart remonté de Provence où il avait débarqué le 15 août. La guerre n’est pas finie, puisque la contre-offensive Nordwind menace sérieusement la ville en janvier 1945, et que les combats pour la réduction de la poche de Colmar se rangent parmi les plus âpres de la reconquête du territoire national. | ||
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Philippe de Hauteclocque (1902-1947) est un militaire de carrière qui a choisi la cavalerie ; une chute de cheval le handicape à vie et le rend aisément reconnaissable. Fait prisonnier, relâché et blessé à la tête pendant la campagne de France, le capitaine refuse la défaite et rejoint Londres dès le 24 juillet 1940. Ayant pris le nom de guerre de Leclerc, il y fait la conquête de De Gaulle, qui le promeut et l’envoie en Afrique équatoriale française. C’est là qu’il s’empare d’une oasis, Koufra, et fait avec ses 300 hommes le fameux serment. Jusqu’en 1944, il unifie la future armée de libération, et réorganise sa 2ème division blindée sur le modèle américain. C’est sur son insistance et celle de De Gaulle que les Américains autorisent sa division placée sous tutelle du général Patton à foncer sur Paris en août 1944 pour forcer les Allemands à renoncer à la capitale insurgée. Une fois l’Allemagne soumise, Leclerc part pour l’Asie, reçoit la reddition japonaise avec les Alliés, et entame la reconquête de l’Indochine qui s’achève en mai 1946. Son ascension s’arrête brusquement : promu général de division, il devient inspecteur des forces terrestres en Afrique du Nord en juillet 1946, où il périt dans un accident d’avion un an et demi plus tard. | Philippe de Hauteclocque (1902-1947) est un militaire de carrière qui a choisi la cavalerie ; une chute de cheval le handicape à vie et le rend aisément reconnaissable. Fait prisonnier, relâché et blessé à la tête pendant la campagne de France, le capitaine refuse la défaite et rejoint Londres dès le 24 juillet 1940. Ayant pris le nom de guerre de Leclerc, il y fait la conquête de De Gaulle, qui le promeut et l’envoie en Afrique équatoriale française. C’est là qu’il s’empare d’une oasis, Koufra, et fait avec ses 300 hommes le fameux serment. Jusqu’en 1944, il unifie la future armée de libération, et réorganise sa 2ème division blindée sur le modèle américain. C’est sur son insistance et celle de De Gaulle que les Américains autorisent sa division placée sous tutelle du général Patton à foncer sur Paris en août 1944 pour forcer les Allemands à renoncer à la capitale insurgée. Une fois l’Allemagne soumise, Leclerc part pour l’Asie, reçoit la reddition japonaise avec les Alliés, et entame la reconquête de l’Indochine qui s’achève en mai 1946. Son ascension s’arrête brusquement : promu général de division, il devient inspecteur des forces terrestres en Afrique du Nord en juillet 1946, où il périt dans un accident d’avion un an et demi plus tard. | ||
+ | [[Fichier:Carte format 1.jpg|vignette|Carte postale, 1945 © Villers-collections]] | ||
Auréolé de sa victoire en Indochine mais humilié par sa rétrogradation, Leclerc ne boude pas le plaisir d’un bain brûlant de ferveur populaire. S’il partage avec Rol-Tanguy la gloire d’avoir libéré Paris, nul ne conteste ce que proclament calicots et panneaux les 22 et 23 novembre 1946 en Alsace. Dans les images tournées par Robert-Charles Weiss, qui jouit d’une notable liberté de filmer, le général aux quatre étoiles et à la grand-croix de la Légion d’honneur apparaît sur la plupart des plans. Quand ce n’est pas le cas, le cinéaste amateur s’attarde sur son nom glorifié, sur les saluts et les drapeaux agités, sur les regards admiratifs portés à « leur Libérateur ». Seul le drapeau tricolore lui fait concurrence, tandis que quelques discrètes croix de Lorraine, emblèmes de de Gaulle, rappellent qu’un autre général est venu en février 1945 représenter la France et recevoir l’onction de la foule alsacienne (film). Lui aussi a quitté les affaires et entamé sa traversée du désert. | Auréolé de sa victoire en Indochine mais humilié par sa rétrogradation, Leclerc ne boude pas le plaisir d’un bain brûlant de ferveur populaire. S’il partage avec Rol-Tanguy la gloire d’avoir libéré Paris, nul ne conteste ce que proclament calicots et panneaux les 22 et 23 novembre 1946 en Alsace. Dans les images tournées par Robert-Charles Weiss, qui jouit d’une notable liberté de filmer, le général aux quatre étoiles et à la grand-croix de la Légion d’honneur apparaît sur la plupart des plans. Quand ce n’est pas le cas, le cinéaste amateur s’attarde sur son nom glorifié, sur les saluts et les drapeaux agités, sur les regards admiratifs portés à « leur Libérateur ». Seul le drapeau tricolore lui fait concurrence, tandis que quelques discrètes croix de Lorraine, emblèmes de de Gaulle, rappellent qu’un autre général est venu en février 1945 représenter la France et recevoir l’onction de la foule alsacienne (film). Lui aussi a quitté les affaires et entamé sa traversée du désert. | ||
'''La foule et les notables''' | '''La foule et les notables''' | ||
− | Si le public était déjà au rendez-vous la veille à Saverne[[Tournée_triomphale_du_Général_Leclerc_en_Alsace_(0005FH0028_8)]], aucune commune mesure avec le délire d'une foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes que les agents de police ont du mal à contenir lors de la marche du général dans les rues de Strasbourg. Pour cet événement exceptionnel, Weiss, cinéaste amateur prolifique n'économise pas la pellicule: 10 minutes en Alsace et 15 minutes à Strasbourg. Mieux, il réussit ici aussi à se glisser aux toutes premières loges et, comme le montre une analyse attentive du montage, récupère auprès d'un autre amateur les images tournées sur le balcon de l' | + | Si le public était déjà au rendez-vous la veille à Saverne [[Tournée_triomphale_du_Général_Leclerc_en_Alsace_(0005FH0028_8)]], aucune commune mesure avec le délire d'une foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes que les agents de police ont du mal à contenir lors de la marche du général dans les rues de Strasbourg. Pour cet événement exceptionnel, Weiss, cinéaste amateur prolifique n'économise pas la pellicule: 10 minutes en Alsace et 15 minutes à Strasbourg. Mieux, il réussit ici aussi à se glisser aux toutes premières loges et, comme le montre une analyse attentive du montage, récupère auprès d'un autre amateur les images tournées sur le balcon de l'Hôtel de ville. L'accueil officiel s'incarne d'abord dans le discours du maire Charles Frey, rétabli dans ses foncions, qui lui annonce qu'il est nommé citoyen d'honneur de la ville; et dans les cadeaux offerts par les différentes corporations, dont les représentants sont Jacquel (textile), Lutz (pelletiers), Becker offrant de la gravure...) dont une Vierge, une gravure représentant la cathédrale, tableau de la cathédrale. |
− | Plus encore que dans les villes et bourgs traversés la veille, le passage de Leclerc comporte un versant public et un versant privé que Weiss a la chance de pouvoir capter avec sa caméra. | + | Plus encore que dans les villes et bourgs traversés la veille, le passage de Leclerc comporte un versant public et un versant privé que Weiss a la chance de pouvoir capter avec sa caméra. Weiss, représentant de la corporation des cordiers, est invité au déjeuner d'honneur où l'on sert dans un décor luxueux la traditionnelle choucroute. |
+ | Il inclut dans le montage une scène nocturne de feu d'artifice, et s'attarde longuement sur le défilé militaire place Kleber, avec d'impressionnants spahis à cheval mais aussi des civils, sans doute Résistants, et la décoration de héros de guerre. Le cortège comprend aussi une partie évoquant la région, avec des Alsaciennes à la coiffe folklorique, des responsables politiques et des enfants en costume traditionnel. Leclerc salue devant le monument à Jean-Baptiste Kleber, érigé en 1840, à la fois un prédécesseur auréolé de la gloire des conquêtes révolutionnaires et une victime de la nazification de l'Alsace: la statue avait été démontée en septembre 1940 et la place rebaptisée du nom d'un leader autonomiste alsacien fusillé pour espionnage au profit de l'Allemagne en février 1940, Karl Roos. Leclerc va aussi rendre hommage au char "Cherbourg" de la 2eDB à la tête duquel a été tué le 23 novembre 1944 Albert ZIMMER, natif de la Wantzenau. Après la marche dans les rues et la parade en voiture décapotable, Leclerc livre depuis le balcon de l'hôtel de ville un discours mémorable aux Strasbourgeois: "Aujourd'hui, où tant de ruines doivent être relevées, cela fait du bien de revenir en Alsace, de faire ce pèlerinage." Leclerc parle de la libération de la région comme des "plus beaux jours" de la vie des combattants de son unité et de l'Alsace comme "première résistante de France". À tous, il enjoint de poursuivre le combat pour "l'idéal français". | ||
+ | |Contexte_et_analyse_de=<big>'''Leclerc in Straßburg'''</big> | ||
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+ | Auf den Tag genau zwei Jahre nach seiner Befreiung hat sich das Elsass noch nicht von den Leiden der deutschen Annektierung vom 27. November 1940 erholt. Die konstante politische Unterdrückung unter der Naziherrschaft, mit Internierungen im KZ Natzweiler-Struthof, brutaler Enteignung und Vertreibung der Juden, Zwangsrekrutierung der jungen Männer in die Wehrmacht und Kollaboration hinterließen tiefe Wunden. Die Region wurde durch die Bomben der Alliierten zerstört, die Bevölkerung fühlte sich wegen der Beteiligung der zwangsrekrutierten Elsässer in der Waffen-SS, den sogenannten „Malgré-nous“, an der Zerstörung von Oradour-sur-Glane gebrandmarkt. Das Ende des Krieges war jedoch für viele eine Erleichterung, und viele bemühten sich darum, ihre Liebe zu Frankreich unter Beweis zu stellen – umso mehr, als die Republik nicht den Fehler von 1919 wiederholte und die Region nicht unter die Aufsicht eines Kommissars stellte. | ||
+ | Zum zweiten Jahrestag dieser entscheidenden Tage in der Geschichte des Elsass kehrte General Philippe Leclerc de Hauteclocque, Kommandant der 2. Panzerdivision, aus den Kolonien zurück, wo er weiterhin der Nation diente. Die am 1. August 1944 in Utah Beach gelandete und drei Wochen später zu Helden der Befreiung von Paris gewordene Einheit der Freien Französischen Streitkräfte, rückte bis zum Elsass vor, nachdem sie von der deutschen Verteidigungslinie in den Vogesen gestoppt worden war. Sie konnte sie durch ein schnelles Manöver umgehen und sich den Weg nach Straßburg ebnen, dessen Befreiung Leclerc im Eid von Koufra am 2. März 1941 geschworen hatte: „Schwört, dass Ihr die Waffen erst dann niederlegt, wenn unsere Farben, unsere schönen Farben, über dem Straßburger Münster wehen“. Dies geschah am 23. November, zwei Tage nach der Befreiung von Mulhouse durch General Béthouart, der nach seiner Landung am 15. August aus der Provence vorgerückt war. Der Krieg war noch nicht zu Ende, da die Gegenoffensive Nordwind die Stadt im Januar 1945 ernsthaft bedrohte, und der Kampf um den Brückenkopf Elsass zu den erbittertsten Kämpfen zur Rückeroberung des Staatsgebietes zählt. | ||
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+ | '''Zum Ruhme Leclercs und Frankreichs''' | ||
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+ | Philippe de Hauteclocque (1902-1947) hatte eine militärische Laufbahn in der Kavallerie gewählt; von einem Sturz vom Pferd trug er eine lebenslange Behinderung davon, an der er leicht erkennbar war. Der im Frankreichfeldzug gefangen genommene, wieder freigelassene und am Kopf verletzte Hauptmann verweigerte die Anerkennung der Niederlage und ging am 24. Juli 1940 nach London. Unter seinem Kriegsnamen Leclerc traf er dort De Gaulle, der ihn beförderte und nach Französisch-Äquatorialafrika schickte. Dort nahm er die Kufra-Oase ein, wo er mit seinen 300 Mann den berühmten Eid ablegte. Bis 1944 vereinte er die zukünftige Befreiungsarmee und reorganisierte seine zweite Panzerdivision nach amerikanischem Vorbild. Auf sein und De Gaulles Drängen genehmigten die Amerikaner seine Division unter dem Kommando von General Patton, im August 1944 nach Paris vorzurücken, um die Deutschen zur Aufgabe der aufständischen Hauptstadt zu zwingen. Nachdem Deutschland unterworfen war, ging Leclerc nach Asien, nahm zusammen mit den Alliierten die Kapitulation Japans entgegen und begann die Rückeroberung von Indochina, die im Mai 1946 endete. Sein Aufstieg fand ein jähes Ende: Nachdem er zum Generalmajor befördert worden war, wurde er im Juli 1946 Inspekteur des Heeres in Nordafrika, wo er anderthalb Jahre später bei einem Flugzeugunglück ums Leben kam. | ||
+ | Vom Glanz seines Sieges in Indochina umstrahlt, aber durch seine Degradierung gedemütigt, ist Leclerc dem Vergnügen eines Bades in einer begeisterten Menschenmenge nicht abgeneigt. Während er mit Rol-Tanguy den Ruhm der Befreiung von Paris teilte, bestritt niemand, was am 22. und 23. November 1946 auf den Spruchbändern und Schildern im Elsass verkündet wurde. Auf den Bildern von Robert-Charles Weiss, der beim Filmen eine beachtliche Freiheit genoss, ist der General mit den vier Sternen und dem Großen Kreuz der Ehrenlegion auf den meisten Aufnahmen zu sehen. Und wenn nicht, dann verweilt der Amateurfilmer auf seinem verehrten Namen, auf den Grüßen und den geschwungenen Fahnen, auf den bewundernden Blicken der Zuschauer auf „ihren Befreier“. Nur die französische Nationalflagge macht ihm Konkurrenz, während einige diskrete lothringische Kreuze, die Embleme von de Gaulle, daran erinnern, dass im Februar 1945 ein anderer General gekommen ist, um Frankreich zu vertreten und die Salbung der elsässischen Menge (Film) zu empfangen. Auch für ihn hat eine Durststrecke begonnen. | ||
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+ | '''Die Menschenmenge und die Prominenz''' | ||
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+ | Wenn die Öffentlichkeit bereits am Vortag in Saverne zugegen war, Tournée_triomphale_du_Général_Leclerc_en_Alsace_(0005FH0028_8), so steht das in keinem Verhältnis mit der Hysterie von mehreren Zehntausend Menschen, die von Polizisten beim Marsch des Generals durch die Straßen Straßburgs nur schwer im Zaum gehalten werden können. Für dieses außergewöhnliche Ereignis spart Weiss, ein produktiver Amateurfilmer, nicht mit dem Film: 10 Minuten im Elsass und 15 Minuten in Straßburg. Besser noch, denn auch hier gelingt es ihm, in die erste Reihe zu schlüpfen. Wie eine sorgfältige Analyse des Zusammenschnitts zeigt, holte er sich von einem anderen Amateurfilmer die auf dem Balkon des Rathauses gedrehten Aufnahmen. Die offizielle Begrüßung wird zunächst durch die Rede von Bürgermeister Charles Frey verkörpert, der bei der Befreiung wieder in sein Amt eingesetzt wurde. Er kündigt Leclerc an, dass er zum Ehrenbürger der Stadt ernannt wurde und als solchem schenken ihm die verschiedenen Zünfte, deren Vertreter Jacquel (Textil), Lutz (Kürschner), Becker (Grafiker) sind, symbolische Geschenke der Stadt und jedes Handwerks: eine Gottesmutter, eine Darstellung des Münsters, ein Gemälde des Münsters, eine Schatulle, die in der Aufregung niemand zu öffnen vermag. | ||
+ | Noch mehr als in den Städten und Marktflecken, die am Vortag durchquert worden waren, umfasst der Besuch von Leclerc eine öffentliche und eine private Seite, die Weiss das Glück hat, mit seiner Kamera festzuhalten. Weiss, Vertreter der Zunft der Seiler, ist zum Ehrenmal eingeladen, wo in einer luxuriösen Umgebung das traditionelle Sauerkraut serviert wird. Er fügt eine nächtliche Feuerwerkszene in den Zusammenschnitt ein und verweilt lange Zeit auf der Militärparade am Place Kleber, mit beeindruckenden berittenen Spahis, aber auch mit Zivilisten, wahrscheinlich Widerstandskämpfer, und der Auszeichnung von Kriegshelden. Teile des Umzugs erinnern auch an die Region, mit elsässischen Frauen mit traditionellem Kopfschmuck, politischen Würdenträgern und Kindern in traditioneller Tracht. Leclerc grüßt vor dem 1840 errichteten Denkmal für Jean-Baptiste Kleber, ein Vorgänger, der durch die Eroberungen der Revolution zu Ruhme gelangt und der Nazifizierung des Elsass zum Opfer gefallen war: Die Statue war im September 1940 demontiert und der Platz auf den Namen eines elsässischen Autonomisten, Karl Roos, umbenannt worden. Dieser war im Februar 1940 wegen Spionage für Deutschland hingerichtet worden. Leclerc würdigt auch den Panzer „Cherbourg“ der zweiten Panzerdivision, auf dem am 23. November 1944 der in Wantzenau gebürtige Albert ZIMMER getötet worden war. Nach dem Marsch durch die Straßen und dem Umzug in einem offenen Wagen hält Leclerc vom Balkon des Rathauses aus eine denkwürdige Rede vor den Straßburgern: „Heute, wo so viele Ruinen wieder aufgebaut werden müssen, tut es gut, ins Elsass zurückzukehren, diese Wallfahrt zu machen.“ Leclerc spricht von der Befreiung der Region als den „schönsten Tagen“ im Leben der Soldaten seiner Einheit und vom Elsass als dem "ersten Widerstandskämpfer in Frankreich“. Er fordert alle auf, den Kampf für das „französische Ideal“ fortzusetzen. | ||
+ | |Bibliographie=Jacques Granier, ''Et Leclerc prit Strasbourg'', Strasbourg, Nuée Bleue, 1994. | ||
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+ | Jean-Chistophe Notin, ''Leclerc'', Paris, Perrin, 2005. | ||
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Version actuelle datée du 29 juin 2020 à 08:30
Résumé
Description
41 ‘’
/ la cathédrale vue du portail St Laurent, plongée
/ foule sur le trottoir d’en face ; des officiers côté cathédrale.
/ défilé : femmes, religieuses, oriflammes, clergé en grande pompe, officiers, notables, foule autour de la cathédrale
3’15
/ intérieur : tribunal
/ les hommes debout puis assis
/ les gendarmes
/ un officier fait un discours
4’ 20
/ foule sur le pourtour d’une place
/ des officiels au centre
/ défilé militaire
/ Leclerc
/ le cortège
/ des Alsaciennes
/ des notables
/ la foule
/ des ballons lâchés dans le ciel (flou)
/ les gendarmes contiennent la foule
/ plongée : le cortège
00:07:41 La place Kléber : Leclerc avec le préfet Bernard Cornut-Gentille, le général Paul de Langlade et Touzet du Vigier, spahis, statue de Kléber, Leclerc décorant Georges Riff (?), avocat et monsieur Klister (?) la tribune, parmi les officiels l'actrice Françoise Rosay la cathédrale au loin, balcon de l’Aubette / LECLERC fait un discours / remet des décorations / GP sur LECLERC souriant / des photographes / défilé militaire / LECLERC salue / des Alsaciennes / des soldats défilent tout à tour / des civils / une voiture / un char / « Alsace » / LECLERC / des Alsaciennes / une voiture avec l’inscription « Vive le général Leclerc » / LECLERC et au fond l’inscription « Aubette » / des Alsaciennes / la foule / les notables / la foule aux fenêtres / des enfants / des drapeaux US / les enfants courent / la foule suit / les gendarmes arrêtent la foule / la rue des grandes Arcades / la foule sur les trottoirs / LECLERC en contre-plongée / jeunes femmes se penchent en souriant vers la caméra / voitures officielles filmées du balcon / défilé militaire / soldats / LECLERC / officiels / discours de LECLERC
00:15:49 officiel dont Mme Leclerc ? au Port du Rhin / le char « Cherbourg » Zimmer de la 2eDB / la plaque pour Albert ZIMMER / foule entourant LECLERC
00:17:14
/ intérieur : banquet servi par des Alsaciennes avec tous les présidents de corporations [RC Weiss y représentait les cordiers]
/ choucroute
/ les gens mangent
/ la foule immense dehors
/ LECLERC au balcon, derrière son épouse, et gauche RC Weiss (sans lunette)
/ la foule compacte
/ discours d’un civil
/ LECLERC parle
/ sortie des officiels
/ GP sur LECLERC
/ remise de cadeaux à LECLERC remis par chaque corporation (monsieur Jacquel pour le textile, monsieur Heich, monsieur Lutz pour les pelletiers, monsieur Becker offrant de la gravure...) dont une Vierge, une gravure représentant la cathédrale, discours d’une dame, tableau de la cathédrale, Léonie BUSSINGER en Alsacienne fait la bise à Leclerc.
Contexte et analyse
Deux ans jour pour jour après sa libération, l’Alsace n’est pas encore tout à fait remise des épreuves de l’annexion allemande du 27 novembre 1940. Sous la férule nazie, la répression politique constante avec l’internement au camp du Struthof, l’expulsion brutale des Juifs spoliés, l’incorporation de force des jeunes hommes dans la Wehrmacht et la collaboration laissent des traces profondes. La région sort également meurtrie des bombardements alliés, la population se sent stigmatisée du fait de la mise en cause des « malgré-nous » dans la destruction d’Oradour-sur-Glane. Cependant, la fin de la guerre a apporté un soulagement pour beaucoup, et nombreux sont ceux qui rivalisent dans la démonstration de leur amour de la France – d’autant que la République ne commet pas l’erreur de 1919 et de la mise sous tutelle par un commissariat.
Pour le second anniversaire de ces quelques jours qui ont ébranlé l’Alsace revient des colonies où il continue de servir la nation le général Philippe Leclerc de Hauteclocque, commandant de la 2ème division blindée ou 2ème DB. Débarquée le 1er août 1944 à Utah Beach, héroïne de la libération de Paris trois semaines plus tard, l’unité des Forces françaises libres parvient en Alsace après avoir été stoppée par la ligne de défense allemande dans les Vosges. Son contournement par une manœuvre rapide ouvre la voie de Strasbourg que Leclerc avait juré de libérer dans le serment de Koufra du 2 mars 1941 : « Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg ». C’est chose faite le 23 novembre, deux jours après celle de Mulhouse par le général Béthouart remonté de Provence où il avait débarqué le 15 août. La guerre n’est pas finie, puisque la contre-offensive Nordwind menace sérieusement la ville en janvier 1945, et que les combats pour la réduction de la poche de Colmar se rangent parmi les plus âpres de la reconquête du territoire national.
Leclerc et la France en majesté
Philippe de Hauteclocque (1902-1947) est un militaire de carrière qui a choisi la cavalerie ; une chute de cheval le handicape à vie et le rend aisément reconnaissable. Fait prisonnier, relâché et blessé à la tête pendant la campagne de France, le capitaine refuse la défaite et rejoint Londres dès le 24 juillet 1940. Ayant pris le nom de guerre de Leclerc, il y fait la conquête de De Gaulle, qui le promeut et l’envoie en Afrique équatoriale française. C’est là qu’il s’empare d’une oasis, Koufra, et fait avec ses 300 hommes le fameux serment. Jusqu’en 1944, il unifie la future armée de libération, et réorganise sa 2ème division blindée sur le modèle américain. C’est sur son insistance et celle de De Gaulle que les Américains autorisent sa division placée sous tutelle du général Patton à foncer sur Paris en août 1944 pour forcer les Allemands à renoncer à la capitale insurgée. Une fois l’Allemagne soumise, Leclerc part pour l’Asie, reçoit la reddition japonaise avec les Alliés, et entame la reconquête de l’Indochine qui s’achève en mai 1946. Son ascension s’arrête brusquement : promu général de division, il devient inspecteur des forces terrestres en Afrique du Nord en juillet 1946, où il périt dans un accident d’avion un an et demi plus tard.
Auréolé de sa victoire en Indochine mais humilié par sa rétrogradation, Leclerc ne boude pas le plaisir d’un bain brûlant de ferveur populaire. S’il partage avec Rol-Tanguy la gloire d’avoir libéré Paris, nul ne conteste ce que proclament calicots et panneaux les 22 et 23 novembre 1946 en Alsace. Dans les images tournées par Robert-Charles Weiss, qui jouit d’une notable liberté de filmer, le général aux quatre étoiles et à la grand-croix de la Légion d’honneur apparaît sur la plupart des plans. Quand ce n’est pas le cas, le cinéaste amateur s’attarde sur son nom glorifié, sur les saluts et les drapeaux agités, sur les regards admiratifs portés à « leur Libérateur ». Seul le drapeau tricolore lui fait concurrence, tandis que quelques discrètes croix de Lorraine, emblèmes de de Gaulle, rappellent qu’un autre général est venu en février 1945 représenter la France et recevoir l’onction de la foule alsacienne (film). Lui aussi a quitté les affaires et entamé sa traversée du désert.
La foule et les notables
Si le public était déjà au rendez-vous la veille à Saverne Tournée_triomphale_du_Général_Leclerc_en_Alsace_(0005FH0028_8), aucune commune mesure avec le délire d'une foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes que les agents de police ont du mal à contenir lors de la marche du général dans les rues de Strasbourg. Pour cet événement exceptionnel, Weiss, cinéaste amateur prolifique n'économise pas la pellicule: 10 minutes en Alsace et 15 minutes à Strasbourg. Mieux, il réussit ici aussi à se glisser aux toutes premières loges et, comme le montre une analyse attentive du montage, récupère auprès d'un autre amateur les images tournées sur le balcon de l'Hôtel de ville. L'accueil officiel s'incarne d'abord dans le discours du maire Charles Frey, rétabli dans ses foncions, qui lui annonce qu'il est nommé citoyen d'honneur de la ville; et dans les cadeaux offerts par les différentes corporations, dont les représentants sont Jacquel (textile), Lutz (pelletiers), Becker offrant de la gravure...) dont une Vierge, une gravure représentant la cathédrale, tableau de la cathédrale.
Plus encore que dans les villes et bourgs traversés la veille, le passage de Leclerc comporte un versant public et un versant privé que Weiss a la chance de pouvoir capter avec sa caméra. Weiss, représentant de la corporation des cordiers, est invité au déjeuner d'honneur où l'on sert dans un décor luxueux la traditionnelle choucroute.
Il inclut dans le montage une scène nocturne de feu d'artifice, et s'attarde longuement sur le défilé militaire place Kleber, avec d'impressionnants spahis à cheval mais aussi des civils, sans doute Résistants, et la décoration de héros de guerre. Le cortège comprend aussi une partie évoquant la région, avec des Alsaciennes à la coiffe folklorique, des responsables politiques et des enfants en costume traditionnel. Leclerc salue devant le monument à Jean-Baptiste Kleber, érigé en 1840, à la fois un prédécesseur auréolé de la gloire des conquêtes révolutionnaires et une victime de la nazification de l'Alsace: la statue avait été démontée en septembre 1940 et la place rebaptisée du nom d'un leader autonomiste alsacien fusillé pour espionnage au profit de l'Allemagne en février 1940, Karl Roos. Leclerc va aussi rendre hommage au char "Cherbourg" de la 2eDB à la tête duquel a été tué le 23 novembre 1944 Albert ZIMMER, natif de la Wantzenau. Après la marche dans les rues et la parade en voiture décapotable, Leclerc livre depuis le balcon de l'hôtel de ville un discours mémorable aux Strasbourgeois: "Aujourd'hui, où tant de ruines doivent être relevées, cela fait du bien de revenir en Alsace, de faire ce pèlerinage." Leclerc parle de la libération de la région comme des "plus beaux jours" de la vie des combattants de son unité et de l'Alsace comme "première résistante de France". À tous, il enjoint de poursuivre le combat pour "l'idéal français".Personnages identifiés
Lieux ou monuments
Bibliographie
Jacques Granier, Et Leclerc prit Strasbourg, Strasbourg, Nuée Bleue, 1994.
Article rédigé par
ALEXANDRE SUMPF, 17 janvier 2019