De Gaulle en Algérie (0003FH0009) : Différence entre versions
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Version du 6 décembre 2018 à 19:27
Résumé
Contexte et analyse
Conquise de façon très brutale en 1830, l’Algérie est la seule colonie française de peuplement au Maghreb. En 1847, son territoire est découpé en trois départements où vit une population d’Européens dont une majorité d’Espagnols et un groupe significatif d’Alsaciens. Malgré des tentatives dans l’entre-deux-guerres de rééquilibrer les relations entre colons, administration coloniale et indigènes, l’indépendantisme gagne. Le point de non-retour est atteint avec les massacres croisés de Sétif le 8 mai 1945. Le 1er novembre 1954, le Front national de Libération algérien lance une offensive tous azimuts. Alors débute la « sale guerre » qu’en métropole les autorités nomment opération de pacification. En 1956, le président du conseil socialiste Guy Mollet décide de l’envoi du contingent pour soutenir les militaires de carrières. C’est ainsi que Jean Albert, 21 ans, part en uniforme du Havre à Marseille (0003FH0010) et rejoint la base militaire de Telergma au sud de Constantine.
La crise éclate en Algérie et France justement en mai 1958 : malgré la vive protestation du centre-gauche et des socialistes qui crient au complot, le président Coty n’a d’autre choix que de rappeler le sauveur de la France en 1940, le général de Gaulle. Nommé le 1er juin, il décide de se rendre sur-le-champ en Algérie. Sa visite à Constantine et à Télergma s’insère entre son discours d’Alger, le 4 juin (« Je vous ai compris ») et celui de Mostaganem le 6 juin (« Vive l’Algérie française ! »), origine du grave malentendu politique entre le million de « Français d’Algérie » et le chef du gouvernement qui entreprend bientôt de signer la « paix des braves » (23 octobre).
Un ancien général parmi les conscrits
À la fois haut gradé de l’armée française et homme politique, le général de Gaulle s’est imposé en deux semaines comme seul recours à la crise majeure que représente la guerre d’Algérie. Il effectue une tournée de cinq jours en Algérie en faisant étape dans chaque préfecture, dont Constantine le 5 juin. Le passage par la base aérienne opérationnelle de Telergma s’impose puisqu’il s’agit du pivot majeur du contrôle des airs par l’armée française, d’où partent tous les raids de bombardements comme celui tristement célèbre de Sakhiet le 8 février précédent. En outre, la piste est la seule capable d’accueillir en toute sécurité la Caravelle Air France du chef du gouvernement, dont Jean Albert filme en connaisseur l’atterrissage et le décollage. Entouré de quelques fidèles, d’officiers d’état-major et d’une nuée de journalistes parmi lesquels sa haute taille se détache, de Gaulle se présente en uniforme mais sans médailles. Il se tient au garde-à-vous pendant la Marseillaise qui réaffirme l’appartenance du territoire à la République. Le conscrit a tout loisir de filmer de très près le grand homme sans que personne n’y trouve à redire : la discipline peut bien céder à la médiatisation et à la starisation. Albert en profite même pour passer, comme il le fait régulièrement, la caméra à un camarade qui l’immortalise devant l’avion officiel… y compris à vélo, son sport fétiche. Il faut dire que cet appareil, le premier biréacteur civil au monde avec ses deux propulseurs à l’arrière, fait l’admiration de tous les équipages présents. De Gaulle se fait le promoteur de l’avion construit par Sud Aviation qui engrange alors les contrats, avant la mise en service commerciale en 1959. Il projette une image de modernité qu’il ne cessera de mettre en avant.
Rassurer les « Français d’Algérie »
L’ambiance est évidemment très différente à Constantine où une foule extraordinairement dense est venue écouter de Gaulle. Le Comité de salut public local a préparé au mieux l’accueil en distribuant des fanions tricolores ; les banderoles proclament l’indéfectible lien entre France et Algérie, mais font aussi la démonstration de force de ces groupements de citoyens qui ont fait vaciller la Quatrième République. Européens et indigènes se mêlent dans les rangs des unités comme dans le public, tandis qu’une escadrille forme une croix de Lorraine dans le ciel. Sur la tribune, de Gaulle encourage la foule à l’acclamer, certains font le V de la victoire. Contraint par les attentes de la foule, il déclare : « Salan est mon représentant sur cette terre à jamais française ». Ce même Salan se mutinera moins de trois ans plus tard et sera à l’origine de l’Organisation Armée secrète (OAS) qui attentera à la vie du président de la République en 1962. Le 5 juin 1958, de Gaulle reprend sa tournée qui favorise une inédite personnalisation du pouvoir en France.Personnages identifiés
Article rédigé par
ALEXANDRE SUMPF, 06 décembre 2018
- ↑ En tant que partie d'une production amateur, cette séquence n'a pas reçu de titre de son réalisateur. Le titre affiché sur cette fiche a été librement forgé par son auteur dans le but de refléter au mieux son contenu.