Strasbourg : Christkindelmärkt(0086NN0023) : Différence entre versions
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Le ''Christkindelsmärik'' de Strasbourg tire ses racines du ''Nikolaismarkt'' (marché de la Saint-Nicolas) où les parents venaient chercher des objets et friandises pour leurs enfants. Mais à partir de 1570, suite à des désaccords sur l’origine des cadeaux et face à la volonté de dire aux enfants que c’était l’enfant Jésus qui apportait les cadeaux, le marché de la Saint-Nicolas est remplacé par celui du ''Christindlein'' (Enfant Jésus). Le Chrstkindelsmärik''Texte en italique'' se tenait au départ trois jours avant Noël près de la cathédrale, puis s’étend du côté du palais des Rohan, sur une place nommée le ''Fronhof''. De 1830 à 1870, il a lieu sur l’actuel place Kléber puis à partir de 1870, suite à l’annexion allemande, il se déroule place Broglie et dure maintenant toute la période de l’Avant jusqu’à la veille de Noël. C’est d’ailleurs à cet endroit que se déroule le ''Christkindelsmärik'' dans le film de Robert Forrer. On y reconnaît notamment les longues lignes d’arbres qui se trouvent encore sur l’actuelle place Broglie, voisine à l’opéra de la ville. Au travers de ce film, le réalisateur tente d’immortaliser le marché de Noël de Strasbourg en nous montrant ses caractéristiques culinaires, ses ventes d’objets ou bien d’arbres de Noël. En tant que grand antiquaire et conservateur du patrimoine, il nous fait assister à l’aide de travellings horizontaux aux différentes interactions sociales qui découlent du ''Christkindelsmärik'', en filmant des enfants accompagnés de leurs parents qui attendent patiemment de recevoir des friandises ou des jouets. | Le ''Christkindelsmärik'' de Strasbourg tire ses racines du ''Nikolaismarkt'' (marché de la Saint-Nicolas) où les parents venaient chercher des objets et friandises pour leurs enfants. Mais à partir de 1570, suite à des désaccords sur l’origine des cadeaux et face à la volonté de dire aux enfants que c’était l’enfant Jésus qui apportait les cadeaux, le marché de la Saint-Nicolas est remplacé par celui du ''Christindlein'' (Enfant Jésus). Le Chrstkindelsmärik''Texte en italique'' se tenait au départ trois jours avant Noël près de la cathédrale, puis s’étend du côté du palais des Rohan, sur une place nommée le ''Fronhof''. De 1830 à 1870, il a lieu sur l’actuel place Kléber puis à partir de 1870, suite à l’annexion allemande, il se déroule place Broglie et dure maintenant toute la période de l’Avant jusqu’à la veille de Noël. C’est d’ailleurs à cet endroit que se déroule le ''Christkindelsmärik'' dans le film de Robert Forrer. On y reconnaît notamment les longues lignes d’arbres qui se trouvent encore sur l’actuelle place Broglie, voisine à l’opéra de la ville. Au travers de ce film, le réalisateur tente d’immortaliser le marché de Noël de Strasbourg en nous montrant ses caractéristiques culinaires, ses ventes d’objets ou bien d’arbres de Noël. En tant que grand antiquaire et conservateur du patrimoine, il nous fait assister à l’aide de travellings horizontaux aux différentes interactions sociales qui découlent du ''Christkindelsmärik'', en filmant des enfants accompagnés de leurs parents qui attendent patiemment de recevoir des friandises ou des jouets. | ||
− | '''Le ''Christkindelsmärik'' comme lieu d’achat | + | '''Le ''Christkindelsmärik'' comme lieu d’achat de cadeaux et de friandises''' |
Au travers de ces séquences sur le marché de Noël de Strasbourg, nous observons que son but premier demeure inchangé. En effet, dans la première séquence, nous observons une petite fille extasiée devant les nombreuses friandises en ventes. Celle-ci est accompagnée de sa mère qui fait le tour des différents stands avec leurs lots d’objets, de gâteaux et de chocolats. Il s’agit surement des traditionnels ''Bredele,'' pains d’épices et autres friandises conçues pendant les semaines qui précèdent le jour de Noël. Parmi les différents gâteaux et biscuits, il y a des pains d’épices qui peuvent avoir des formes religieuses comme par exemple la représentation d’Adam et Eve sous l’arbre du Paradis ou bien des formes plus profanes comme la représentation d’une fileuse avec son rouet. Il y a aussi les ''Springerle'' à base d’anis qui possèdent plusieurs figures et décorations ou bien les ''speculatius'', gâteaux représentant des personnages et sujets de la vie de tous les jours que les enfants reconnaissent facilement. Le marché de Noël est aussi synonyme de la vente de jouets, c’était même là sa fonction première et ce depuis plusieurs siècles. En effet, c’est l’endroit où l’on achète des cadeaux et des friandises pour les plus jeunes comme pour les plus grands. C’est encore le cas dans les années 1920, puisque ce film amateur montre qu’après avoir fait ses emplettes, la mère de la petite fille décide d’acheter des balles reliées à un fil à son enfant. On observe d’ailleurs au moment où elles jouent avec ces nouveaux jouets, des chalets où sont attachées de nombreuses poupées reliées à des fils. Le cinéaste cherche ainsi à nous montrer l’importance de ce lieu pour l’ensemble des familles alsaciennes qui possède une place centrale pendant la période de l’Avent. | Au travers de ces séquences sur le marché de Noël de Strasbourg, nous observons que son but premier demeure inchangé. En effet, dans la première séquence, nous observons une petite fille extasiée devant les nombreuses friandises en ventes. Celle-ci est accompagnée de sa mère qui fait le tour des différents stands avec leurs lots d’objets, de gâteaux et de chocolats. Il s’agit surement des traditionnels ''Bredele,'' pains d’épices et autres friandises conçues pendant les semaines qui précèdent le jour de Noël. Parmi les différents gâteaux et biscuits, il y a des pains d’épices qui peuvent avoir des formes religieuses comme par exemple la représentation d’Adam et Eve sous l’arbre du Paradis ou bien des formes plus profanes comme la représentation d’une fileuse avec son rouet. Il y a aussi les ''Springerle'' à base d’anis qui possèdent plusieurs figures et décorations ou bien les ''speculatius'', gâteaux représentant des personnages et sujets de la vie de tous les jours que les enfants reconnaissent facilement. Le marché de Noël est aussi synonyme de la vente de jouets, c’était même là sa fonction première et ce depuis plusieurs siècles. En effet, c’est l’endroit où l’on achète des cadeaux et des friandises pour les plus jeunes comme pour les plus grands. C’est encore le cas dans les années 1920, puisque ce film amateur montre qu’après avoir fait ses emplettes, la mère de la petite fille décide d’acheter des balles reliées à un fil à son enfant. On observe d’ailleurs au moment où elles jouent avec ces nouveaux jouets, des chalets où sont attachées de nombreuses poupées reliées à des fils. Le cinéaste cherche ainsi à nous montrer l’importance de ce lieu pour l’ensemble des familles alsaciennes qui possède une place centrale pendant la période de l’Avent. | ||
− | '''Un lieu privilégié pour | + | '''Un lieu privilégié pour acquérir un arbre de Noël''' |
Le ''Christkindelsmärik'' de Strasbourg est aussi le lieu où l’on achetait son arbre de Noël en famille avant de le ramener chez soi pour le décorer. Cette tradition est très ancienne dans la région. La première mention sur le fait d’aller couper des arbres en forêts pour Noël date de 1521 à Sélestat. Longtemps refusé par l’Eglise catholique du fait qu’il aurait été une marque de paganisme et de protestantisme issue des pays scandinaves et germaniques, il est progressivement intégré dans les foyers alsaciens entre le XVIe et le XVIIIe siècle. Mais c’est véritablement à partir du XIXe siècle, que se répand cette tradition, apparaissant comme une « germanisation » systémique de l’Alsace. Cependant, celle-ci ne s’installe pas de manière uniforme. Les villes et les villages protestants sont des lieux où la coutume s’introduit plus rapidement dans les mœurs. Or, nous remarquons dans de nombreux documents d’Alsace et de Lorraine que cette coutume ne dépend pas de l’appartenance religieuse mais plutôt des aires linguistiques. En effet, Georges L’Hôte distingue les villages qui possède un dialecte allemand et qui ont intégré cette pratique de ceux dont la langue maternelle est le français et qui ne l’intègre qu’après 1945. Ensuite, le sapin de Noël se diffuse dans l’ensemble de la France, notamment grâce aux alsaciens qui ont immigrés à la suite de la guerre de 1870-1871. On dit même que là où est une famille alsacienne, là est un arbre de Noël. L’arbre de Noël est devenu au XXe siècle un élément central de la fête de Noël par l’intermédiaire des écoles, des patronages, des hôpitaux ou bien des grands magasins. Celui-ci s’achète alors souvent dans les marchés de Noël en Alsace. C’est ce qu’a voulu nous montrer le réalisateur de ce film avec les deux dernières séquences. Robert Forrer décide de suivre avec sa caméra les gestes de chacune des personnes filmées pour montrer que le choix du sapin de Noël n’est pas quelque chose d’anodin. On voit notamment la petite fille du début du film qui attend patiemment sa mère le temps qu’elle choisisse le sapin qui décorera leur salle à manger. C’est d’ailleurs, pour cette raison qu’un père et son fils se sont rendus au ''Christkindelsmärik'' afin de choisir un magnifique sapin. Mais le marché de Noël n’était pas seulement le lieu d’achat de l’arbre de Noël, puisque c’est là et c’est d’ailleurs encore le cas de nos jours, où l’on pouvait trouver les décorations à déposer sur l’arbre. C’est ce que l’on remarque dans les nombreux chalets disposés place Broglie. | Le ''Christkindelsmärik'' de Strasbourg est aussi le lieu où l’on achetait son arbre de Noël en famille avant de le ramener chez soi pour le décorer. Cette tradition est très ancienne dans la région. La première mention sur le fait d’aller couper des arbres en forêts pour Noël date de 1521 à Sélestat. Longtemps refusé par l’Eglise catholique du fait qu’il aurait été une marque de paganisme et de protestantisme issue des pays scandinaves et germaniques, il est progressivement intégré dans les foyers alsaciens entre le XVIe et le XVIIIe siècle. Mais c’est véritablement à partir du XIXe siècle, que se répand cette tradition, apparaissant comme une « germanisation » systémique de l’Alsace. Cependant, celle-ci ne s’installe pas de manière uniforme. Les villes et les villages protestants sont des lieux où la coutume s’introduit plus rapidement dans les mœurs. Or, nous remarquons dans de nombreux documents d’Alsace et de Lorraine que cette coutume ne dépend pas de l’appartenance religieuse mais plutôt des aires linguistiques. En effet, Georges L’Hôte distingue les villages qui possède un dialecte allemand et qui ont intégré cette pratique de ceux dont la langue maternelle est le français et qui ne l’intègre qu’après 1945. Ensuite, le sapin de Noël se diffuse dans l’ensemble de la France, notamment grâce aux alsaciens qui ont immigrés à la suite de la guerre de 1870-1871. On dit même que là où est une famille alsacienne, là est un arbre de Noël. L’arbre de Noël est devenu au XXe siècle un élément central de la fête de Noël par l’intermédiaire des écoles, des patronages, des hôpitaux ou bien des grands magasins. Celui-ci s’achète alors souvent dans les marchés de Noël en Alsace. C’est ce qu’a voulu nous montrer le réalisateur de ce film avec les deux dernières séquences. Robert Forrer décide de suivre avec sa caméra les gestes de chacune des personnes filmées pour montrer que le choix du sapin de Noël n’est pas quelque chose d’anodin. On voit notamment la petite fille du début du film qui attend patiemment sa mère le temps qu’elle choisisse le sapin qui décorera leur salle à manger. C’est d’ailleurs, pour cette raison qu’un père et son fils se sont rendus au ''Christkindelsmärik'' afin de choisir un magnifique sapin. Mais le marché de Noël n’était pas seulement le lieu d’achat de l’arbre de Noël, puisque c’est là et c’est d’ailleurs encore le cas de nos jours, où l’on pouvait trouver les décorations à déposer sur l’arbre. C’est ce que l’on remarque dans les nombreux chalets disposés place Broglie. |
Version du 31 décembre 2019 à 13:17
Résumé
Description
Image granuleuse : une petite fille tenant un sac observe les différents articles d’un chalet du marché de Noël de Strasbourg, bref panorama vers la gauche pour montrer les objets. La petite fille observant les jouets et friandises. Panorama partant de la petite fille pour ensuite montrer une allée du marché se trouvant place Broglie. Gros plan sur la même fillette puis léger panoramique vers la gauche. Plan sur l’allée du marché avec en fond des personnes faisant leurs emplettes. Léger panoramique sur un chalet qui s’arrête sur la petite fille du début. Plan sur l’allée du marché. Plan sur la petite fille accompagnée de sa mère, se trouvant toutes les deux devant le chalet où celle-ci était au début. Plan sur une plaque (blanche) dont on ne voit pas les détails. La mère et sa fille devant un stand de jouets. La fillette et sa mère joue avec des balles reliées à un fil. Les deux femmes avancent vers un autre chalet. Elles observent les différents produits en vente. Rapide plan sur celles-ci dans une allée de sapins de Noël. Rapide panorama vers le haut montrant la mère et les sapins alignés. Plan sombre montrant la mère caressant l’un des arbres de Noël. Petite fille observant sa mère.
Plan sombre sur un enfant tenant un ballon qui se trouve devant un sapin de Noël. L’enfant attend avec son ballon. Gros plan sur l’enfant et son ballon. Petit panorama très sombre qui monte vers le haut. Une personne soulève un sapin avec à sa gauche le garçon avec son ballon. L’enfant et son ballon avec en arrière plan des personnes qui discutent (probablement concernant le choix de l’arbre de Noël). Gros plan sur l’enfant qui patiente à l’avant avec en arrière plan toujours les mêmes personnes. Plan très sombre sur des gens non identifiables. Le caméraman film en contre plongée l’enfant tenant la main de son père portant l’arbre de Noël qu’il vient d’acheter. Le père et son fils sont filmés de l’arrière, toujours avec l’arbre en main et accompagnés d’un chien. Gros plan maladroit sur le père et son fils. Les deux hommes sortent du marché par un portail.
Contexte et analyse
Ce film de 1928 s’inscrit dans la période de l’entre-deux-guerres. La ville de Strasbourg qui est redevenue française depuis une dizaine d’année seulement possède l’un des plus anciens marchés de Noël au monde datant du XVIe siècle. En filmant ces scènes de familles au Christkindelsmärik (marché de l’enfant Jésus) de Strasbourg, le réalisateur insiste sur l’importance pour la population de cette époque d’aller faire ses emplettes et de récompenser leurs enfants en les emmenant acheter des jouets et des friandises au marché de Noël.
Le traditionnel marché de Noël de Strasbourg
Le Christkindelsmärik de Strasbourg tire ses racines du Nikolaismarkt (marché de la Saint-Nicolas) où les parents venaient chercher des objets et friandises pour leurs enfants. Mais à partir de 1570, suite à des désaccords sur l’origine des cadeaux et face à la volonté de dire aux enfants que c’était l’enfant Jésus qui apportait les cadeaux, le marché de la Saint-Nicolas est remplacé par celui du Christindlein (Enfant Jésus). Le ChrstkindelsmärikTexte en italique se tenait au départ trois jours avant Noël près de la cathédrale, puis s’étend du côté du palais des Rohan, sur une place nommée le Fronhof. De 1830 à 1870, il a lieu sur l’actuel place Kléber puis à partir de 1870, suite à l’annexion allemande, il se déroule place Broglie et dure maintenant toute la période de l’Avant jusqu’à la veille de Noël. C’est d’ailleurs à cet endroit que se déroule le Christkindelsmärik dans le film de Robert Forrer. On y reconnaît notamment les longues lignes d’arbres qui se trouvent encore sur l’actuelle place Broglie, voisine à l’opéra de la ville. Au travers de ce film, le réalisateur tente d’immortaliser le marché de Noël de Strasbourg en nous montrant ses caractéristiques culinaires, ses ventes d’objets ou bien d’arbres de Noël. En tant que grand antiquaire et conservateur du patrimoine, il nous fait assister à l’aide de travellings horizontaux aux différentes interactions sociales qui découlent du Christkindelsmärik, en filmant des enfants accompagnés de leurs parents qui attendent patiemment de recevoir des friandises ou des jouets.
Le Christkindelsmärik comme lieu d’achat de cadeaux et de friandises
Au travers de ces séquences sur le marché de Noël de Strasbourg, nous observons que son but premier demeure inchangé. En effet, dans la première séquence, nous observons une petite fille extasiée devant les nombreuses friandises en ventes. Celle-ci est accompagnée de sa mère qui fait le tour des différents stands avec leurs lots d’objets, de gâteaux et de chocolats. Il s’agit surement des traditionnels Bredele, pains d’épices et autres friandises conçues pendant les semaines qui précèdent le jour de Noël. Parmi les différents gâteaux et biscuits, il y a des pains d’épices qui peuvent avoir des formes religieuses comme par exemple la représentation d’Adam et Eve sous l’arbre du Paradis ou bien des formes plus profanes comme la représentation d’une fileuse avec son rouet. Il y a aussi les Springerle à base d’anis qui possèdent plusieurs figures et décorations ou bien les speculatius, gâteaux représentant des personnages et sujets de la vie de tous les jours que les enfants reconnaissent facilement. Le marché de Noël est aussi synonyme de la vente de jouets, c’était même là sa fonction première et ce depuis plusieurs siècles. En effet, c’est l’endroit où l’on achète des cadeaux et des friandises pour les plus jeunes comme pour les plus grands. C’est encore le cas dans les années 1920, puisque ce film amateur montre qu’après avoir fait ses emplettes, la mère de la petite fille décide d’acheter des balles reliées à un fil à son enfant. On observe d’ailleurs au moment où elles jouent avec ces nouveaux jouets, des chalets où sont attachées de nombreuses poupées reliées à des fils. Le cinéaste cherche ainsi à nous montrer l’importance de ce lieu pour l’ensemble des familles alsaciennes qui possède une place centrale pendant la période de l’Avent.
Un lieu privilégié pour acquérir un arbre de Noël
Le Christkindelsmärik de Strasbourg est aussi le lieu où l’on achetait son arbre de Noël en famille avant de le ramener chez soi pour le décorer. Cette tradition est très ancienne dans la région. La première mention sur le fait d’aller couper des arbres en forêts pour Noël date de 1521 à Sélestat. Longtemps refusé par l’Eglise catholique du fait qu’il aurait été une marque de paganisme et de protestantisme issue des pays scandinaves et germaniques, il est progressivement intégré dans les foyers alsaciens entre le XVIe et le XVIIIe siècle. Mais c’est véritablement à partir du XIXe siècle, que se répand cette tradition, apparaissant comme une « germanisation » systémique de l’Alsace. Cependant, celle-ci ne s’installe pas de manière uniforme. Les villes et les villages protestants sont des lieux où la coutume s’introduit plus rapidement dans les mœurs. Or, nous remarquons dans de nombreux documents d’Alsace et de Lorraine que cette coutume ne dépend pas de l’appartenance religieuse mais plutôt des aires linguistiques. En effet, Georges L’Hôte distingue les villages qui possède un dialecte allemand et qui ont intégré cette pratique de ceux dont la langue maternelle est le français et qui ne l’intègre qu’après 1945. Ensuite, le sapin de Noël se diffuse dans l’ensemble de la France, notamment grâce aux alsaciens qui ont immigrés à la suite de la guerre de 1870-1871. On dit même que là où est une famille alsacienne, là est un arbre de Noël. L’arbre de Noël est devenu au XXe siècle un élément central de la fête de Noël par l’intermédiaire des écoles, des patronages, des hôpitaux ou bien des grands magasins. Celui-ci s’achète alors souvent dans les marchés de Noël en Alsace. C’est ce qu’a voulu nous montrer le réalisateur de ce film avec les deux dernières séquences. Robert Forrer décide de suivre avec sa caméra les gestes de chacune des personnes filmées pour montrer que le choix du sapin de Noël n’est pas quelque chose d’anodin. On voit notamment la petite fille du début du film qui attend patiemment sa mère le temps qu’elle choisisse le sapin qui décorera leur salle à manger. C’est d’ailleurs, pour cette raison qu’un père et son fils se sont rendus au Christkindelsmärik afin de choisir un magnifique sapin. Mais le marché de Noël n’était pas seulement le lieu d’achat de l’arbre de Noël, puisque c’est là et c’est d’ailleurs encore le cas de nos jours, où l’on pouvait trouver les décorations à déposer sur l’arbre. C’est ce que l’on remarque dans les nombreux chalets disposés place Broglie.Lieux ou monuments
Bibliographie
Lalouette, Jacqueline, Jours de fête, Tallandier, Paris, 2010.
Leser, Gérard, Noël – Wihnachte en Alsace, Edition du Rhin, Mulhouse, 1989.
Theimer, François, Les Jouets (collection « Que-sais-je ? »), Presses Universitaires de France, Vendôme, 1996.
Article rédigé par
Massimo Gallippi, 31 décembre 2019
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