14 juillet 1947 (0019FH0013)
Avertissement[1]
Événements filmés ou en lien
Résumé
Alors que la fête nationale bat son plein à Strasbourg en 1947, on aperçoit dans cette vidéo un défilé composé de nombreuses personnes, aussi bien civiles qui militaires, qui forment une fanfare traversant les rues de Strasbourg. Lors de cette journée a également lieu des commémorations, visibles à l'écran, à l'occasion desquelles le maire de Strasbourg, Charles Drey, donne un discours sur une estrade et décore des officiers. Lors de ces commémorations, on peut également aperçevoir de nombreuses femmes et jeunes filles en costume traditionnel, qui vont participer à un bal traditionnel.
Description
Tout d'abord, on aperçoit un homme, filmé de dos, s'addressant à la foule depuis une estrade. On reconnait Rodolphe Klein, maire de Marlenheim. Un plan panoramique est fait sur l'assemblée, montrant hommes, femmes et enfants qui sont spectateurs. plusieurs plans panoramiques, plus rapprochés mais toujours dans le même sens suivent. Au plan suivant, une femme en tenue alsacienne se tient à côté d'un soldat français en uniforme et qui porte le drapeau français. On revoit Rodolphe Klein sur l'estrade, mais il ne parle plus et un orchestre joue à côté. La caméra se concentre sur le chef d'orchestre, qui range sa baguette.
Cette série de plans se répète 3 fois, dont une fois en sens inverse. Cela est probablement dû à une erreur de montage ou de conservation des bobines.
On voit ensuite un défilé, fait par une fanfare en tenue blanche. Un plan se concentre sur le porte-drapeau et un musicien à l'arrêt. Une femme et son mari sont ensuite filmés, et le plan suivant retourne se concentrer sur le défilé vu de l'arrière, avec des gens qui le suivent. On aperçoit ensuite la mairie d'un village, où ce qui semble l'être, avec un drapeau qui pend depuis une fenêtre et des gens devant. Un plan se concentre sur une jeune fille en costume traditionnel, puis un autre la prend à côté d'autres jeunes filles. On voit ensuite des hommes en costume arriver vers la caméra, et souriant au caméraman. Un plan large montre des personnes assises à table devant une maison. Le groupe est mixte, et certains individus ont des instruments de musique(trompette, tuba). Des hommes sont en uniforme, et une femme donne quelque chose à une autre femme par la vitre de la maison. Le plan suivant montre des petites filles costumées, puis un plan de loin montre la fanfare qui arrive: des femmes en habit traditionnel marchent en rang, portant le drapeau français. Une fanfare d'hommes les suit en rang, puis un groupe mixte sans instruments. Plusieurs de ces groupes se suivent et sont filmés en ordre de passage. La fanfare en blanc est présente. L'image rencontre ensuite un problème, et on bascule sur un discours de Rodolphe Klein. Un autre plan le montre entouré de policiers et de militaires, sur l'estrade, puis un autre plan les montrent de derrière. Un homme en uniforme, probablement le chef des pompiers, entame un discours. Plusieurs plans le montre en train de s'exprimer sous différents angles. Un plan panoramique sur la foule est ensuite fait. On assiste à la remise de médailles faite à des pompiers, reconnaissables à leur casque. Un plan panoramique est fait sur les hommes de l'estrade, puis un autre montre le maire qui discute avec son entourage et qui montre une médaille. Le plan suivant montre de nouveau un orchestre qui joue, puis un bal entre des alsaciennes en tenue traditionnelle et des soldats ou pompiers. Un homme montre à son enfant la caméra, puis celle-ci retourne filmer le bal. Le plan suivant montre un homme(le maire ?) et sa famille monter dans une voiture, puis partir. On observe ensuite une fanfare passer, en uniforme, puis d'autres plans sur les choristes et un orchestre. Sur le plan suivant, des pompiers sont en rangs. Le plan suivant montre une femme en costume traditionnel, et des hommes en rang, déposer quelque chose devant un monument.(aux morts ?) La caméra suit ces personnes alors qu'elles marchent dans la rue en un groupe compact: d'abord les enfants et femmes en costume traditionnels, puis le reste de la foule. Les différentes fanfares les suivent.
On voit ensuite toutes ces personnes présentes sur une grande étendue d'herbe, qu'on peut interpréter comme un stade de football. Des personnes rentrent sur le terrain, s'alignent, puis un plan global avec la caméra est fait avec tout le monde. Ils marchent ensuite vers la gauche, pour sortir du stade. Des adultes discutent, assis sur des estrades improvisées avec des chaises. Un orchestre joue, et des jeunes filles sont montrées par le caméraman.
Contexte et analyse
Un bal et des défilés à l'occasion de la fête nationale:
Seulement deux années après la Seconde Guerre Mondiale, on assiste ici à une fête de village, à l'occasion du 14 juillet. Le village en question semble être Marlenheim, lieu de résidence du caméraman Rodolphe Klein, qui est aussi le maire du village. On reconnait de plus le village grâce aux divers plans sur les discours, qui laisse aperçevoir les reliefs caractéristiques des collines proches de Marlenheim. La fête en elle-même semble organisée en plusieurs temps, à mesure que les différents groupes traversent le village, mais on peut cependant noter quelques constances parmi tout ceci: Les femmes et jeunes filles portent toutes le costume traditionnel alsacien, dans sa variante d'après-guerre: le nud est orné de la cocarde tricolore, et la jupe est (probablement) rouge. L'utilisation du costume alsacien lors de ces évènements est constante à l'époque, afin de rappeler à tout le monde que l'Alsace est désormais de nouveau française, et que les alsaciens se sont de nouveau parfaitement intégrés à la république. D'ailleurs, un autre évènement qui se produit par deux fois est le discours sur les estrades. Ceux-ci, où Rodolphe Klein est à chaque fois présent comme intervenant principal ou secondaire, sont typiques des célébrations du 14 juillet en France, à l'instar de la remise de médaille qu'on peut voir plus loin. Cette dernière a lieu alors que le préfet, reconnaissable à son uniforme et son képi particulier, remet une médaille à deux pompiers eux aussi en uniforme et casqués. L'analyse de la présence des pompiers dans cette vidéo est d'ailleurs extrêmement parlante, puisque leur présence au sein du village en ce jour, couplé à leurs nombreuses activités filmées (bal, orchestre, fanfare, repas en groupe,etc..) montre clairement qu'ils occupent un rôle clé au sein du village pendant ce jour précis.
L'ambiance du film semble légère, la plupart des personnes filmées étant montrées souriantes, sans distinction d'âge: il s'agit d'un moment de fête pour le village, et toutes les générations se mêlent. Le nombre d'habitants présent semble être très grand, et différents plans faits par le caméraman sembble le mettre en avant: Les plans larges faits depuis l'estrade, montrant la foule, et les plans suivant les fanfares semblent vouloir indiquer que ce sont des évènements importants, qui regroupent énormément de personnes. On retrouve un certain ordre cependant, comme déjà évoqué: D'abord des fanfares passent à travers le village après le discours du maire, puis un repas semble avoir lieu. Après celui-ci, un autre discours est fait, puis un bal est organisé et d'autres orchestres jouent. Une photo finale semble être faite sur un terrain de football, devant de nombreux spectateurs. On note enfin le rôle à priori extrêmement important de la musique, puisque de nombreux plans montrent des orchestres en train de jouer, des fanfares défilant dans la rue (dont une probablement constituée de conscrits) et de nombreux instruments.
Un Maire qui filme son village:
Si toutes ces activités sont filmées, ce n'est que grâce à la caméra de Rodolphe Klein, maire du village. Si ce n'est pas toujours lui qui l'a manie (il apparait plusieurs fois sur le film alors que la caméra bouge), c'est grâce à lui et sa position de maire du village qu'un film aussi complet est possible. Les plans pris depuis l'estrade n'auraient ainsi pas pu être pris par un caméraman lambda à l'époque, et c'est grâce au statut social de Mr Klein que cela pu être fait. De plus, par le biais de cet appareil, il montre l'importance des activités qui traversent le village, le nombre d'habitants qui y participent, et la nature des activités en elle-même. Le film montre ainsi la diversité des fêtes et bals alsaciens, et la place et le rôle de chaque génération.
Le film semble également servir de propagande personnelle, puisque R. Klein est filmé lors de cérémonies importantes ou lors de discours: On peut voir cet attachement à son image par les techniques employées lorsque il est à l'écran, bien plus visibles et pleines de sens. On peut ainsi citer un plan large fait de droite à gauche, à l'inverse du sens naturel, pour montrer R. Klein entouré de Haut-Fonctionnaires, de militaires et du préfet. La caméra entend donc le mettre en valeur lors d'évènements officiels comme le 14 juillet: On le voit ainsi de manière assez fixe à l'occasion de la remise de médailles ou des discours, mais on ne le voit quasiment plus ensuite, à l'exception d'un court passage où on le voit quitter une maison en voiture.
Une occasion de rappeler le retour à la France ?
On peut cependant se questionner sur la représentation qui est donnée de ce village par le maire de celui-ci: Tout porte à croire que, seulement deux ans après la guerre, Marlenheim s'est parfaitement adapté au retour à la France et aux fêtes relatives à l'Histoire francaise: Le bal des pompiers, qui est extrêmement commun dans d'autres villages de France, est ici filmé par exemple, et au cours de celui-ci on peut observer des femmes en costume traditionnel danser avec les pompiers: cela montre parfaitement, si on adopte un point de vue plus idéologue, que la réintégration de Marlenheim à la France s'est bien passée. La remise de médailles par le préfet montre que l'administration française est désormais bien en place, qu'elle traite les pompiers alsaciens comme des personnes méritantes, et la courte scène montrant une jeune fille déposant une gerbe au monument aux morts de Marlenheim achève de montrer que le village s'est parfaitement réintégré. Les différents évènements filmés montrent donc, volontairement ou non ce fait, et si on ajoute en plus de celà la légère propagande personnelle que fait Rodolphe Klein, on peut donc se demander si le plans n'ont pas été assemblés afin de justement donner un point de vue idyllique de ce village.Personnages identifiés
Lieux ou monuments
Bibliographie
KLEIN, George, L'Alsace et ses fêtes, DIFAL, Colmar, 1995
SARG, Freddy, En Alsace, du berceau à la tombe : fêtes, coutumes et traditions, Oberlin, Strasbourg, 1993
SCHLAGDENHOFFEN, Jean-Marc, Le costume paysan, Association culturelle Uhrwiller, Uhrwiller, 1992
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