Contexte et analyse
Le Messti met donc à l’honneur les jeunes hommes de la classe d’âge qui allaient être prochainement incorporés, les Messtiburchen ou Melissa. Ils en étaient les principaux animateurs. Ce jour de fête réunit l’ensemble des villageois dans une ambiance joyeuse. On organise des spectacles, bals et une fête foraine a généralement lieu à la Messtiplatt du village. La fête des conscrits est un véritable rituel qui fait des garçons de vrais hommes. Ils sont reconnaissables par leur costume de conscrit qui évolue au fil du temps. Le costume des Melissa se compose d’un pantalon blanc, d’une chemise blanche arborant deux nœuds tricolores. Le chapeau fait son apparition et peut se composer de rubans soyeux, de bouquets de fleurs ou alors d’un bouquet de plumes colorées que l’on nomme Strüss. Cela dit dans le film, les hommes ne revêtent pas les habits typiques du Messti mais portent un pantalon sombre, une chemise blanche et une cravate. En revanche, les enfants, les filles et les femmes âgées portent les vêtements traditionnels.
Le
Messti est une journée très attendue dans le village. Les filles se demandent avec quel cavalier elles vont danser tandis que les garçons se donnent des airs vainqueurs et font des économies pour pouvoir rester au bal jusqu’au jour. Les personnes âgées telles les femmes assises habillées en noir se préoccupent de la solennité, se réjouissent du bruit qui va animer le village, des visages nouveaux qui circuleront à travers les rues. Lors de cet évènement, on invite les amis des villages voisins et on fait en sorte que les lois de l’hospitalité soient observées. Après les vêpres, retentissent les premiers accords d’une musique où se joignent divers instruments : trombones, clarinettes, tambour. Les filles s’empressent de descendre dans la rue avec leur costume de bal. Le droit de faire danser est mis aux enchères et les aubergistes se disputent ordinairement ce droit. Quelque fois ce sont les jeunes gens qui se rendent adjudicataires de la chose. D’autre fois, l’autorité ecclésiastique qui voit d’un assez mauvais œil les fêtes populaires à cause des abus qui en résultent souvent, n’hésite pas à se faire adjurer, à prix d’argent, le
Messti. Quand tout est bien ordonné on forme un cortège triomphal. Dans ce film, celui-ci doit certainement suivre la « Rue de la Wantzenau » pour passer devant l’église protestante et s’arrêter au niveau du restaurant « La Charrue » comme on peut le constater. En tête, nous pouvons voir un conscrit brandissant un drapeau. Lors du
Messti, chaque classe de conscrit se doit de présenter son propre drapeau qui peut être peint par des artistes locaux ou par les conscrits eux-mêmes. Vient alors en file la bande des filles et des garçons d’honneur se tenant par la main (les couples ou les futurs couples), chantant, poussant des cris. En avant du cortège on peut observer des enfants. Ce n’est pas le cas dans tous les
Messti, mais les enfants mènent quelque fois un mouton enrubanné, qui sera sacrifié à la fin de la fête et dont se régaleront les garçons d’honneur et leurs compagnes. Devant l’auberge où est organisé la fête, il arrive parfois qu’un mai soit dressé, garni de différents objets au sommet que les enfants doivent décrocher. Un bal a visiblement lieu en plein air où l’on danse la valse d’honneur. La danse que l’on peut observer est exquise et d’une légèreté tout à fait remarquable : les garçons tiennent des filles à pleine taille, et les filles posent leur main sur l’épaule de leur cavalier ; on tourne ainsi de son mieux et on s’en donne à cœur joie. Les larges rubans qui ornent la tête des filles semblent battre l’air. Aux sons de la musique de danse, viennent en effet se mêler les hennissements d’un orgue de barbarie fougueux attaché à un manège de chevaux de bois. C’est tout un monde qui bouge et qui s’exprime. Les adultes discutent, les enfants courent et jouent. Ce côté de la fête n’est pas le moins intéressant à observer : la rue est, à la fois, la scène où se joue la comédie et la coulisse où elle se prépare ; les discussions, les jalousies, les joies y éclatent au grand jour. C’est d’ailleurs ce que se souhaite capter Paul Spindler en tenant sa caméra. Il désire enregistrer le geste juste, les démarches et les attitudes authentiques.
Bibliographie
Pour plus d’informations sur les conscrits, voir sur ce même site le film « Conscrits à Ribeauvillé » réalisé en 1951 par Jean-Georges Kugler dont la fiche a été rédigée par Reynald Derain.
ACKER Agnès, Encyclopédie de l'Alsace, Volume 7, Hemmerlé-Kientzheim, Strasbourg, Publitotal, 1984, chercher « Hoerdt ».
ACKER Agnès, Encyclopédie de l'Alsace, Volume 8, Kientzheim-Mietesheim, Strasbourg, Publitotal, 1984, p. 5070-5073.
CREPIN Annie, Histoire de la conscription, sous la direction d’ALLAIRE Martine, Paris, Gallimard, 2009, p. 120-125.
LAUGEL Anselme, Costumes et coutumes d'Alsace : aquarelles, dessins, photographies de Charles Spindler, Nancy, Éditions Place Stanislas, 2008, p. 216-218.
SCHUBNEL Eugène, Histoires de conscription : les conscrits d’Ingersheim, Ingersheim, Société d'histoire et de culture d'Ingersheim, 2003, p. 45.
Sitographie :
« La tradition du messti et de ses conscrits », [en ligne],
https://www.cc-basse-zorn.fr/FR/Decouvrir/Arts-traditions-populaires/Tradition-messti-ses-conscrits.html, [consulté le 15 décembre 2019].