Cortège du carnaval à Strasbourg (0021FN0004)
Événements filmés ou en lien
Résumé
Description
Le film veut rendre compte de l'ambiance générale du Carnaval de Strasbourg de 1957 : les plans sont courts - entre 2 et 5 secondes - et il ne s'agit que de plans d'ensemble (sauf cas mentionné).
[00:01] Parade de la fanfare d'un corps militaire.
[00:06] Trois personnes déguisées dont une qui arbore une énorme tête ronde et orange en papier mâché. Elles sont suivies par un petit char sur lequel est peinte une tête de clown.
[00:10] Un char sur lequel on distingue le nom de plusieurs enseignes strasbourgeoises : "Bijouterie Roger", "Restaurant Stadtwappe" - situé place Gutenberg - ou encore la "bière Gruber". Au moins sept personnes prennent place dessus.
[00:13] Un second char duquel pendent des bandelettes de papiers et sur lequel est posé un lampadaire [la qualité de l'image ne permet pas de distinguer ce qui est écrit dessus]
[00:16] Une voiture ancienne, de type Citroën C4 des années 1930, chargée de valises et paniers accrochés sur le toit. Des hommes portant le chapeau melon et d'autres le haut-de-forme sont assis dessus ou marchent à côté.
[00:20] Un char de la boutique de jouets "Les joujoux Werl" avec des jouets en papier mâché très colorés.
[00:23] Deux hommes en armure. En arrière-plan, on distingue un agent de circulation qui arrête de passage de quelques voitures venant de l'Avenue des Vosges. La foule se masse sur le trottoir et regarde le défilé.
[00:27] Un char sur lequel est inscrit "Martine Carol Galeries". Une poupée géante et articulée est assise sur une maison de carton pâte.
[00:30] Un char en forme de paquebot, nommé Gambrinus - du nom du roi mythique de Flandres et de Brabant, symbole des amateurs de bières ; c'est aussi le nom d'une brasserie de Mulhouse - sur lequel plusieurs hommes déguisés en marin prennent place.
[00:32] Le char de la "Délégation chinoise", représentant un temple à l'architecture semblable à celle des pagodes bouddhistes. Le char semble être sponsorisé par la "Brasserie République".
[00:36] Un petit char composé de deux personnes déguisées en une bête de somme tirant un chariot plein de bouteilles de lait. Un homme vêtu de noir les suit.
[00:39] Un char nommé "L'été à Strasbourg" décoré de dés sur lequel on trouve des personnes portant des masques grotesques.
[00:42] Un char très coloré transportant une fanfare et pourvu de l'inscription "Couic". Sur le char également, un homme porte un haut-de-forme au couleur des Etats-Unis.
[00:46] Un char en forme de ponts qu'on ne voit que partiellement. A bord, des femmes et des hommes déguisés saluent la foule.
[00:49] Un char - une remorque tirée par un tracteur - ornée de deux personnages de papier mâché.
[00:52] Trois hommes défilent : ils portent d'énormes sacs de randonneurs, avec gourdes et raquettes, et des masques de clown.
[00:56] Un camion rempli de personnes déguisées qui saluent la foule.
[A partir de ce moment, le film est en noir et blanc ; l'image est de moins bonne qualité]
[00:58] Des chars en forme de petits bateaux posés sur des roues ; au dessus, des fanions en guise de voiles.
[01:03] Plan rapproché sur l'un des bateaux, nommé Maboul.
[01:05] Fanfare et majorettes défilent.
[01:12] Des personnes défilent, arborant d'énormes têtes de papier mâché.
[01:15] Un char, arborant le nom de "Bim Bam" et représentant un tout jeune enfant - il porte une tétine autour du cou -, couronné, en train de boire un biberon d'"orangeade".
[01:19] Un char en forme de cheval entouré de personnes déguisées avec d'énormes têtes en papier mâché.
[01:23] Un char dont la base est décorée avec des masques de carnaval de type vénitien ; sur le char, des hommes et des femmes déguisées à la façon des courtisans au XVIIIe siècle.
[01:30] Un char orné d'un lion et d'un personnage portant un ghutrah, tenu par l'agal, à savoir une coiffe traditionnelle portée par les hommes en Arabie Saoudite, en Irak ou encore en Syrie. Sur le char, des hommes et des femmes portent eux aussi des vêtements d'inspiration moyen-orientale.
Contexte et analyse
Se déroulant au cours d'une période comprise entre le milieu de l'hiver et le début de l'été, le carnaval est une fête rurale et urbaine caractérisée par le travestissement et la transgression ritualisée d'interdits et autres tabous. Dès le Moyen-Âge, cette pratique est encadrée par l’Église. Associée à des fêtes chrétiennes et s'insérant dans le cycle précédant le Carême, elle reprend les thèmes religieux de la mort et de la renaissance, du chaos et de l'ordre, au centre desquels l'exaltation de l'homme sauvage fait office de médiation. La procession burlesque se clôt généralement par le sacrifice de l'homme sauvage, symbole du retour au calme, du triomphe de la société sur le chaos. Derrière un certain aspect anarchique, le carnaval tient en réalité un rôle social important permettant à chacun, sous les traits d'êtres monstrueux ou grotesques, l'excès et la subversion ; le carnaval s'apparente ainsi à une sorte de catharsis populaire.
A Strasbourg, cette tradition se perd néanmoins à l'époque du Reichsland et finit par disparaître complètement après que l'administration allemande a vainement tenté de la relancer. En effet, d'abord encouragé par l'occupant, le « Carnaval des Allemands »[1] est finalement supprimé en 1902 lorsque les Alsaciens décident d'intégrer cette tradition à la valorisation d'une culture régionale et donc au rejet de la culture et de l'autorité allemandes.
En février 1956, Germain Muller et Raymond Vogel, les fondateurs du cabaret strasbourgeois « De Barabli » font le pari de relancer cette tradition longtemps oubliée et organise une grande procession satirique, essentiellement composée d'acteurs du cabaret, en l'honneur de Crocus Morus, brûlé le soir-même sur la Place Broglie. Mais, s'ils sont déjà nombreux à venir y assister, ce carnaval ne marque pas vraiment l'histoire de la ville et est considéré comme un échec.
L'année suivante cependant, ce sont les commerçants strasbourgeois qui décident de remettre aux goûts du jour la tradition du carnaval afin d'animer le centre-ville et d'attirer les touristes. Le « Carnaval des Marchands »[2] fait figure d'opération de prestige visant à offrir à Strasbourg le rayonnement d'une ville rhénane prospère. Le dimanche 3 mars 1957 se tient ainsi un carnaval est entièrement financé par les commerçants eux-mêmes, en atteste les nombreux chars « sponsorisés », arborant le nom d'enseignes et d'entreprises strasbourgeoises. De même, les ponts qui mènent à l'hyper-centre sont coupés et chacun doit s'acquitter d'un droit d'entrer pour assister à la procession [3].
Lieux ou monuments
Bibliographie
Eve Cerf, « Carnavals en Alsace : tradition, évolution, manipulation », Revue des Sciences Sociales de la France et de l'Est, n°7, 1978, pp.24-37
Eve Cerf, « Wackes Fasenacht : le Carnaval des Voyous à Strasbourg », Revue des Sciences Sociales de la France et de l'Est, n°21, 1994, pp.40-47
Jacques Heers, Fêtes des fous et Carnavals, Paris : Fayard, 1983
Freddy Raphaël et Geneviève Herberich-Marx, « Éléments pour une sociologie du rire et du blasphème », Revue des Sciences Sociales de la France et de l'Est, n°21, 1994, pp. 4-10
Article rédigé par
Valentine Vis, 02 janvier 2019
- ↑ Eve Cerf, « Carnavals en Alsace : tradition, évolution, manipulation », Revue des Sciences Sociales de la France et de l'Est, n°7, 1978, p. 27
- ↑ Eve Cerf, « Carnavals en Alsace : tradition, évolution, manipulation », Revue des Sciences Sociales de la France et de l'Est, n°7, 1978, p.30
- ↑ Eve Cerf, "Wackes Fasenacht : le Carnaval des Voyous à Strasbourg", Revue des Sciences Sociales de la France et de l'Est, n°21, 1994, p.42
- ↑ B.V., "Le triomphe de Bim Bam 1er", Dernières Nouvelles d'Alsace, 7 mars 2007