Baignade et lessive dans la Fecht (suite et fin) (0010NN0009)


[1] Avertissement[2]

Résumé


Le Riquewihrien (viticulteur, pompier et cinéaste amateur) Alfred Hugel filme dans le Haut-Rhin de la fin des années 1920 une scène de baignade dans la Fecht se déroulant pendant la lessive.

Description


Malheureusement la séquence est en état médiocre, les contrastes sont faibles. La pellicule a dû être endommagée, éventuellement la bobine n’était pas bien fermée et la pellicule a subi des changements d’humidité de l’air ou encore dans son exposition à la lumière. Le découpage et l’assemblage des scènes filmés est étrangement rapide et sectionné.

À la Fecht : Baignade en famille et lessive 00:01-00:09 Une jeune mère en maillot de bain foncé accompagne son enfant nu dans l’eau. Ils se tiennent la main. Trois autres enfants sont visibles en arrière plan. 00:10 Une autre personne, également en tenue de bain, traverse l’image. 00:11 - 00:13 Un petit groupe de femmes, pour la plupart plus agées que la jeune mère, est en train de faire leur lessive dans le même fleuve dans lequel d’autres se baignent. Avec des grands chapeaux elles se protègent du soleil. 00:14 - 00:36 La jeune mère est arrivée dans l’eau avec deux enfants qui portent maintenant des maillots de bains. 00:37 - 00:41 Elle mouille la tête d’un des garçons avec l’eau de la rivière. L’enfant s’éloigne d’elle en courant, probablement parce que l’eau est froide. Elle le rattrappe après quelques mètres, le tient à la main et retourne vers l’autre fils. 00:42 - 00:51 La caméra est tournée envers les “Waschweiber” à l’oeuvre. La mère suit un de ses fils qui s’approche du groupe et regarde leur équipement avant de sortir de l’eau en courant. 00:51 La caméra montre le buste d’un jeune garçon habillé, avant de 00:52 - 00:53 revenir vers l’eau et les femmes à l’oeuvre. La jeune mère est toujours dans l’eau. 00:54 - 00:55 Un plan trop éclairé laisse seulement soupçonner la silhouette d’un enfant sur la pelouse. 00:56 - 01:04 La jeune mère se trouve toujours près des baquets. Elle doit discuter avec les autres femmes. Les garçons s’amusent à côté à courir dans l’eau. 01:05 - 01:10 Elle se baisse pour attrapper un vêtement blanc afin de le laver à son tour pour aider les autres femmes.

Métadonnées

N° support :  0010NN0009
Date :  Entre 1928 et 1932
Coloration :  Noir et blanc
Son :  Muet
Durée :  00:01:30
Cinéastes :  Hugel, Alfred
Format original :  9,5 mm
Langue :  Français
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Activités de plein-air, Fêtes locales
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


Cette courte séquence est malheureusement en état médiocre, les contrastes sont faibles. La pellicule a dû être endommagée, éventuellement la boîte n’était pas bien fermée et la pellicule a subi des altérations dues à l’humidité de l’air ou à son exposition à la lumière. Le découpage et l’assemblage des scènes filmés est étrangement rapide et sectionné. La fin de ce film laisse soupçonner que la pellicule du réalisateur amateur Alfred Hugel était finie avant la fin prévue du tournage puisque la dernière séquence semble être incomplète. Il est également possible que la pellicule était trop abîmée et que l’on l’a découpée ultérieurement.

À la Fecht : Baignade en famille et lessive

La Fecht est un affluent de l’Ill, qui s’y jette au niveau de Guémar après avoir accueilli elle-même l’eau de 16 affluents, dans le Sambach qui traverse Riquewihr, la commune mère d’Alfred Hugel, sur les 49 km sur lesquels elle s’étend (Annuaire Mairie (inconnu)). Il y a peu d'eau dans la rivière; la facilité avec laquelle la mère et les enfants arrivent à courir dans l’eau suggère que le débit et la vitesse des courants ne devaient pas être très importants. Il n’y a donc très peu de risque de noyade. Même si des bains aménagés et surveillés, notamment dans le Rhin, existent dans la région depuis la fin du XIXe siècle, la baignade “sauvage” amuse les familles alsaciennes de l’entre-deux-guerres (Rhin vivant (2011), p.13-14). Il n’est pas possible de savoir si les personnes filmées savent nager ou pas. Remarquons seulement qu’ils ont l’air d’apprécier cette façon de passer du temps à l’air libre.

Le lavage du linge à la main en groupe auprès de grandes baquets en bois installés à cet endroit facilement accessible de la Fecht indique que l'on se situe avant l’invention ou la démocratisation de la machine à laver. Les tâches ménagères sont clairement féminines, il n’y a aucun homme visible dans cette séquence (celui qui est présent filme). D'après leurs expressions, les femmes semblent être de bonne humeur, elles s’aident mutuellement (la mère en train de se baigner avec ses enfants se met spontanément à la tâche).

Scène de rue

La rapidité de la séquence mise de côté, il semblerait que les personnes soient agitées. Au vu de leurs habits, des pantalons courts, il s’agit d’enfants ou d’adolescents. Bien qu’il soit difficile d'affirmer ceci avec certitude étant donné à la qualité médiocre et la rapidité de cette scène, on dirait que les enfants ne portent pas de chaussettes hautes mais certains des gilets au-dessus de leur chemise. Ces habits indiquent que ce n’est pas filmé en hiver mais plutôt au printemps ou à l'automne. Quelqu’un leur a lancé quelque chose dans la rue puisqu’ils se baissent tous en même moment pour ramasser des petits objets. Il serait envisageable qu’il s’agisse d’une fête du village ou de l’heure de la sortie de l’école et que quelqu’un leur a lancé des bonbons ou d’autres friandises (des noix, noisettes, etc.) pour les amuser.

Une photo de souvenir lors d'un jour de fête

Les vêtements suggèrent qu’il s’agisse d’une fête dont ils cherchent à fixer la mémoire grâce à la photo qui est entrain d’être prise et pour laquelle ils posent. À première vue on pourrait penser à un mariage, mais la scène n’est pas complète, nous ne voyons pas de mariés. Si la deuxième partie de ce film nous montre une fête du village, cette troisième partie pourrait être prise à la même occasion, éventuellement le jour d’action de grâces pour les moissons et les récoltes, une festivité importante dans l’Alsace agricole, spécialement pour le réalisateur viticulteur de ce film. Alfred Hugel a également pu être intéressé à capturer des scènes d’une fête des pompiers, son métier, éventuellement du bal des pompiers le 14 juillet. Quelle que soit l’occasion, la communauté a l’air de profiter de l’instant filmé ce qui souligne la joie de vivre attribuée aux Alsaciens, ignorante de leur histoire régionale compliquée : « En Alsace l’histoire est une plante vivace ; les drames que nous avons vécus et ceux qui ont bousculé nos aînés ne sont pas seulement inscrits dans notre âme, dans nos pensées et dans le tréfonds de notre inconscient. Parce qu’ils ont façonné cette identité qui avait déjà surpris Voltaire et qui sans doute déconcerte toujours certains de nos concitoyens, nous la faisons revivre en nous, dans nos discours et nos écrits, dans l’espoir, hélas trop souvent illusoire, de nous comprendre nous-mêmes et de nous faire comprendre des autres. »[3].

Bibliographie


Annuaire Mairie (inconnu) “Rivière : la Fecht”, Cours d’eau de France, en ligne : https://www.annuaire-mairie.fr/riviere-la-fecht.html

RAPP Francis (2007) « L’Alsace et son historiographie de 1945 à 1970 », Revue d’Alsace 133 - 2007, en ligne : http://journals.openedition.org/ alsace/1455 (consulté le 3 janvier 2019).

Rhin vivant/Lebendiger Rhein (2011) Baignade dans le Rhin. Se baigner et nager dans un cours d’eau franco-allemand (Version abrégée), en ligne : http://rhinvivant-lebendigerrhein.eu/docs/albums/userpics/badesstudie_kurz2011_09_28_f_bs.pdf (consulté le 3 janvier 2019), p.13-14.


Article rédigé par

Kerima Weller, 04 janvier 2019


  1. En tant que partie d'une production amateur, cette séquence n'a pas reçu de titre de son réalisateur. Le titre affiché sur cette fiche a été librement forgé par son auteur dans le but de refléter au mieux son contenu.
  2. Cette fiche est en cours de rédaction. À ce titre elle peut être inachevée et contenir des erreurs.
  3. Rapp (2007), p. 52.